Louis de Gruuthuse

Louis de Bruges, seigneur de GruuthuseBruges, cf. Gruuthuse), né en 1422 et décédé à Bruges le , était un prince guerrier et bibliophile flamand.

Louis de Gruuthuse
Portrait de Louis de Gruuthuse par le Maître des Portraits Princiers, musée Groeninge, Bruges
Fonction
Stathouder de Hollande (d)
Titres de noblesse
Comte
Seigneur
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Lodewijk van Gruuthuse
Activités
Conjoint
Margaretha van Borselen (d) (depuis )
Enfant
Autres informations
Distinction
Blason

Il était prince de Steenhuyse, comte d'Udony, seigneur d’Oostkamp, Avelgem, Hamstede, Beveren, Tielt ter Hove, Espierres, et chevalier de la Toison d'Or. En 1472, il reçut du roi d'Angleterre le comté de Winchester[1].

Biographie

Jeunesse et années de formation

Louis de Gruuthuse naquit en 1422 environ, fils aîné de Jean IV van der Aa et de Marguerite de Trazegnies, princesse de Steenhuyse[2].

Le jeune Louis (Loys ou Ludovicus) fut formé aux arts de la guerre et de la cour dans la richesse et le luxe de l'âge d'or des Flandres.

Son père Jean IV van der Aa, participe à un tournoi à Bruges le , contre le seigneur Gérard de Ghistelles, seigneur de Wasquehal[3]. Ce tournoi se dispute sur la grande place de Bruges, avec d'un côté les 49 chevaliers de Jean de Bruges et 48 du côté de Gérard de Ghistelles[4]. Le nom de Jean de Bruges est devenu célèbre dans la chevalerie, par ce tournoi qu’il donne à Bruges. À la suite de ce tournoi René d'Anjou, composera pour Louis de Gruuthuse, fils de Jean IV van der Aa, un Traité des Tournois dans lequel il réunit, les lois, règlements, usages, cérémonies et détails observés dans ces exercices. Ce fut sans doute pour en conserver le souvenir, que Bruges institue, à partir de 1417, les joûtes ou tournois de la société dite de “l’Ours blanc“, dont le chef, ou plutôt celui qui y remporte le prix de valeur et d’adresse, est pendant l’exercice de ses fonctions, qui durait un an, qualifié de “Forestier”, en mémoire des anciens gouverneurs de la Flandre, que les rois de France, avaient revêtus de ce titre.

Louis participe au Tournoi de l'Ours Blanc, qui se tient à Bruges chaque année, en 1443, 1444, 1447, 1448 et 1450. Il remporte souvent l'un des prix. Cela attire l'attention du duc de Bourgogne et comte de Flandre, Philippe le Bon (1396-1467), qui fait de lui son écuyer et serveur officiel du vin, un titre honorifique décerné à seulement quelques hommes choisis.

C'est en 1445 que le duc de Bourgogne Philippe le Bon le nomma escuier eschançon ; Louis de Gruuthuse était alors âgé de 18 ans. La fortune des Gruuthuse reposait alors sur la « grute » (mélange de fleurs et de plantes séchées utilisées avant l'emploi du houblon), matière première servant à la fabrication de la bière. En outre, Louis faisait bonne figure dans les tournois de chevaliers.

En tant que courtisan, Louis suivait le duc autour de son duché en expansion. Rencontrant les plus grands nobles et princes d'Europe, il apprit l'art de la diplomatie et assura ainsi sa place au sein de la cour bourguignonne. Le , Louis de Gruuthuse participa de nouveau au Tournoi de l'Ours Blanc et remporta de nouveau l'un des prix. Ce fut son dernier tournoi à Bruges.

Révolte de Gand

Les bourgeois de Gand se rendant à Philippe le Bon à la bataille de Gavre. Illustration d'un manuscrit contemporain.

La carrière diplomatique de Louis de Gruuthuse commença par une négociation avec la Hanse allemande pour le compte du duc de Bourgogne.

En effet, la crise avec la ville de Gand, qui avait commencé au sujet d'une taxe sur le sel (le sel à cette époque était très important car c'était le seul moyen de conserver la nourriture pendant de longues périodes) atteint son zénith et Gand déclara la guerre ouverte à Philippe le Bon. Pendant cette guerre du sel, Louis fut nommé gouverneur de Bruges et se révéla être un allié courageux et loyal du duc.

Pendant l'hiver de 1452-1453, la guerre du sel mit à mal la campagne flamande. En conséquence, quand le printemps arriva, le duc rassembla son armée et s'installa à Gand avec Louis de Gruuthuse comme l'un de ses commandants. Louis, jusqu'alors écuyer et âgé de 26 ans, fut fait chevalier le sur le champ de bataille de Gavre et un poste important, le commandement de l'arrière-garde, lui fut donné. La bataille fut un désastre pour Gand, son armée complètement détruite, le sang colorant la rivière de l'Escaut en rouge. Louis craignait la dévastation totale de Gand et demanda au duc d'épargner la ville de pillage. La réponse miséricordieuse du duc fut : « Si je détruisais cette ville, qui va m'en construire une pareille ? ».

