Les Hasards heureux de l'escarpolette
Les Hasards heureux de l'escarpolette est une scène galante peinte par Jean Honoré Fragonard entre 1767 et 1769.
Artiste | |
---|---|
Date | |
Type |
Peinture |
Technique |
Huile sur toile |
Dimensions (H × L) |
81 × 64 cm |
Format |
figure |
Mouvement | |
No d’inventaire |
P430 |
Localisation |
Historique
D'après Charles Collé, rapportant une confidence à lui faite le par Gabriel-François Doyen, un « homme de la Cour » avait voulu passer commande à ce peintre d'un tableau en ces termes : « Je désirerais que vous peignissiez madame (en montrant sa maîtresse) sur une escarpolette qu'un évêque mettrait en branle. Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant, et mieux même si vous voulez égayer davantage votre tableau[1]. » Surpris qu'on s'adresse à lui pour un tel sujet, Doyen orienta le commanditaire vers Fragonard, lequel hésita tout de même à faire jouer à un évêque le rôle indiqué (ce qui eût pu nuire à sa carrière) et convainquit son client de remplacer l'évêque par un mari cocu.
Le mystérieux commanditaire est traditionnellement identifié, depuis le XIXe siècle, comme étant Marie-François-David Bollioud de Saint-Julien (1713-1788), baron d'Argental et receveur général du Clergé. Un doute a pu apparaître en raison de l'existence, à la même époque, d'un autre baron de Saint-Julien, Guillaume Baillet de Saint-Julien (1726-1796) qui fut collectionneur et critique d'art.
Si la première attribution prévaut généralement, elle pose cependant un problème dans la mesure où le très jeune homme représenté dans L'escarpolette ne semble pas pouvoir constituer un portrait crédible d'un baron de Saint-Julien âgé, au moment de la commande, de 54 ans. C'est pourquoi Catherine Baradel-Vallet propose, « en supposant qu'il y ait une part de vérité dans le rapprochement établi entre le commanditaire du tableau et un baron de Saint-Julien », que ce mystérieux commanditaire fût non François de Saint-Julien mais son fils, Jean-Victor-François-Auguste de Saint-Julien (1749-1781), dont l'âge en 1767 s'accorderait mieux à celui qu'on peut prêter au personnage du tableau et fournirait une explication, inexpérience de la jeunesse aidant, à l'erreur initiale dans le choix du peintre pressenti[2].
La scène est décrite par Pierre Cabanne, dans son ouvrage intitulé Fragonard, comme une « image de marivaudage badin[3] ».
Le tableau, après avoir appartenu successivement au fermier général Emmanuel-François Ménage de Pressigny, au duc de Morny et au marquis d'Hertford[2], est exposé en permanence à Londres, à la Wallace Collection, depuis 1900.
Description
Ce tableau est une œuvre très célèbre de l'artiste. Une jeune femme en robe rose se balance, dévoilant ses jambes à son amant et tournant le dos à son vieux mari dans l'ombre. C'est un tableau empreint d'une certaine légèreté et de frivolité. Ce tableau est caractéristique du mouvement rococo.
Postérité
Un tableau très largement inspiré de cette œuvre est visible dans la galerie des peintures du château d'Arendelle dans le film La Reine des Neiges[4].
Références
- Journal et mémoires de Charles Collé sur les hommes de lettres, les ouvrages dramatiques et les événements les plus mémorables du règne de Louis XV (1748-1772), t. 3, Firmin Didot, (lire en ligne), « Octobre 1767 », p. 165-166.
- Catherine Baradel-Vallet, « Le mystérieux commanditaire de L'escarpolette de Fragonard », Terroir, Société historique et touristique de la région de Fontaine-Française, no 163, , p. 7.
- Pierre Cabanne, Fragonard, Paris, Somogy, , 1re éd., 156 p. (ISBN 978-2-85056-184-9, LCCN 87210982), p. 54.
- (en) « Look What We Found in Frozen », sur Disney Insider, .
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Art UK
- Portail de la peinture
- Portail des années 1760
- Portail du royaume de France
- Portail de Londres