L'Avare

L'Avare est une comédie de Molière en cinq actes et en prose, adaptée de La Marmite (Aulularia) de Plaute[1] et représentée pour la première fois sur la scène du Palais-Royal le [2]. Il s'agit d'une comédie de caractère dont le personnage principal, Harpagon, est caractérisé par son avarice caricaturale. Harpagon tente de marier sa fille de force, tout en protégeant obstinément une cassette pleine d'or. Les cinq actes comportent respectivement cinq, cinq, neuf, sept, et six scènes.

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L'Avare

Harpagon et sa cassette.

Auteur Molière
Genre Comédie
Nb. d'actes 5
Durée approximative 2 h 36 min
Dates d'écriture 1668
Sources Source latine, une pièce de Plaute, Aulularia (La Marmite)
Date de parution 1668
Date de création en français
Lieu de création en français Théâtre du Palais-Royal
Rôle principal Harpagon
Frontispice de l'édition de 1682.

Résumé

  • Acte I - L'intrigue se passe à Paris. Harpagon est bourgeois, riche et avare. Il a deux enfants : Élise qui est amoureuse de Valère, un fils de noble napolitain au service de son père en qualité d'intendant, et Cléante qui souhaite épouser Mariane, une jeune femme vivant chez sa mère sans fortune. Il ne supporte pas que l'avarice de son père contrarie ses projets amoureux. Harpagon est terrifié par une crainte obsédante : il a dissimulé dans le jardin, une cassette qui renferme dix mille écus d'or, il a peur qu’on la découvre et qu'on la lui vole. Suspicieux, il se méfie de tout le monde, même de ses enfants, il va jusqu'à renvoyer La Flèche, le valet de Cléante. Finalement, il leur dévoile ses intentions : il va épouser Mariane, Élise est promise (sans apport de dot) à Anselme, un vieux seigneur, et Cléante est destiné à une veuve. La jeune fille refuse énergiquement, son père demande à Valère de la convaincre. Valère est rusé et prend Harpagon par la ruse dans un filet invisible.
  • Acte II - Cléante, qui ne peut compter sur son père, a un besoin d'argent : de quinze mille francs. La Flèche, son valet, se charge de lui trouver un prêteur, un intermédiaire l'informe des conditions qui relèvent de l'usure la plus outrancière. Révolté, il finit par découvrir que l'usurier n'est autre que son père ; une violente dispute les oppose. L'intrigante Frosine entre en scène, elle persuade Harpagon que Mariane est une femme qui préfère les hommes âgés et qu'elle serait disposée à se marier avec lui. Harpagon est ennuyé par le manque de fortune de la jeune femme, mais Frosine le convainc qu'une personne pauvre qui ignore les dépenses ne peut que lui convenir. L'intrigante veut se faire payer de ses services, mais Harpagon élude et s'en va.
  • Acte III - À l'occasion de la signature du contrat de mariage, Harpagon a invité Mariane à dîner. Il sermonne sa domesticité et en particulier Maître Jacques, pour que les dépenses soient limitées. Le cuisinier proteste, l'intendant Valère soutient l'avare et prône l'économie ; une vive algarade s'ensuit au cours de laquelle Maître Jacques reçoit des coups de bâton, et dès lors ne songe plus qu'à se venger. Arrive Frosine qui introduit Mariane dans la maison, nerveuse à l'idée de rencontrer son futur époux. Quand celui-ci paraît, elle est dégoûtée par son physique, c'est à ce moment que Cléante arrive, elle reconnaît le jeune homme qui est l'objet de ses pensées. S'ensuit une conversation entre les amoureux, dans laquelle à mots voilés ils s'avouent leurs sentiments réciproques. Cléante retire une bague de grande valeur du doigt de son père, et l'offre en son nom propre à celle qu'il aime. Harpagon n'a pas véritablement compris la situation.
  • Acte IV - Les deux jeunes amoureux sollicitent Frosine pour qu'elle intervienne auprès du barbon, et qu'il renonce à son mariage insensé. Harpagon surprend son fils en train de baiser la main de Mariane, et conçoit immédiatement des soupçons dont il veut s'assurer. Afin de sonder son fils et connaître ses espoirs, il prétend avoir changé ses projets et renoncé au mariage. Le fils naïf dit tout à son père, son amour pour la jeune fille et son désir de l'épouser ; furieux, Harpagon résiste mal à un accès de violence et le maudit. Maître Jacques intervient pour les séparer et les raccommoder : en aparté, il leur fait croire à chacun que l'autre a abandonné la partie. La réconciliation est de courte durée, la dispute reprend de plus belle et ne cesse qu’à l'arrivée de La Flèche, avec la cassette des dix mille écus d'or, qu'il a lui-même dérobée. Hors de lui, Harpagon promet de trouver le coupable et de le châtier comme il se doit.
  • Acte V - Harpagon demande un commissaire de police afin d'enquêter sur le vol de la cassette et, dans son délire d'avaricieux, il veut faire interroger tous les Parisiens. Par vengeance, Maître Jacques désigne Valère qui arrive à ce moment. On le somme de s'expliquer et de reconnaître son forfait. Quiproquo, pensant que ses sentiments pour Élise sont connus, il admet qu'elle est secrètement sa fiancée. Une fois de plus Harpagon comprend avec retard et la fureur le reprend. Anselme, qui doit épouser Élise, entre en scène alors que Valère a commencé le récit de son histoire. Le vieillard comprend que Valère et Mariane sont ses enfants, il était persuadé qu'ils avaient péri dans un naufrage, il y a fort longtemps. Valère va épouser Élise et Cléante va épouser Mariane. Harpagon accepte leurs mariages, tant que Anselme paye tout. Il reste seul avec sa cassette.

