Liliane Wouters

Biographie

Belge d'expression française, Liliane Wouters rentre à l'école normale en 1944 et devient institutrice en 1949, poste qu'elle conservera pendant plus de 30 ans, jusqu'en 1980[2].

Son premier recueil de poésie, La Marche forcée, sort en 1954. Wouters publia une quinzaine de recueils jusqu'à son décès en 2016. En plus de poursuivre un travail de poétesse et de dramaturge, elle participe à la rédaction de plusieurs anthologies poétiques et traduit des œuvres du néerlandais vers le français. Son attachement à la région de Flandre, aux études sur les béguines[3] et à leurs textes mystiques est également reconnu[4],[5].

De 1961 à 1991, Wouters écrivit une dizaine de pièces de théâtre en parallèle à ces œuvres poétiques[6]. Cet intérêt pour le théâtre se manifesta après avoir fait la connaissance d'Albert-André Lheureux[7] et de son Théâtre de l'Esprit frappeur.

Elle est membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, de l'Académie européenne de poésie, et de la Koninklijke Academie voor Nederlandse Taal- en Letterkunde[8],[9].

Liliane Wouters est décédée le [10]. La messe de funérailles eut lieu en l'église Saint-Lambert à Jumet-Hamendes, suivie de l'inhumation au cimetière de Ransart-Bois[1].

Esthétique

Pour Wouters, le poème est « un cri contrôlé » : « Aucune recherche esthétique ou intellectuelle ne me guide, le poème répond à un besoin. Mettons que ce soit un cri. Mais un cri contrôlé[11] », précise-t-elle autour de son second livre, Le bois sec (1960).

Ce contrôle, elle l'exerce notamment dans La Marche forcée (1954), Le Bois sec (1960) et Le Gel (1966), avec élégance et rigueur. Sa poésie est dense, intelligente, intelligible, sensible et sensuelle[8].

Dans son Dictionnaire de la poésie française contemporaine (1996), Jean Rousselot qualifie le style de Wouters ainsi:

« Ses vers, généralement brefs, sont lourds de pensée, riches d’images et de musiques. L’angoisse y bat sourdement sous des bonheurs d’expression exceptionnels. Il y a du Valéry, mais aussi du Louise Labé dans son lyrisme sans éloquence. Elle ferait la preuve, s’il en était besoin, que la prosodie régulière n’est pas une entrave à la liberté du poète.[12] »

Réception critique

Wouters publia de nombreux recueils de poèmes et pièces de théâtre. Dans un article paru dans Lettres françaises en 1956, Aragon souligne sa maîtrise « du vers français et de sa technique. »[réf. nécessaire]. Alain Bosquet, en 1961, dit de Liliane Wouters qu'elle « apporte, sur un ton traditionnel et strictement classique, ce qui semble manquer le plus à la poésie de langue française : la simplicité, l'émotion directe, la discipline dans la ferveur[13]

Sa pièce de théâtre La salle des profs (1983), publiée quelque années après sa retraite, a connu un excellent succès en Belgique[14]. L'oeuvre a aussi été jouée à Paris et a été adapté en néerlandais, version qui a connu un succès telle qu'elle a été adaptée en téléfilm[14].

En 2016, Jean-Claude Vantroyen qualifie son style d'un mélange entre « réalisme magique et [...] mystique éclairée » qui s'inspire de la puissance et du baroque nordiques[15].

