La Leçon (pièce de théâtre)
La Leçon est une pièce de théâtre en un acte d'Eugène Ionesco fondée sur l'absurdité.
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Écriture et création
La pièce a été écrite en juin 1950 et sa première représentation a eu lieu le au Théâtre de Poche Montparnasse, dirigé alors par France Guy, dans une mise en scène de Marcel Cuvelier. La mise en scène de la création est toujours représentée (avec celle de La Cantatrice chauve) au Théâtre de la Huchette, à Paris.
Résumé
Un vieux professeur reçoit chez lui une bachelière particulièrement peu instruite de 18 ans pour lui donner des cours. Au fil du temps, les cours du professeur deviennent de plus en plus théoriques, de plus en plus illogiques et la jeune fille souffre progressivement de maux. Elle n'arrive plus à se concentrer, ce qui provoque la colère du professeur car elle l'interrompt.
Le professeur, malgré les avertissements de sa Bonne Marie, se laisse emporter dans sa frénésie et finit par assassiner l'élève avec son couteau imaginaire.
À noter que cette élève est la 40e victime du maître de la journée.
Cependant, une nouvelle élève se présente... Le début de la pièce recommence à l'identique. La Bonne cache les preuves de la présence de l'ancienne élève et accueille comme si de rien n'était la quarante et unième victime de la journée.
Interprètes lors de la création
- L'élève : Rosette Zuchelli
- Le professeur : Marcel Cuvelier
- La bonne « Marie » : Claude Mansard
Interprétation
Le meurtre à la fin de la pièce marque une volonté nouvelle chez l’auteur, celle de noter la nécessité d’assouvir un besoin inhérent à un état transcendantal issu d'un enseignement qui se révèle fatal. On peut y voir l'antinomie entre deux psychologies, la jeunesse symbolisant l'ignorance et le professeur le savoir qui tuera par dépit et pulsion cette candeur qui s'oppose en quelque sorte à sa science de par sa condition même ; de cela l'exaspération puis le meurtre qui assouvit cette frustration. Une attitude typiquement humaine de souiller l'innocence à défaut de la préserver.[Interprétation personnelle ?]
La Leçon constitue une excellente mise en scène parodique du concept de « Schismogenèse complémentaire » dans les relations éducatives.
NB : une étrange sensualité transpire de cette pièce. De nombreuses références sensuelles viennent attribuer une sexualité à la jeune fille, comme la réaction de la jeune fille au couteau dont ils parlent. (Couteau qui pourrait évoquer un certain érotisme, étant donné qu'il pénètre les chairs.)
"L'ELEVE - Couteau... mes épaules... mes bras, mes seins, mes hanches... couteau... couteau...
LE PROFESSEUR - C'est ça... Vous prononcez bien, maintenant...
L'ELEVE - Couteau... mes seins... mon ventre..."
Les réactions des personnages suite au meurtre pourraient évoquer l'orgasme : "Elle crie aussi "Aaaah !" puis tombe, s'affale en une attitude impudique (...). Ils crient "Aaah !" en même temps. (...) L'Elève est affalée sur la chaise; les jambes, très écartées, pendent des deux côtés de la chaise."
Dans ses Notes et contre-notes Ionesco explique vouloir passer du burlesque au tragique, uniquement avec le jeu des acteurs, le langage étant vide de sens selon lui : « Sur un texte burlesque, un jeu dramatique. Sur un texte dramatique, un jeu burlesque. Faire dire aux mots des choses qu'ils n'ont jamais voulu dire[1]. »
Notes et références
- Notes et contre-notes, Eugène Ionesco, À propos de La cantatrice chauve (journal)
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