Kundudo (cheval)
Les Kundudo sont une population de chevaux retournés à l'état sauvage, propre au mont Kundudo, dans l'Est de l'Éthiopie. Ils sont très peu nombreux, mais connus depuis deux siècles par la population locale. Ils pourraient provenir d'un petit groupe de chevaux abyssiniens, perdus à la suite de conflits militaires au XVIe siècle.
Pour l’article homonyme, voir Kundudo.
Kundudo
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Jument Kundudo grise | |
Région d’origine | |
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Région | Éthiopie |
Caractéristiques | |
Morphologie | Cheval sauvage |
Statut FAO (conservation) | Critique |
Ils sont redécouverts en 2008, à l'occasion d'une expédition de chercheurs. De morphologie peu avantageuse, souffrant de consanguinité, les Kundudo sont alors ponctuellement capturés et mis au travail de labour par un agriculteur local, qui vend par ailleurs les poulains. Les autorités de préservation de la biodiversité éthiopienne recommandent de transformer leur biotope en réserve ouverte au tourisme dès 2011. Cependant, du fait de la diminution des effectifs entre leur découverte et la dernière expédition documentée, en 2013, ces chevaux en danger critique d'extinction pourraient être virtuellement déjà éteints.
Histoire
Cette population de chevaux doit son nom au biotope dans lequel elle évolue depuis longtemps à l'état sauvage, le mont Kundudo[1],[2],[3],[4]. Très peu d'informations existent au sujet de leur histoire, car les sources écrites sont absentes[2],[5]. La tradition orale, recueillie auprès des habitants locaux les plus âgés, veut que ces chevaux soient connus depuis plus de 200 ans, et que le futur empereur Haïlé Sélassié Ier ait capturé l'un d'eux avec l'aide de son oncle, à l'âge de 10 ans[2],[6]. L'une des hypothèses évoquées oralement quant à l'origine de ces chevaux serait que leurs ancêtres soient des montures militaires restées sur place après la guerre Adal-Éthiopie, qui opposa le chef musulman Ahmed Gragn au chef chrétien Lebne Denguel de 1528 à 1560[2],[5],[7]. Il est possible qu'un petit groupe de 10 à 15 chevaux ait survécu durant des décennies malgré la présence passée de lions et de guépards[6]. Cependant, il n'existe aucune preuve tangible en faveur d'une théorie d'origine[8],[9],[10]. La distance génétique relativement plus proche entre les chevaux sauvages de Kundudo et les chevaux domestiques de la race Abyssinien suggère toutefois que les Kundudo pourraient être une sous-population de chevaux abyssiniens retournée à l'état sauvage dans un passé récent[11],[12],[13], peut-être durant les événements militaires du XVIe siècle[12],[13].
Les chevaux du mont Kundudo sont re-découverts au début du XXIe siècle, à l'occasion d'une exploration des écozones propres aux chevaux éthiopiens[5] par l'équipe du chercheur éthiopien Effa Delesa Kefena. Cette recherche met en relief les difficultés de communication à propos des chevaux éthiopiens, méconnus même localement[10]. Le , les chercheurs trouvent d'abord une unique jument d'environ 11 ans, aux pieds jamais soignés, ne montrant aucun signe de domestication[6]. Ils en prélèvent l'ADN et la surnomment « Basra »[6]. Ils comptabilisent au total 18 chevaux dans la zone du mont en [5],[8]. En 2013, une expédition d'étude est envoyée par l'Institut éthiopien de la biodiversité, permettant de dénombrer seulement 11 chevaux[5].
Il n'existe pas de stud book[1]. Ces chevaux font l'objet d'un processus de re-domestication[1],[9],[14],[15], car certains d'entre eux sont capturés annuellement par un cultivateur local, pour une mise au travail[5].
Description
La morphologie est décrite comme défectueuse, avec notamment des formes irrégulières, un dos court avec une ligne de dessus plongeante, et un ventre pansu[1],[14],[16]. Le faible nombre de chevaux étudiés ne permet cependant pas de déduire de données morphologiques cohérentes[17],[18].
Les Kundudo constituent l'une des huit races de chevaux identifiées en Éthiopie[19]. Avec le Borana, race éthiopienne dont il diverge le plus[20], le Kundudo est le plus éloigné génétiquement des autres races de chevaux éthiopiennes[11],[21]. Cette étude lui attribue un cluster de gènes à lui seul[21]. La race éthiopienne la plus proche du Kundudo est l'Abyssinien[11]. La population montre aussi une faible diversité génétique[11], la plus basse parmi toutes les populations de chevaux éthiopiennes étudiées[22]. Il est probable que ces chevaux aient subi un phénomène de dérive génétique, dû au faible nombre d'individus fondateurs, à un isolement sur une longue période de temps, et à l'absence de croisements avec des chevaux d'origine extérieure[23]. Leur patrimoine génétique n'est cependant pas exceptionnel, ni unique au regard des autres populations équines de ce type[24].