Œuvres

Anthologies

  • Panorama de la poésie française de Belgique, Bruxelles, Éditions Jacques Antoine, 1976.
  • Terre d'écarts, en collaboration avec André Miguel, Paris, Éditions Universitaires, 1980.
  • Belles heures de Flandre. Anthologie de la poésie flamande du XII et XVIe siècle, avant-propos de Roger Bodard, Bruxelles, Les Éperonniers, coll. « Passé-Présent », 1997 (1re éd. 1961).
  • Le siècle des femmes, avec Yves Namur, Bruxelles, Les Éperonniers, coll. « Passé présent », 2000, 170 p. (ISBN 9782871323273)
  • Théâtre contemporain Wallonie-Bruxelles : Quelques incontournables, vol. 1, en collaboration avec le Centre des écritures dramatiques Wallonie-Bruxelles, Carnières, Lansman éditeur, 2000, 130 p. (ISBN 9782872822751)
  • Roger Foulon, Paroles du feuillage: anthologie poétique, Châtelineau, Le Taillis pré, 2004, 201 p. (ISBN 9782930232867)
  • Ça rime et ça rame, anthologie poétique, Bruxelles, Éditions Labor, 2006 (1er éd. 1985), 300 p. (ISBN 2804022269 et 9782804022266)
  • Poètes aujourd'hui : un panorama de la poésie francophone de Belgique, en collaboration avec Yves Namur, Châtelineau/Saint-Hippolyte, Le Taillis pré/Le Noroît, 2007, 303 p. (ISBN 978-2-89018-621-7 et 978-2-87450-020-6)

Autobiographie

  • Paysage flamand avec nonnes, Paris, Gallimard, coll. « Haute enfance », 2013 (1er éd. 2007), 178 p. (ISBN 9782874500039 et 9782930646589)

Essais

  • Vie-poésie, Carnières, Lansman éditeur, coll.« Chaire de poétique », 2011, 93 p. (ISBN 9782872828289)

Poésie

  • La Marche forcée, Bruxelles, Éditions des Artistes, 1954.
  • Le Bois sec, Paris, Gallimard, 1960.
  • Le Gel, Paris, Pierre Seghers, 1966.
  • Bréviaire des Pays-Bas, adaptation de poèmes flamands du Moyen Âge, Paris, Éditions Universitaires, 1973.
  • Reynart le Goupil, adaptation du poème du moyen néerlandais, Bruxelles, Éditions La Renaissance du Livre, 1974.
  • L'Aloès, Paris, Luneau-Ascot, 1983, 270 p. (ISBN 9782903157326)
  • Parenthèse, Le Verbe et l'Empreinte, Saint-Laurent-du-Pont, 1984.
  • La Poésie francophone de Belgique, 4 tomes avec Alain Bosquet, Bruxelles, Éditions de l'ARLLFB, 1985-1992. (ISBN 9782871680017, 9782803200009 et 9782803200009)
  • Journal du scribe, Bruxelles, Les Éperonniers, 1990.
  • Tous les chemins conduisent à la mer, Bruxelles, Les Eperonniers, coll. « Passé Présent », 1997.
  • Le Billet de Pascal, avec des illustrations d'Anne Gilsoul, Luxembourg/Bruxelles/Trois-Rivières, éditions PHI/Les Éperonniers/Les Écrits des Forges, 2000, 105 p. (ISBN 2-89046-555-1 et 2-87962-114-3)
  • Les sept portiques du chemin de Pâques, Châtelineau, Le Taillis pré, 2000, 54 p. (ISBN 2930232358)
  • Changer d'écorce : poésie 1950-2000, Tournai, Renaissance du livre, 2001, 323 p. (ISBN 2804605884 et 9782804605889)
  • Le Livre du Soufi, Châtelineau, Le Taillis Pré, 2009. (ISBN 978-2-87450-042-8)
  • Derniers feux sur terre, Châtelineau, Le Taillis pré, 2015, 86 p. (ISBN 978-2-87450-084-8)
  • Trois visages de l'écrit, postface d'Yves Namur, Bruxelles, Espace Nord, 2016, 220 p. (ISBN 9782875681263)

