Là d'où l'on voit les cheminées

Là d'où l'on voit les cheminées (煙突の見える場所, Entotsu no mieru basho) ou Les Quatre Cheminées est un film japonais de Heinosuke Gosho sorti en 1953, adapté du roman Les Gens naïfs (Mujaki na hitobito) de Rinzō Shiina[1].

Là d'où l'on voit les cheminées
ou Les Quatre Cheminées
Titre original 煙突の見える場所
Entotsu no mieru basho
Réalisation Heinosuke Gosho
Scénario Hideo Oguni
Rinzō Shiina (roman)
Musique Yasushi Akutagawa
Acteurs principaux
Sociétés de production Studio Eight Productions
Shintōhō
Pays de production Japon
Genre Drame
Durée 108 minutes
Sortie 1953

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

La centrale thermique de Senju (en) qui sert de décor au film.

Japon, après-guerre. Ryukichi et Hiroko Ogata vivent en location dans un quartier pauvre d'une banlieue éloignée de Tokyo. Le quartier est mal desservi par les transports mais les loyers sont faibles et permettent de s'en sortir. De là où ils vivent, ils peuvent apercevoir en direction de Tokyo trois hautes cheminées d'une usine qui en comprend quatre. Par un effet de perspective, suivant le quartier dans lequel on se trouve, il est possible de voir quatre, trois, deux ou même une seule des cheminées de cette usine.

Ryukichi et Hiroko sont mariés depuis deux ans. Pour Hiroko qui a perdu son premier mari dans les bombardements durant la guerre, c'est son second mariage. Ryukichi travaille dans un magasin à Tokyo mais son salaire est modeste. Pour s'en sortir, les Ogata sous-louent à l'étage deux chambres, la première à Kenzo, un jeune homme qui gagne sa vie comme recouvreur de taxes auprès de commerçants et la seconde à Senko, une jeune fille qui travaille dans une radio où elle fait les annonces publicitaires.

Dans cette petite maisonnée aux cloisons de papier, il est difficile de trouver quelque intimité et le voisinage n'est pas non plus des plus discrets entre le réparateur de radio et ses sept enfants et le couple de prêtres dont les bruyantes prières rythment la vie de la ruelle.

Hiroko rêve de pouvoir s'acheter une machine à coudre. Grâce à une amie, elle a pris en secret un emploi de vendeuse de tickets au vélodrome de Tokyo. Aussi, lorsqu'elle croise M. Kawamura, un collègue de travail de son mari venu faire des paris, chacun promet à l'autre de ne rien dire de cette rencontre embarrassante à Ryukichi.

Un soir alors que sa femme est absente à son retour du travail, Ryukichi apprend par ses locataires qu'elle est chez le médecin. Inquiet, il s'imagine qu'elle pourrait être enceinte, son couple n'ayant pas le moyen d'élever un enfant. À son grand soulagement, Hiroko est partie consulter pour un mal de dent. Mais plus tard dans la soirée, lorsqu'il va pour lui apporter ses médicaments, Ryukichi tombe sur un livret de compte bancaire qu'il ne connait pas. La soirée est houleuse, Hiroko avoue qu'elle a un emploi et le mari lui reproche de ne pas l'avoir tenu au courant et d'être trop secrète. Le couple cependant se rabiboche et Ryukichi finit par accepter la situation.

Quelque temps plus tard, sur son lieu de travail au vélodrome, Hiroko apprend de sa collègue qu'un homme, la quarantaine, mal habillé et portant un enfant dans le dos s'est renseigné pour connaitre son adresse. Elle ne s'inquiète pas trop sur le moment mais lorsqu'elle rentre chez elle, un bébé a été déposé à son domicile. Son mari lui demande des explications et ils trouvent avec l'enfant une lettre signée Chujiro Tsukahara, le premier mari d'Hiroko, et un acte de naissance indiquant que la fillette qui se nomme Shigeko est la fille de Chujiro Tsukahara et de Hiroko.

