Kirsten Flagstad

Kirsten Flagstad, née à Hamar le et morte à Oslo le , est une soprano puis mezzo-soprano norvégienne. Elle est souvent considérée comme la plus grande soprano wagnérienne et l'une des plus grandes chanteuses de son temps[1],[2],[3].

Kirsten Flagstad
Kirsten Flagstad, dans les années 1940.
Nom de naissance Kirsten Malfrid Flagstad
Naissance
Hamar, Norvège
Décès
Oslo, Norvège
Activité principale Artiste lyrique
Soprano et mezzo-soprano
Style Opéra

Biographie et carrière

Née dans une famille de musiciens - son père est chef d'orchestre, et sa mère pianiste -, elle commence à étudier la musique avec sa mère, puis poursuit des études de chant à Oslo et à Stockholm. Elle débute au Théâtre national d'Oslo en 1913 et reste en Scandinavie jusqu'en 1933, se produisant dans des opéras, des opérettes et des comédies musicales. À la suite de sa première Isolde à Oslo en 1932, elle obtient l'année suivante des engagements au Festival de Bayreuth pour de petits rôles, puis pour Sieglinde dans La Walkyrie et Gutrune dans Le Crépuscule des dieux en 1934. Elle est alors repérée par le Metropolitan Opera de New York, où elle est engagée pour succéder à la soprano wagnérienne Frida Leider. Elle y fait ses débuts en 1935 dans le rôle de Sieglinde, lors d'une « représentation retransmise à travers les États-Unis et le Canada : c'est un succès sensationnel et le début de sa célébrité. »[4] Au cours de la même saison, elle y chante Isolde, les Brünnhilde du Ring, Elsa (Lohengrin), Elisabeth (Tannhäuser) et sa première Kundry (Parsifal). Elle y chante également Fidelio en 1936. Outre New York, elle donne le même répertoire à San Francisco (1935-1938) et à Chicago (1937). L'Opéra de San Francisco réunit pour deux soirées « les deux plus grandes sopranos wagnériennes du moment : Kirsten Flagstad en Brünnhilde et Lotte Lehmann en Sieglinde (La Walkyrie). »[5] En 1936 et 1937, elle se produit également au Royal Opera House de Covent Garden à Londres, où elle rencontre le même succès qu'à New York.

C'est pour son incarnation d'Isolde qu'elle demeure légendaire, incarnation immortalisée par plusieurs enregistrements, dont le plus réputé reste celui dirigé par Wilhelm Furtwängler en 1952, avec Ludwig Suthaus, Josef Greindl et Dietrich Fischer-Dieskau – Flagstad a alors cinquante-sept ans[6]. Elle chante à plusieurs reprises avec Wilhelm Furtwängler, par exemple durant le Ring à La Scala de Milan en 1950[7], dans Fidelio la même année durant le festival de Salzbourg. En outre, elle chante pour la première mondiale de la dernière composition de Richard Strauss : les Quatre derniers Lieder (Vier letzte Lieder). Cette première a lieu à Londres le , de nouveau avec Wilhelm Furtwängler et l'Orchestre Philharmonia, peu de temps après la mort du compositeur, et est préservée par un enregistrement.

Elle est également une interprète remarquable du rôle de Léonore, dans Fidelio de Beethoven, ainsi que de Didon et Enée de Purcell.

