LoRaWAN
LoRaWAN est un protocole de communication radio fondé sur la technologie LoRa. Dans le cadre de l'Internet des objets, il permet de structurer un réseau étendu à basse consommation (LPWAN), intégrant des équipements terminaux à faible consommation électrique par l'intermédiaire de passerelles.
Ce protocole est utilisé dans le cadre des villes intelligentes, du monitoring industriel ou encore de l'agriculture. Il est fondé sur la technologie de modulation propriétaire LoRa, créée en 2009 par la start-up grenobloise Cycléo (rachetée par Semtech en 2012). Semtech promeut LoRa au travers de la LoRa Alliance, dont elle est membre fondateur. LoRa est la couche physique permettant de connecter des capteurs ou objets nécessitant une longue autonomie de batterie (comptée en années), dans un volume et avec un coût réduit.
LoRaWAN est l'acronyme de long-range wide-area network (« réseau étendu à longue portée »).
Description générale
Le protocole LoRaWAN est un protocole de communication pour l'Internet des objets qui utilise une technique propriétaire de modulation par étalement de spectre (de type chirp spread spectrum (en)) appelée LoRa. Ce protocole se veut simple, peu coûteux à implémenter et économe en énergie. LoRaWAN cible les communications longues portées à bas coût et basse consommation, plutôt que les communications à débit élevé (plus consommatrices en énergie et puissance de calcul). En effet, les défis concernant l'interconnexion des objets résident dans le coût de ces derniers, leur autonomie ainsi que leur nombre d'un point de vue réseau. Ce faible coût est obtenu par l'utilisation d'une architecture en étoile (plus simple à mettre en œuvre qu'une architecture maillée), une technique de modulation plus simple à implémenter que celle des réseaux cellulaires classiques (réduisant le coût des composants électroniques dédiés) ainsi que l'utilisation de bandes de fréquences libres (utilisables sans redevance)[1]. Les équipements terminaux utilisés sont majoritairement peu coûteux (1 à 5 $) afin de pouvoir être déployés en grand nombre[2].
L'utilisation de fréquences libres permet aussi la création de réseaux LoRa dits privés (indépendants des opérateurs), pouvant couvrir un immeuble comme un champ ou une ville sans frais d'abonnement.
Architecture
Un réseau LoRaWAN est constitué d'équipements sans-fils basse consommation qui communiquent avec des serveurs applicatifs au travers de passerelles. La technique de modulation utilisée entre les équipements et les passerelles est LoRa. La communication entre les passerelles et les serveurs est établie via le protocole IP au moyen d'un réseau de collecte Ethernet ou 3G.
La topologie réseau LoRaWAN est dite en étoile d'étoiles (star-of-stars) car un serveur applicatif est connecté à une multitude de passerelles elles-mêmes connectées à une multitude d'équipements terminaux[3].
Au sens réseau, les équipements ne sont pas connectés aux passerelles, elles leur servent uniquement de relais pour joindre le serveur gérant le réseau, lui-même connecté à un ou plusieurs serveurs applicatifs. Les paquets envoyés par les équipements sont retransmis par les passerelles après y avoir uniquement ajouté des informations concernant la qualité du signal reçu[3].
Si la couverture radio le permet, plusieurs passerelles peuvent retransmettre le même message d'un équipement, il est alors dupliqué dans le réseau de collecte, c'est le serveur hébergeant l'application qui assure le dédoublement des paquets[3]. Cette particularité permet notamment la localisation des équipements via la comparaison des différents temps d'arrivée pour un même paquet dupliqué[4].
Lorsqu'une réponse doit être émise par le serveur, il utilise les informations ajoutées par les passerelles concernant la qualité de signal afin de choisir celle vers laquelle envoyer le paquet de réponse[5].
LoRaWAN ne permet pas le dialogue direct entre deux objets connectés. Si un tel dialogue doit avoir lieu il se fait au travers du serveur applicatif[5].
Modulation LoRa
LoraWAN utilise une modulation à étalement de spectre de type Chirp spread spectrum (en) propriétaire appelée LoRa. Cette modulation s’effectue principalement sur les bandes radios ISM 868 MHz en Europe et 915 MHz en Amérique du Nord. L’utilisation de la modulation CSS pour l’internet des objets a été brevetée par Cycléo, une compagnie française ayant été rachetée par Semtech en 2012[6]. Cette modulation permet en moyenne une distance entre une passerelle et un équipement jusqu'à 5 km en zone urbaine et 15 km en zone rurale[7].
