Littérature policière japonaise

La littérature policière japonaise (推理小説, suiri shōsetsu, de sa traduction littérale "roman policier") est un genre populaire de la littérature japonaise[1].

Histoire

Nom

Lorsque la fiction policière occidentale s'est répandue au Japon, un nouveau genre appelé roman de détective (tantei shōsetsu, 探偵小説) s'est développé dans la littérature japonaise.

Après la Seconde Guerre mondiale, le genre est renommé en roman de déduction (suiri shōsetsu, 推理小説), même s'il inclut aussi bien les fictions non-policières. On peut expliquer ce changement par la volonté de faire une coupure entre le roman policier japonais d'avant guerre et celui d'après guerre, avec l'effondrement de l'État japonais et la démocratisation. Mais on peut aussi l'expliquer par des problèmes d'écriture : n'étant plus au programme à l'école, on ne pouvait plus utiliser un des caractères chinois utilisé dans "tantei shōsetsu", et le terme fût donc modifié.

Actuellement, on parle de plus en plus de "misuteri" (terme calqué sur l'anglais), qui regroupe un grand nombre de types de romans policiers mais, comme pour le terme précédant, inclut aussi des romans non-policiers[2],[3].

Développement

Au Japon, le roman policier a deux provenances:

  • Il y a tout d'abord une origine assez ancienne, avec la traduction en japonais de récits chinois où l'intrigue comportera principalement des crimes et des enquêtes.
  • La seconde origine viendra avec la restauration de Meiji, couvrant à la fois la fin de l'époque Edo et le début de l'Ere Meiji, durant la seconde moitié du XIXe siècle. Elle conduira à d'énormes changements dans la politique du Japon et sa construction sociale, mais contribuera surtout à son ouverture sur l'Occident, qui entrainera au Japon de nouvelles cultures et écrits. Les Japonais vont alors s'intéresser aux récits (européens pour la plupart), comportant des crimes pour les traduire, non pas dans un but purement littéraire, mais plutôt factuel, loin du roman policier, pour s'informer sur les manières de procéder des Européens pour résoudre des enquêtes ou le déroulement des procès.

Le roman policier a donc été instauré par une très grande période de traduction, et ce n'est que dans un second temps que ces textes seront lus pour le plaisir et non plus dans une volonté de s'instruire.

Kuroiwa Shūroku est le premier journaliste à transmettre le roman policier de l'occident au Japon, avec ses articles et traductions prolifiques.

À la fin du XIXe siècle, le roman policier japonais est très à la mode, à tel point que les Japonais vont se sentir saturés et passer à autre chose, tant et si bien que le roman policier tombe dans l'oubli.

Ce n'est que dans les années 1910 qu'il revient à la mode avec trois écrivains majeurs du XXe siècle : Junichiro Tanizaki, Haruo Satō et Ryunosuke Akutagawa (principalement connu pour sa nouvelle "Rashōmon", adapté en film en 1950) dans l'objectif d'agir en contrepouvoir envers le Naturalisme jugé plat et banal, en apportant quelque chose de plus vivant, grâce à l'utilisation des techniques du roman policier (le suspense, par exemple).

Dans un autre registre, on retrouve un genre à part : le Torimonocho, que l'on pourrait apparenter au roman policier historique, faisant cependant intervenir des fantômes, et souvent construits sur des bases de récits occidentaux. Son plus grand représentant est Kidō Okamoto.

Dans les années 1920 le roman policier atteindra son apogée et deviendra tel qu'on le connaît aujourd'hui, en passant par la publication de feuilletons en revue. Des revues spécialisées uniquement sur les romans policiers japonais vont aussi apparaître, mais c'est surtout avec la revue "Shinseinen" (新青年, le jeune homme moderne) que le roman policier va être relancé, à tel point que tous les écrivains de roman policier du Japon vont y passer pour présenter leur première œuvre.

Au Japon, le roman policier va avoir beaucoup de mal à se définir, aussi bien pendant la période avant guerre qu'actuellement ; il vient d'Occident et a en même temps une influence chinoise, et c'est ce qui fera naître des débats importants au sein des auteurs japonais des années 1920 et 1930 qui veulent acclimater le roman policier au Japon.

Ces débats vont porter sur deux types de romans policiers. On a d'un côté le roman de détective dit "malsain" (fukuzen, 不健全) ou "hétérodoxe" (henkaku tanteishōsetsu), dont l'objectif est de faire peur au lecteur, où l'on hésite pas à faire intervenir des éléments gores, fantastiques ou érotiques, en allant très loin dans ce que permettait la censure à cette époque. De l'autre côté, on a le roman de détective dit "sain" (kenzen, 健全) ou "orthodoxe" (honkaku tanteishōsetsu) qui se base uniquement sur des faits rationnels, sans faire appel à des éléments "dérangeants" ou fantastiques[4].

Edogawa Ranpo, un écrivain de romans policiers qui acquiert sa notoriété dans les années 1920[5], lorsque le roman policier revient au goût du jour, fonde le 21 juin 1947 le "Club des écrivains de romans policiers" (探偵作家クラブ, Tantei Sakka Kurabu), plus connu aujourd'hui sous le nom de "écrivains de romans policiers" (日本推理作家協会, Nihon Suiri Sakka Kyōkai)[6].

Auteurs japonais de romans policiers

Pionniers

  • Rūiko Kuroiwa (en) (1862–1920)

Écrivains ayant débuté à la fin des années 1940

Écrivains ayant débuté à la fin des années 1950

Écrivains ayant débuté dans les années 1960

  • Shunshin Chin (1924)

Écrivains ayant débuté dans les années 1970

Écrivains ayant débuté dans les années 1980

Écrivains ayant débuté dans les années 1990

Manga policiers

Références

  1. (en-GB) Shikoku Gakuin University Wendy Jones Nakanishi, « A Mirror of Society: Japanese Crime Fiction », sur www.japanesestudies.org.uk, (consulté le )
  2. Gérald Peloux, L’acte de lecture dans l’œuvre d’Edogawa Ranpo (1984-1965): une réflexion sur lalittérature policière d’avant-guerre au Japon, niversité Paris-Diderot - Paris VII, (lire en ligne)
  3. « Edogawa Ranpo, le créateur du roman policier japonais ? » (consulté le )
  4. Saito, Satomi, "Culture and authenticity: the discursive space of Japanese detective fiction and the formation of the national imaginary." PhD (Doctor of Philosophy) thesis, University of Iowa, Iowa Research Online -Theses and Dissertations, (lire en ligne)
  5. (en) Coralie Castel, « Polars du monde entier : enquêtes japonaises », sur Blog Lecteurs de la Bibliothèque nationale de France, (consulté le )
  6. Gerald Peloux, L’acte de lecture dans l’œuvre d’Edogawa Ranpo (1984-1965) : une réflexion sur la littérature policière d’avant-guerre au Japon. Littératures., Paris, Université Paris-Diderot - Paris VII, (lire en ligne)
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