Conseiller

Portrait miniature avec l'inscription Mesire Lois Sig(neu)r de la Gruuthuse et Comte de Wincestre, extrait d'un manuscrit de 1473 contenant les statuts de l'Ordre de la Toison d'Or.

Après la guerre, Louis devint un conseiller de confiance du duc de Bourgogne au point que lui fut confié le soin d'organiser la noce entre Charles de Charolais, fils du duc, et Marguerite d'York, sœur du roi d'Angleterre. En 1454, il était présent à la fête du faisan à Lille. En 1455, il épousa lui-même Marguerite de Trazegnies, dame de Borssele, de la famille noble la plus importante de Zélande, liée aux familles royales écossaises et françaises et aux ducs de Bourgogne. Leur premier fils, Jean V, naquit en 1458.

À Paris, pour le couronnement de Louis XI, il parada dans la suite ducale pendant l'indispensable tournoi. L'escorte de Philippe le Bon, dont il faisait partie, se fit alors particulièrement remarquer lors de l'entrée à Paris du nouveau roi le , comptant pour la moitié du cortège et comprenant une troupe en armes.

En 1461, Louis fut également admis dans l'ordre de la Toison d'Or. Il portait maintenant les titres de « Siège (= seigneur) de Bruges », prince de Steenhuijse (Steenhuisen en Alost), seigneur d'Avelghem, Haamstede, Oostkamp, Beveren, Thielt-ten-Hove et Spiere.

Entre 1463 et 1477, il occupa le poste de lieutenant général (ou stathouder, soit le gouverneur des Pays-Bas du Nord) à La Haye en tant que plus haut fonctionnaire du duc dans les provinces de Hollande, de Zélande et de Frise (bien que cette dernière ne fît pas partie des territoires bourguignons).

Sous Charles le Téméraire

En 1467, Philippe le Bon tomba malade et mourut. Son fils, Charles de Charolais, plus tard connu sous le nom de Charles le Téméraire (1433-1477), lui succéda alors. Louis de Gruuthuse devint également son conseiller de confiance, comme il avait été celui de son père. L'avènement de Charles le Téméraire infléchit cependant la politique bourguignonne.

Pendant l'hiver 1470-1471, Louis de Gruuthuse accueillit le roi Édouard IV d'Angleterre, beau-frère de Charles le Téméraire, un exilé de la guerre des Deux-Roses qui avait dû en 1470 fuir devant son rival Henri VI. En retour, Édouard donna plus tard à Gruuthuse le titre héréditaire de comte de Winchester, un honneur tout à fait exceptionnel pour un non-Anglais.

Louis de Gruuthuse participa ensuite au conflit contre le roi de France Louis XI, notamment au siège de Beauvais, en 1472.

Après la mort de Charles le Téméraire en 1477 durant la bataille aux portes de Nancy, Louis de Gruuthuse devint premier chambellan de Marie de Bourgogne, la fille de Charles, aussi connue sous le nom de Marie la Riche, et contribua au mariage de celle-ci avec Maximilien de Habsbourg. Reconnaissante pour son soutien dans les moments difficiles après la mort de son père, elle le nomma chambellan de son jeune fils Philip. La guerre reprit alors contre la France et en 1479 lors de la bataille de Guinegatte (Enguinegatte), où le fils de Louis, Jean de Gruuthuse (Jean V de Bruges) fut fait prisonnier.

En 1482, Marie mourut à l'âge de 25 ans après une chute tragique de son cheval et son mari, l'ambitieux Maximilien de Habsbourg, se heurta bientôt à la noblesse et aux villes de Flandre alors qu'il tentait d'augmenter son pouvoir à leurs frais. Louis de Gruuthuse entra plus d'une fois en conflit avec le père de son protégé, le garçon qui allait devenir le duc Philippe le Beau, inclinant alors du côté français plutôt que du côté des Habsbourg, ce qui amena les partisans de Maximilien à l'accuser de trahison, un an avant sa mort. Ces troubles assombrirent sérieusement les dernières années de sa vie.

Louis de Gruuthuse mourut le dans son palais de Bruges. On dit qu'un grand orage fit rage sur la ville lors de son enterrement.

Famille

Son fils Jean V de Bruges sur un vitrail de l'église de Montmirail (Sarthe).

La devise de sa famille était Plus est en vous. Elle apparaît sur certains de ses portraits ou des portraits de membre de la famille.

Né en 1422 environ et fils aîné de Jean IV van der Aa et de Marguerite de Trazegnies, il épouse Marguerite de Borselen en 1455. Ils eurent plusieurs enfants. De ce mariage naquit en particulier Jean V de Bruges qui passa au service du roi de France en 1477.

