Louise Blazer
Louise Blazer, née le à Montbéliard, morte le dans cette même ville, est une résistante française, visiteuse de prison ; elle héberge et cache des résistants, des clandestins, des Juifs, et diffuse des journaux clandestins. Arrêtée, elle est déportée à Gaggenau. Elle est reconnue Juste parmi les nations.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 75 ans) |
Nationalité | |
Activité |
Distinctions |
---|
Biographie
Louise Blazer, dite Lou, est née à Montbéliard le [1],[2]. Elle est la fille d'un général. En 1918, elle épouse Robert Blazer, son cousin germain, atteint d'une maladie incurable. Ils sillonnent la France durant plusieurs années. En 1936, Robert Blazer décède, Louise revient alors s’installer dans la grande demeure familiale à Montbéliard où vit aussi son père[3],[4].
Elle s'investit au sein de la Croix-Rouge et à la Fédération française des éclaireuses au sein d'une troupe unioniste. Elle débute notamment le scoutisme par le scoutisme d'extension, au sein des « éclaireuses malgré tout » une branche des éclaireuses destinée aux enfants malades[5].
En 1939, elle participe à un camp international d'éclaireuses pour la paix à Budapest et rentre en France de justesse alors que la guerre éclate[2].
Après la débâcle, elle reprend ses actions au sein de la Croix-Rouge, et rend visite aux soldats français enfermés à l'hôpital Pajol. Les Allemands la chargent de reconnaître les corps des jeunes qu'ils fusillent, et de prévenir leurs familles[3],[6]. Elle utilise sa position pour les aider à se ravitailler, assure les contacts avec les familles et tente de les faire évader[1],[7],[8].
En juin 1941, elle est nommée conseillère municipale alors que les femmes n’ont pas encore réellement acquis de droits politiques. Elle utilisera aussi sa position pour ses actions de résistance[9].
Dès le début de l'Occupation, elle héberge de nombreux Juifs, qu'elle va souvent attendre à la gare de Montbéliard pour les ramener chez elle[4]. Elle accueille ainsi des dizaines de réfugiés juifs, avec l'aide et l'accord de son père, notamment la famille Rowinsky : Ephraïm Rowinsky, rabbin d'origine polonaise, son épouse, Judith Rowinsky et leurs sept enfants[4]. Elle héberge également des résistants et divers clandestins[3]. Il y a parfois tellement de réfugiés qu'elle laisse sa propre chambre et dort dans le couloir[4],[3].
Lou et sa sœur Jenny étendent leurs activités de résistance : elles aident des résistants à passer en Suisse, accueillent des réfractaires au STO et participent à la distribution de journaux clandestins. Elles soutiennent aussi les familles de déportés.
En février 1944, 29 Juifs sont arrêtés au cours d'une rafle. Une semaine auparavant, Lou Blazer croise la mère de Pierre Kahn qui lui indique que son fils est malade, elle obtient de son médecin une attestation certifiant qu'il est atteint de tuberculose. Déguisée en déléguée du Comité de surveillance des hôpitaux, elle se rend à la Feldgendarmerie et parvient à le faire transférer à l'hôpital[10],[2].
Ses allées et venues la font repérer, elle est arrêtée par les Allemands le , peu avant la libération de Montbéliard. Elle est d'abord internée à la caserne Friedrich de Belfort puis déportée à Gaggenau, un camp dépendant du Struthof[2].
Elle réussit à survivre jusqu'à la libération du camp, en [4]. Très malade, des religieuses allemandes la soignent. Elle est rapatriée à Montbéliard en août 1945[11].
À la suite de plusieurs témoignages, notamment de Judith Rowinsky, elle est reconnue Juste parmi les nations par l'institut Yad Vashem le [4] ; elle se rend en Israël pour y planter un arbre dans l'allée des justes. Un hommage lui est rendu[11].
Elle meurt peu après, le à Montbéliard[11].
Distinctions et hommages
- Médaille de la Résistance française, 1946[12].
- Juste parmi les nations, 1966.
- Un arbre est planté en son honneur à Jérusalem.
- À Montbéliard, le centre Louise-Blazer, centre médico-social, est inauguré en 2010 et le collège Lou Blazer en 2015.
- À Besançon, une rue porte son nom.
Notes et références
- « Blazer Louise », sur yadvashem-france.org, .
- « Lou-Blazer », sur www.ajpn.org (consulté le ).
- Rameau 2015, p. 86.
- Gutman et Lazare 2003, p. 99.
- « Elles étaient éclaireuses... Lou Blazer », Le Routier, revue des Éclaireurs de France, no 192, .
- Jérôme Cordelier, L'espérance est un risque à courir: Sur les traces des résistants chrétiens 1939 - 1945, Calmann-Lévy, (ISBN 978-2-7021-6669-7, lire en ligne).
- Limore Yagil, La France, terre de refuge et de désobéissance civile (1936-1944): Histoire de la désobéissance civile, implication des corps de métiers, Les Éditions du Cerf, (ISBN 978-2-204-08863-3, lire en ligne)
- « Qui était Lou BLAZER ? ».
- « "Lou Blazer" Portraits de Femmes-Département du Doubs », sur story.tl (consulté le )
- « Elle a décousu mon étoile », sur www.estrepublicain.fr (consulté le )
- « Biographie de Lou Blazer », sur clg-loublazer.ac-besancon.fr (consulté le ).
- « Base des médaillés de la résistance - Louise Blazer », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
Bibliographie et sources
- « Blazer, Louise », dans Israel Gutman, Lucien Lazare, Dictionnaire des Justes de France, Jérusalem et Paris, Yad Vashem et Fayard, (ISBN 2-213-61435-0), p. 99.
- « Blazer Louise », sur yadvashem-france.org, Comité français pour Yad Vashem, (consulté le ).
- « Lou Blazer », dans Marie Rameau, Souvenirs, éditions La ville brûle, (ISBN 978-2-36012-064-2), p. 85-95.
- (en) « The Righteous Among The Nations - Blazer family : Blazer Louise - Rescue story », Yad Vashem (consulté le ).
- (en) « The Righteous Among The Nations - Blazer Louise - Personal Information », Yad Vashem (consulté le ).
- Portail de la Résistance française
- Portail du Doubs