Louise de La Vallière

Françoise-Louise de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière et de Vaujours, fut une aristocrate française née le à Tours et morte le à Paris. Elle fut l'une des maîtresses de Louis XIV de 1661 à 1667[1]. Après avoir été délaissée par le roi, elle se tourna vers la religion, entra au couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques de Paris et y prononça ses vœux perpétuels, le .

Pour les articles homonymes, voir de La Vallière.

Louise de La Vallière
Louise de La Vallière par Pierre Mignard.
Titre de noblesse
Duchesse
Biographie
Naissance
Décès
(à 65 ans)
Paris
Nom de naissance
Françoise-Louise de La Baume Le Blanc
Activités
Famille
Père
Laurent de La Baume Le Blanc, seigneur de La Vallière
Mère
Françoise Le Provost (d)
Fratrie
Jean-François de La Baume Le Blanc (d)
Enfant
Charles-Louis de La Baume Le Blanc
Philippe de La Baume Le Blanc
Louis de La Baume Le Blanc
Marie-Anne de Bourbon, princesse de Conti
Louis de Bourbon, comte de Vermandois
Parentèle
Jean Le Blanc (d) (grand-père)
Autres informations
Religion
Ordre religieux

Biographie

Famille

Françoise-Louise est née le à l'hôtel de la Crouzille, à Tours, son père Laurent de La Baume Le Blanc est gouverneur du château d'Amboise, sa mère Françoise Le Provost était veuve d'un premier mariage avec Pierre-Bernard de Bezay, conseiller au Parlement de Paris.

Gilles de La Baume Le Blanc de La Vallière, évêque de Nantes, était son oncle.

Louise de La Vallière passa sa petite enfance à l'hôtel de la Crouzille à Tours et au château de La Vallière à Reugny, possessions de sa famille[2].

Devenue veuve, sa mère se remaria le avec Jacques de Courtarvel, chevalier et seigneur de Saint-Rémy, premier maître d'hôtel de la duchesse d'Orléans, Marguerite de Lorraine, épouse de Gaston d'Orléans frère de Louis XIII[3], exilé à Blois.

Dans l'entourage de la famille royale

Ce mariage conduisit la famille de La Vallière à Blois ; Louise devint la compagne de jeu des princesses Françoise et Élisabeth, fille de Gaston d'Orléans. Elle fut éduquée avec les princesses, apprit à danser avec grâce et devint une cavalière émérite.

Après le décès de Gaston d'Orléans, sa veuve, Marguerite de Lorraine, quitta Blois et s'installa avec ses filles et leur suite à Paris, au Palais du Luxembourg.

Le 31 mars 1661, le frère cadet du roi, Monsieur (Philippe d'Orléans), épousait la princesse Henriette d'Angleterre, sœur du roi Charles II d'Angleterre à laquelle il fallut constituer une maison digne de son rang. Louise de La Vallière devint demoiselle d'honneur dans la maison de Madame (Henriette d'Angleterre).

Rencontre avec le roi

Une forte amitié entre le roi et la duchesse d'Orléans, sa belle-sœur, serait à l'origine de la rencontre de Louis XIV et de Louise de La Vallière[4]. Cette amitié « galante »[Note 1] avait inquiété la reine-mère Anne d'Autriche, mais bientôt le roi allait la délaisser pour Mlle de la Vallière que François Honorat de Beauvilliers, comte de Saint-Aignan présenta au roi.

Certaines sources stipulent que Louise de la Vallière aurait servit de « paravent » couvrant l'idylle amoureuse de la duchesse d'Orléans et du roi[réf. nécessaire]. Louis XIV tomba sous le charme de Louise, conquis par ses talents d'écuyère, son goût pour la musique et le chant, ses talents de danseuse, ses connaissances littéraires... ils furent amants et Louise de La Vallière devint la maîtresse du roi[5]. Une source[5] indique que le Roi aurait été séduit par une phrase que la jeune fille aurait exprimée après leur première rencontre « Ah ! s'il n'était pas le Roi… ». Phrase qui aurait laissé penser au roi qu'elle l'aimait pour lui-même et non pour son titre[5].

Cette liaison fut rapidement connue et provoqua la colère des dévots et des ecclésiastiques, comme Bossuet, ainsi que les sarcasmes de la duchesse d'Orléans.