Enfants

Louis et son épouse eurent en tout six enfants, quatre garçons et deux filles :

  • Louis II († 1461) ;
  • Jean V de Bruges (1458-1512)
  • Jean VI de Bruges, seigneur de Mello (châteaux de Mello) et d'Offemont (Oise), Sénéchal d'Anjou époux de Louise de Nesle, dernière descendante de la Maison de Clermont-Nesle. Dans la collégiale Notre-Dame de Mello, se trouve dans le transept, les vestiges mutilés du mausolée de Jean VI de Bruges de la Gruthuse et de son épouse Louise de Néelle.
  • Marguerite († 1502) ;
  • Jeanne mariée à Jean de Hornes ;
  • Marie ;
  • Philippine.

Un bibliophile

Le Bal des Ardents par le Maître d'Antoine de Bourgogne, tiré des Chroniques de Froissart, son manuscrit le plus richement décoré.

Louis de Gruuthuse s'adonna également à la passion des livres. Il collectionna des livres précieux et des miniatures. Il mena également à Bruges des actions philanthropiques. Il s'adonna à la fin de sa vie à la lecture de la philosophie de Boèce dont il possédait trois éditions. À sa mort, sa bibliothèque fut transférée en France et le roi en acquit une grande partie[5].

Il semble avoir eu une collection de livres totalisant 190 volumes, la plupart laïques dans le contenu, dont plus de la moitié étaient des copies illuminées contemporaines. Pour comparaison, cela fait de sa collection une collection deux fois plus grande que collection royale anglaise de l'époque. Il semble avoir fait incorporer des portraits de lui-même dans des miniatures de plusieurs livres, comme une figure supplémentaire, portant le collier de l'ordre de la toison d'or. Ces portraits apparaissent en effet dans ses copies mais pas dans des compositions similaires de d'autres copies des mêmes œuvres[6]. Beaucoup de ses volumes, acquises par Louis XII de France, sont maintenant à la Bibliothèque nationale de France, y compris ses quatre volumes de Jean Froissart (BNF, Fr 2643-6) qui contient 112 miniatures peintes par les meilleurs artistes Brugeois de l'époque, comme Loiset Lyédet à qui sont attribuées les miniatures des deux premiers volumes. Les deux autres volumes furent réalisés par les enlumineurs anonymes connus sous le nom de «Maître d'Antoine de Bourgogne», le «Maître de Marguerite d'York» et le «Maître du Livre de prières de Dresde» en tant qu'assistants.

Le manuscrit de Gruuthuse, contenant de la poésie vernaculaire, appartenait à la famille noble belge van Caloen de Koolkerke près de Bruges jusqu'à ce qu'il soit vendu à la Bibliothèque royale néerlandaise de La Haye en [7]. Un autre manuscrit, la Pénitence d'Adam de 1472, lui fut dédié par le célèbre scribe de Bruges, et plus tard imprimeur, Colard Mansion[8].

Louis fut en fait l'une des dernières personnes à commander de nouveaux manuscrits à une telle échelle; il a probablement commencé à collectionner des livres à la fin des années 1460, plusieurs de ses grandes commandes datant aussi des années 1470. Dans certains cas, même à partir de cette décennie, les titres existaient déjà sous forme imprimée et, à la fin de sa vie, la plupart des titres pouvaient être achetés sous forme imprimée. De ce fait, les enluminures flamandes, en particulier des œuvres profanes, déclinèrent profondément. L'effondrement de l'État bourguignon après la mort de Charles le Téméraire aggrava encore cette situation, et il existe des documents montrant Louis permit à Édouard IV d'Angleterre d'acheter un Josephus commandé par lui à l'atelier et l'encouragea à faire d'autres achats de manuscrits flamands, probablement dans une tentative de maintenir une industrie en crise[9].

Notes et références

  1. Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, 1826.
  2. L’énigme de la généalogie Gruuthuse : des questions et quelques réponses.
  3. Célébration du Tournoi de l'Ours Blanc (lavoixdunord.fr)
  4. Les Arts somptuaires, histoire du costume et de l'ameublement.., Volume 1 (books.google.fr)
  5. http://www.dbnl.org/tekst/_sep001199401_01/_sep001199401_01_0050.php.
  6. T Kren & S McKendrick (eds), Illuminating the Renaissance: The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, p 68 & 266 Getty Museum/Royal Academy of Arts, 2003, (ISBN 1-903973-28-7).
  7. (nl) "KB verwerft het Gruuthuse-handschrift, onbetwist hoogtepunt uit de Nederlandse cultuurgeschiedenis", February 14, 2007.
  8. Arlima.
  9. T Kren & S McKendrick (eds), Illuminating the Renaissance: The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, p.224, Getty Museum/Royal Academy of Arts, 2003, (ISBN 1-903973-28-7).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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