La chanteuse fait ses adieux à la scène en 1955, mais continue pendant quelque temps à donner des concerts et à faire des enregistrements, notamment en 1958 dans le rôle de Fricka (un rôle de mezzo-soprano), aux côtés de George London (Wotan), dans L'Or du Rhin dirigé en studio par Georg Solti. La même année, elle est nommée directrice de l'Opéra national de Norvège, poste qu'elle occupe jusqu'en 1960.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1941, Flagstad a quitté New York pour rejoindre son mari en Norvège alors occupée par les Allemands, et y reste pendant toute la durée de la guerre. En dépit des sollicitations, la wagnérienne refuse cependant fermement de chanter dans l'Europe occupée. Elle suspend donc sa carrière dans la force de l'âge. Dans le contexte de l'époque, certains lui reprocheront néanmoins ce retour en Europe malgré son silence musical, notamment à travers des critiques acerbes lors de son retour aux États-Unis. À la fin de la guerre, son mari est arrêté pour collaboration avec l'ennemi, et une bonne partie de leurs biens est saisie. Elle renoue avec le succès en 1947-1948 lors d'une tournée en Amérique du Nord, mais elle doit attendre jusqu'en 1951 avant que le Metropolitan Opera ne lui ouvre à nouveau ses portes.

Kirsten Flagstad était fort corpulente et rayonnante de vigueur et de santé. Sa voix sculpturale avait une puissance remarquable – l'ampleur et le souffle de son chant étaient inégalables. Selon Jean-Jacques Groleau, « on reste confondu devant l'aisance, la vibration chaleureuse de cette voix immense, mais toujours souple, d'une morbidezza que ses vingt premières années passées à chanter un répertoire léger ont seules pu préserver aussi longtemps. »[5]

Kirsten Flagstad avec le compositeur finlandais Jean Sibelius en 1952.

Discographie

Sa discographie est immense et contient plus de mille enregistrements[5]. C'est évidemment en Wagner que l'on a le plus de témoignages de son chant, depuis les live des années 1930 jusqu'à l'intégrale du Ring par Solti pour Decca. Les enregistrements de son Isolde sont très nombreux, avec Lauritz Melchior la plupart du temps : en 1935 à New York avec Artur Bodanzky, 1936 à Londres avec Fritz Reiner, 1937, toujours à Londres, avec Thomas Beecham, dans les années 1940 à New York avec Erich Leinsdorf, puis le célèbre enregistrement de studio (EMI) de 1951 avec Wilhelm Furtwängler. Ses Brünnhilde (notamment quelques scènes d'anthologie des Immolations avec Furtwängler ou Hans Knappertsbusch) et ses Sieglinde, comme son Elisabeth, ont également marqué l'histoire du disque.

Notes et références

  1. Howard Vogt, Flagstad: Singer of the Century, London, Specker and Warburg, .
  2. The New Grove Dictionary of Opera: 4 volumes, Oxford University Press, USA (January 1, 2002), (ISBN 978-1561592289).
  3. Edwin McArthur, Flagstad: a personal memoir, Da Capo Press,
  4. Dictionnaire encyclopédique Wagner, sous la direction de Timothée Picard, Arles, Actes Sud, Paris, Cité de la musique, 2010, p. 727.
  5. Dictionnaire encyclopédique Wagner, p. 728.
  6. L'interprétation de Furtwängler et la prestation de Kirsten Flagstad sont toujours considérées comme inégalées par les spécialistes de Wagner: voir, parmi bien d'autres, Robin Holloway, « Tristan und Isolde », dans Alan Blyth, Opera on Record, New York, Harper & Row, (ISBN 978-0-06-090910-9), p. 367
  7. Malgré la mauvaise prise de son et une distribution inégale, cette interprétation est encore considérée comme la plus grande référence de l'œuvre par les spécialistes : voir par exemple: Bruno Lussato dans son livre Voyage au cœur du Ring, 2005, Fayard.

Sources

  • Guide des opéras de Wagner. Livrets — Analyses — Discographies, sous la direction de Michel Pazdro, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », 1998.
  • Dictionnaire encyclopédique Wagner, sous la direction de Timothée Picard, Arles, Actes Sud / Paris, Cité de la musique, 2010.
  • L’Univers de l’opéra. Œuvres, scènes, compositeurs, interprètes, sous la direction de Bertrand Dermoncourt, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2012.
  • Le Nouveau Dictionnaire des interprètes, sous la direction d'Alain Pâris, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2015.

Liens externes

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