Konstantin von Neurath
Konstantin von Neurath est un diplomate et homme politique allemand, membre du parti nazi à partir de 1937, né le à Vaihingen-sur-l'Enz[alpha 1] où il est mort le .
Cet article concerne le dignitaire nazi. Pour le philosophe, sociologue et économiste autrichien, voir Otto Neurath.
Konstantin von Neurath | |
Konstantin von Neurath, gouverneur de Bohême-Moravie, en 1939. | |
Fonctions | |
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Gouverneur de Bohême-Moravie | |
– (4 ans, 5 mois et 9 jours) |
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Prédécesseur | Création du poste |
Successeur | Wilhelm Frick |
Ministre des Affaires étrangères du Reich | |
– (5 ans, 8 mois et 3 jours) |
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Chancelier | Franz von Papen Kurt von Schleicher Adolf Hitler |
Gouvernement | Papen Schleicher Hitler |
Prédécesseur | Heinrich Brüning |
Successeur | Joachim von Ribbentrop |
Ambassadeur d'Allemagne au Royaume-Uni | |
– (2 ans) |
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Prédécesseur | Friedrich Sthamer |
Successeur | Leopold von Hoesch |
Ambassadeur d'Allemagne en Italie | |
– (9 ans) |
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Prédécesseur | John von Berenberg-Gossler |
Successeur | Ulrich von Hassell |
Biographie | |
Nom de naissance | Konstantin Freiherr von Neurath |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Vaihingen-sur-l'Enz (Royaume de Wurtemberg) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Vaihingen-sur-l'Enz (RFA) |
Nationalité | Allemande |
Parti politique | NSDAP (1937-1945) |
Diplomate
Il a été ambassadeur à Rome, auprès du royaume d'Italie de 1921 à 1930, partageant avec d'autres diplomates certaines de ses conclusions sur les échecs et les succès de la politique étrangère menée par le royaume dans les années 1920[1], puis à Londres de 1930 à 1932.
Ministre des Affaires étrangères
Conservateur, il devient ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Franz von Papen, position qu'il occupe encore dans les gouvernements de Kurt von Schleicher et d'Adolf Hitler, garantissant, avec d'autres, une certaine continuité entre les cabinets qui se succèdent à partir de 1932[2].
Reconduit dans ses fonctions au sein du cabinet Hitler mis en place le , il constitue un garant de la continuité de la politique extérieure du Reich[3], qui rassure les diplomates étrangers, français notamment[4], et représente des milieux politiques avec lesquels Hitler et ses proches doivent dans un premier temps composer[5]. Il tente ainsi, en , d'infléchir certains aspects de la politique antisocialiste menée par le NSDAP[6]. Bien que conservateur, il s'oppose cependant rapidement à l'un des principaux acteurs de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, Hugenberg, également conservateur, dont il soutient la mise à l'écart en [7].
Toutefois, il doit renoncer au monopole de son ministère sur la politique extérieure du Reich, et doit composer avec de nombreux acteurs institutionnels et officines gravitant autour du parti nazi[8], Hitler notamment[9], mais aussi Rosenberg[10], ou encore Ribbentrop[11].
Il organise ainsi le retrait allemand de la Société des Nations en 1933[12], sous la pression des militaires[13]. Il est le négociateur allemand du traité naval germano-britannique en 1935 et de la remilitarisation de la Rhénanie en 1936. Neurath est cependant désavoué par Hitler lorsqu'il s'oppose à la conclusion d'un pacte de non agression avec la Pologne[14], bien que celui-ci lui reconnaisse certains mérites[15]. Dans le courant de l'année 1936, peu de temps avant la remilitarisation de la Rhénanie, il acquiert la certitude de l'inaction du Royaume-Uni et de la France, fournissant ainsi l'assurance d'une victoire diplomatique du Troisième Reich[16].
Il s'oppose notamment à l'anticléricalisme supposé du Troisième Reich[17].
Selon l'historienne Annie Lacroix-Riz, en dépit de son désaveu partiel lors de la négociation du traité germano-polonais, il aurait continué à exercer une certaine influence sur la politique allemande durant la période 1937-1938[18].
En 1937, il adhère au parti nazi et est nommé par Himmler au grade de SS-Obergruppenführer[11], ce qui n'empêche pas son éviction progressive des prises de décisions régissant la vie politique du Reich, y compris dans sa sphère de compétence[19] : son ministère est ainsi noyauté par un certain nombre de membres de la SS, proches de Himmler[11]. Malgré cette éviction progressive, il est cependant présent à la réunion du , au cours de laquelle Hitler expose ses ambitions expansionnistes[20], à savoir, dans un premier temps, l'Anschluss, le rattachement des Sudètes au Reich et la prise de contrôle du reste de la Tchécoslovaquie[21] ; devant ce programme, il fait partie de ceux qui expriment leur inquiétude quant à la réaction des autres puissances européennes[22], ce qui conduit Hitler et ses proches à le « mettre hors-jeu »[23]. En , dans le contexte de l'affaire Blomberg-Fritsch[24], il est poussé à la démission de son poste de ministre, où il est remplacé par Joachim von Ribbentrop, acteur de plus en plus important des Affaires étrangères dans le Reich depuis quelques années[22]. Nommé conseiller auprès du nouveau ministre[25] ou encore président d'un cabinet secret (censé conseiller Hitler, mais qui ne se réunit jamais[26]), il garde le titre de ministre sans portefeuille, mais son rôle est désormais marginal[27].