La maîtresse du roi

Afin de ménager sa mère, Anne d'Autriche, le roi logea sa maîtresse dans un petit château servant de relais de chasse que Louise apprécia particulièrement, et qui était situé non loin de Saint-Germain-en-Laye, dans la forêt du village de Versailles[5].

Le roi y fit donner en 1664 une fête splendide, Les Plaisirs de l'île enchantée, lors de laquelle Molière joua La Princesse d'Élide, Les Fâcheux, Tartuffe et Lully composa les ballets. La reine et la reine-mère en furent les dédicataires officielles mais c'était à Louise que la fête était secrètement dédiée.

Louise reçut, en outre, la terre de Carrières-Saint-Denis où elle fit bâtir un château dont les jardins furent conçus et ordonnés par André Le Nôtre.

Après la mort de sa mère en 1666, Louis XIV afficha publiquement sa liaison, ce qui aurait déplu à Louise qui, aux fastes d'une liaison publique avec le roi, aurait préféré une relation plus discrète.

Louise de La Vallière et Louis XIV eurent  au moins  cinq enfants[6], dont seuls les deux derniers survécurent et furent légitimés :

  1. Charles (1663- mort jeune[7]) ;
  2. Philippe (1665- mort jeune[7]) ;
  3. Louis (1665-1666[8]) ;
  4. Marie-Anne (1666-1739), dite Mademoiselle de Blois, qui épousa Louis-Armand Ier de Bourbon-Conti ;
  5. Louis, comte de Vermandois (1667-1683).

Le roi légitima en 1669, son fils Louis, lui conféra le titre de comte de Vermandois et la charge de surintendant de la marine.

La disgrâce

Au printemps 1667, la marquise de Montespan, devenue la dame d'honneur de la reine, se lia avec Louise La Vallière jusqu'à devenir sa confidente. Le roi, la rencontrant souvent chez sa maîtresse et chez la reine, remarqua sa conversation piquante, naturelle et enjouée qui contrastait avec la personnalité réservée de Louise de La Vallière. Louis XIV fut bientôt subjugué, voulut en faire sa maîtresse.

Le roi conféra à Louise le titre de duchesse de La Vallière, lui attribua le Château de Vaujours et légitima leur fille Marie-Anne[5]. Aux yeux de tous, c'était le cadeau de la disgrâce.

Lors de la campagne des Flandres de , pendant la guerre de Dévolution, Louise enceinte du roi pour la quatrième fois, fut priée de rester à la cour. Par angoisse et/ou jalousie, elle rejoignit le roi sans sa permission. Louis XIV garda Louise auprès de lui, trouvant commode qu'elle servit une nouvelle fois de « paravent », pour couvrir le nouvel adultère royal.

Louise écrivit le Sonnet au roi :

Tout se détruit, tout passe, et le cœur le plus tendre
Ne peut d'un même objet se contenter toujours ;
Le passé n'a point eu d'éternelles amours,
Et les siècles suivants n'en doivent point attendre.

La constance a des lois qu'on ne veut point entendre ;
Des désirs d'un grand Roi rien n'arrête le cours :
Ce qui plaît aujourd'hui déplaît en peu de jours ;
Cette inégalité ne saurait se comprendre.

Louis, tous ces défauts font tort à vos vertus ;
Vous m'aimiez autrefois, mais vous ne m'aimez plus.
Mes sentiments, hélas ! diffèrent bien des vôtres.

Amour, à qui je dois et mon mal et mon bien,
Que ne lui donniez-vous un cœur comme le mien
Ou que n'avez-vous fait le mien comme les autres !

[9]

Cinq mois plus tard, en , Louise donnait naissance à Louis.

Une longue période de cohabitation débuta alors entre les deux favorites. Encore une fois, Louise fut un « paravent » devant dissimuler au public les amours du roi avec une femme mariée. Dans l'espoir de regagner le cœur du roi qu'elle aimait toujours, Louise subit toutes les humiliations que lui infligeait la nouvelle favorite sans que cette stratégie ne portât ses fruits[5].