Les techniques de modulation par étalement du spectre comme LoRa utilisent une bande passante plus grande que ce qui est idéalement nécessaire pour un débit donné mais profitent de cet étalement en fréquence pour fonctionner avec un signal faible ou fortement bruité[6]. L'étalement du spectre consiste à répéter plusieurs fois le message transmis à des fréquences différentes. La variation de fréquence effectuée par LoRa est linéaire ce qui permet aux récepteurs d’éliminer simplement les décalages de fréquences et effets Doppler inhérents à la transmission du signal. Ce fonctionnement permet aux transmetteurs LoRa d’être produits à faible coût[8]. Cette technique d'étalement de spectre permet aussi aux capteurs d'être moins sensibles à l'effet Doppler et donc de transmettre plus facilement des messages envoyés en déplacement (sur un TGV en mouvement par exemple). Une étude de 2017 a mesuré cet effet grâce à un équipement installé sur une moto[9].
Le facteur d'étalement est généralement fixé par le serveur lors de la connexion au réseau d'un équipement terminal, via l'envoi d'une demande de mesure du rapport signal sur bruit[10].
LoRa définit le facteur d'étalement du spectre (SF) par la formule[3] : avec Rc étant le débit du message transmis (Chirp) et Rs le débit du symbole à transmettre. L'augmentation du Spreading Factor permet de couvrir une distance plus grande entre l'équipement et la passerelle au détriment de la bande passante disponible[7].
Les différents SF sont orthogonaux, ce qui signifie que plusieurs trames peuvent être reçues en même temps sur le même canal à condition qu'elles utilisent un SF différent. Si deux trames sont reçues en même temps par une passerelle avec une différence de moins de 6 dB sur le même canal et avec le même SF elles seront perdues car impossible à différencier[10].
Les bandes passantes possibles à configurer pour un canal sont 125, 250 et 500 kHz pour la bande 868 MHz, ce qui permet d'atteindre un débit maximum de 22 kbit/s avec une bande passante de 500 kHz et un Spreading Factor de 7[11].
L'utilisation de fréquences libres impose de respecter un temps d'occupation maximum du canal radio (duty-cycle (en)). L'occupation maximum du canal est de 1 % en Europe sur la bande 868 MHz[7]. Sur la bande 868 MHz, la spécification LoRa impose initialement 3 canaux d’une largeur de 125 kHz communs à tous les équipements 868,10 MHz, 868,30 MHz et 868,50 MHz[3] pour que le message d'activation puisse être reçu par le serveur. Ce paramètre peut ensuite être modifié par le réseau et permettre au capteur de répartir ses messages sur un nombre de canaux plus important. Les équipements peuvent donc aléatoirement répartir leurs émissions sur chacune de ces bandes en respectant le temps d'occupation réglementaire.
LoRa permet de fixer les principaux paramètres radio à l'aide du paramètre Data Rate. Le Data Rate est défini par une valeur de 0 à 15 et fixe le type de modulation, le spreading factor ainsi que la bande passante utilisée.
Data Rates pour la bande 863-70 MHz[12] :
Data Rate (DR) | Modulation | Spreading Factor (SF) | Bande Passante | Débit Physique (bit/s) |
---|---|---|---|---|
0 | LoRa | SF12 | 125 kHz | 250 |
1 | LoRa | SF11 | 125 kHz | 440 |
2 | LoRa | SF10 | 125 kHz | 980 |
3 | LoRa | SF9 | 125 kHz | 1 760 |
4 | LoRa | SF8 | 125 kHz | 3 125 |
5 | LoRa | SF7 | 125 kHz | 5 470 |
6 | LoRa | SF7 | 250 kHz | 11 000 |
7 | FSK | 50kbit/s | 50 000 | |
8 | Réservé pour utilisation future |
La trame physique LoRa se compose d'un préambule, un en-tête, les données puis un contrôle d'erreurs[3].
- L'en-tête est présent dans le mode de transmission par défaut (explicite), il est transmis avec un taux de code de 4/8. Il indique la taille des données, le taux de code pour le reste de la trame et il précise également si un CRC est présent. Un CRC est présent dans l'en-tête afin de permettre au récepteur de détecter s'il est altéré[13].
- La taille maximale des données se situe entre 51 et 222 octets selon le facteur d'étalement utilisé (plus le SF est grand plus la taille des données est faible)[11].
- Le code rate pour le reste de la trame peut être paramétré de 4/5 à 4/8[13], le taux 4/5 étant le plus utilisé[14].
D'après ces paramètres, il est donc possible de définir le débit utile Rb par la formule mathématique : [13]
Le protocole LoRaWAN
LoRaWAN est un protocole de type contrôle d'accès au support. Son fonctionnement est plus simple que celui des technologies cellulaires qui reposent sur des équipements terminaux puissants et donc plus coûteux que ceux utilisés dans l'internet des objets.
