Kixmi
Kixmi désigne le « singe » dans le langage basque des Jentilak qui l'utilisaient pour désigner le Christ.
L'introduction du christianisme et la disparition consécutive des mythes liés aux Jentils ou Gentils, constitue le thème central d'une légende très répandue dans le peuple basque.
Explication
On dit à Ataun, que les Gentil s'amusaient un jour au col d'Argaintxabaleta, dans le massif d'Aralar. Ils virent un nuage lumineux s'avancer vers eux. Effrayés par ce phénomène, ils appelèrent un vieux sage et l'amenèrent là afin qu'il puisse voir le nuage mystérieux et leur dise ce qu'il signifiait. Le vieux leur dit :
- « Kixmi est né, la fin de notre race est arrivée. Jetez moi dans le précipice proche ».
Ils le précipitèrent donc au bas des rochers. Alors, suivis du nuage lumineux, qu'ils fuyaient, ils coururent jusqu'à l'Occident et arrivés au petit vallon d'Arraztaran, ils se jetèrent précipitamment sous une grande dalle qui s'appelle depuis Jentilarri (« pierre des Jentils » ou « sépulture des Jentils »). Il s'agit d'un dolmen homonyme. Ce fut la fin des Jentils, du moins d'après la légende.
Il existe bien sûr des variantes de cette légende.
- Dans la version de Segura, l'événement se produisit sur le replat de Balenkaleku où se trouvent plusieurs dolmens, aux confins d'Altsasu (Navarre), Ataun (frontière Navarre-Guipuscoa et village natal de José Miguel Barandiarán) et Idiazabal (Guipuscoa). Kixmi apparut sous forme de nuage.
- À Akotain (Idiazabal) il se manifesta sous la forme d'une petite étoile (izarra en basque).
- À Zerain, les Jentil reconnurent Kixmi dans un nuage qui venait de la mer, c'était leur premier nuage qu'ils voyaient dans le ciel. Leur vieux chef leur dit que c'était un chaudron qui transportait de l'eau de mer.
- À Urdiain le vieux Jentil qui vivait à Jentileio (littéralement « fenêtre du Jentil ») au rocher de Layenne, savait reconnaitre la venue du Christ en observant les étoiles.
- Celui d'Olarte d'Orozko le reconnut dans une brume qu'il vit dans le lointain.
- À Arano le Christ apparut sous forme d'une nouvelle étoile.
- En sortant de leur grotte, les Jentils du mont Iturbei (Hernani) virent qu'il avait neigé. Leur vieux chef et conseiller, leur dit que leur race était éteinte, car voici qu'arrivaient pilistriak (les « Chrétiens »).
- Dans la version d'Oiartzun les Jentils ont été remplacés par les Mairu (les Maures). C'est un joli nuage qui leur apparut à l'horizon, il leur annonça la venue du Christ et la fin de leur temps.
Dans la quasi-totalité des légendes de Kixmi il existe un chef ou un ancien conseiller et c'est à grand peine que les siens lui ouvrent les yeux afin qu'il constate l'étrange phénomène.
Note
Il semble cependant qu'au IVe siècle on trouvait déjà des noyaux de populations chrétiennes à Calahorra et très vite à Pampelune (Iruña en basque), à Bayonne et en Alava dont la capitale, Vitoria-Gasteiz est le siège actuel du gouvernement autonome basque.
Le chanteur Peio Serbielle réalise en 2007 une chanson nommée "Kixmi" dédiée à cette légende pour l'album NAIZ. Il s'agit d'un trio interprété en basque avec Renaud et Nadine Rossello.
Bibliographie
- José Miguel Barandiaran (trad. Olivier de Marliave, préf. Jean Haritschelhar, photogr. Claude Labat), Mythologie basque [« Mitología vasca »], Toulouse, E.S.P.E.R, coll. « Annales Pyrénéennes », , 120 p. [détail des éditions] (ISBN 2907211056 et 9782907211055, OCLC 489680103)
- Wentworth Webster (trad. Nicolas Burguete, postface Un essai sur la langue basque par Julien Vinson.), Légendes basques : recueillies principalement dans la province du Labourd [« Basque legends »], Anglet, Aubéron, (1re éd. 1879), 328 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980805 et 9782844980809, OCLC 469481008)
- Jean-François Cerquand, Légendes et récits populaires du Pays Basque : Recueillis dans les provinces de Soule et de Basse-Navarre, Bordeaux, Aubéron, (1re éd. 1876), 338 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980937 et 9782844980939, OCLC 68706678, lire en ligne)
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