La cucaracha

La cucaracha (Le Cafard en espagnol) est une chanson traditionnelle de langue espagnole et originaire d'Espagne.

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Lithographie (publiée en 1915) de Antonio Venegas Arroyo (1852-1917).

Introduite au Mexique par les Espagnols au moins depuis 1818, elle fut chantée par les partisans du président de la République mexicaine Benito Juárez qui combattaient le gouvernement de l'empereur Maximilien et par certaines factions au début du XXe siècle durant la guerre civile mexicaine[1].

Certaines strophes sont à la gloire du général juariste Porfirio Díaz héros de la guerre contre les Français.

Histoire

En espagnol[2], le mot cucaracha désigne une blatte ; il désignait aussi (à l'époque) la marijuana ou une cigarette de marijuana[3].

La version affichée en haut à droite de l'article n'est pas une version « politique » et ne fait pas référence à un acteur de la guerre civile ; datée de 1915, elle est postérieure au départ de Victoriano Huerta () ; elle a peut-être été éditée durant la présidence d'Eulalio Gutiérrez, ou encore après la victoire militaire de Carranza sur Villa[4].

La version mexicaine ne nomme à aucun moment Victoriano Huerta par son nom mais uniquement par son surnom « la cucaracha », surnom dû au fait qu'il portait des lunettes noires à cause d'une maladie des yeux contractée lors d'une campagne militaire, à sa façon de marcher parfois hésitante attribuée à sa dipsomanie, le fait qu'il était peut-être toxicomane et portait, lorsqu'il n'était pas en uniforme taché de graisse et de vin, une redingote qui accentuait encore sa ressemblance avec cet insecte. Il est aussi possible qu'elle fasse référence à Pancho Villa en voiture, dont les bras et les jambes dépassaient du véhicule ; une autre version serait que le cafard soit la voiture elle-même, un tacot fatigué qui tombait souvent en panne.

Venustiano Carranza y est par contre cité par son nom (voir paroles en fin d'article).

Dans certains de ses couplets, les paroles prennent à partie personnellement Venustiano Carranza, adversaire de Doroteo Arango Arámbula alias Francisco Villa durant la guerre civile opposant les révolutionnaires pour le pouvoir.

Selon l'Espagnol Francisco Rodríguez Marín dans son livre de 1883[5], les premières apparitions de la musique de La cucaracha avec des strophes différentes datent du temps de la guerre contre les maures d'Espagne, soit avant 1492 :

« De las patillas de un moro

Tengo que hacer una escoba

Para que barra el cuartel

De la infantería española »

Elle fut aussi chantée en Espagne entre 1871 et 1873 pendant la seconde des guerres carlistes.

« Del pellejo de Amadeo (Amédée Ier d'Espagne)

Tengo que hacer una bota

para que Don Carlos lleve

El vino para su tropa »

Au Mexique, l'écrivain Joaquin Fernández de Lizardi (1776-1827) mentionne cette chanson dans son livre La Quijotita y su prima en 1818 il y dit aussi que c'est un capitaine de marine espagnol qui fit connaitre cette chanson aux Mexicains[6].

« Un capitán de marina

Que vino en una fragata

Entre varios sonesitos

Trajo el de la cucaracha »

Au temps du Second Empire mexicain soutenu par la France et ses troupes, les armées républicaines de Benito Juárez et les guérilleros sous les ordres de Porfirio Diaz en lutte contre l'empereur Maximilien la chantèrent aussi :

« Con las barbas de Forey (Élie-Frédéric Forey)

voy hacer un vaquerito

Pa'ponérselo al caballo

Del valiente don Porfirio (Porfirio Díaz) »

Après le , date de l'assassinat du vice-président Pino Suárez et du président Francisco I. Madero, les paroles de La cucaracha furent changées pour s'adapter aux événements ; c'est à partir de cette date que les partisans de Madero commencent à brocarder le général Victoriano Huerta :

« Ah y tengo que agregar que a mi me llaman Victoriana Huerta porque soy cucaracha

[Ah, et je dois ajouter que moi on me nomme Victoriana Huerta parce que je suis un cafard]