Distribution originale

Comédiens et comédiennes ayant créé les rôles
Personnages Comédien ou comédienne
Harpagon, père de Cléante et d'Élise, et amoureux de Mariane Molière
Mariane, amante de Cléante et aimée d'Harpagon Armande Béjart, dite Mlle Molière
Cléante, fils d'Harpagon, amant de Mariane Du Croisy
Valère, amant d'Elise La Grange (?)
Elise, fille d'Harpagon et amante de Valère Catherine Leclerc, dite Mlle de Brie
Anselme, alias Dom Thomas d'Alburcy, père de Valère et de Mariane De Brie (?)
Frosine, femme d'intrigue Madeleine Béjart, dite Mlle Béjart
Maître Simon, courtier La Thorillière (?)
Maître Jacques, cuisinier et cocher d'Harpagon André Hubert (?)
La Flèche, valet de Cléante Louis Béjart[3]
Dame Claude, servante d'Harpagon (?)
Brindavoine et La Merluche, laquais d'Harpagon Molière
Un commissaire et son clerc La Thorillière (?)

La scène est à Paris.

Analyse

Harpagon est omniprésent dans cette comédie qui traite sous une forme burlesque de sujets au premier abord guère amusants : l'avarice en premier lieu[1], mais aussi la tyrannie domestique, l'égoïsme et ce qu'aujourd’hui on nomme le sexisme. Étant devenu veuf, il pense pouvoir s'acheter une douceur conjugale pour ses vieux jours, au mépris des désirs des uns et des autres, même de ses propres enfants. Malgré son mode de vie sordide, dont témoignent ses habits, et les critiques qui lui sont faites sur son train de vie tout au long de la pièce, Harpagon est un noble : il compte marier sa fille au seigneur Anselme, noble et gentilhomme. Il se livre à la profession d'usurier, mais en secret puisque c'est incompatible avec son rang, et doit pour cela utiliser un prête-nom. Au prix d'un coup de théâtre moliéresque, ses projets sont ruinés et la seule consolation qui lui reste est enfermée dans une cassette. Il convient de noter qu'en grec ancien, ἁρπαγή / harpagế signifie au sens actif « rapacité » ou « avidité » et ἅρπαξ / hárpax « rapace » ou « pillard ».

Adaptations filmées

De nombreuses adaptations de la pièce ont été faites pour le cinéma et la télévision[4] :

Comédiens français ayant joué le rôle d'Harpagon

Comédiens ayant joué le rôle de Cléante

Musique

Notes et références

  1. « https://www.etudes-litteraires.com/moliere-avare.php »
  2. « L'avare de Molière - aLaLettre », sur www.alalettre.com (consulté le )
  3. Louis Béjart boitait réellement, ce qui explique la réplique d'Harpagon à propos de La Flèche dans le premier acte : « Je ne me plais point à voir ce chien de boiteux-là ».
  4. FTV Education, « Les adaptations filmées de l'Avare », sur education.francetv.fr (consulté le )
  5. FTV Education, « Le film de France 3 : l'Avare », sur education.francetv.fr (consulté le )
  6. Philippe Lançon, « Le monologue coûte physiquement — Interview de Denis Podalydès », sur next.liberation.fr, Libération, (consulté le ).
  7. « L'Avare, première représentation, 9 septembre 1668, sur le Théâtre du Palais-Royal » (consulté le ).
  8. Couverture L'avare dossier pédagogique
  9. Jean Marais, Histoires de ma vie, Éditions Albin Michel, 1975, page 141 (ISBN 2226001530)

Voir aussi

Liens externes

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