Kepler (opéra)
Kepler est un opéra en deux actes pour orchestre, chœur et solistes, composé en 2009 par Philip Glass, sur un livret de Martina Winkel (incluant de courts extraits de la Genèse[1] et des versets du poète Andreas Gryphius qui brossent un tableau du climat européen durant la Guerre de Trente Ans[2]) basé sur la vie et les écrits de l'astronome allemand Johannes Kepler. C'est une commande du Landestheater (de) de Linz (ville dans laquelle le savant vécut entre 1612 et 1626[3]).
Pour les articles homonymes, voir Kepler (homonymie).
Répétition pour la première américaine (mai 2012)
Genre | Opéra |
---|---|
Nbre d'actes | 2 actes et six scènes |
Musique | Philip Glass |
Livret | Martina Winkel |
Langue originale |
Allemand; Latin |
Durée (approx.) | 2 h |
Dates de composition |
2009 |
Création |
Landestheater (de), Autriche |
La première mondiale de l'œuvre a eu lieu le , sous la direction de Dennis Russell Davies et dans une mise en scène de Peter Missotten[4],[5]. Toujours en Autriche, le , elle est diffusée en direct dans sept cinémas multiplexes[6]. Elle est jouée par la suite en version concert le à New York, à l'Académie de Musique de Brooklyn[7],[8],[9]. La véritable première américaine a lieu au Sottile Theater (en) de Charleston le , à l'occasion du Spoleto Music Festival (en), sous la direction de John Kennedy et avec un livret traduit en anglais par Saskia Wesnigk-Wood[10],[11].
Avec ce premier opéra en langue allemande, Philip Glass renoue avec ce qu'il nomme lui-même ses « opéras-portrait »[12] de grandes figures historiques (Einstein, Akhénaton, Ghandi et Galilée).
Argument
L'astronome et mathématicien allemand est l'unique personnage vraiment identifié (joué lors de la première mondiale par le baryton-basse Martin Achrainer) mais il est entouré de six solistes (trois hommes et trois femmes), alter-ego qui, tantôt illustrent ses théories ou ses conflits intérieurs[13], tantôt figurent ses collègues scientifiques ou encore les six planètes connues à l'époque[14],[15]. Enfin deux acteurs jouent les rôles muets, présents tout au long de l'opéra: un petit garçon et une femme personnifiant soit Kepler enfant et sa mère, soit la femme de Kepler et leur enfant.
Il n'y a ni histoire, ni dialogues. On suit par exemple un cycle répété plusieurs fois: Kepler présente une idée, celle-ci est interrogée, critiquée, finalement acceptée par l'ensemble des solistes puis soumise au chœur qui y répond (par une prière, une louange de Dieu ou une condamnation aux cris de « Vanitas! Vanitas! »[16]).
Les trois scènes du premier acte présentent les principes qui ont en quelque sorte fondé ses théories: l'importance de sa foi, sa confiance dans la méthode scientifique, sa conviction que la vie et la recherche de la connaissance sont inextricablement liés.
Les trois scènes du deuxième acte montrent comment ses principes se sont manifestés dans sa vie: la foi pour ses travaux sur l'astrologie, la méthode scientifique pour la découverte des trajectoires elliptiques des planètes autour du Soleil et la recherche de la connaissance pour fuir la douloureuse Guerre de Trente Ans. Portrait sensible de l'homme à travers son sens aigu de l'auto-critique, ses sentiments envers ses collègues (il évoque tous les scientifiques qui le détestent et répertorie les noms de ses adversaires) ou face aux destructions de la guerre[17],[18]. Dans la dernière scène (Ephemeriden), le chœur chante en latin la célèbre épitaphe de Kepler : Mensus eram caelos. Nunc terrae metior umbras. Mens coelestis erat. Corporis umbra jacet (Je mesurais les cieux. Je mesure maintenant les ombres de la Terre. L'esprit était céleste. Ici gît l'ombre du corps)[19].
