La Femme de l'aviateur
La Femme de l'aviateur ou « On ne saurait penser à rien » est un film français réalisé en 1980 par Éric Rohmer et sorti en 1981. C'est le premier des six films de sa collection Comédies et Proverbes.
Titre original | La Femme de l'aviateur |
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Réalisation | Éric Rohmer |
Scénario | Éric Rohmer |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Les Films du Losange Compagnie Éric Rohmer |
Pays de production | France |
Genre | Comédie dramatique |
Durée | 94↔107 min |
Sortie | 1981 |
Série
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
François, employé de La Poste à Paris, termine son travail au petit matin et, avant de rentrer se coucher, veut déposer un petit mot chez Anne, l'élue de son cœur. Entre-temps, Christian, l'amant d'Anne, vient glisser une lettre sous la porte de celle-ci qui, éveillée, le fait entrer. Christian est le pilote d'aviation dont elle n'avait pas de nouvelles depuis trois mois et il désire mettre fin à leur liaison, car il va désormais vivre avec sa femme à Paris. Anne doit partir travailler et elle quitte son domicile en compagnie de Christian. C'est à ce moment-là que François les aperçoit dans la rue. Amoureux transi et jaloux, et connaissant un peu l'histoire d'Anne et de Christian, il va exaspérer celle-ci en voulant à tout prix savoir ce qui se passe. Anne, désorientée, lui demande de lui faire confiance et l'éconduit. C'est alors qu'en quittant Anne, François reconnaît, à la terrasse d'un café, l'aviateur en compagnie d'une femme. Il les suit en empruntant le même bus qu'eux jusqu'au Parc des Buttes-Chaumont où ils descendent. Tout en surveillant le couple qui déambule dans le parc, François noue la conversation avec Lucie, une jeune passagère qui était aussi dans le bus et qui, curieuse, était déjà intriguée par son étrange comportement. François finit par lui avouer pourquoi il suit le couple. Ils échafaudent ensemble divers scénarios jusqu'à ce que le couple entre dans l'immeuble d'un avocat. Ils se postent dans un café en face de l'immeuble, mais le couple tarde à en ressortir et Lucie doit partir. Elle demande à François de la tenir informée des suites de l'histoire, car, piquée au jeu, elle est aussi perplexe que lui : l'aviateur et celle qu'ils prennent pour sa femme, consultent-ils l'avocat pour leur divorce ou pour une autre raison ?
Fiche technique
- Titre : La Femme de l'aviateur ou « On ne saurait penser à rien », antithèse de l'œuvre d'Alfred de Musset, On ne saurait penser à tout
- Réalisation : Éric Rohmer
- Scénario et dialogues : Éric Rohmer
- Photographie : Bernard Lutic
- Cadre : Romain Winding
- Son : Georges Prat, Gérard Lecas
- Mixage son : Dominique Hennequin
- Musique : Jean-Louis Valero
- Chanson : Paris m'a séduit, paroles et musique d'Éric Rohmer, interprétée par Arielle Dombasle
- Montage : Cécile Decugis
- Production : Margaret Ménégoz
- Société de production : Les Films du Losange, Compagnie Éric Rohmer
- Société de distribution : Gaumont Distribution
- Pays d'origine : France
- Langue originale : français, anglais, allemand
- Principaux lieux de tournage à Paris :
- Format : couleur (Eastmancolor) — 16 mm[1] — 1,33:1 — son monophonique
- Durée : 94↔107[2] minutes
- Genre : comédie dramatique
- Date de sortie : France,
- (fr) Mentions CNC : tous publics, Art et Essai (visa d'exploitation no 53033 délivré le )
- Restauration : Lumières numériques (2015)
Distribution
- Philippe Marlaud : François
- Marie Rivière : Anne
- Anne-Laure Meury : Lucie
- Mathieu Carrière : Christian
- Philippe Caroit : le copain de François
- Rosette : la concierge
- Fabrice Luchini : Mercillat
- Coralie Clément : la collègue d'Anne
- Lisa Hérédia : l'amie d'Anne
- Mary Stephen : la touriste aux Buttes Chaumont
- Haydée Caillot : la femme blonde
- Neil Chan : le touriste aux Buttes Chaumont
Production
L'inspiration de Rohmer — Lors de la rétrospective de ses œuvres à la Cinémathèque française de mars à mai 2004, Éric Rohmer déclarait[3] : « L'inspiration vient surtout de ma jeunesse : on me demande souvent comment je peux faire des films sur les jeunes en étant vieux, c'est parce que je me souviens. Des épisodes me reviennent. On m'a dit que dans La Femme de l'aviateur je montrais des relations de couple moderne, pourtant j'ai écrit l'histoire en 1945 et le film a été tourné en 1980. D'autre part, les comédiens (plutôt les comédiennes) m'inspirent souvent. »
Initialement, le film aurait dû être tourné au Bois de Boulogne. Rohmer explique le choix final des Buttes Chaumont par le relief du lieu : « Si j'ai finalement choisi les Buttes-Chaumont, c'est à cause de la dénivellation, pour avoir une mise en scène « en hauteur ». »[4]
Attribution des rôles
Ce film sera le dernier de la jeune carrière de Philippe Marlaud : à seulement 22 ans, il meurt quelques mois après le tournage dans un banal mais tragique accident de camping, sa tente ayant accidentellement pris feu au milieu de la nuit.
