Langues jurcheniques

Les langues jurcheniques sont un des 4 groupes insécables parmi les langues toungouses. Il inclut le jurchen et ses descendants, le mandchou et le xibe, ainsi que des variétés très peu documentées, telles que le bala[1].

Langues jurcheniques
Pays Chine
Région Mandchourie, Xinjiang
Écriture Alphabet mandchou, alphabet sibe, anciennement écriture jurchen
Classification par famille
Codes de langue
Glottolog manc1250
Carte

Carte des langues toungouses. Les langues jurcheniques sont indiquées en jaune, en orange et en rouge.

Dénomination

Ce groupe est le plus souvent appelé "jurchenique" (de l'anglais "Jurchenic") et tire son nom du jurchen, mais il peut aussi être appelé groupe mandchou-jurchen[2] ou encore langues para-toungouses[3], lorsque le jurchenique est placé à part des autres branches. Ethnologue nome le rameau toungouse du Sud-Ouest[4].

Classification

Si leur parenté avec les langues toungouses est claire, leur position dans cette famille de langues est débattue.

Doerfer (1978) et Janhunen (2012) les classent au sein les langues toungouses méridionales aux côtés des groupes nanaïques et oudighéïques pour le premier auteur, et seulement avec le nanaïque pour le deuxième.

Robbeets (2015) , Pevnov (2017) et Zimin (2020) les classent à part des autres branches dû à des divergences[5].

Vovin les classe au sein des langues toungouses méridionales et suggère que ces divergences proviennent d'influences de langues coréaniques, du khitan (langue para-mongole), et peut-être de langues tchoukotko-kamtchatkiennes et de langues inconnues[6].

Classification interne

Ci-dessous la classification des langues jurcheniques. Les langues éteintes sont annotées d'une † et les dialectes sont en italique[7]. Il a été proposé que la langue des Mohe était l'ancêtre des langues jurcheniques et succédait directement au proto jurchenique[8]. Zimin (2020) regroupe les variétés peu documentées et possiblement éteintes de bala et d'alchuka (traditionnellement considérées comme des dialectes du mandchou mais contenant de nombreux archaïsmes) dans un groupe "xi yeren" séparé du jurchen au sens propre. Le kyakala, langue très peu connue, et aussi incluse[9],[10].

Histoire

Selon Sean Kim, le proto jurchenique s'est séparé du proto nanaïque vers le Ier siècle av. J.-C., puis le mohe lui aurait succédé au VIe siècle. Toujours selon lui, le jurchen aurait émergé au Xe siècle[8]. Cette langue était écrite à l'aide de l'écriture jurchen. Elle était la langue de la classe dirigeante sous la dynastie Jin[11],[12]. Les Jürchen sont devenus les Mandchous en 1636. Le mandchou est devenu la langue de la cour sous la dynastie Qing[13]. La langue xibe est apparue lors d'une campagne militaire contre le khanat dzoungar, où les soldats sont restés stationnés dans l'est du Xinjiang[14]. Désormais le mandchou compte très peu de locuteurs[15] et même si le xibe a conservé une tradition littéraire et est la langue toungouse la plus parlée (30 000 locuteurs en 2000), il recule face au mandarin[16].

Caractéristiques communes

Comme toutes les langues toungouses, les langues jurcheniques sont agglutinantes, ont un certain nombre de cas grammaticaux et des systèmes de temps élaborés. Ce sont des langues SOV, c'est-à-dire que l'ordre normal des mots dans la phrase est sujet - objet - verbe[17].

Elles contiennent des emprunts d'origine coréanique, probablement du goguryeoan[18].

Vocabulaire comparé

Ce tableau comparatif est tiré d'une vidéo indiquée en référence[19].

français jurchen mandchou xibe
un (1) emu emu emken
deux (2) juwe juwe ju
trois (3) ilan ilan ilan
quatre (4) duyin duin duyin
cinq (5) sunja sunja sunja
six (6) ninggu ninggun ningun
sept (7) nadan nadan naden
huit (8) jakun jakvn jakun
neuf (9) uyewun uyun uyin
dix (10) juwa juwan juwan

Références

  1. Hölzl (2018), p. 6
  2. Robbeets (2020), p. 697
  3. (de) Ingeborg Hauenschild, Barbara Kellner-Heinkele et Matthias Kappler, Eine hundertblättrige Tulpe - Bir ṣadbarg lāla: Festgabe für Claus Schönig, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-3-11-220924-0, lire en ligne), p. 191
  4. (en) « Southwest », sur Ethnologue (consulté le )
  5. Hölzl (2018), p.8-12
  6. Vovin, Alexander. Why Manchu and Jurchen Look so Un-Tungusic?
  7. https://glottolog.org/resource/languoid/id/manc1251
  8. The Dragon Historian, « The History of the Tungusic Languages », sur YouTube, (consulté le )
  9. https://starling.rinet.ru/confer/Zimin-2020.pdf
  10. https://www.academia.edu/40385023/Chinese_Kyakala_The_language_and_its_sources
  11. Lindsay J. Whaley (18 Jun 2007). "Manchu-Tungus languages". Encyclopædia Britannica. Retrieved 25 Nov 2016.
  12. Tillman, Hoyt Cleveland, and Stephen H. West. China Under Jurchen Rule: Essays on Chin Intellectual and Cultural History. Albany: State University of New York Press, 1995, pp. 228–229. (ISBN 0-7914-2274-7). Partial text on Google Books.
  13. S. Robert Ramsey (1987). The Languages of China. Princeton University Press. pp. 213–. (ISBN 0-691-01468-X).
  14. Gorelova, Liliya. "Past and Present of a Manchu Tribe: The Sibe". In Atabaki, Touraj; O'Kane, John (eds.). Post-Soviet Central Asia. Tauris Academic Studies. pp. 325–327.
  15. https://www.ethnologue.com/18/language/mnc/
  16. https://www.ethnologue.com/language/sjo
  17. The Tungusic Research Group at Dartmouth College. "Basic Typological Features of Tungusic Languages". Archived from the original on 30 January 2020.
  18. Vovin (2013), p.224
  19. ILoveLanguages!, « TUNGUSIC LANGUAGES », sur YouTube, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Andreas Hölzl, The Tungusic languages family through the ages : Interdisciplinary perspectives, Talinn, Estonie, Université de Zurich, (lire en ligne)
  • (en) Martine Robbeets, The Oxford guide to the Transeurasian Languages, Oxford University Press, 2020. (lire en ligne)
  • (en) Alexander Vovin, From Koguryo to Tamna: Slowly riding to the South with speakers of Proto-Korean, Korean Linguistics,

Articles connexes

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