Le protocole n'est pas symétrique, et il y a des différences entre les messages montant (uplink) provenant des objets et les messages descendant (downlink) provenant de l'applicatif et à destination des objets.
Il repose sur un fonctionnement de type ALOHA pour l'envoi des messages, ainsi lorsqu'un équipement doit envoyer des données il le fait sans contrôler si le canal qu'il va utiliser est disponible, et répète cet envoi sur différent canaux sans savoir si ce message a été correctement reçu[2]. Un message d'acquittement peut être demandé par l'objet, celui ci pouvant répéter automatiquement l'envoi si ce message n'a pas été reçu.
Les messages descendants (downlink) émis par la gateway ont un coût réseau plus fort, car si la gateway émet un message, elle ne peut plus pendant ce temps écouter les autres messages envoyés.
Le protocole définit 3 classes d'équipements (A, B et C). La classe A doit être implémentée dans tous les équipements par souci de compatibilité. Un équipement peut changer de classe en cours de fonctionnement[7].
- Classe A : Cette classe a la consommation énergétique la plus faible[5]. Lorsque l'équipement a des données à envoyer il le fait sans contrôle puis il ouvre 2 fenêtres d'écoute successives pour des éventuels messages provenant du serveur, les durées recommandées sont de 1 puis 2 secondes. Ces 2 fenêtres sont les seules durant lesquelles le serveur peut envoyer à l'équipement les données qu'il a précédemment stockées à son attention[7].
- Classe B : Cette classe permet un compromis entre la consommation énergétique et le besoin en communication bi-directionnelle[7]. Ces équipements ouvrent des fenêtres de réception à des intervalles programmés par des messages périodiques envoyés par le serveur[5].
- Classe C : Cette classe a la plus forte consommation énergétique mais permet des communications bi-directionnelles n'étant pas programmées. Les équipements ont une fenêtre d'écoute permanente[5].
Le format des paquets LoRaWAN est décrit dans le schéma ci-dessous. Les tailles des champs sont indiquées en bits[15].
Voici la définition des différents champs contenus dans un paquet LoRaWAN[15] :
- Mtype
- Ce champ indique le type du message (montant ou descendant).
- RFU
- Ce champ est réservé pour usage futur.
- Major
- Ce champ indique la version du protocole utilisée.
- MIC
- Ce champ permet le calcul d'intégrité du paquet afin de détecter s'il a été altéré durant son transport.
- DevAddr
- Ce champ contient l'adresse de l'équipement.
- FCtrl
- Ce champ permet l'adaptation du débit et les acquittements. Il indique la présence de paquets supplémentaires ainsi que la longueur du champ FOpts.
- FCnt
- Ce champ est un compteur de trame (incrément à chaque envoi).
- FOpts
- Ce champ permet de passer des commandes MAC (contrôle de connectivité par un équipement par exemple).
- FPort
- Ce champ contient le port de l'application ou du service auquel est adressé le paquet.
Afin de pouvoir fonctionner sur le réseau, un équipement doit avoir été activé. Deux procédures d'activation sont possibles[15] :
- Activation By Personalization (ABP) : Les clefs de chiffrement sont stockées dans les équipements;
- Over The Air (OTAA) : Les clefs de chiffrement sont obtenues par un échange avec le réseau.
Le tableau ci-dessous synthétise les informations transmises par l’équipement d’extrémité durant la procédure d'activation[16].
Identifiant | Propriété | Obtention |
---|---|---|
DevAddr | Identité de l’équipement d’extrémité (32bits) | Générée en OTAA, configurée en ABP |
DevEUI | Identité de l’équipement d’extrémité (64bits) | Configurée |
AppEUI | Identité de l'application (rend unique le propriétaire de l’équipement d’extrémité) | Configurée |
NwkSKey | Clef utilisée par le serveur et l’équipement d’extrémité pour calculer et vérifier le champ MIC | Générée en OTAA, configurée en ABP |
AppSKey | Clef utilisée par le serveur et l’équipement d’extrémité pour chiffrer et déchiffrer les données des paquets | Générée en OTAA, configurée en ABP |
AppKey | Clef utilisée par l’équipement d’extrémité lors de la procédure OTAA | Générée en OTAA*, inexistant en ABP |
*Générée en OTAA pour les équipements d’extrémité en version LoRaWAN 1.1, pour les versions antérieures (LoRaWAN 1.0), la clef est configurée.
Le champ FOpts présent dans les paquets LoRaWAN permet aux équipements d'envoyer des commandes réseau. La commande LinkCheckReq permet à un équipement d'extrémité de tester sa connectivité. Le reste des commandes est utilisé par le serveur pour fixer les paramètres radio des équipements terminaux comme le Data Rate ou le canal par exemple. D'autres commandes permettent de contrôler leur niveau de batterie ou leur qualité de réception[15].
