Laurent II de Gorrevod

Laurent II de Gorrevod, plus connu sous les noms de Laurent de Gorrevod, et Gouvenot (* en Bresse vers 1470 ; † à Barcelone)[1] est un noble savoyard qui fut le confident et envoyé du gouverneur Marguerite d'Autriche aux Pays-Bas espagnols. En 1518, il reçut un permis de l'empereur Charles Quint, qui marqua le début de la traite négrière transatlantique entre l'Afrique et les colonies espagnoles des Amériques. Il fut l'ambassadeur de Marguerite d'Autriche auprès d'Henri VIII d'Angleterre en 1520.

Laurent II de Gorrevod

Représentation de Laurent de Gorrevod sur un vitrail à Brou.
Fonctions
Comte de Pont-de-Vaux.
Successeur Charles-Emmanuel de Gorrevod
Vicomte de Salins
Baron de Marney
Baron de Montenai
Biographie
Date de décès
Lieu de décès Barcelone
Père Jean, seigneur de Gorrevod
Mère Jeanne de Loriol de Challes
Fratrie Louis
Enfants Charles-Emmanuel
Distinctions Chevalier de la Toison d'or

Il fut baron de Marnay et de Montenai, comte de Pont-de-Vaux et vicomte de Salins.

Biographie

Il est le fils de Jean, seigneur de Gorrevod, et de Jeanne de Loriol de Challes[2],[3]. Sa famille appartient à une branche collatérale des seigneurs de Gorrevod[2], originaires de la Bresse[4],[5]. Laurent de Gorrevod était un frère du cardinal Louis de Gorrevod. De ses ancêtres, Laurent de Gorrevod a hérité du comté de Marnay et de terres en Bresse. En 1497, il est au service de Philibert II de Savoie. En 1504, il devient gouverneur de la Bresse. Cette même année, Philibert meurt. Sa veuve Marguerite d'Autriche retourne aux Pays-Bas espagnols en 1507 et en devint gouverneur. Elle prend Gorrevod comme expert financier. Il était son confident, siège à son conseil personnel . En 1509, il épouse, en secondes noces, une de ses dames d'honneur, Claude de Rivoire. En 1512, il fait l'acquisition de la seigneurie de Marnay[6]. Marguerite d'Autriche lui confie des missions diplomatiques, comme en 1513 lorsqu'il est présent avec les assiégeants anglais de Thérouanne à l'approche de la bataille de Guinegatte. Il remplit également, plus tard, des missions auprès du roi Henri VIII d'Angleterre. En 1516, Gorrevod est intronisé dans l'Ordre de la Toison d'or lors du 18e chapitre à Bruxelles. Cette année-là, il succède à Guy de la Baume en tant que chevalier d'honneur de Marguerite. En juin 1517, il accompagne l'empereur Charles Quint en Espagne en tant que second chambellan.

Le , Gorrevod reçoit une licence de l'empereur, sous la forme d'un un asiato de negros, pour expédier 4 000 esclaves noirs et servantes d'Afrique vers l'Amérique. L'acte, signé par Francisco de los Cobos à Saragosse, lui accorde un monopole, qu'il monnaye immédiatement en le vendant à Juan López de Recalde, trésorier de la Casa de Contratación de Séville. Celui-ci a ensuite vendu la licence jusqu'à ce qu'elle se retrouve partagée entre trois marchands génois à Séville, qui l'ont payée 25 000 ducats[7]. Le monopole ne se révélera pas absolu, mais il s'accompagne d'une exonération fiscale accordée le . La licence aurait été destinée à compenser Gorrevod pour avoir refusé sa prétention, quelque peu cupide, de recevoir le Mexique, nouvellement conquis, en fief perpétuel[8].

En 1518, il assiste au couronnement de Charles Quint à Valladolid. En 1520, il devient vicomte de Salins. En 1521, il devient comte de Pont-de-Vaux. Lors de ses fréquentes visites à la cour, il fut l'un des médiateurs de Charles Quint dans le conflit entre l'archevêque et la ville de Besançon.

Au printemps 1521, il rend compte à Marguerite d'Autriche devant la Diète de Worms. Il y exerce une grande influence et soutint la nomination de Mercurino Arborio di Gattinara au poste de chancelier. Grand-maître d'hôtel de Charles Quint, il occupe, en 1522, une place importante à sa cour. En 1526, il signe le traité de Madrid mettant fin à la captivité de François Ier.

