La Vallée des Tortues

La Vallée des Tortues, créée par Françoise Malirach, située à Sorède dans les Pyrénées-Orientales, est un parc animalier entièrement consacré à cet animal. Elle présente plus de 500 tortues, d'une trentaine d'espèces différentes sur un terrain de deux hectares[1].

William, Sulcata de la Vallée des Tortues

Historique

La création du parc animalier La Vallée des Tortues tire son origine et son inspiration des découvertes au XIXe siècle dans les Pyrénées-Orientales de fossiles de tortues géantes et de nombreuses autres espèces de tortues[2],[3]. Les tortues étaient donc présentes dans la région il y a 250 millions d'années. La création du parc animalier La Vallée des Tortues tire aussi son origine de la présence des tortues dans l'art en Catalogne : de nombreux vestiges sont présents sur plusieurs monuments des pays catalans de Perpignan à Barcelone.

Les tortues vivantes font toujours partie de la faune sauvage locale des pays catalans. Elles vivent au pied des massifs comme celui des Albères, au parc animalier de La vallée des Tortues, au centre de reproduction de Garriguella en Catalogne. Elles font l'objet de plans de protection, d'élevage, de préservation, de restauration[4]. On retrouve encore aujourd'hui dans beaucoup de jardins : l'hermann (testudo hermanni), l'émyde lépreuse et la cistude d'Europe, espèces endémiques des pays catalans. Intéressée par le mémoire cité, les symboles, les représentations de tortues, le vivant et les plans de sauvegarde en Catalogne, Françoise Malirach fonde, seule, La Vallée des Tortues qui ouvre ses portes le au sein de la Vallée Heureuse. La même année se tient à Sorède une première réunion du comité scientifique composée principalement de Guy Naulleau, fondateur du zoo de Chizé, Marc Cheylan[5], Claude Guenot, chercheur au CNRS, et Roger Bour, du Muséum d'Histoire naturelle, encourageant la création de la Vallée des Tortues.

Le parc animalier de La Vallée des Tortues recueille plus de 30 espèces de tortues, 500 spécimens, et comprend une partie zoologique et une partie botanique avec des aires de jeux, des aires de détentes et des espaces de pique-nique. Le parc animalier de La Vallée des Tortues à Sorède a accueilli plus d'un demi-million de visiteurs depuis sa création. De nombreux reportages télévisés ont été tournés sur le site (TV3, TF1, Fr3, D8).

Le parc animalier de La Vallée des Tortues s'est donné trois objectifs :

  • la préservation : protéger les tortues dont de nombreuses espèces sont aujourd'hui menacées par l'Homme. Exemple de menace : Histoire des tortues de la Réunion
  • l'éducation : informer les visiteurs et les scolaires sur le mode de vie des tortues et le respect de ces animaux méconnus
  • le loisir : permettre aux visiteurs de profiter de la Vallée Heureuse à travers plusieurs activités ludiques et enrichissantes

Espèces recensées dans le parc

Bouffy, la tortue géante des Seychelles de la Vallée des Tortues

Spécimens remarquables

Sophie, tortue géante des Seychelles dont la carapace s'est déformée après 23 ans passés dans un appartement parisien.
Bouffy

Bouffy, Tortue géante des Seychelles de 193 kilos, est l'égérie de la Vallée des Tortues depuis l'ouverture du parc. Ses ancêtres, nés à l'époque du Pliocène, vivaient au Serrat d'En Vaquer au Sud de Perpignan[20] et se déplaçaient en communauté dans le département des Pyrénées Orientales. On retrouve aujourd'hui ce type de tortues principalement sur l'atoll des Seychelles.

Sophie

Géante des Seychelles, Sophie est originaire de l'île d'Aldabra mais a passé les premières années de sa vie dans un appartement parisien. Elle est alors victime de séquelles physiques irrémédiables dues à son alimentation principalement composée de restes des repas de ses propriétaires, sa carapace s'écrase et les muscles de ses pattes s'atrophient[21]. Quand elle arrive au parc en 2006, elle n'est plus capable de marcher. À la suite d'une réadaptation, elle arrive maintenant à se déplacer mais sa carapace ne retrouvera jamais une forme bombée.