Consommation énergétique
LoRaWAN consomme peu d'énergie. Il utilise une version simplifiée du protocole ALOHA pour la couche MAC, une topologie en étoile, une transmission cyclique dans chaque sous-bande et a défini trois classes d'appareils finaux pour déplacer autant que possible la complexité vers la station de base[17].
- Les paramètres pour l'optimisation de l'énergie utilisés pour le cycle émission réception reposent sur l'utilisation des modes (émission, réception, attente et sommeil), la stratégie de transmission des informations et la puissance d'émission.
La consommation d'énergie des objets (équipements d’extrémité) dans le réseau LoraWan s'appuie sur l'utilisation des quatre principaux modes (émission, réception, attente et sommeil) et du temps passé dans chaque mode. L’étude[18] de Kurtoglu en 2017 a modélisé la consommation de l’énergie à partir de ces quatre modes, afin de comparer la consommation d'un réseau de capteurs sans fil linéaires à longue portée conçu par ZigBee ou LoraWan. La comparaison est effectuée à partir de la consommation des composants (pour LoRaWan RN2903, Zigbee MRF24j40MD)[18] :
Équipement | Tension (V) | Intensité émission (mA) | Intensité réception (mA) | Intensité attente (mA) | Intensité sommeil (mA) | |
---|---|---|---|---|---|---|
LoraWan | RN2903 | 3,3 | 124,4 | 13,5 | 2,7 | 2 |
ZigBee | MRF24J40MD | 3,3 | 140,0 | 25,0 | - | 10 |
La consommation de la batterie dépend principalement de plusieurs facteurs: la quantité de données transférées (en nombre de messages et/ou taille des messages), ainsi que la puissance d’émission nécessaire pour émettre ces données, et le facteur d'étalement de spectre (SF)
Afin d'optimiser la consommation, le protocole LoRaWan permet l'adaptation du SF et de le diminuer afin d’économiser la puissance des périphériques, ainsi que de libérer de la bande passante radio et donc de limiter les collisions.
Plusieurs expérimentations ont étudié plus en détail l'impact de ces différents paramètres[19],[20].
Géolocalisation
Une des spécificités du réseau LoRaWan, est la possibilité de géolocaliser les objets grâce à une technique de type TDOA (Time Difference Of Arrival) ou Trilateration. Les différentes Gateway qui reçoivent les mêmes messages d'un objet horodatent de manière très précise l'heure de réception de ce message. La distance entre l'objet et l'antenne étant proportionnelle au temps que met le message pour être reçu par l'antenne, la résolution d'une équation à plusieurs inconnues permet d'en déduire la position de l'objet à condition que les messages de celui-ci soient reçus par au moins trois antennes différentes.
Aspect capacitaire
Le temps maximum d'occupation du canal radio (duty-cycle) imposé par l'utilisation de fréquences libres est un facteur limitant le nombre de paquets pouvant être émis par un équipement. Par exemple, le résultat de la limitation à 1 % sur la bande 868 MHz est un temps de transmission de 36 secondes par heure et par canal pour chaque terminal[11].
L'utilisation de ce temps de transmission est variable selon le facteur d'étalement choisi. En effet, plus le facteur d'étalement est grand plus le temps pour transmettre un paquet sera élevé. Par ailleurs les facteurs d'étalement élevés sont plus souvent utilisés que les facteurs courts dans un réseau typique. Le tableau ci-dessous fournit plusieurs exemples[11] :
Taille des données | Spreading Factor | Temps de transmission |
---|---|---|
20 octets | 10 | 0,4 sec |
20 octets | 12 | 1,5 sec |
40 octets | 10 | 0,5 sec |
40 octets | 12 | 1,8 sec |
Une étude menée en 2017 par Ferran Adelantado montre l'évolution du taux de paquets reçus avec succès selon le nombre d'équipements connectés à une passerelle en utilisant 3 canaux. Logiquement, le nombre de paquets reçus diminue à cause des collisions car la probabilité que plusieurs équipements utilisent le même SF simultanément sur le même canal augmente[11].
De manière générale, la perte de donnée inhérente à l'utilisation de protocole sur des fréquences libres peut être résolu de deux manières :
- avec un acquittement des données, et une répétition si le paquet n'a pas été reçu, et donc non acquitté. Cette garantie de réception entraîne non seulement un coût plus important dû à l'utilisation de message "downlink" ainsi qu'une occupation potentiellement plus importante du spectre radio.
- par une redondance des données lors des messages suivants. Par exemple, un capteur peut fournir la donnée courante qu'il mesure, ainsi que les données précédentes afin de permettre une continuité dans les données
Le choix de l'une ou l'autre des méthodes dépend des cas d'usage.