Uso el nombre que con orgullo porqué me lo puso mi general Francisco Villa

[J'use de ce nom avec fierté parce c'est mon général Francisco Villa qui me l'a donné]

Porque mi nombre verdadero es Victoriana Blatteria (sic) Periplaneta americana

[Parce que mon vrai nom est Victoriana Blatteria Periplaneta Americana]

Y para ustedes que son mis amigos soy la Cuca

[Et pour vous qui êtes mes amis je suis la Cuca][7] »

Les versions des troupes villistes en conflit avec Venustiano Carranza ajoutèrent entre autres :

« Con las barbas de Carranza

Voy hacerme una toquilla

Pa'ponérsela al sombrero

De su padre Pancho Villa »

Quand le général Emiliano Zapata entra à son tour en conflit avec Carranza, on y ajouta :

« De las barbas de Carranza

voy hacerme un calabrote

para amarrar el caballo

de mi general Coyote »

Allusion au général Nabor Mendoza, partisan de Zapata.

Il n'y a pas de paroles officielles mais une version plus ou moins classique. Chaque camp ou parti y ajouta ses propres paroles selon son idéologie, l'humeur ou les vicissitudes du moment. La cucaracha n'est pas non plus un chant révolutionnaire ni militant, mais un chant qui fut aussi chanté pendant la guerre civile mexicaine qui suivit la révolution contre Porfirio Díaz ; ce n'est pas non plus une chanson folklorique, mais comme elle est connue à l'étranger ; elle était chantée aux touristes. Les paroles connues actuellement sont une version très édulcorée de ce qui se chantait à l'époque.

Paroles

Cette version est celle des villistes (partisans de Francisco Villa) en lutte contre d'autres révolutionnaires, les carrancistes (partisans de Carranza). Elle est donc postérieure au .

Refrain :
La cucaracha, la cucaracha,
Ya no puede caminar ;
Porque no tiene, porque le falta
Marihuana que fumar
Refrain :
Le cafard, le cafard,
Ne peut plus marcher ;
Parce qu'il n'a pas, parce qu'il lui manque
De la marijuana à fumer
Ya se van los Carrancistas,
Ya se van para Perote,
Y no pueden caminar,
Por causa de sus bigotes.
Voici que les Carrancistes s'en vont
Ils s'en vont enfin à Perote[8]
Et ils ne peuvent pas marcher
À cause de leurs moustaches
(Refrain)
(Refrain)
Con las barbas de Carranza
Voy (a) hacer una toquilla
Pa(ra) ponérsela (a)l sombrero
Del señor Francisco Villa
Avec les barbes de Carranza
Je vais faire une cordelière
Que je mettrai au chapeau
De monsieur Francisco Villa (connu comme Pancho Villa)

Musique

Quelques interprètes

Références

  1. J. Casares, Real Academia española, Diccionario ideológico de la lengua española, pp. 306, Editorial Gustavo Gilli s.a. SADAG, Barcelone, 1942.
  2. Pour l'étymologie voir Wikipédia en anglais : « Roach (cannabis culture) ».
  3. Luis Pazos, Historia sinóptica de México de los Olmecas a Salinas, Editorial Diana, Mexico DF, 15 décembre 1994, (ISBN 968-13-2560-5).
  4. Francisco Rodríguez Marín (Osuna 1855, Madrid 1943), folkloriste et lexicologue espagnol, Cantos populares españoles recogidos, ordenados e ilustrados, Séville, 1883.
  5. La quijotita y su prima (1818-1819, Cámara mexicana del libro - edic. conmemorativa de la feria del libro, Mexico, DF et une réédition chez Gabriela Micheloti.
  6. a) La rana dorada - historia de una cucaracha - Letralia -literatura en internet - b) Carlos Vidales Rivera (ancien professeur d'histoire sociale latino américaine à l'université de Stockholm - chroniqueur de journal EL Día - Crónicas de una Cucaracha - c) Lucío Ramón Rodríguez - El pelón, recuerdos de un soldado de Huerta folletos (6 pages) del 22 IGHM - Guadalajara 1922.
  7. Ville de l'État de Veracruz.

Articles connexes

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