Caline

Autre femelle de tortue géante, elle est un des plus grands espoirs du parc pour la reproduction de cette espèce en captivité. En effet, Dipsochelys elephantina est une espèce qui ne s'est jamais reproduite en Europe, seul un cas de reproduction en captivité a été recensé. En 2014, cette femelle a pondu 3 fois à quelques mois d'intervalle. Ce serait une première et bien sûr un espoir important pour la pérennisation de l'espèce.

Hope

Une tortue Boettger albinos est née en 2015 sur le site. Cette particularité génétique ne touche qu'une tortue sur un million. Elle a été baptisée Hope[22].

La route des tortues en Catalogne

Sur la route transfrontalière catalane, de Perpignan à Barcelone, la tortue est présente en peinture, sculpture, paléontologie, et vivante dans la nature. À la fin du XIXe siècle lors de l'édification du Fort du Serrat d'en Vaquer, les découvertes paléontologiques de Perpignan se multiplient. Ce gisement est le plus important par le nombre et la nouveauté de ses fossiles[23]. En 2001, la rénovation du parc des sports du Moulin-à-vent à Perpignan a permis la mise au jour d’un nouveau fossile de tortue géante. Ce nouveau fossile se trouve au Muséum d'histoire naturelle de Perpignan.

Le Muséum d'histoire naturelle de Perpignan présente le moulage d'une carapace de tortue géante découverte lors des fouilles sur le site de Serrat d'en Vaquer dont l'original a été offert au Muséum national d'histoire naturelle de Paris [24]. La tortue de Perpignan (Testudo perpiniana) est l'un des fossiles remarquables de la faune ruscinienne riche de près d'une centaine d'espèces, datée du Pliocène moyen[25],[26]. Aujourd'hui, des tortues semblables vivent à Sorède à la Vallée des Tortues. Elles s'accouplent et pondent en extérieur sur le site de la Vallée des Tortues. Une quinzaine d'œufs de tortue géante sont actuellement en incubation. Leur éventuelle éclosion prévue pour juin 2014 constituerait une première mondiale concernant la reproduction de cette espèce en captivité[27].

L'Emyde lépreuse (Mauremys leprosa) est une tortue d'eau douce présente à l'état sauvage pour la France uniquement [28] dans les Pyrénées Orientales dans les ruisseaux comme la Baillaury des environs de Banyuls-sur-Mer[29], au parc animalier de la Vallée des Tortues, ainsi qu'au Centre de reproduction de tortues de l'Albère du Paratge Natural d'Interès Nacional de l'Albere en Catalogne. L'Emyde lépreuse fait partie d'un plan national d'actions, groupe Ornithologique du Roussillon [30].

De nombreuses représentations symboliques de la tortue se retrouvent tout au long de cette route des Tortues en Catalogne. L'une des colonnes du cloître de Saint-Génis-des-Fontaines abrite une sculpture représentant la faune régionale à travers un rat, un hibou et une tortue[31]. La tortue renvoie ici à la sécurité du cloître et à la force tranquille chère aux moines. Dans les Pyrénées Orientales, elle se trouve aussi au fond du bénitier de l'église d'Arles-sur-Tech ou soutenant l'obélisque de Port-Vendres où elle fait office d'animal cosmophore[32]. Dans de nombreux mythes, le plastron de la tortue évoque la Terre et sa carapace la voûte céleste. Une autre croyance veut qu'elle soit désignée pour porter la Terre sur son dos, expliquant nos tremblements de terre par ses mouvements et son rapport vers la région des enfers. Le peintre Henri Matisse (1869-1954) a vécu et peint à Collioure dans les Pyrénées-Orientales périodiquement entre 1905 et 1914. Il a peint les Baigneuses à la tortue[33] (collection Mr et Mrs Joseph Pultiser Jr., Saint Louis Art Museum, États-Unis).