Un autre moyen d'augmenter la capacité d'un réseau LoRaWan est d'augmenter la densité des antennes, permettant ainsi de réduire le facteur d'étalement des capteurs et donc de libérer de la bande passante.
Exemples d'utilisation
Smart City
Une expérimentation d'un réseau privé LoRa a été réalisée dans un bâtiment (19 étages) dans le nord de l'Italie. L'objectif de cette installation est de surveiller et de contrôler la température et l'humidité de différentes pièces, dans le but de réduire les coûts liés au chauffage, à la ventilation et à la climatisation. L'expérimentation de Marco Centaro remonte à 2016. L'installation comprenant une passerelle, 32 capteurs et le serveur de collecte, est toujours opérationnelle et est considérée comme la solution technologique la plus adaptée pour plusieurs autres bâtiments[21].
Une étude a été réalisée par Fanghao Yu en 2017 sur le déploiement d'un réseau LoRaWAN pour la région du Grand Londres permettant de remonter la qualité de l'air et la surveillance de la congestion du trafic routier. La conception du réseau a montré qu'il était nécessaire d'installer 19 petites cellules pour le centre de Londres et 28 plus grandes cellules pour la grande périphérie de Londres. 11681 terminaux sont inclus dans les 47 cellules hexagonales. L'estimation du coût du matériel pour la qualité de l'air est de 83,7 k£[22].
Monitoring industriel
La simulation de Kurtoglu en 2017 montre que LoRaWAN a un avantage énergétique important par rapport à ZigBee pour les réseaux de capteurs sans fil linéaires à longue portée, comme cela serait nécessaire pour surveiller certains types d'infrastructures telles que les lignes de transport et les pipelines. De plus, l'énergie requise pour limiter le point de consommation d'énergie le plus élevé du réseau, moins de 6 joules par jour, est suffisamment faible pour rendre possible l'alimentation du réseau proposé en utilisant des sources d'énergie renouvelables telles que l'énergie solaire[18].
L'évaluation en 2016 par Petäjäjärvi de LoraWAN sur un cas réel d'usage d’équipement de santé Lora montre que les paquets sont reçus à 96,7 %, sur tout le campus d'Oulu en Finlande. Le campus recouvre une surface de 570 mètres sur 320 mètres, essentiellement à l'intérieur des bâtiments. Le résultat de l'étude montre que LoRa est une technologie attractive pour la surveillance des patients, la gestion du personnel dans les hôpitaux, la surveillance du bien-être du personnel sur le lieu de travail, ainsi que le suivi de la santé et la sécurité des personnes en extérieur[23].
La société Zozio [24]a développé la première solution indoor et outdoor pour l'industrie basée sur le réseau LoRa. Grâce à des beacons performants, elle offre une infrastructure facilement déployable, peu coûteuse et permettant de géolocaliser à 2-3m près.
Agriculture
L'étude menée par Bellini sur l’activité des bovins permet de connaitre leur température et donc leur état de santé, avec un capteur accéléromètre pour connaitre leur activité. Chaque animal possède un collier avec un accéléromètre et une connectivité sans fil avec un équipement LoRa utilisant le réseau LoRaWAN. La batterie de 400 mAh avec une transmission toutes les heures des informations de l'accéléromètre sur une distance de plus de 10 km, a une durée de vie de 5 ans. Le coût du matériel revient à 25 dollars pour 100 unités[19].
Aspect sécurité
Protocoles de sécurité utilisés
LoRaWAN implémente plusieurs clefs, propres à chaque équipement terminal, afin d'assurer la sécurité des échanges au niveau réseau et applicatif.
Une clef AES d'une longueur de 128 bits appelée Appkey est utilisée pour générer les clefs NwkSKey et AppSKey[25].
La clef NwkSKey est utilisée par le serveur et l'équipement d'extrémité pour générer le champ d'intégrité MIC présent dans les paquets. Ce champ permet d'assurer que le paquet n'a pas été modifié en cours de transfert par un équipement malveillant. Cette clef est également utilisée pour chiffrer le contenu des messages contenant uniquement des commandes MAC[3].
La clef AppSKey est utilisée pour chiffrer les données applicatives présentes dans le paquet. Cette clef assure seulement la confidentialité du contenu du message mais pas son intégrité, ce qui signifie que si les serveurs réseau et applicatifs sont distincts, le serveur réseau est capable de modifier le contenu du message. De ce fait, la spécification LoRaWAN recommande d'utiliser des méthodes de protections de bout en bout supplémentaires pour les applications qui nécessiteraient un degré de sécurité supérieur[3].