Gouverneur de Bohême-Moravie
En , il est nommé gouverneur de Bohême-Moravie, mais il ne dispose d'aucune compétence en matière de police et de maintien de l'ordre, ces domaines étant confiés à la SS et au représentant sur place de Himmler, Karl Hermann Frank, adjoint du gouverneur et Höhere SS- und Polizeiführer du protectorat[28]. Seul parmi les principaux responsables territoriaux à ne pas être un ancien combattant du parti nazi[29], il applique les lois interdisant les partis, les syndicats, les manifestations et contrôlant la presse, mais est considéré comme peu efficace. En , Hitler lui nomme un adjoint (Stellvertretender[alpha 2]) Reinhard Heydrich, qui le remplace de fait avec le titre de vice-gouverneur. À la suite de l'assassinat de ce dernier en , sa position reste identique, Heydrich étant remplacé dans ses fonctions par le SS-Oberst-Gruppenführer Kurt Daluege[30], lequel garde ses fonctions de chef de l’Ordnungspolizei.
Neurath est finalement officiellement remplacé par Wilhelm Frick en : il est alors âgé de 70 ans. Frick, qui vient d’achever dix ans de service au poste de ministre de l’Intérieur et n'a plus les faveurs du Führer, n'aura aussi qu'un rôle de représentation à Prague.
Fin de vie
Évincé de la totalité de ses fonctions en 1943, il est néanmoins pressenti comme ministre des Affaires étrangères par Karl Dönitz après le suicide de Hitler, contre l'avis de Ribbentropp[31], mais le désordre dans ce qui subsiste du Reich en empêche sa consultation et sa nomination[32].
Après la Seconde Guerre mondiale, il comparaît devant le tribunal de Nuremberg, avec quatre chefs d'inculpations : crime contre la paix, conspiration, crime de guerre, crime contre l'humanité. Au moment du verdict, en , il est reconnu coupable de ces quatre charges et condamné à une peine de prison de quinze ans. Il est libéré de la prison de Spandau, pour raisons de santé, en 1954, et meurt deux ans plus tard.
Notes et références
Notes
- Dans l'Empire allemand à l'époque.
- Le titre complet de Heydrich est ainsi Stellvertretender Reichsprotektor in Böhmen und Mähren, ce qui peut se traduire par « vice-gouverneur du Reich en Bohême-Moravie ».
Références
- Lacroix-Riz 1996, p. 88.
- Broszat 1985, p. 107.
- Kershaw 2001, p. 184.
- Lacroix-Riz 1996, p. 270.
- Broszat 1985, p. 16.
- Broszat 1985, p. 129.
- Broszat 1985, p. 154.
- Baechler 2012, p. 59.
- Lacroix-Riz 2010, p. 110.
- Lacroix-Riz 2010, p. 195.
- Longerich 2010, p. 387.
- Tooze 2012, p. 56.
- Kershaw 2001, p. 200.
- Baechler 2012, p. 65.
- Lacroix-Riz 2010, p. 198.
- Masson 2014, p. 24.
- Lacroix-Riz 1996, p. 286.
- Lacroix-Riz 1996, p. 283.
- Baechler 2012, p. 60.
- Baechler 2012, p. 73.
- Masson 2014, p. 27.
- Kershaw 2001, p. 214.
- Longerich 2010, p. 392.
- Tooze 2012, p. 249.
- Kershaw 2001, p. 216.
- Kershaw 2001, p. 222.
- Masson 2014, p. 36.
- Longerich 2010, p. 405.
- Friedländer 2008, p. 119.
- Longerich 2010, p. 549.
- Kershaw 2012, note 64, p. 608.
- Kershaw 2012, p. 459.
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Christian Baechler, Guerre et extermination à l'Est : Hitler et la conquête de l'espace vital. 1933-1945, Paris, Tallandier, , 524 p. (ISBN 978-2-84734-906-1).
- Martin Broszat, L'État hitlérien : l'origine et l'évolution des structures du troisième Reich, Paris, Fayard, , 625 p. (ISBN 978-2-213-01402-9).
- Saul Friedländer (trad. de l'anglais), Les Années d'extermination : l'Allemagne nazie et les Juifs. 1939-1945, Paris, Seuil, , 1032 p. (ISBN 978-2-7578-2630-0).
- Ian Kershaw (trad. de l'anglais), Hitler : essai sur le charisme en politique, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », , 416 p. (ISBN 2-07-041908-8).
- Ian Kershaw (trad. de l'anglais), La Fin : Allemagne, 1944-1945, Paris, Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4)
- Annie Lacroix-Riz, Le Vatican, l'Europe et le Reich : de la Première Guerre mondiale à la guerre froide, Paris, Armand Colin, (ISBN 978-2-200-21641-2).
- Annie Lacroix-Riz, Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, , 679 p. (ISBN 978-2-200-35491-6)
- Peter Longerich (trad. de l'allemand), Himmler : l'éclosion quotidienne d'un monstre ordinaire [« Heinrich Himmler. Biographie »], Paris, éditions Héloise d'Ormesson, , 917 p. (ISBN 978-2-35087-137-0).
- Philippe Masson, Hitler, chef de guerre, Paris, Perrin, , 309 p. (ISBN 978-2-262-04346-9, BNF 43783049)
- Adam Tooze (trad. de l'anglais), Le Salaire de la destruction : formation et ruine de l'économie nazie, Paris, Les Belles Lettres, , 806 p. (ISBN 978-2-251-38116-9)
Articles connexes
Liens externes
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