Lecture publique (politique culturelle)
La lecture publique est l'ensemble des actions menées autour du livre et de la culture de l'écrit en général. Elle est traditionnellement conduite par le monde des bibliothèques.
Cet article concerne la politique culturelle de la lecture publique. Pour l'acte de la lecture publique, voir Lecture publique.
Le domaine de la lecture publique ne doit pas être confondu avec la lecture en public.
Histoire de la définition française
Par le passé, elle était entendue comme l'« instruction publique ». Aujourd'hui, après son apparition dans le vocabulaire des professionnels des sciences de l'information, des bibliothèques et du livre, le sens exact de l'expression « lecture publique » reste très méconnu en France. Apparue officiellement dans un décret du général de Gaulle, le , avec la fondation de la Direction des bibliothèques de France et de la lecture publique, elle fut à l'ordre du jour, le , dans un comité interministériel, présidé par le Premier ministre Georges Pompidou, qui nomma un groupe de travail dirigé par Étienne Dennery, pour pérenniser la lecture publique en France[1]. Ce terme désigne aujourd'hui l'ensemble des actions conduites par les bibliothèques et médiathèques publiques et destinées à promouvoir la culture du livre, de l'écrit, du son, de l'image et du numérique.
Axes d'action principaux
Actions de sensibilisation des publics jeunes
- Développement de la culture et de la littérature jeunesse
Actions en direction des publics les plus éloignés de la culture du livre, de l'écrit et du numérique
- Actions en milieux carcéraux
- Actions en milieux hospitaliers
- Actions en direction des publics illettrés ou en danger d'illettrisme
La lecture publique au Québec jusque dans les années 1970
L’histoire de la lecture publique au Québec est liée à celle des bibliothèques publiques. La création de la Bibliothèque de Québec (Quebec Library) en 1779 à l'initiative du gouverneur Frederick Haldimand, peut être considérée comme le point de départ de la lecture publique au Québec[2]. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, Montréal, qui dès 1870 franchit le cap de 100 000 habitants, devient petit à petit une ville où on lit. La création de deux bibliothèques à Montréal en 1844, atteste de ce mouvement. Louis-Georges Harvey[3] souligne qu’à partir de cette période la lecture publique cessait d’être l’affaire d’une élite pour inclure d’autres couches sociales. L’Église catholique francophone met en place les bibliothèques paroissiales à partir de 1840. Comme on pouvait s’en douter, si les infrastructures de lecture publique se multiplient, la lecture est bien mise sous le contrôle de l’Eglise. L'Œuvre des bons livres, fondée par le curé de Montréal et supérieur de Saint-Sulpice, Joseph-Vincent Quiblier, se consacrait à répandre les bons livres «pour faciliter et étendre l'instruction religieuse»[4]. Le bibliothécaire était considéré comme « le gardien moral des lectures de la société, comme le médecin des âmes »[4].
Il a fallu attendre le début de la Révolution tranquille pour que la lecture publique devienne une affaire d’Etat au Québec. Une politique de lecture publique va émerger à partir des années 1960. C’est en 1959, en effet, que la province allait adopter sa première loi sur les bibliothèques publiques avant de créer un an plus tard le Service des bibliothèques publiques.
Au cours des années 1960-1970, les autorités québécoises ont entrepris de nombreuses actions pour promouvoir la lecture publique sur le territoire. Le ministère des Affaires culturelles, créé dans la foulée, soit en novembre 1961[5], favorise la création des bibliothèques municipales à travers des subventions accordées aux municipalités. Le deux premières bibliothèques centrales de prêt (BCP), en Mauricie et en Outaouais ont vu le jour à la faveur de cette dynamique. A la fin des années 1970, Québec compte plus d'une centaine de bibliothèques autonomes et d'une dizaine de BCP[6].
Première province canadienne à se doter d’un ministère consacré à la culture[7], Québec se donne les moyens de mettre en place une véritable politique culturelle au cœur de laquelle se trouve une préoccupation pour les bibliothèques publiques, la lecture et le livre. La règlementation du domaine du livre en 1981 vise à assurer le développement du réseau des libraires du Québec, en faisant l’obligation aux bibliothèques subventionnées, publiques, collégiales et scolaires, d'acheter leurs livres dans des librairies agréées par le ministère des Affaires culturelles.[8] La finalité de cette disposition est de promouvoir l’accessibilité du livre partout au Québec[7].
L’un des éléments majeurs de la politique de lecture publique des autorités québécoises est le plan Vaugeois, ministre des Affaires culturelles à partir de 1978. Ce plan quinquennal (1980-1985) prévoit un ensemble de mesures stimulantes pour les bibliothèques et pour les livres : construction et réaménagement des locaux de bibliothèques, allocation pour l'embauche de bibliothécaires professionnels et aide supplémentaire pour l'achat de livres.[8]
Bibliographie
- Anne-Marie Bertrand, Lecture publique et territoires, trente ans de mutations en BDP. Actes du colloque de Montbrison, 24 et , Villeurbanne, 2005 (dir.)
- Anne-Marie Bertrand, Les bibliothèques. La Decouverte, 2007, Repères, numéro 247. (ISBN 2707152773)
Référence
- BBF, La lecture publique en France, no 3, 1968, p. 105-134
- Hélène Roussel, « Les bibliothèques publiques québécoises », Documentation et bibliothèques, (lire en ligne)
- Louis-Georges Harvey, « La lecture publique au Québec de 1850 à 1900 : vers la démocratisation du livre », Documentation et bibliothèques, (lire en ligne)
- Marcel Lajeunesse, Les sulpiciens et la vie culturelle à Montréal au XIXe siècle, , 278 p. (ISBN 2762110238), p. 36
- « Ministère des Affaires culturelles du Québec | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
- Benoit Ferland et Marcel Lajeunesse, « Une loi des bibliothèques publiques du Québec : une nécessité », Documentation et bibliothèques, (lire en ligne)
- Sophie VERVILLE et Mariam GUIRGUIS, « La protection des entreprises québécoises dans le domaine du livre : évolution des efforts législatifs et perspective de la modernisation annoncée », Revue du notariat, , p. 417
- Marcel Lajeunesse, « Le discours sur la lecture et les bibliothèques au Québec depuis 1970 », Documentation et bibliothèques, , p. 97–104 (lire en ligne)