Afin d'assurer de façon unique l'identité des équipements d'extrémité et des applications, le protocole définit également les champs DevEUI et AppEUI chacun d'une longueur de 64 bits. DevEUI permet d'identifier l'équipement et AppEUI permet quant à lui d'identifier l'application qui traitera sa demande d'accès au réseau. Ces champs sont configurés dans les équipements[3]. Lors de la procédure d'activation OTAA, l'équipement envoie en clair une requête non-chiffrée au serveur contenant les champs DevEUI, AppEUI ainsi qu'un nombre aléatoire de 16 bits. Le serveur vérifie si l'équipement a utilisé précédemment le nombre aléatoire avant d'accepter sa requête. Si le nombre a été précédemment utilisé par l'équipement, le serveur peut implémenter 2 comportements :
- Il ne traite pas la demande et traite la requête suivante si elle dispose d'un nombre valide;
- Il ne traite pas la demande et exclut de manière permanente l'équipement du réseau[26].
Problématiques de sécurité
- Attaque par la procédure d'activation
La procédure d'activation dite Over the Air est initialisée par un échange de messages : JOIN REQUEST, JOIN ACCEPT entre l’équipement et le serveur. Les informations du JOIN MESSAGE (AppEUI (8 octets), DevEUI (8 octets), and DevNonce (2 octets)) sont transmises en clair. Cette vulnérabilité peut être exploitée[27].
Taille(bytes) | 8 | 8 | 2 |
message d'activation
Join Request |
AppEUI | DevEUI | DevNonce |
- Dans le cas ou un équipement devant effectuer régulièrement des procédures de JOIN du réseau, l’étude[28] de SeungJae Na montre qu'un attaquant peut utiliser une faille de sécurité dans la requête d’accès au réseau et ainsi empêcher des équipements d'utiliser le réseau LoraWAN. Pour cela l'attaquant écoute et collecte toutes les requêtes de demande d’accès (JOIN REQUEST) transmises en clair, analyse et envoie avant l’équipement la demande d'activation. Le serveur ayant répondu à la demande JOIN REQUEST de l'attaquant, lorsque l’équipement veut rejoindre le réseau, le serveur le refusera.
- Le champ DevNonce est une valeur aléatoire générée par l’équipement. Ce champ est utilisé par le serveur pour distinguer la duplication de message d'activation. Si le serveur a déjà reçu la demande d'activation, il peut soit supprimer la demande et attendre une nouvelle demande avec un autre DevOnce, soit le serveur exclut définitivement l’équipement du réseau. Bien que le protocole préconise l'utilisation de la première option, certains constructeurs ont implémenté la deuxième. L’étude de Tomasin en 2017 montre la probabilité d'une Attaque par déni de service même sans la présence d'un attaquant, en raison de la régénération d'un DevNonce déjà utilisé par l'objet, mais aussi la possibilité de générer des nombres aléatoires afin d'effectuer une attaque par déni de service d'un objet[27].
- Attaque par la méthode de Bit-Flipping Bit-flipping_attack (en)
L’étude de JungWoon Lee en 2017 montre la possibilité de changer un champ particulier sans décrypter le message sur le réseau LoRaWAN. La méthode de Bit-Flipping Bit-flipping_attack (en) peut être utilisée car sur le réseau LoraWAN le texte chiffre est prévisible. JungWoon Lee propose une solution de contournement en changeant l'emplacement des octets dans les trames[29].
Déploiements
La LoRa Alliance annonce 62 réseaux publics d'opérateurs en service en décembre 2017 ainsi que plus de 100 pays avec un service LoRaWAN disponible[30].
- France : Objenious (filiale de Bouygues Telecom)[31], Orange[32]
- Pays-Bas : KPN[33]
- Suisse : Swisscom[34]
- Belgique : Proximus, Wireless Belgie[35]
- Afrique du Sud : Fastnet[36]
- Mondial : The Things Network est un réseau LoRaWAN open source qui est partiellement disponible dans 86 pays[37], basé sur une communauté de plus de 17 000 membres[37]. Il peut être utilisé sans contrainte commerciale ou privée[38].
Comparatif technologique
LoRaWAN fait partie des réseaux étendus à faible consommation énergétique, définis par le terme anglais : LPWAN (Low Power Wide Area Network) Pour comparer les technologies présentes dans le Réseau LPWAN, il est important de distinguer la période précédent l'arrivée de ce réseau dans un premier temps (Pré LPWAN), de voir l'arrivée des différents réseaux ou protocoles LPWAN et enfin de les comparer.
Pré LPWAN
Les deux principales méthodes d'accès aux données reposaient soit sur des réseaux maillés utilisant des technologies de communication à courte portée (WPAN, WLAN) dans le spectre sans licence, soit sur des technologies cellulaires à longue portée, principalement 2G/GSM/GPRS.
