Khamma
Khamma est une musique de ballet de Claude Debussy. Il s'agit d'une commande pour la légende dansée de William Leonard Courtney et de la danseuse canadienne Maud Allan. Composée en 1911-12 sans être terminée, la partition fut complétée et achevée en 1913 par Charles Koechlin, en raison de difficultés surgies entre Debussy et sa commanditaire, si bien que son éditeur Jacques Durand chargea Koechlin d’achever l’orchestration. L'œuvre fut créée en salle de concert, six ans après la mort du compositeur, le aux Concerts Colonne à Paris, sous la direction de Gabriel Pierné. Le ballet sur scène, qui devait d'abord s'intituler Isis, fut créé le à l'Opéra-Comique. Debussy a également écrit une transcription pour piano (éditée en 1912) de ce ballet, qui a été enregistrée en 2009 par Jean-Efflam Bavouzet dans son intégrale de l'œuvre pour piano du compositeur.
Argument
Khamma est une jeune vierge de Thèbes désignée par le Grand Prêtre pour implorer le dieu Amon-Râ de sauver la ville menacée par des envahisseurs.
Scénario
Prélude (comme un lointain tumulte).
Scène 1. Le temple intérieur du Grand-Dieu Amun-Ra. La statue du dieu, taillée dans de la pierre noire – énorme – est impassible. L’après-midi est avancée. À travers les fenêtres on aperçoit les lueurs étincelantes d’un coucher de soleil orageux. La ville est assiégée. Le Grand-Prêtre entre et demeure un court instant à côté de la statue. Les adorateurs étendent leurs offrandes. Le Grand-Prêtre, les bras levés en un geste suppliant vers le Grand-Dieu, se retourne vers lui. Prière pour obtenir le salut de la ville. À la fin de la prière, le Grand-Prêtre attend anxieusement un signe du Dieu ; mais hélas ! aucun ne se manifeste. Il fait signe à la foule de se retirer. Le Grand-Prêtre sort par une plus petite porte, mais voilà qu’au moment où il va franchir le seuil, une idée lui vient, une lueur d’espérance jaillit sur son visage ; il semble deviner le secret de la victoire et sort rapidement.
Scène 2. La grande porte s’ouvre et une légère forme voilée est doucement poussée dans le Temple par le Grand-Prêtre. Khamma, car c’est elle, cherche à s’enfuir. La peur de Khamma. Un doux clair de lune pénètre dans le Temple. Khamma s’avance lentement vers la statue aux pieds de laquelle elle se prosterne. Khamma se relève et elle commence les danses destinées à sauver la patrie.
Soudain, Khamma remarque un étrange et léger balancement à la surface de la tête et des épaules de la massive statue de pierre. Et voilà que, lentement, les bras se sont soulevés des genoux juste assez pour que la paume des mains soit tournée vers le haut. Alors, soulagée de toute contrainte, Khamma danse, ivre de joie, d’amour et de dévotion. Un terrible éclair éclate ; le tonnerre gronde. Khamma meurt.
Scène 3. C’est l’aube froide et grise du matin qui lentement devient rose. Au loin on entend, se rapprochant peu à peu, des acclamations et des cris de victoires. La porte du Temple s’ouvre, le Grand-Prêtre entre suivi des porteurs de palmes et de fleurs. Le Grand-Prêtre et la foule aperçoivent le corps de Khamma. Le Grand-Prêtre bénit le corps de Khamma.
Instrumentation
Instrumentation de Khamma |
Cordes |
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses, 2 harpes |
Bois |
3 flûtes, piccolo, 3 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes en si bémol, clarinette basse, 3 bassons, contrebasson |
Cuivres |
4 cors, 3 trompettes en ut, 3 trombones, tuba |
Percussions |
timbales, grosse caisse, cymbales, cymbales antiques, triangle, tam-tam, jeu de timbre, gong, piano, célesta |
Représentations
- Théâtre national de l'Opéra-Comique : création le , avec Geneviève Kergrist (Khamma), Michel Gevel (l'Esprit d'Amun-Râ), Dany Markel (le Grand-Prêtre), le ballet de l'Opéra-Comique, chorégraphie de Jean-Jacques Etchevery, décor et costumes de Luc-Albert Moreau, orchestre dirigé par Gustave Cloëz. Cette création sera suivie de 21 représentations de 1947 à 1950, le rôle du Grand Prêtre étant repris par Jacques Chazot[1].
- Indianapolis Butler University : (première aux États-Unis), The Butler Ballet, Orchestre symphonique d'Indianapolis dirigé par Raymond Harvey[2],[3].
- La Scala de Milan : « Hommage à Claude Debussy » (La Cathédrale engloutie – L’après-midi d’un faune – Khamma – La Mer), . Ballet de Milan, chorégraphie de Uwe Scholz, décors et costumes de rosalie, orchestre dirigé par Michiyoshi Inoue[4].
Enregistrements
Version orchestrale
- Ernest Ansermet, Orchestre de la Suisse Romande (Decca, 1965)
- Louis de Froment, Orchestre de Radio-Luxembourg (Vox, 1973)
- Jean Martinon, Orchestre National de l’ORTF (EMI, 1974)
- James Conlon, Orchestre Philharmonique de Rotterdam (Erato, 1987)
- Ernest Bour, SWF Sinfonie Orchester (Astrée Auvidis, 1991)
- Jukka-Pekka Saraste, Orchestre de la Radio finlandaise (Virgin, 1993)
- Yan Pascal Tortelier, Orchestre d’Ulster (Chandos, 1995)
- Riccardo Chailly, Royal Concertgebouw Orchestra (Decca, 1995)
- Jun Märkl, Orchestre National de Lyon (Naxos, 2009)
- Heinz Holliger, RSO Stuttgart (Hänssler, 2012)
- Lan Shui, Orchestre Symphonique de Singapour (Bis, 2016)
Version pour piano de 1912
- Martin Jones (Nimbus, 1988)
- Jean-Efflam Bavouzet (Chandos, 2009)
- Michael Korstick (Hänssler, 2011)
- Christopher Devine (Piano Classics, 2017)
- Takayuki Ito (avec le texte du scénario dit par Frédéric Longbois) (Pierre Vérany, 2019)
Transcription pour piano à quatre mains de Lucien Garban (1918)
- Julian Jacobson et Mariko Brown (Somm Recordings, 2017)
Références
- « Œuvres chorégraphiques/K/Khamma », sur www.artlyriquefr.fr (consulté le ).
- (en) James R. Briscoe, « Romantic Music Festival - The Music of Claude Debussy, Butler University, 19-25 April 1982 », Journal of Musicology, vol. 2, no 1, , p. 94-97.
- (en) Robert Orledge, « Debussy et ‘La “Girl” anglaise’ : The Legend of ‘Khamma’ », The Musical Times, vol. 127, no 1717, , p. 135-140.
- (de) « Khamma, Teatro alla Scala, 1986 », sur www.www.rosalie.de (consulté le ).
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- Portail de la musique classique