Léopard (1727)

Le Léopard est un vaisseau portant 62 canons, construit par B. Coulomb à Toulon en 1726, et lancé en 1727[1]. Il fait partie de ce petit nombre de bâtiments mis sur cale dans les vingt-cinq premières années du règne de Louis XV, période de paix marquée par de faibles crédits pour la Marine[4]. Le vaisseau sert en Méditerranée dans les années 1730 puis dans l’Atlantique lors de la guerre de Succession d'Autriche et au début de la guerre de Sept Ans.

Pour les articles homonymes, voir Léopard (homonymie).

Léopard

Le Léopard en 1728, lors du bombardement de Tripoli.
Type Vaisseau de ligne
Histoire
A servi dans  Marine royale française
Quille posée [1]
Lancement [1]
Équipage
Équipage 400[2] à 600 hommes[3]
Caractéristiques techniques
Longueur 46.44 m[1]
Maître-bau 13,37 m[1]
Tirant d'eau 5,86 m[1]
Déplacement 1 100 t
Propulsion Voile
Caractéristiques militaires
Armement 62 canons[1]

Caractéristiques générales

Bien que portant 62 canons sur deux ponts, il est différent de la classe dite des « vaisseaux de 64 canons » qui sort des arsenaux à partir du milieu des années 1730 et dont la conception est différente. Percé à 12 sabords (contre 13 pour les 64 canons), le Léopard porte 24 canons de 24 livres sur sa batterie basse, 26 canons de 12 sur sa deuxième batterie et 12 canons de 6 sur les gaillards[1].

Les premières campagnes

A l’été 1728, le Léopard est requis pour faire partie de la petite flotte qui quitte Toulon pour aller lutter contre les barbaresques de Tunis et de Tripoli. C'est ainsi qu'il est présent au bombardement de Tripoli, du au . Malgré la destruction de la ville, l'expédition n'apporte pas de solution diplomatique au problème de la course musulmane en Méditerranée.

En 1731, le Léopard fait partie de la division de quatre vaisseaux armée à Toulon sous les ordres du lieutenant général Duguay-Trouin. Celui-ci, qui monte l'Espérance, est chargé, encore une fois, de faire une croisière contre les Barbaresques[5]. Le Léopard appareille de Toulon le et mouille devant Alger avec les autres vaisseaux. Il n'y a aucun combat. Après une visite à Tripoli, le , la campagne se termine par une visite aux échelles du Levant, à Chypre, à Rhodes[5].

Guerre de Succession d’Autriche et guerre de Sept ans

Vue de Québec en 1755. Le Léopard participe deux fois à son ravitaillement et y est démantelé.

En 1744, la guerre navale reprend entre la France et l’Angleterre. Le Léopard n’est pas engagé dans la bataille de Toulon qui ouvre les hostilités en février, ni dans la tentative de débarquement en Angleterre menée au même moment. En 1746, le Léopard fait partie de la grande expédition sous les ordres du duc d’Anville chargée de reprendre le port de Louisbourg dont les Anglais s’étaient emparés l’année précédente[6]. Le navire est sous les ordres de monsieur de Sorgues. Le , une tempête disperse l’escadre alors qu’elle est en vue des côtes américaines. Le Léopard, en compagnie d’un autre vaisseau, ne réussit à rallier le navire amiral en baie de Chibouctou que le . Comme le reste de l’escadre, son équipage est décimé par l’épidémie de typhus et le manque de vivres frais. Le , après une nouvelle tempête, le Léopard reçoit l’ordre de rentrer en France. Le , il arrive à l’île-d'Aix[7].

En 1755, lorsque débute la guerre de Sept Ans, le Léopard est commandé Monsieur de Saint-Lazare. Le navire est converti en flûte avec seulement 22 canons dans l'escadre de Dubois de La Motte qui transporte d'importants renforts pour le Canada. Il embarque des régiments de Guyenne (quatre compagnies), et de Béarn (quatre compagnies). La mission est menée à bien malgré la tentative d’interception par l’escadre de Boscawen et il rentre en France dans le courant de l'année.

En 1756, le Léopard est de nouveau requis pour transporter des renforts au Canada. Il s'agit des régiments de La Sarre et de Royal-Roussillon, soit 1 500 hommes avec leur chef le marquis de Montcalm. Sous les ordres de Monsieur Germain, il est intégré à une petite division comprenant deux autres vaisseaux et trois frégates[8]. Comme les autres vaisseaux, il est armé en flûte. La mission se déroule sans encombre : il quitte Brest au début d'avril et arrive à Québec le où les renforts sont débarqués.

C’est sa dernière mission. Le Léopard arrive à sa vingt-neuvième année de service. Il est déclassé et démantelé à Québec[9]. Une partie de son équipage est affectée à la défense de la colonie[10].

Notes et références

  1. French Third Rate ship of the line Le Léopard (1727), article du site anglophone Three Decks - Warships in the Age of Sail d'après Demerliac 1995. Ronald Deschênes, Vaisseaux de ligne français de 1682 à 1780, « 2. du troisième rang ».
  2. Tableau de la flotte française en 1729 (d'après Roche 2005).
  3. Le ratio habituel, sur tous les types de navire de guerre au XVIIIe siècle est d’en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. C’est ainsi qu’un 100 canons emporte 1 000 hommes d’équipage, un 80 canons 800 hommes, un 74 canons 740, un 64 canons 640, etc. L’état-major est en sus. Ce chiffre peut cependant varier considérablement en fonction des pertes au combat et/ou par maladie et/ou par désertion. Acerra et Zysberg 1997, p. 220.
  4. Meyer et Acerra 1994, p. 80.
  5. Lacour-Gayet 1910, p. 115-116.
  6. Elle compte dix vaisseaux de ligne, trois frégates, plusieurs corvettes, flûtes et brûlots, avec quinze transports de troupes avec 3 500 soldats et dix-neuf transports de vivres. Frégault 1948, p. 43.
  7. Frégault 1948, p. 52.
  8. Les autres vaisseaux étaient le Héros et l’Illustre. Les frégates étaient la Sirène (32), la Licorne (32) et la Sauvage (32). Troude 1867, p. 337.
  9. Rénald Lessard, dans Veyssière et Fonck 2012, p. 248.
  10. Rénald Lessard, dans Veyssière et Fonck 2012, p. 248. Le vaisseau aurait été brûlé à cause d’une épidémie, selon l’article French Third Rate ship of the line Le Léopard (1727), sur le site anglophone threedecks.org.

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire », , 451 p. (ISBN 2-7181-9503-7)
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0, BNF 38825325)
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
  • Alain Demerliac, La Marine de Louis XV : Nomenclature des Navires Français de 1715 à 1774, Nice, Oméga,
  • Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883)
  • Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, (1re éd. 1902) (lire en ligne). 
  • Guy Frégault, L’expédition du duc d’Anville : Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 2, Montréal, (lire en ligne)
  • Laurent Veyssière (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), La guerre de Sept Ans en Nouvelle-France, Québec, Septentrion (Canada) et PUPS (France), , 360 p. (ISBN 978-2-89448-703-7). 

Articles connexes

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