Les technologies de transmission à courte portée multi-sauts, telles que ZigBee et Bluetooth, ont été considérées comme un moyen viable de mettre en œuvre l'Internet des objets (Internet of Things ou IoT). Bien que ces technologies impliquent une très faible consommation d'énergie, la couverture très limitée constitue un obstacle majeur, en particulier lorsque les applications nécessitent une couverture urbaine. Ces types de réseau sont plus détaillés dans l'article Liaison sans fil à faible consommation énergétique.
Les réseaux cellulaires sans fil (2G/GSM/GPRS) sont capables de fournir une couverture omniprésente et peuvent jouer un rôle fondamental dans la propagation de l'Internet des objets (Internet of Things IoT). Cependant, les normes (2G/GSM/GPRS) du réseau cellulaire n'ont pas été conçues pour fournir des services de type M2M à un grand nombre d'appareils[39]. De plus, les modems de ces appareils gaspillent une quantité importante d'énergie due à une écoute permanente et à un fort besoin de puissance d’émission réception[40].
LPWAN
Le développement des technologies LPWAN (Low Power Wide Area Network) doit permettre une couverture à longue portée de quelques kilomètres à quelques dizaines de kilomètres, consommer une puissance de fonctionnement ultra-faible et avoir la capacité de supporter un ensemble varié d'applications avec des exigences de transmission de données variées. Sur le plan commercial, un LPWAN doit avoir le mérite d'avoir un faible coût en termes de dispositifs, d'infrastructure et en spectre de fréquences[39].
- 2008
- On-Ramp Wireless est fondée en 2008, renommé Ingenu (en) en . Ingenu de On-Ramp Wireless a été le pionnier de la norme 802.15.4k. La société a développé et détient les droits de la technologie brevetée appelée RPMA (Random Phase Multiple Access). Contrairement aux autres solutions LPWAN, cette technologie fonctionne dans la bande des 2,4 GHz mais, grâce à une conception de couche physique robuste, elle peut toujours fonctionner sur des liaisons sans fil à longue portée et dans les environnements RF les plus difficiles[41].
- 2009
- SIGFOX, la première technologie LPWAN proposée sur le marché de l'internet des objets, a été fondée en 2009. La couche physique SIGFOX utilise la modulation sans fil à bande ultra étroite (UNB), et le protocole réseau est propriétaire SIGFOX. Le business model SIGFOX est celui d'un opérateur pour les services IoT, qui n'a donc pas besoin d'ouvrir les spécifications de ses modules internes. Les premières versions de la technologie supportaient uniquement une communication unidirectionnelle ascendante, la communication bidirectionnelle est supportée depuis 2014[41],[42],[43].
- 2012
- Acquisition de la société Grenobloise Cycleo, inventeur de LoRaWan, par la société americaine Semtech[44]
- 2013
- Weightless (en) a développé trois standards ouverts pour LPWAN: Weightless-W, Weightless-N, et Weightless -P[42] :
- Weightless-W Standard publié en 2013, fonctionne dans les espaces blancs (non utilisés) de la télévision (470 -790 MHz).
- Weightless-N standard publié en 2015, étend la portée de Weightless-W et réduit sa consommation.
- 2015
- Entrée sur le marché de l'IoT des solutions industrielles Sigfox et OnRamp Wireless et LoRaWAN, et élaborations de norme coté ETSI et IEEE[44].
- 2015-2016
- 3GPP : les technologies d'accès radio cellulaire ; 3GPP a développé trois nouvelles technologies pour le support de l'internet des objets :
- eMTC (LTE Cat.M) : eMTC est une évolution des travaux développés dans la version 12 des normes 3GPP 36.xxx, il fonctionne dans les bandes LTE.
- NB-IoT : Internet des objets à bande étroite (les spécifications de base ont été achevées en ).
- EC-GSM-IoT : Couverture étendue à l'Internet des objets du GSM ; c'est une évolution du service de radiocommunication par paquets général évolué (EGPRS) vers l'Internet des objets[42].
2017
Création de la technologie Wize, une technologie LPWAN dérivée du standard Européen Wireless MBus EN13757[45] et utilisant la fréquence 169 MHz. Le protocol Wize a été créé par les entreprises françaises GRDF, Suez et Sagemcom. La technologie Wize est régie par la Wize Alliance[46].
Comparatif technique
Jean-Paul Bardyn, CTO de Semtech en 2016 a comparé différentes solutions pour répondre aux exigences des objets dédiés au segment LPWAN de l'internet des objets. Les marchés cibles des différentes solutions LPWAN sont majoritairement différents ; l'exploitation des bandes sous licence est plus avantageuse pour certains services ayant besoin de QoS et d'une latence garantie et les bandes sans licence offrent généralement une meilleure couverture, un coût moindre et nécessitent une puissance plus faible[47].