Anne-Laure Meury a la particularité d'apparaître à la fois dans le premier et le dernier film des Comédies et proverbes. On la retrouve en effet dans L'Ami de mon amie (1987), qui clôture le cycle de Rohmer.
Fabrice Luchini avait à l'origine un second rôle dans le film mais n'y apparaît finalement qu'une seconde, sa scène ayant été coupée au montage. Il aura en revanche, quatre ans plus tard, un des rôles principaux dans Les Nuits de la pleine lune, qui reste un des grands succès de Rohmer en termes d'entrée[5].
Accueil
La critique française a bien accueilli le film. Dans Les Inrocks, Vincent Ostria estime que « Seul le cinéma français a troussé des comédies sentimentales à deux sous avec une telle élégance. L’intrigue, car Rohmer est le roi des intrigues, n’est qu’un prétexte, tout entier contenu dans le titre, pur leurre et moteur d’un quiproquo. »[6]. Tandis que d'après Jérémie Crouston dans Télérama : « Pour Éric Rohmer, davantage sur les traces de Marcel Carné que par fidélité au cahier des charges de la Nouvelle Vague, Paris est un studio à ciel ouvert. Il y installe ses personnages comme sur un plateau de théâtre. L’artifice des dialogues et des situations vient en permanence contrebalancer l’aspect documentaire des décors naturels. »[7].
En Italie, Il Mereghetti juge que le film a « Un ton plus comique et un naturalisme plus prononcé...Si la confrontation finale entre François et Anne est un peu verbeuse, la traque avec la petite fille curieuse et la fin moqueuse sont parmi les choses les plus heureuses de toute l'œuvre de Rohmer »[8]. En Allemagne, le Lexikon des internationalen Films écrit que « Le film de Rohmer est un jeu de méli-mélo sur les sentiments et les relations, qui se nourrit de conversations et de visages et dont l'ambiance joyeuse et mélancolique se communique intensément au spectateur »[9].
Distinction
- Festival de San Sebastián 1981 : prix de la critique internationale FIPRESCI.
Notes et références
- Hertay 1998, p. 140.
- Durée annoncée par le CNC.
- Extrait de son entretien avec Clémentine Gallot de Cinéchronique.
- Hertay 1998, p. 30.
- Cf. site de CBO Box office
- Cf. site des Inrocks, consulté le 21 septembre 2013
- Cf. site de Télérama, consulté le 21 septembre 2013
- Mereghetti 1993, p. 730.
- (de) « Die Frau des Fliegers oder Man kann nicht an nichts denken » (consulté le )
Bibliographie
- Alain Hertay, Éric Rohmer : Comédies et proverbes, Liège, Cefal, coll. « Grand écran petit écran », , 154 p. (ISBN 2-87130-058-5, lire en ligne)
- Éric Rohmer, Les nuits de la pleine lune ; La femme de l'aviateur ; Place de l'Étoile, mises en scene et scenario Éric Rohmer, Paris, Avant-Scène du Cinéma,
- Pascal Bonitzer, « La carte cachée ou les absents ont toujours raison », Cahiers du cinéma, no 322,
- Gérard Legrand, « La femme de l'aviateur », Positif, no 241,
- Joël Magny, « La femme de l'aviateur, un renouvellement dans la fidélité », Cinéma 81, no 268,
- (it) Paolo Mereghetti, Dizionario dei Film, Milan, Baldini - Castoldi, (ISBN 88-859-8897-0)
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- La Femme de l'aviateur sur Cinéclub de Caen.com
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