Askja
L'Askja est un emboîtement de caldeiras en Islande, éponyme d'un système volcanique appartenant au graben médian et composé de ces caldeiras, la plus interne étant occupée par un lac, l'Öskjuvatn, du massif volcanique qui les entoure, les Dyngjufjöll, reste d'un ancien volcan précédant la caldeira, ainsi que de volcans boucliers, de cratères et de fissures volcaniques s'étirant dans une direction nord-sud sur une centaine de kilomètres de longueur. La dernière éruption de l'Askja remonte à la fin 1961 mais sa plus puissante des temps historiques, responsable de la formation de la caldeira remplie par l'Öskjuvatn, s'est déroulée en 1875.
Askja | |
Vue aérienne d'une partie des Dyngjufjöll au premier et dernier plans avec la caldeira d'Askja partiellement remplie par l'Öskjuvatn. | |
Géographie | |
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Altitude | 1 516 m, Þorvaldsfjall |
Massif | Hautes Terres d'Islande |
Longueur | 190 km |
Administration | |
Pays | Islande |
Région | Norðurland eystra |
Municipalité | Skútustaðahreppur |
Géologie | |
Roches | Basalte, rhyolite |
Type | Volcan de rift |
Activité | Actif |
Dernière éruption | 26 octobre 1961 - début décembre 1961 |
Code GVP | 373060 |
Observatoire | Veðurstofa Íslands |
Toponymie
Askja est un terme islandais signifiant en français « boîte » mais aussi « caldeira » dans le vocabulaire technique associé à la géologie.
Dyngjufjöll est formé de fjöll, pluriel de « montagne », et de dyngju, génitif de « volcan bouclier ».
Öskjuvatn est formé de vatn, « lac, et de öskju, génitif de « caldeira ».
Géographie
L'Askja est situé dans le centre-est de l'Islande, au nord du Vatnajökull, la plus grande calotte glaciaire du pays, au sud du lac Mývatn et au sud-ouest du Herðubreið, dans le Ódáðahraun. Administrativement, il est inclus dans la municipalité de Skútustaðahreppur de la région de Norðurland eystra.
Le système volcanique se compose de différents éléments géographiques distincts étirés sur 190 kilomètres de longueur[1]. Au centre s'étend une caldeira de 45 km2 de superficie composée de trois caldeiras entrées en coalescences et dont la principale mesure 8 kilomètres de diamètre[2]. Cette caldeira s'est probablement formée par l'élévation de ses rebords lors d'éruptions annulaires sous-glaciaires[2], plutôt que par subsidence. Recoupant le rebord sud-ouest de cette caldeira, une autre, la plus récente et mesurant 4,5 kilomètres de diamètre, est presque entièrement remplie par un lac, l'Öskjuvatn[2]. Celle-ci s'est en revanche formée par subsidence lors de l'éruption de 1875[2]. L'Öskjuvatn est avec 220 mètres de profondeur le second lac le plus profond d'Islande après le Jökulsárlón, une lagune glaciaire, avec 260 mètres[réf. souhaitée]. Juste au nord d'Öskjuvatn se trouve un maar, le Víti.
Les Dyngjufjöll entourent ces caldeiras sous la forme d'un massif de montagnes s'élevant d'environ 600 mètres au-dessus des Hautes Terres d'Islande et culminant à 1 516 mètres d'altitude[3] au Þorvaldsfjall. Il est de forme carrée avec 24 kilomètres de côté pour environ 600 km2 de superficie. De part et d'autre de ce massif, sur 20 kilomètres au sud et 170 kilomètres au nord s'étirent des fissures volcaniques, marquées par des graben, des alignements de cônes volcaniques, des tuyas et des champs de lave[4]. De ces fissures s'élèvent quelques volcans boucliers[réf. souhaitée].
La région est pratiquement dépourvue de végétation. Les sources géothermales y sont nombreuses.
Histoire
Formation
Les Dyngjufjöll commencent à se former il y 200 000 ans au cours d'éruptions basaltiques et rhyolitiques sous-glaciaires[réf. souhaitée]. Le massif prend alors la forme d'un stratovolcan aux laves palagonitiques.
