Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer

L’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer (OOB), historiquement connu sous le nom de « Laboratoire Arago » en hommage à François Arago (physicien et homme d'état né en 1786 dans le même département), est une composante de Sorbonne Université (Université Pierre-et-Marie-Curie jusqu'en 2017) et du CNRS qui accueille de nombreux chercheurs et étudiants en biologie marine et océanographie. Situé à Banyuls-sur-Mer, dans le département français des Pyrénées-Orientales.

Pour les articles homonymes, voir Arago.

Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer
Le laboratoire Arago en 1913.
Histoire
Fondation
1882
Cadre
Code
FR3724
Type
Siège
Pays
Coordonnées
42° 28′ 50″ N, 3° 08′ 12″ E
Organisation
Organisations mères
Site web
Localisation sur la carte de France
Localisation sur la carte des Pyrénées-Orientales

Historique

Fondé en 1882 par Henri de Lacaze-Duthiers, le laboratoire est notamment muni d'un des plus anciens aquariums méditerranéen (1884) ouvert au public, qui accueille environ trente-cinq mille visiteurs par an en 2010.

Invité dès 1884 au Laboratoire Arago par Lacaze-Duthiers, Louis Boutan y développe à partir de 1893 les premiers appareils de photographie sous-marine au monde[1].

Le prince Roland Bonaparte finance en 1890 l'achat d'un bateau à vapeur pour le laboratoire, appelé le Roland. Il est détruit dans son bassin d'amarrage à Banyuls lors d'une tempête en novembre 1908[2].

Depuis , au Mas Reig, s'est ouvert le Jardin méditerranéen du Mas de la Serre un parc naturel de 3 hectares. Celui-ci remplace l'ancien laboratoire de recherches d'écologie terrestre du Laboratoire Arago.

L'hôpital bénévole n° 13 bis, 1914-1916

En 1886, l'étudiant roumain Emil Racoviță (francisé en Racovitza ou Racovitsa) (1868-1947) obtient son baccalauréat et décide de poursuivre ses études à Paris. Pour satisfaire son père, il obtient en 1889 sa licence en droit. Cependant, il se détourne aussitôt des carrières juridiques pour se consacrer entièrement à l'étude des sciences naturelles. En 1891 il décroche sa licence en sciences naturelles, et se spécialise dans l'étude de la faune marine. Il vient s'installer à Banyuls-sur-Mer pour étudier sous la direction d'Henri de Lacaze-Duthier[3].

En 1895 il obtient le grade de docteur es Sciences naturelles pour son étude sur « Le lobe céphalique et l'encéphale des annélides polychètes ». En raison de son originalité, de sa vision d'ensemble et de son approche, son travail est remarqué et apprécié par ses pairs. En 1897, il est choisi pour participer à l'expédition internationale chargée de cartographier et d'étudier le Pôle Sud et les terres environnantes. Avec 18 autres scientifiques, il navigue 2 années durant sur le navire-laboratoire "Le Belgica", et recense plus de 1200 animaux et 400 végétaux[3].

Élu membre de la Société zoologique de France depuis 1893, à son retour des terres australes, Emil se réinstalle à Banyuls-sur-Mer pour prendre le poste de sous-directeur de l'observatoire océanographique. De 1899 à 1920, en association avec le docteur Pruvot, il crée et dirige un laboratoire d'étude de la faune et de la flore des côtes méditerranéennes. Son laboratoire est l'un des premiers à développer et à pratiquer la photographie sous-marine[3].

Le 1er août 1914 la déclaration de guerre proclamée en France, Emil âgé de 48 ans et toujours de nationalité roumaine écrit à son bataillon roumain de rattachement afin de demander si son contingent est rappelé sous les drapeaux. La réponse étant négative (la Roumanie a rejoint la Triple Entente et est entrée en guerre le 15 août 1916), il décide de mener le combat aux côtés de son pays d'adoption, la France. Le 3 août 1914 Emil et son collègue Pruvot ferment leur laboratoire pour transformer les locaux en hôpital bénévole d'une capacité de 100 lits. Les Banyulencs complètent le mobilier manquant et offrent leurs services, en particulier Marie-Ange Py (fille d’Émile Pi, futur maire de Banyuls-sur-Mer entre 1929 à 1935) qui y officie bénévolement comme infirmière.[4] Dans l'une de ses lettres, Emil écrit : « Admirable fut le dévouement des Banrulens (sic) envers les blessés et surtout se distinguèrent les Banyulaises (sic) qui par équipes, assumèrent gratuitement toute la charge des divers services de l'hôpital »[3].