La tortue est également présente sur la Plaza Independencia à Gérone, datant de 1945[34]. Deux tortues, une tortue de mer et une tortue de terre, soutiennent à Barcelone les tours de la Nativité en façade de la Sagrada Família, et les tortues sont présentes sur le toit de la Casa Batlló. Les peintures de tortues de la Fondation Joan-Miró[35] de Barcelone, au musée Dali de Figueras, à la Maison Musée Salvador Dali et gala Cadaques Portlligat : salon, cheminée, tortue, tapis, tir à l'arc, défense, dent. À Cadaques, les habitants nomment les rochers du cap Creus selon leur ressemblance avec des animaux comme le rocher de l'aigle, du chameau ou de la tortue. Ce cap de Catalogne Sud fait partie de la réserve naturelle du cap Creus qui comprend une partie terrestre où l'on trouve la tortue d'Hermann et une partie maritime où on peut apercevoir de temps à autre une tortue marine, la tortue verte (Chelonia mydas) parfois prise dans les filets[36], tout comme dans les Pyrénées-Orientales dans la réserve marine de Cerbère et Banyuls-sur-Mer.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. http://www.lavalleedestortues.fr/fr/le-parc/partie-zoologique/
  2. Salvayre, Géologie des Pyrénées Orientales, Essai de synthèse
  3. Muséum histoire naturelle de Perpignan
  4. (ca) Centre de repreducció de tortugues de l'Albera
  5. maitre de conférence
  6. Franck Bonnin and al, Toutes les tortues du monde, Paris, Éditions Delachaux et Niestlé, 2006, p. 356.
  7. Franck Bonnin and al, Toutes les tortues du monde, Paris, Éditions delachaux et niestlé, 2006, p. 382.
  8. Franck Bonnin and al, Toutes les tortues du monde, Paris, Éditions Delachaux et Niestlé, 2006, p. 43.
  9. Holger Vetter, Tortue d'Hermann, Tortue de boettger et tortue d'Herzégovine, Allemagne, Éditions Chimaira, 2006.
  10. Mario Herz, La tortue Bordée, Paris, Éditions Animalia, 2006.
  11. V. Ferri, Le Grand livre des tortues terrestres et aquatiques, Paris, Éditions De Vecchi, 1990, p. 90-93.
  12. M. Avanzi, Les Tortues Terrestres, Italie, Éditions De Vecchi, 2007, p. 106.
  13. Jeanne Delorme, Les tortues de jardins, Catalogne, 1995.
  14. M. Avanzi, Les Tortues Terrestres, Italie, Éditions De Vecchi, 2007, p. 110.
  15. Michael Schardt, La tortue d'Hermann, Paris, Éditions Animalia, 2007.
  16. Roger Bour and al, Les tortues : Atlas de la terrariophilie volume 2,UE, Éditions Animalia, 2002, p. 148.
  17. Thomas Wilms, La Tortue des Steppes, Paris, Éditions Animalia, 2006.
  18. Roger Bour and al, Les tortues : Atlas de la terrariophilie volume 2,UE, Éditions Animalia, 2002, p. 152.
  19. V. Ferri, Le Grand livre des tortues terrestres et aquatiques, Paris, Éditions De Vecchi, 1990, p. 108.
  20. Laura Causanillas, « 182,2 kg de tendresse pour Bouffy, tortue géante des Seychelles », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  21. Laura Causanillas, « Sauvetage in extremis de Sophie », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  22. AFP, « Pyrénées-Orientales: naissance rarissime d'une tortue albinos », ¨RTL Info, (lire en ligne, consulté le )
  23. Charles Depéret et Albert Donnezan, Les Animaux pliocènes du Roussillon, Mémoires de la Société géologique de France, paléontologie mémoire no 3 première édition 1890
  24. Muséum d'histoire naturelle de Perpignan
  25. Méditerranées.net
  26. lenoblejeanlouis.fr, Le site paléontologique du Serrat d'En Vaquer
  27. Véronique Parayre, L'Indépendant, Vallée des tortues à Sorède : les œufs des tortues géantes vont-ils éclore ?, 23 février 2014
  28. http://www.lerefugedestortues.fr/tortues/emyde-lepreuse.php
  29. http://www.languedoc-roussillon.developpement-durable.gouv.fr/plan-national-d-actions-en-faveur-a1702.html
  30. http://www.developpement-durable.gouv.fr[réf. incomplète]
  31. Louis Boulet et Raymond Barde (dir.), L'abbaye romane de Saint-Genis que l'on dit des Fontanes, Toulouges, Éditions Asvac-La Mandorle, 2009.
  32. Jean-Gabriel Gigot, S.A.S.L. des Pyrénées-Orientales, L'obélisque de Port-Vendres et son message, 1992
  33. Baigneuses à la tortue « Copie archivée » (version du 22 février 2014 sur l'Internet Archive)
  34. minube.com
  35. Miroshop.com
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