Utilisations
Bien que ces chevaux soient retournés à l'état sauvage, et constituent l'une des trois populations de chevaux « féraux » d'Afrique[25], certains d'entre eux sont régulièrement capturés par un cultivateur local qui les met au travail pour le temps de la moisson, avant de les relâcher[6]. Ils sont réputés peu utiles à cet usage, avec une faible puissance de traction, et se montrent réfractaires au travail demandé[6]. Cependant, ce cultivateur a vraisemblablement capturé ou vendu certains poulains[6].
Les études préconisent de transformer peu à peu la zone de pâturage au sommet du mont Kundudo en attraction touristique, sur le modèle de celle des chevaux du Namib[6], en tablant sur le potentiel touristique revêtu par l'observation de chevaux sauvages[26]. Les chevaux du Namib sont en effet mondialement connus, à tort, comme les seuls chevaux « sauvages » d'Afrique[2].
Diffusion et menace
La base de données DAD-IS ne fournit aucun relevé d'effectifs[1], mais le cheptel est minuscule[27]. Ces chevaux sont essentiellement locaux, et cantonnés à la région du mont Kundudo, dans l'Est de l'Éthiopie[1],[14],[16], dans laquelle ils sont réputés rares[9]. Ils pâturent sur une zone de 13 hectares, et boivent dans un point d'eau situé au sommet du mont, qui ne s'assèche jamais, même en saison chaude[6]. Ils constituent les derniers chevaux sauvages de l'Est de l'Afrique[6]. Ils sont fortement menacés d'extinction, du fait de leur rareté, de la consanguinité, de mauvaises pratiques d'élevage, et de l'existence d'une demande pour leurs poulains[1],[8]. Depuis 2011, cette population animale est classée comme étant en danger critique d'extinction[5]. L'institut éthiopien de la biodiversité a mis en place des procédures de conservation, notamment en prélevant le sperme d'étalons pour le congeler[5]. L'importance de la race dans le cadre de son lien avec l'histoire de l'Éthiopie a été soulignée[28].
En 2016, CAB International cite la race comme étant « virtuellement éteinte », le dernier effectif recensé, de 11 chevaux en 2013, étant trop faible pour assurer la pérennité de cette population[9].
Notes et références
- DAD-IS.
- Kefena et al. 2012, p. 10.
- Kefena 2012, p. 163.
- Mulualem, Molla et Getachew 2015, p. 156.
- (en) « The Kundudo feral horses of Ethiopia », Institute for Breeding Rare and Endangered African Mammals (consulté le ).
- Viganò.
- Kefena 2012, p. 102 ; 188.
- Kefena et al. 2012, p. 11.
- Porter et al. 2016, p. 432.
- Kefena 2012, p. 102.
- Kefena 2012, p. 167.
- Kefena 2012, p. 174.
- Kefena et Dessie 2011.
- Kefena et al. 2012, p. 5.
- Kefena 2012, p. 186.
- Kefena 2012, p. 84.
- Kefena et al. 2012, p. 4.
- Kefena 2012, p. 83.
- Kefena 2012, p. xxv.
- Kefena 2012, p. 170.
- Kefena 2012, p. xxvii.
- Kefena 2012, p. 169.
- Kefena 2012, p. 173.
- Kefena 2012, p. 178.
- (en) Philip Briggs, Ethiopia, Bradt Travel Guides, , 640 p. (ISBN 1841629227 et 9781841629223), p. 456.
- Kefena 2012, p. 175.
- (en-US) « There Might Not Be Any Wild Horses Left on Earth », Nat Geo Education Blog, (lire en ligne, consulté le ).
- Kefena 2012, p. 106.
Annexes
Bibliographie
- [Kefena et Dessie 2011] (en) Effa Delesa Kefena et T. Dessie, « The Kundido feral horses: Fugitives of the Abyssinian domestic horses », Ethiopian Society of Animal Production (ESAP), no 25,
- [Kefena et al. 2012] (en) Effa Delesa Kefena, T. Dessie, J. L. Han et M. Y. Kurtu, « Morphological diversities and ecozones of Ethiopian horse populations », Animal Genetic Resources/Resources génétiques animales/Recursos genéticos animales, vol. 50, , p. 1–12 (ISSN 2078-6344 et 2078-6336, DOI 10.1017/s2078633612000021, lire en ligne, consulté le )
- [Kefena 2012] Effa Delesa Kefena, Equine genetic resources of Ethiopia, Haramaya, Éthiopie, Thèse de doctorat. PhD. dissertation Université d'Haramaya, , 180 p. (présentation en ligne)
- [Mulualem, Molla et Getachew 2015] (en) Tewodros Mulualem, Meseret Molla et Merkebu Getachew, « Assessment of livestock genetic resource diversity in Ethiopia: An implication for conservation », Journal of Genetic and Environmental Resources Conservation, vol. 3, no 2, , p. 150-163
- [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J.G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453)
- [Viganò] (en) Marco Viganò, « Kondudo Feral Horses, essentials »
Articles connexes
Lien externe
- (en) « Kundido feral / Ethiopia (Horse) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS)
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