Emil charge Paul WINTREBERT un collaborateur du laboratoire qui avait suivi des études de médecine avant de bifurquer vers les Sciences naturelles, d'assurer les soins médicaux des convalescents. Le 27 août 1914, l'hôpital accueille déjà les premiers poilus blessés ou malades qu'il faut éloigner des zones de combat.[4] Le 18 mai 1916, meurt à l'hôpital bénévole n° 13 bis de Banyuls-sur-Mer, le soldat Numa, Onésime LAURENT né dans la ville de Seuzey et dépendant du bureau recruteur de Verdun. Durant son engagement ce jeune homme a contracté « une urémie sévère », qui a nécessité des soins constants. Éloigné progressivement du front à mesure de l'aggravation de son état, il arrive à l'hôpital bénévole de Banyuls-sur-Mer pour y finir ses jours le 18 mai 1916[5].

Rapidement l'hôpital doit faire face à plusieurs problèmes cruciaux : son financement, l'inadaptation de ses locaux pour un usage médical et son ravitaillement en matériel médical et en nourriture. Malgré ces problèmes récurrents et insurmontables, Emil parvient à force de ténacité, à faire fonctionner l'hôpital bénévole n° 13 bis de la 16ème région militaire, durant 2 années. Cependant, Emil écrasé par l'incommensurabilité des problèmes à résoudre est contraint de fermer l'hôpital, à la fin de l'année 1916, après avoir apporté soins, calme et réconfort à une centaine de soldats français convalescents.[4]

Du 13 novembre au 11 décembre 2017, sous l'égide de la Mission Centenaire, le Souvenir Français - Comité de Banyuls-sur-Mer a animé une séquence de 5 séances durant lesquelles les élèves de CM1-CM2 du groupe scolaire Aristide Maillol de Banyuls-sur-Mer, ont redécouvert l'histoire de l'hôpital bénévole n° 13 bis de Banyuls-sur-Mer.[6] Le 15 juin 2018, en présence des autorités, les élèves ont dévoilé sur le quai Emil Racoviţă qui borde le laboratoire océanologique de Banyuls-sur-Mer, le cartel racontant cette histoire[7].

Directeurs

La liste des directeurs est la suivante :[réf. nécessaire]

[13],[14]Notes et références

  1. Fabricio Cárdenas, 66 petites histoires du Pays Catalan, Perpignan, Ultima Necat, coll. « Les vieux papiers », , 141 p. (ISBN 978-2-36771-006-8, BNF 43886275)
  2. Fabricio Cardenas, « Le mauvais temps dans les Pyrénées-Orientales en novembre 1908 », sur Vieux papiers des Pyrénées-Orientales, (consulté le )
  3. Alexandru MARINESCU, « Emile Racovitza, l'organisateur d'un hôpital militaire en France, à Banyuls-sur-Mer, pendant la Première Guerre Mondiale » (consulté le )
  4. Christine SALLES, « Odonymes banyulencs : Mais qui était donc Emil ? », sur Souvenir Français - Comité de Banyuls-sur-Mer, (consulté le )
  5. Armée de terre, « Fiche de corps », sur Base de données Mémoire des hommes (consulté le )
  6. Christine SALLES, « Animation 1 : Les élèves banyulencs à la découverte de l'hôpital n°13 bis », sur Souvenir Français - Comité de Banyuls-sur-Mer,
  7. Christine SALLES, « L'inauguration du cartel explicatif », sur Souvenir Français - Comité de Banyuls-sur-Mer,
  8. Jean-Jacques Amigo, « Dubosq (Octave, Joseph, René) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises, vol. 3 Sciences de la Vie et de la Terre, Perpignan, Publications de l'olivier, , 915 p. (ISBN 9782908866506)
  9. Jean-Jacques Amigo, « Chatton (Édouard, Pierre, Léon) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises, vol. 3 Sciences de la Vie et de la Terre, Perpignan, Publications de l'olivier, , 915 p. (ISBN 9782908866506)
  10. Jean-Jacques Amigo, « Petit (Georges, Jean, Jacques) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises, vol. 3 Sciences de la Vie et de la Terre, Perpignan, Publications de l'olivier, , 915 p. (ISBN 9782908866506)
  11. Jean-Jacques Amigo, « Drach (Pierre) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises, vol. 3 Sciences de la Vie et de la Terre, Perpignan, Publications de l'olivier, , 915 p. (ISBN 9782908866506)
  12. Jean-Jacques Amigo, « Guille (Alain) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises, vol. 3 Sciences de la Vie et de la Terre, Perpignan, Publications de l'olivier, , 915 p. (ISBN 9782908866506)
  13. Vincent Laudet, Les vies minuscules d'Edouard Chatton, dl 2020 (ISBN 978-2-271-13403-5 et 2-271-13403-X, OCLC 1224264833, lire en ligne)
  14. Yves Desdevises et Jean Chambaz, Du laboratoire Arago à l'observatoire océanographique de Banyuls : une épopée humaine et scientifique, dl 2021 (ISBN 979-10-231-0713-5, OCLC 1296259636, lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

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