L'Askja commence à prendre son aspect actuel il y a environ 10 000 ans au cours d'une importante éruption rhyolitique qui détruit partiellement les Dyngjufjöll avec la formation de la caldeira d'Askja, la plus grande des trois actuelles[2]. Au cours de l'une de ces éruptions, se forme, entre 4 300 et 7 000 ans avant le présent, le Kollóttadyngja, un volume de lave de plus de 17 km3[5]. Lors de l'éruption de 1875, l'important volume de lave rejeté provoque la subsidence d'une partie de l'Askja, créant la troisième caldeira occupée depuis par l'Öskjuvatn[2].
L'éruption de 1875
En février 1874 de nombreux séismes sont ressentis par les populations vivant en majorité autour du lac de Mývatn et de la côte nord. Ces séismes durent toute l'année et c'est en janvier 1875 que la première éruption du système volcanique d'Askja commence[6]. Une fissure éruptive au Nord-Est d'Askja associée à une éruption dans la caldeira se produit.
En février, plusieurs fissures éruptives font leur apparition dans la fissure de Sveinagjá (entre 40 et 70 km au nord de la caldeira).
En mars, l'activité sismique devient plus importante, laissant supposer un regain de l'activité volcanique. Le 28 mars, en l'espace de 12 heures deux explosions à l'intérieur de la caldeira, projetent 2,5 km3 de téphras et de ponces rhyolithiques blanches (dont 0,5 km3 de roche dense) par un nouveau cratère, le Víti. Les retombées dévastent le quart Nord-Est de l'Islande empêchant la lumière du soleil de percer à travers cet épais nuage de cendre. La rapide expulsion du magma participe à l'effondrement du plafond de la chambre magmatique, provoquant un affaissement et l'apparition rapide d'une nouvelle caldeira de 11 km2 qui continue à se creuser pendant quelques semaines et qui se remplit d'eau (Öskjuvatn).
Des éruptions fissurales effusives commencent après l'explosion du Víti, dans et à proximité de la fissure de Sveinagjá, et produisent 29 km2 de laves basaltiques (Nýjahraun lava). L'éruption cesse le 17 octobre[6] et Askja retrouve, avec un nouveau visage, son calme qui durera 40 ans.
Le cratère de Víti
Víti (l'enfer) est un maar très caractéristique situé sur le bord nord-est du lac d'Öskjuvatn. Ce cratère est le résultat de la partie explosive de l'éruption de 1875. Plusieurs mètres de neige furent recouverts par les projections. Les caractéristiques isolantes de cette roche poreuse ont conservé la neige qui au cours des siècles s'est transformée en glace. Mais elle reste la plupart du temps invisible, recouverte par l'épaisse couche de pierre ponce[réf. souhaitée].
Víti est aujourd'hui un lieu très apprécié par les promeneurs qui se rendent à Askja car il est possible de se baigner dans ses eaux chaudes qui avoisinent les 25⁰C. Selon certains sites, la baignade est déconseillée à cause de la présence de dioxyde de carbone qui peut provoquer l'évanouissement des nageurs[7].
L'accès pour se rendre au fond du cratère peut être particulièrement glissant.
Les éruptions du début du XXe siècle
De 1919 à 1938, on dénombre huit éruptions (de VEI 2 ou moins)[6] notamment sous formes de fissures éruptives. Le plus gros évènement volcanique eut lieu de 1921 à 1929 produisant 0,3 km2 de lave[réf. souhaitée].
L'éruption de 1961
En 1961 une nouvelle fissure éruptive s'ouvrit au Nord-Est de la caldeira et fut active pendant deux mois. 100 millions de mètres carrés de lave et 4 millions de m3 de téphras jaillirent en fontaines de lave[réf. souhaitée].