Ainsi donc Ryukichi découvre que le premier mari d'Hiroko est en fait toujours vivant, et même si elle ne peut pas être la mère de l'enfant, elle n'a jamais divorcé. La bigamie étant punie par la loi, il renonce à se rendre à la police pour signaler l'enfant. Ryukichi assaille de reproches sa femme et Shigeko elle, ne cesse de pleurer. La vie devient très pesante chez les Ogata. À l'étage, Kenzo et Senko, qui peinent à s'avouer leur amour, sont témoins des disputes des Ogata et de leur incapacité à faire cesser les pleurs du bébé.

Un soir, harassée de fatigue par les cris incessants de Shigeko et minée par les remontrances de Ryukichi, Hiroko manque de commettre l'irréparable. Elle est sauvée de la noyade par Kenzo qui promet alors de retrouver Chujiro Tsukahara.

La quête de Kenzo s'avère plus difficile de prévu et il doit sacrifier plusieurs journées de travail pour se consacrer à ses recherches mais il finit par parvenir à ses fins. Il retrouve le premier mari d'Hiroko dans un quartier miséreux de Tokyo. Ce dernier le conduit jusqu'à la véritable mère de Shigeko qui travaille dans une taverne et a quitté Chujiro, qu'elle traite d'incapable, et l'enfant. De retour chez les Ogata, Kenzo juge durement les parents de Shigeko, aucun des deux n'étant digne à ses yeux de récupérer l'enfant.

Quand Shigeko tombe malade, Ryukichi se décide à aller chercher un médecin. Ce dernier ne se gêne pas pour tancer vertement "ces parents qui attendent le dernier moment pour faire soigner leur enfant". Le pronostic vital de l'enfant est engagé et le médecin n'est guère rassurant. Au chevet de Shigeko, les Ogata, Senko et Kenzo encouragent l'enfant à lutter pour sa survie. Le moment critique passe et Shigeko se remet petit à petit.

C'est à ce moment que Katsuko, la mère de Shigeko, fait son apparition pour récupérer sa fille. Les Ogata refusent de rendre l'enfant à sa mère vu son état de santé encore fragile. Après le départ de la mère, Ryukichi et Hiroko se rendent compte avec la nuit d'inquiétude passée au chevet de Shigeko de leur affection pour l'enfant. Ils prennent néanmoins la décision qu'ils rendront Shigeko à sa mère. De leur côté Kenzo et Senko qui se sont enfin avoués leurs sentiments ont décidé de se marier.

Fiche technique

Distribution

Commentaire

Là d'où l'on voit les cheminées a été présenté en compétition lors de la troisième édition du festival du film de Berlin en 1953[4].

Là d'où l'on voit les cheminées est l'un des trois films réalisés par Heinosuke Gosho pour la Shintoho, studio de cinéma japonais né en 1949 d'une scission avec la Toho et qui fait appel dans les années cinquante à de grands maîtres comme Akira Kurosawa, Kenji Mizoguchi, Yasujiro Ozu, Hiroshi Shimizu pour réaliser quelques films emblématiques[5].

Récompenses

Notes et références

  1. Jean-Luc Douin, « La beauté mélancolique de Gosho », Le Monde, (lire en ligne)
  2. Les Quatre Cheminées (1953) - MCJP
  3. (ja) Là d'où l'on voit les cheminées sur la Japanese Movie Database
  4. (en) « 3e édition du festival du film de Berlin - Programme », sur https://www.berlinale.de/en/HomePage.html (consulté le )
  5. Tadao Sato (trad. du japonais), Le Cinéma japonais (tome II), Paris, Éditions du Centre Pompidou, , 324 p. (ISBN 2-85850-930-1), p. 32
  6. Donald Richie (trad. de l'anglais par Romain Slocombe), Le Cinéma japonais, Paris, Édition du rocher, , 402 p. (ISBN 2-268-05237-0), p. 343
  7. (ja) « 1953年 第4回 ブルーリボン賞 », sur www.allcinema.net (consulté le )
  8. (ja) « 8e cérémonie des prix du film Mainichi - (1953年) », sur mainichi.jp (consulté le )

Liens externes

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