Théâtre

  • Oscarine ou les Tournesols, création du Rideau de Bruxelles, 1964.
  • La Porte, création Festival du Jeune Théâtre, Liège, 1967.
  • Le Monument, un acte du spectacle collectif Le 151e, Maison de la Culture de Mons, 1981.
  • La Célestine, adaptation d'après Fernando de Rojas, Théâtre Royal du Parc, Bruxelles, 1981.
  • La Mort de Cléopâtre, un acte du spectacle collectif Cléopâtre, Théâtre de l'Esprit Frappeur, Bruxelles, 1982.
  • Autour d'une dame de qualité, création de l'Atelier d'écriture, Neufchâteau, 1983.
  • L'Équateur, suivi de Vies et morts de mademoiselle Shakespeare, Bruxelles, J. Antoine, 1986, 120 p. (ISBN 2871320071 et 9782871320074)
  • Le Jour du narval, Bruxelles, Éditions Les Éperonniers, 1991.
  • La salle des profs, préface de Claude Javeau, postface d'Adolphe Nysenholc, Bruxuelles, Espace Nord, 2014 (1re éd. 1983), 154 p. (ISBN 9782930646961 et 9782874159909)
  • Charlotte ou la nuit mexicaine, Bruxelles, Les Éperonniers, 1989, 65 p. (ISBN 9782871321989)

Traductions

  • Hugo Raes, Le ciel et la chair, Paris, Complexe, coll. « Le Plat pays »,1980.
  • Guido Gezelle, Un compagnon pour toutes les saisons, Autres Temps, coll. « Temps poétique », Marseille, 1999. 183 p. (ISBN 9782911873911)
  • Jozef Deleu, Lettres à l'autre rive, Avin, Luce Wilquin, 2002, 80 p. (ISBN 9782882531889)
  • John F. Deane, Fugue, Châtelineau, Le Taillis pré, 2006, 65 p. (ISBN 9782874500039)
  • Godfried Danneels, Franc-parler : entretiens avec le cardinal Danneels, Paris, Desclée de Brouwer, 2016, 400 p. (ISBN 9782220050157)

Prix et honneurs

Notes et références

  1. « Funérailles Liliane Wouters », sur funerariumfontaine.be (consulté le ).
  2. « Wouters Liliane » , sur La maison de la poésie (consulté le )
  3. Bulletin de l'Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises., t. LXIV, Paris, Académie Royale de Langue et de Littérature françaises, (lire en ligne)
  4. Hubert Juin, « Poésie. La voix pudique de Liliane Wouters », Le Monde, (lire en ligne )
  5. Jeanine Moulin, « Belgique, une poésie à trois voies : de Marcel Thiry à Marcel Lecomte », dans Poésie 1945-1960: les mots, la voix : Colloque du "Centre de recherches sur la poésie française" de la Sorbonne, Presses Paris Sorbonne, , 191 p. (lire en ligne), p. 176
  6. Philippe Lekeuche, « Liliane wouters », sur Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (consulté le )
  7. « Liliane Wouters », sur Printemps des Poètes (consulté le )
  8. « Liliane Wouters », sur Voix d'auteurs (consulté le )
  9. (ne) « Liliane Wouters » , sur Kantl (consulté le )
  10. Jean-Claude Vantroyen, « L’écrivaine Liliane Wouters est décédée », Le Soir, (lire en ligne)
  11. Francine Ghysen, « Liliane Wouters, la voix la plus vraie », Le Carnet et les Instants, (lire en ligne )
  12. Jean Rousselot, Dictionnaire de la poésie française contemporaine, Paris, Larousse,
  13. Alain Bosquet, « Poésie française », Liberté, , p. 489 (lire en ligne)
  14. Jacques de Decker, « La "Salle des profs" de Liliane Wouters: L'école des maîtres d'école », Le Soir, (lire en ligne )
  15. Jean-Claude Vantroyen, « L'écrivaine Liliane Wouter est décédée », sur Le Soir, (consulté le )
  16. « Liste des récipiendaires du Prix Renée Vivien », sur Académie Renée Vivien, (consulté le )
  17. Fédération Wallonie-Bruxelles, « Les Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles », sur Fédération Wallonie-Bruxelles (consulté le )
  18. « Goncourt de la Poésie Robert Sabatier », sur Académie Goncourt (consulté le )
  19. Jacques Darras, « Liliane Wouters. Le poème reprend terre », Esprit, (DOI 10.3917/espri.1512.0112)

Liens externes

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