Dans sa comparaison en 2017 entre LoRa et NB-IoT, Yang montre que les deux types de réseau ont leur place sur le marché de l'internet des objets. LoRa se concentre sur les applications à faible coût. Alors que NB-IoT est orienté vers les applications qui requièrent une QoS élevée et une faible latence[48].
Standard / Propriétaire | Global Standard | Modulation | Bande fréquence | Débit (montant/descendant) | Distance | Nomb. de canaux UL : montant DL : descendant / signaux orthogonaux |
Topologie | Fonction de débit adaptatif | Authentification & chiffrement |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
LoRa Alliance | LoRaWAN | CSS | Sub-GHz ISM band : EU (433 MHz, 868 MHz), US (915 MHz), Asia (430 MHz) | 0,3-37,5 kb/s (Lora) 50 kb/s (FSK) |
5 km (urbain), 15 km (rural) | 10 en EU, 64+8 (UL) et 8 (DL) aux États-Unis plus multiple SFs | Réseau en étoile | oui | AES 128b |
Propriétaire | Sigfox | UNB DBPSK (UL), GFSK (DL) | Sub-GHz bande ISM : EU (868 MHz), US (902 MHz) | 100 b/s (UL) 600 b/s (DL) |
10 km (urbain), 50 km (rural) | 360 canaux | Réseau en étoile | non | chiffrement non supporté |
Propriétaire | Ingenu (en) RPMA | RPMA-DSSS (UL), CDMA (DL) | ISM band 2,4 GHz | 78 kb/s (UL) 19,5 kb/s (DL) |
15 km (urbain) | 40 canaux 1 MHz, jusqu'à 1 200 signaux par canal | Réseau en étoile, Réseau hiérarchique | oui | 16B hash, AES 256b |
3GPP | LTE-Cat M (eMTC) Release 12 | UL : SC-FDMA DL : OFDMA | licence | UL : 1 Mb/s DL : 1 Mb/s |
11 km | ||||
LTE-Cat NB1 (NB-IoT) Release 13 | UL : SC-FDMA DL : OFDMA | licence | UL : 20 kbit/s (single-tone) 250 kbit/s (multi-tone) DL : 250 kbit/s |
1,5 km urbain, 20-40 km rural | |||||
EC-GSM, extended coverage GSM | 8 PSK, GMSK | licence | 240 kb/s | 1,5 km urbain, 20-40 km rural | |||||
Weightless-SIG (en) | Weightless-W | 16-QAM, BPSK, QPSK, DBPSK | 470-790 MHz | 1 kb/s-10 Mb/s | 5 km (urbain) | 16 ou 24 canaux (UL) | Réseau en étoile | AES 128b | |
Weightless-N | UNB DBPSK | Sub-GHz bande ISM EU (868 MHz), US (915 MHz) | 30 kb/s-100 kb/s | 3 km (urbain) | plusieurs canaux 200 Hz | Réseau en étoile | AES 128b | ||
Weightless-P | GMSK, offset-QPSK | Sub-GHz ISM band ou licensed | 200 b/s-100 kb/s | 2 km (urbain) | plusieurs canaux 12,5 kHz | Réseau en étoile | AES 128/256b | ||
DASH7 Alliance | DASH7 Alliance Protocol 1.x | GFSK | Sub-GHz 433 MHz, 868 MHz, 915 MHz | 9,6 - 55,6 - 166,7 kb/s | 0-5 km (urbain) | 3 différents types de canaux (le nombre dépend du type et de la région) | Réseau en étoile, Réseau hiérarchique | AES 128b | |
IEEE | IEEE 802.15.4k | DSSS, FSK | Sub-GHz ISM band & 2,4 GHz | 1,5 b/s - 128 kb/s | 5 km (urbain) | plusieurs canaux. Le nombre dépend du canal et de la modulation | Réseau en étoile | AES128b |
Lora Alliance
La LoRa Alliance est une association à but non lucratif dont le but est de standardiser le réseau LoRaWAN pour apporter un moyen fiable à l'internet des objets (IoT) pour se connecter à Internet. Cette association a été créée par Semtech et de nombreux acteurs industriels font partie de la LoRa Alliance pour garantir l’interopérabilité et la standardisation de la technologie LoRa[51],[52],[53].
Références
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- Lora Alliance Home 2016
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Bibliographie
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- (en) « CORRECTING and REPLACING New LoRa™ Alliance to Enable Worldwide Mobility for the Internet of Things | Business Wire », sur www.businesswire.com (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Internet des objets
- Réseau sans fil
- SCHC, standard IETF de compression et fragmentation
- Portail des télécommunications