Léon Geismar
Léon Geismar ( à Dambach-la-Ville- à Casablanca) est un haut fonctionnaire français, administrateur colonial, gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française (AOF).
Pour les articles homonymes, voir Geismar.
Naissance |
Dambach-la-Ville Alsace-Lorraine |
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Décès |
Casablanca |
Nationalité | France |
Profession |
Administrateur colonial |
Formation |
Biographie
Famille
La famille de Léon Geismar serait établie en Alsace, dans le Haut-Rhin, depuis le XVIIe siècle. Il est le fils de Félix Geismar (né en 1858 à Dambach-la-Ville-mort en 1919), négociant en vins, et de Céline Weyl (1865-1941), originaire de Benfeld, (Bas-Rhin). Il a un frère aîné, Paul Geismar, engagé volontaire dans l'armée française, tué près d'Arras le et décoré de la Médaille militaire à titre posthume. Léon Geismar est le neveu du général de brigade Gédéon Geismar, et le cousin germain de Max Hymans, président d'Air France.
Le , il épouse Marguerite Mouneyres (1907-1980). Elle est la fille de Léopold Mouneyres, polytechnicien et membre du cabinet civil du général Galliéni, et de la nièce de la dernière reine malgache, Ranavalona III. Leopold Mouneyres était également le beau-frère du ministre Charles Chaumet.
De l'union de Léon Geismar et de Marguerite Mouneyres naîtra en 1927 une fille unique Martine (1927-1974), qui épousera le professeur de médecine Jean Doucet (1919-2008) ancien résistant, ancien déporté et spécialiste des maladies tropicales à Abidjan.
Jeunesse
Léon Geismar étudie la médecine à Strasbourg. Le , il est enrôlé dans le 132e Régiment d'Infanterie allemand, puisque l'Alsace faisait alors partie de l'Empire allemand. En , il déserte l'armée à Sarrebourg[1] et rejoint les lignes françaises. Il est enfermé dans un camp de prisonniers à Clermont-Ferrand, puis il s'engage dans l'armée française.
Comme l'armée se méfiait des déserteurs alsaciens en qui elle voyait de possibles espions, il fait toute la guerre en Orient. Il participe ainsi à la Bataille des Dardanelles, comme médecin auxiliaire, puis comme médecin-major. Il y obtient la médaille militaire avec deux citations pour, bien que blessé lui-même, avoir refusé d'être évacué avant l'ensemble des blessés.
Carrière dans l'administration coloniale
Après la guerre, Léon Geismar ne reprend pas ses études de médecine. Il passe une licence en droit puis le concours de l'École coloniale le . Il parle alors couramment le français, l'allemand, et l'anglais, comprend le portugais, le néerlandais et l'italien et apprend le haoussa.
Il est affecté à Bamako en 1921 comme chef de bureau. En , il devient administrateur de 3e classe, à Dakar, puis en 1923, administrateur de 2e classe et chef de la subdivision du Niger. Il est ensuite nommé à Madagascar et devient administrateur de 1re classe en 1926.
Il est administrateur général de l'Exposition coloniale de 1931, sous la présidence du maréchal Lyautey. Il retourne en AOF en 1932, comme administrateur en chef et inspecteur des affaires administratives.
Il est nommé administrateur supérieur au Togo le comme gouverneur de 3e classe. Il y encourage la culture de l'arachide[2]. Il quitte le poste le . Il retourne à Dakar en 1936, et devient gouverneur de 2e classe en .
Succédant à Marcel de Coppet, il fait fonction de gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française (AOF) du au , avant l'arrivée de Pierre Boisson.
Seconde Guerre mondiale
Il est rétrogradé au titre de trésorier général de la Côte d’Ivoire à Abidjan en car d'origine juive[3]. Il est finalement révoqué par le Gouvernement de Vichy en 1941, bien qu'il proclame être catholique depuis son mariage[4]. Léon Geismar est emprisonné à Casablanca. Lorsqu'en mars 1943 l'AOF est libérée, il retrouve son grade de gouverneur des colonies le , puis son poste de secrétaire général de l’AOF le , faisant fonction de gouverneur général à la destitution de Pierre Boisson.
Il reçoit le général de Gaulle à Dakar en 1943, lors du premier voyage de celui-ci en Afrique noire. Il est nommé gouverneur de 1re classe en .
Il assiste peut-être, du au , à la conférence de Brazzaville avec quarante autres gouverneurs des colonies. En effet, il était considéré comme un spécialiste des conditions d'évolution des colonies, compte tenu des missions d'étude qui lui avaient confiées sur ces questions.
Le , il est remplacé à son poste en raison de ses problèmes de santé, dus aux sévices subis lors de son incarcération. Il meurt à Casablanca le à l'âge de 49 ans.
Il a été inhumé à Casablanca en présence de René Pleven, commissaire aux Colonies du Comité français de la Libération nationale (CFLN), et de son cousin Max Hymans, alors directeur des transports aériens du CFLN.
Décorations
- La Médaille militaire lui a été décernée le avec deux citations à l'ordre de l'armée.
- La Médaille des évadés le
- Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur le
- La Croix du combattant volontaire le .
- Il était titulaire de l'Ordre de l'Étoile noire du Bénin (1926) et de l'Ordre du Dragon d'Annam (1935).
Écrits
- Colonie du Sénégal : Recueil des coutumes civiles des races au Sénégal, Imprimerie du Gouvernement du Sénégal, Saint-Louis, 1933
- « L'action gouvernementale et les coutumes indigènes en AOF », Outre-Mer, année 1934, 2e trimestre, p. 157-166
Notes et références
- Léon Geismar in Florent-Matter, Les Alsaciens-Lorrains contre l'Allemagne, Berger-Levraut, (lire en ligne) lire en ligne sur Gallica.
- Robert Cornevin, Histoire du Togo, Berger-Levrault, Paris, 1962, p. 349
- Ruth Ginio [2003].
- Françoise Job [2005].
Annexes
Bibliographie
- Ruth Ginio, «La politique antijuive de Vichy en Afrique occidentale française», Archives juives, vol. 36, 2003/1, en ligne.
- Françoise Job, « Léon Geismar, gouverneur des colonies », Archives juives, , vol. 38
- Léon Strauss, « Léon Geismar », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 45, p. 4613
Articles connexes
Liens externes
- (en) Liste des gouverneurs généraux de l'AOF (d'après World Statesmen)
- Liste des gouverneurs généraux de l'Afrique occidentale française de 1895 à 1920 (d'après les Sources de l'histoire de l'Afrique au sud du Sahara dans les archives et les bibliothèques françaises)
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