Les Nymphéas
Les Nymphéas est une série d'environ 250 peintures à l'huile impressionnistes élaborées par le peintre français Claude Monet pendant les 31 dernières années de sa vie. Ces peintures représentent le jardin de fleurs, et plus particulièrement le bassin de nénuphars, de la maison du peintre à Giverny (qui accueille aujourd'hui la fondation Claude Monet). Beaucoup de tableaux ont été peints tandis que l'artiste souffrait de la cataracte. Ces tableaux se présentent sous différentes formes (carrée, circulaire, rectangulaire, etc.) et avec des tailles très variables pouvant atteindre plusieurs mètres.
Pour les articles homonymes, voir Nymphéa.
À Paris, les principaux lieux d'exposition des Nymphéas sont le musée de l'Orangerie, ainsi que le musée Marmottan et le musée d'Orsay, mais on retrouve des tableaux de Nymphéas dans les principaux musées du monde. En 1999, soixante tableaux de Nymphéas, venus du monde entier, ont été réunis pour une exposition spéciale au musée de l'Orangerie[1].
Contexte
Quand il débute la série des Nymphéas, Monet avait déjà travaillé, depuis 1889, sur le principe de séries de peintures sur un même sujet, où seule la lumière varie. C'est ainsi qu'il avait réalisé dix tableaux de la Vallée de la Creuse, exposés à la galerie Georges Petit[2], la série Les Meules, la série des Cathédrales de Rouen, les tableaux de la Gare Saint-Lazare, et la série des Matinées, cette dernière lui ayant permis d'explorer tout le potentiel que pouvaient apporter les reflets aquatiques dans la construction des perspectives. Les Nymphéas de Monet font l’objet d’une étrange circulation des influences entre l’Occident et le Japon[3]. En fait ces séries des œuvres de l’artiste français montrent sa fascination par l’art japonais. Le Japonisme a commencé après l’ouverture du Japon aux Occidentaux dès 1853. Beaucoup de Français vont explorer ce pays et en rapporter des objets comme le thé, gravures, vêtement. Monet était fasciné par la culture japonaise. Il avait une grande collection d'estampes japonaises et le pont qui est souvent représenté dans la série de Nymphéas est un pont japonais.
Les Nymphéas de l'Orangerie
C’est avec Georges Clemenceau, que Claude Monet a choisi d’installer dans l'Orangerie du jardin des Tuileries, ce grand ensemble mural. Il y travailla à partir de 1914 et il en a amorcé le don à la France dès 1918. Pendant huit ans, ce projet fait l'objet de rudes négociations avec les pouvoirs publics, dans lesquelles Clemenceau a joué un rôle déterminant.
Durant les années 1920, l'État français y a construit deux pièces ovales pour l'exposition permanente de ces huit peintures du bassin aux nénuphars par Monet. Ces huit compositions sont de même hauteur (2 m) mais de longueur variable (de 5,99 m à 17,00 m), réparties sur les murs. L’ensemble forme une surface d’environ 200 m2 qui en fait une des réalisations les plus monumentales du siècle. Monet a peint ces compositions pour qu'elles soient suspendues en cercle, comme si une journée ou les quatre saisons s'écoulaient devant les yeux du spectateur.
L'exposition a ouvert au public le , quelques mois après sa mort[4].
Chronologie
- : Monet commence à peindre les Nymphéas.
- : à Giverny l’artiste détourne l'Epte afin que l'eau de la rivière puisse alimenter ses besoins et fasse pousser ses plantes exotiques.
- 1902 : réel début de la série Les Nymphéas.
- 1906 : la série des Nymphéas progresse lentement. Monet remanie beaucoup, il détruit notamment de nombreux tableaux et ajourne l’exposition de la série.
- - : Paul Durand-Ruel expose quarante-huit toiles de Nymphéas.
- 1910 : agrandissement du bassin aux nymphéas.
- : diagnostic d’une double cataracte chez Monet.
- 1914 : encouragé par Clemenceau, Monet commence une série de panneaux décoratifs sur le thème des Nymphéas.
- : Monet signe à Vernon, devant notaire, un acte de donation dans lequel il s’engage à remettre des panneaux des Nymphéas à l’État en . Presque aveugle et désireux d’achever les panneaux, il se fait opérer des yeux.
- : Durand-Ruel expose plusieurs toiles récentes des Nymphéas à New York.
- 1924 : Clemenceau ajourne la livraison des panneaux à cause de la vue de Monet.
- : mort du peintre à l’âge de 86 ans à Giverny.
- : inauguration officielle des Nymphéas au musée de l'Orangerie.