En 1527, il signe un testament à son château de Marnay. Il réussit à organiser la création cardinalice de son frère Louis. Il meurt à Barcelone après avoir participé aux négociations qui conduisirent à la paix de Cambrai[9]. Il est enterré dans une petite église de Brou où il avait aménagé une chapelle pour sa tombe dans la nouvelle église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou. Ses deux épouses, Claude de Rivoire et Philiberte de la Palud, y sont également enterrées.

Mariage et descendance

Il épouse Philiberte de la Palud qui décède en 1508 sans lui laisser de descendance[10]. En secondes noces, il épouse Claude de Rivoire avec laquelle il n'aura pas d'enfant.

Parmi sa parenté figure Charles-Emmanuel de Gorrevod[11],[12] (1569-1625), duc de Pont-de-Vaux, « Reichsfürst » (1623). Ce dernier aura comme fils, Charles-Emmanuel de Gorrevod, archevêque de Besançon et abbé de Baume-les-Messieurs.

Héraldique

Blasonnement :
D'azur au chevron d'or.[13]

Notes et références

  1. André Chagny, Correspondance politique et administrative de Laurent de Gorrevod, conseiller de Marguerite d'Autriche et gouverneur de Bresse, vol. I, 1507-1520, 1913, p. LXIV.
  2. Ansgar Wildermann / TCH, « Gorrevod, Louis de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  3. [Naef 1968] Henri Naef, Les origines de la Réforme à Genève, vol. 2, libr. Droz, , 1139 p., sur books.google.fr (ISBN 978-2-600-05065-4, lire en ligne), p. 82.
  4. Marie-Claude Guigue, Topographie historique du département de l'Ain, Bourg, Gromier Ainé, , 518 p. (BNF 30556006, lire en ligne), p. 168.
  5. [Mottard 1871] Docteur Antoine Mottard, « Quelques notes sur les cardinaux qui ont occupé le siège épiscopal de Maurienne », Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de Maurienne, Chambéry, Impr. Puthod, vol. 3, , p. 224-225 (lire en ligne).
  6. Voir chapitre Famille Gorrevod sur le site Marnay70.
  7. Grete Klingenstein, Heinrich Lutz, Gerald Stourzh, EUROPÄISIERUNG DER ERDE? Studien zur Einwirkung Europas auf die außereuropäische Welt, 1980, p. 90.
  8. Hugh Thomas, The Slave Trade. The Story of the Atlantic Slave Trade, 1440-1870, 1997, p. 98
  9. Peter G. Bietenholz, Thomas B. Deutscher, Contemporaries of Erasmus: A Biographical Register of the Renaissance and Reformation, 2003, 1495 pages, p. 119.
  10. Leur unique enfant est mort en bas-âge.
  11. « www.geneall.net », Charles Emanuel de Gorrevod, duc de Pont-le-Vaux, duc di Nola (consulté le )
  12. « roglo.eu », Charles-Emmaneul de Gorrevod (consulté le )
  13. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France Volume 8, Vve Duchesne, 1774 (lire en ligne), p. 313.

Voir aussi

Bibliographie

  • Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, vol. II, 1778, p. 189 et 441.
  • Georges Scelle, La traite négrière aux Indes de Castille. Contrats et traités d'Assiento, vol. I, Les contrats (XVIe et XVIIe siècles), 1906, p. 139-162 et p. 755.
  • André Chagny, Correspondance politique et administrative de Laurent de Gorrevod, conseiller de Marguerite d'Autriche et gouverneur de Bresse, 2 tomes, 1913 (vol. I, 1507-1520).
  • Enrique Otte, "Die Negersklavenlizenz des Laurent de Gorrevod. Kastilisch-genuesische Wirtschafts- und Finanzinteressen bei der Einführung der Negersklaverei in Amerika", in Spanische Forschungen der Görresgesellschaft, 1965, p. 283-320.
  • C.H.L.I. Cools, Mannen met macht. Edellieden en de Moderne Staat in de Bourgondisch-Habsburgse landen, ca. 1475 - ca. 1530, proefschrift Universiteit van Amsterdam, 2000, p. 314-315.

Articles connexes

Liens externes

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