Historiques des éruptions dans le système volcanique d'Askja aux XIXe et XXe siècles
Date | Localisation | Produits émis | Remarques |
---|---|---|---|
Octobre-novembre 1961 |
Dans le NE d'Askja |
0,1 km2 de lave et 0,004 km3 d'éjectas |
Coulée de lave de Vikrahraun |
1924-1929 |
Sud d'Askja |
Plusieurs kilomètres carrés de lave émis |
Il semble que l'éruption ait duré jusqu'en 1933 |
1926 |
Öskjuvatn (le lac d'Askja) |
0,05 km3 d'éjectas |
Formation d'une île |
Février 1923 |
Sud-Est de d'Öskjuvatn |
1 km2 de lave |
Coulée de lave de Suðurbotnahraun |
Décembre 1922 |
Sud-Est d'Öskjuvatn |
Émission de lave |
Coulée de lave de Kvíslahraun |
Novembre 1922 |
À l'ouest d'Öskjuvatn |
2,2 km2 de lave |
Coulée de lave de Mývetningahraun |
Mars 1921 |
À proximité du cratère de Víti |
0,3 km2 de lave |
Coulée de lave de Bátshraun |
Octobre 1875 |
Sveinagjá |
Émission de lave |
Probablement la fin de l'éruption de 1875 |
Août 1875 |
Sveinagjá |
Émission de lave |
|
Juillet 1875 |
Fjallagjá |
Émission de lave |
|
Avril 1875 |
À proximité et à l'intérieur de Sveinagjá |
Plusieurs kilomètres carrés de lave émis |
Éruption fissurale |
Mars 1875 |
Víti |
2,5 km3 d'éjectas acides |
Deux courtes éruptions |
Mars 1875 |
À l'ouest et à l'intérieur de Sveinagjá |
Plusieurs kilomètres carrés de lave |
Éruption fissurale |
Février 1875 |
À l'ouest de Sveinagjá |
Émission de laves basaltiques |
Fissure éruptive |
Janvier 1875 |
Au sein d'Askja et de nombreuses fissures |
Incertain |
De nouvelles éruptions à venir
Au début de l'année 2007, de nombreux séismes (plusieurs milliers) sont enregistrés entre la caldeira d'Askja et le volcan Herðubreið.
Au début de l'année 2008, l'épicentre se déplace à l'est d'Herðubreið et les volcanologues s'accordent pour dire qu'une éruption prochaine n'est pas à écarter.
Cette hypothèse retrouve de l'actualité en septembre 2021, avec des relevés qui indiquent un soulèvement de 10 centimètres environ en quelques semaines, ce qui semble traduire le remplissage d'une chambre magmatique à proximité de la surface[8].
Une disparition tragique
En 1907, une expédition scientifique allemande fut organisée pour mieux comprendre la nature d'Askja. Elle était dirigée par le géologue Walter von Knebel accompagné de Hans Spethmann, étudiant en géologie, et du peintre Max Rudloff. Le 10 juillet 1907, von Knebel et Rudloff embarqués sur un petit canot sur le lac de Öskjuvatn se noyèrent et leurs corps ne furent jamais retrouvés.
Hans Spethmann qui faisait ses recherches au nord-est de la caldeira ne put leur porter secours.
Au printemps de l'année 1908, la fiancée de Walter von Knebel, Ina von Grumbkow, ne croyant pas que les corps des deux explorateurs aient pu s'évanouir dans la nature sans laisser aucune trace, se rendit à Askja. Aidée par une équipe, elle rechercha en vain les corps des deux disparus.
Avant de partir, une plaque commémorative fut déposée pour rendre hommage aux deux hommes. Le monument fut érigé au nord-ouest de Víti.
Protection
Pays | |
---|---|
Région | |
Municipalité | |
Aire protégée | |
Coordonnées |
65° 02′ N, 16° 45′ O |
Superficie |
50 km2 |
Partie de |
Dyngjufjöll (d) |
Type | |
---|---|
Catégorie UICN |
III |
WDPA | |
Création |
1978 |
L'Askja bénéficie de mesures de protection de l'environnement au sein du monument naturel d'Askja, une aire protégée de 50 km2 de superficie créée en 1978[9].
Notes et références
- (en) « Askja - Geological setting and tectonic context », sur icelandicvolcanoes.is, (consulté le )
- (en) « Askja », Global Volcanism Program (consulté le )
- (en) « Synonymes et sous-éléments », Global Volcanism Program (consulté le )
- (en) « Askja - Morphology and topography », sur icelandicvolcanoes.is, (consulté le )
- (en) « Askja - Largest known eruption », sur icelandicvolcanoes.is (consulté le )
- (en) « Askja - Eruptive histiry », sur volcano.si.edu (consulté le )
- (en) « Öskjuvatn and Viti Lakes » sur atlasobscura.com
- (is) « Askja með svakalegan sprungusveim og tíð gos », sur RUV, (consulté le )
- World Conservation Monitoring Centre, IUCN Commission on National Parks and Protected Areas, 1990 United Nations List of National Parks and Protected Areas (lire en ligne)
Liens externes
- (en) Askja, Iceland
- (en) activité sismique d'Askja et des alentours
- Photographies :
- The Herdubreidarlindir area
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