Séries
Monet peint plusieurs séries sur ce thème[5] :
- Bassins aux nymphéas (1899-1900)
- Les Nymphéas, séries de paysages d'eau (1903-1908)
- Le Pont japonais (1918-1924) : le thème du pont est traité dès 1895 mais repris en 1918, la passerelle étant entre-temps recouverte d'arceaux de glycines.
Liste chronologique et non complète des tableaux
Tableau | Titre | Date | Dimensions | Lieu d’exposition |
---|---|---|---|---|
Nymphéas | 1897-1898 | 66 × 104 cm | Musée d'art du comté de Los Angeles | |
Nymphéas | 1897-1899 | 81 × 100 cm | Galerie nationale d'art moderne et contemporain (Rome) | |
Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte | 1898 | 89 × 92 cm | Musée d'Orsay (Paris) | |
Nymphéas et pont japonais | 1899 | Musée d'art de l'université de Princeton | ||
Pont au-dessus d'un bassin de nymphéas | 1899 | 93 × 74 cm | Metropolitan Museum of Art (New York) | |
Nympheas blancs | 1899 | Musée Pouchkine (Moscou) | ||
Pont japonais et bassin aux nymphéas | 1899 | 89 × 93 cm | Musée d'art de Philadelphie | |
Le Bassin aux nymphéas | 1899 | 88 × 93 cm | National Gallery (Londres) | |
Le Pont japonais ou le Bassin aux nymphéas | 1900 | Musée des beaux-arts de Boston | ||
Le Pont japonais | 1900 | Philadelphia Museum of Art | ||
Nymphéas | 1903 | 90 × 96 cm | Musée d'art moderne André Malraux (Le Havre) | |
Nymphéas | 1903 | 73 × 92 cm | Musée Marmottan (Paris) | |
Nymphéas | 1903 | Dayton Art Institute (Ohio) | ||
Le Bassin des nymphéas | 1904 | 88 × 91 cm | Musée d'art de Denver | |
Nymphéas | 1904 | 81 × 100 cm | Collection particulière (France) | |
Nymphéas (W1671) | 1905 | 89 × 100 cm | Musée des beaux-arts de Boston | |
Nymphéas | 1905 | 89 × 99 cm | Vente Christie's (New York), | |
Nymphéas | 1906 | 80 × 94 cm | Art Institute of Chicago | |
Étang avec des nénuphars | 1907 | Musée d'Israël (Jérusalem) | ||
Nymphéas | 1907 | 73 × 92 cm | Kawamura Memorial DIC Museum of Art (en) (Sakura, Japon) | |
Nymphéas | 1907 | Artizon Museum (Tokyo) | ||
Nymphéas | 1907 | 91 × 81 cm | Musée des beaux-arts de Houston | |
Nymphéas au soleil couchant | 1907 | 73 × 93 cm | National Gallery (Londres) | |
Nymphéas (W1733) | 1907 | 73 × 93 cm | Worcester Art Museum (Massachusetts) | |
Nymphéas | 1908 | 90 × 92 cm | Collection (Saint-Gall) | |
Nymphéas | 1908 | Diam. 81 cm | Musée Alphonse-Georges Poulain, Vernon | |
Nymphéas | 1908 | Diam. 80 cm | Musée d'art de Dallas | |
Nymphéas | 1914-1917 | 181 × 202 cm | Galerie nationale d'Australie (Canberra) | |
Nymphéas, le matin clair aux saules | 1914-1926 | 200 × 1 257 cm | Musée de l'Orangerie (Paris) | |
Nymphéas, reflets verts | 1914-1926 | 200 × 850 cm | Musée de l'Orangerie (Paris) | |
Nymphéas, soleil couchant | 1914-1926 | 200 × 600 cm | Musée de l'Orangerie (Paris) | |
Nymphéas, les nuages | 1914-1926 | 200 × 1 275 cm | Musée de l'Orangerie (Paris) | |
Nymphéas, les deux saules | 1914-1926 | 200 × 1 700 cm | Musée de l'Orangerie (Paris) | |
Nymphéas, reflets d'arbres | 1914-1926 | 200 × 850 cm | Musée de l'Orangerie (Paris) | |
Nymphéas | 1915-1926 | 200 × 425 cm | Musée d'art Nelson-Atkins (Kansas City) | |
Nymphéas | vers 1915 | 200 × 425 cm | Neue Pinakothek (Munich) | |
Nymphéas | 1915 | Musée Marmottan Monet (Paris) | ||
Nymphéas blancs et jaunes | 1915-1917 | 200 × 200 cm | Musée Oskar Reinhart « Am Stadtgarten » (Winterthour) | |