Ce qui donne l'unité à ces deux séquences et au personnage lui-même, c'est son idée que la religion et la science doivent être considérées comme complémentaires plutôt que contradictoires[20].
Structure
- Acte I
- Vorspiel/Prolog
- Fragen 1
- Polyeder
- Genesis
- Gryphius 1 - Auf die Nacht
- Physica Coelestis
- Gryphius 2
- Fragen 2
- Gryphius 3 - Augen. Optisches Paradoxon
- Acte II
- Ad Astrologiam
- Gryphius 4 - Zu den Sternen
- Hypothesen
- Gryphius 5 Thraenen des Vaterlandes
- Ephemeriden
- Epilog
Discographie
- Martin Achrainer (baryton), Cassandra McConnell (soprano), Karen Robertson (soprano), Katerina Hebelkova (mezzo), Pedro Velázquez Díaz (tenor), Seho Chang (baryton), Florian Spiess (basse), Bruckner Orchester Linz dirigé par Dennis Russell Davies, enregistré le 4 et . Orange Mountain Music (2010).
Références
- (en) Programme 2012, Brochure du SPOLETO FESTIVAL USA [PDF]
- (en) ‘Kepler’ premiere a dynamic if not fully realized display, par Yiorgos Vassilandonakis dans The Post and Courier (Charleston) du 27 mai 2012.
- (es) Philip Glass, aclamado en el estreno mundial de su nueva ópera, "Kepler", Article de l'agence de presse EFE mis en ligne le 21 septembre 2009.
- (de) Kepler, sur le site de Linz 09, capitale européenne de la culture.
- (de) Kepler, sur le site du Landestheater de Linz.
- (de) Das Landestheater Linz im Kino: „Kepler“ auf der Breitbildleinwand, Article sur le site Theaterkompass.at mis en ligne le 4 octobre 2009.
- (en) Glass Looks to the Heavens, Again par Allan Kozinn dans le New York Times du 19 novembre 2009.
- (en) Opera review: Philip Glass' 'Kepler' has U.S. premiere at BAM, par Mark Swed dans le Los Angeles Times du 19 novembre 2009.
- (de) Keplers Weltbild erobert New York, par Bernhard Lichtenberger dans le journal autrichien Oberösterreichische Nachrichten du 20 novembre 2009.
- (en) John Hancock talks faith and reason in Philip Glass' biographical opera Kepler, par Paul Bowers dans le Charleston City Paper du 23 mai 2012.
- (en) Philip Glass opera Kepler presents an analytic mind in anguish, par Paul Bowers dans le Charleston City Paper du 27 mai 2012.
- (en) Where Music Meets Science, par Corinna da Fonseca-Wollheim dans le Wall Street Journal du 24 novembre 2009.
- (en) The Voices in His Head, par Heidi Waleson dans le Wall Street Journal du 4 juin 2012.
- (it) Geometrie in scena, par Juri Giannini dans Il Giornale della Musica du 22 septembre 2009.
- (de) "Kepler"-Oper: Sternstunde am Landestheater, Article du journal autrichien Oberösterreichische Nachrichten du .
- (en) Composer aims high but misses mark in opera based on astronomer, par Ronni Reich dans le quotidien The Star-Ledger du .
- (en) Philip Glass Is Operating on a Higher Level, par Zachary Woolfe dans le New York Observer du 24 novembre 2009.
- (de) Der Planet und die Hexe, par Hans-Jürgen Linke dans le quotidien allemand Frankfurter Rundschau du .
- (de) Keplers Gedankenwelt, par Ernst Scherzer dans le journal autrichien Wiener Zeitung du .
- (en) Entering the Universe of a Man of Science and Faith, par Allan Kozinn dans le New York Times du 1er juin 2012.
Liens externes
- (en) Kepler sur le site du compositeur.
- Le livret en allemand et en espagnol
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