Le Bassin aux nymphéas | 1915-1926 | Musée d'art de Chichū (Japon) | ||
Nymphéas (W1800) | 1916 | 200 × 200 cm | Musée national de l'art occidental (Tokyo) | |
Nymphéas | 1916 (après) | 200 × 427 cm | National Gallery (Londres) | |
Le Bassin aux nymphéas ou Les Nymphéas à Giverny | 1917 | 100 × 200 cm | Musée d'Arts de Nantes | |
Nymphéas, reflets de saule | 1916-1919 | 200 × 200 cm | Musée Marmottan Monet (Paris) | |
Vue du bassin aux nymphéas avec saule | 1916-1919 | 140 × 150 cm | Collection, vente Christie's New York, 18-11-1998 | |
Nymphéas bleus | 1916-1919 | 200 × 200 cm | Musée d'Orsay (Paris) | |
Nymphéas | 1917-1919 | Honolulu Museum of Art | ||
Bassin aux nymphéas | 1917-1919 | Albertina (Vienne) | ||
Bassin aux nymphéas | 1917-1920 | 300 × 200 cm | Fondation Beyeler (Bâle) | |
Le Bassin aux nymphéas | 1919 | Metropolitan Museum of Art (New York) | ||
Les Nymphéas | 1920-1926 | 219 × 602 cm | Musée de l'Orangerie | |
Reflets de nuages sur le bassin aux Nymphéas | 1920 | 200 × 276 cm | Museum of Modern Art (New York) | |
Le Pont japonais | 1918-1924 | 115 × 89 cm | Fondation Beyeler (Bâle) | |
Le Pont japonais | 1919-1924 | Musée Van Gogh (Amsterdam) | ||
Le Pont japonais | 1920-1922 | Museum of Modern Art (New York) | ||
Le Pont japonais, Giverny | 1920-1924 | 94 × 89 cm | Musée des beaux-arts de Houston | |
Le Pont japonais, sur le bassin aux nymphéas | 1920-1924 | 89 × 92 cm | Musée d'art de São Paulo | |
Nymphéas et Pont japonais | 1920-1924 | Philadelphia Museum of Art | ||
Jardin d'eau à Giverny | 1920 | 118 × 83 cm | Musée de Grenoble | |
Nymphéas | 1922 | 200 × 213 cm | Musée d'art de Toledo (Ohio) | |
Le Bassin aux nymphéas, le soir | 1916-1922 | 200 × 600 cm | Kunsthaus de Zurich (Suisse) | |
Le Bassin aux nymphéas avec iris | 1914-1922 | 200 × 600 cm | Kunsthaus de Zurich (Suisse) | |
Le Bassin aux nymphéas, reflets verts | 1920-1926 | 200 × 425 cm | Kunsthaus de Zurich (Suisse) |
Notes et références
- (en) Susan Bell, « Paris sees Monet lilies in a new light », The Times, .
- (en) Paul Hayes Tucker, Monet in the 90s : The Series Paintings (catalogue de l'exposition au Museum of Fine Arts de Boston, à l'Art Institute de Chicago et à la Royal Academy of Arts de Londres, 1989-1990), Yale University Press, , 324 p. (ISBN 0-300-04659-6 et 0-87846-313-5), p. 41.
- Simone Korff-Sausse, « Le destin extraordinaire des Nymphéas de Claude Monet », Corps & Psychisme, vol. 74, no 1, , p. 199 (ISSN 2496-4476 et 2553-6087, DOI 10.3917/cpsy2.074.0199, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Joel Isaacson, « Monet, (Oscar-)Claude », Grove Art Online (DOI 10.1093/gao/9781884446054.article.T059077).
- Sylvie Patin, Claude Monet : « Un œil... mais, bon Dieu, quel œil ! », Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Arts » (no 131), , 175 p. (ISBN 978-2-07-034878-7), p. 121-123.
Annexes
Bibliographie
- Michel Hoog, Musée de l'Orangerie, Les Nymphéas de Claude Monet, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, , 3e éd., 133 p. (ISBN 2-7118-5068-4)
- Charles F. Stuckey (trad. Marie Salsa), Monet, “Nymphéas” [« Monet, “Water lilies” »], Paris, Herscher, coll. « Lieux d'artistes », , 132 p. (ISBN 2-7335-0175-5)
Article connexe
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- « Les Nymphéas, visite virtuelle », musée de l'Orangerie
- Portail de la peinture
- Portail de la France