Le secours de la religion

En 1670, après une longue maladie – peut-être une fausse couche – qui lui fit entrevoir la mort, Louise se tourna vers la religion, rédigeant d'émouvantes Réflexions sur la miséricorde de Dieu [Note 2]. Elle s'y prétendit « une pauvre créature encore attachée à la terre, et qui ne fait que ramper dans le chemin de la vertu… »[10] Dans un premier temps, elle fit le choix de rester dans « le monde » (à la cour) pour affronter l'épreuve qui consistait pour elle à y mener une vie désormais exemplaire, et aussi, dans l'espoir d'inspirer d'autres âmes. Son amour pour le roi n'était pas encore mort : elle admit qu'elle ne pouvait prétendre être « morte à ses passions, pendant que je les sens vivre plus fortement que jamais dans ce que j'aime plus que moi-même »[11].

Entrée au Carmel

Sur les conseils du père Bourdaloue, du maréchal de Bellefonds (Premier maître d'hôtel du roi) et de Bossuet, elle décida de quitter la cour pour entrer au très strict couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques. Obligée de solliciter l'autorisation de Louis XIV pour se retirer, Louise rejeta toute proposition d'entrer dans un couvent moins rigoureux. Afin de la dissuader, Madame de Montespan incita le roi à présenter officiellement sa fille, Mademoiselle de Blois, à la cour. En donnant un statut officiel à sa fille, le roi pensait contraindre la duchesse de La Vallière à rester à Versailles. La nouvelle favorite, qui craignait le scandale, fit dépeindre à Louise, par l'entremise de Françoise d'Aubigné, veuve du poète Paul Scarron (qui devint plus tard Madame de Maintenon), les privations et les souffrances auxquelles elle s'exposerait en entrant au Carmel, ainsi que le scandale que ne manquerait pas de susciter une telle décision. Mais ces tentatives restèrent vaines et Madame Scarron la quitta édifiée. Avant de se retirer, Louise tint même à présenter des excuses publiques à la reine Marie-Thérèse, ce qui fit grand bruit.

Le [12], elle prononça ses vœux perpétuels, prenant le nom de Louise de la Miséricorde. Au couvent, elle reçut plusieurs fois la visite de la reine, de Bossuet, de la marquise de Sévigné et de la duchesse d'Orléans, belle-sœur du roi à qui elle avait confié l'éducation de son fils, le comte de Vermandois.

C'est au carmel qu'elle apprit la mort de son fils, à l'âge de 16 ans, le 18 novembre 1683.

Décès et hommages

Elle mourut le à l'âge de 65 ans, après 36 ans de vie religieuse. Elle fut inhumée dans le cimetière de son couvent, loin de son duché-pairie, où rien n'atteste qu'elle soit venue un jour.

Saint-Simon écrit[12] « elle mourut […] avec toutes les marques d'une grande sainteté » et encore[13] : « Heureux [le roi] s'il n'eût eu que des maîtresses semblables à Mme de la Vallière ». Sainte-Beuve estime que, des trois plus célèbres favorites de Louis XIV, c'est elle « de beaucoup la plus intéressante, la seule vraiment intéressante en elle-même. » Elle symbolisait l'« amante parfaite », celle qui aime pour aimer, sans orgueil ni caprice, sans ambition ni vanité, et dont la sensibilité ne cache pas la fermeté de cœur.

Postérité

Littérature

Peinture

  • Louise Adélaïde Desnos, Madame de La Vallière, avant d'entrer au couvent, se jetant aux pieds de la reine pour obtenir son pardon ;
  • Jean-Louis Ducis, lithographie Maurin, Madame de La Vallière (XIXe siècle) ;
  • Peter Lely, Louise de La Vallière et ses enfants ;
  • Pierre Mignard a peint plusieurs tableaux représentant Louise de La Vallière;
  • Pierre Révoil réalisa un dessin à la plume, encre et lavis, Mademoiselle de La Vallière aux Carmélites ;
  • Fleury François Richard, La Vallière carmélite, Salon de 1806.

Cinéma

Télévision

Vêtement

Louise de La Vallière aurait porté une cravate à large nœud flottant, souple, et d'étoffe grise. En 1875, le terme de La Vallière (ou lavallière) fut associé à cette cravate lorsque les peintres de cette époque peignirent cet élément vestimentaire[5].

Reliure

Le nom de La Vallière fut donné à une reliure de couleur feuille morte dite « maroquin lavallière », en mémoire de Louis-César de La Baume Le Blanc de La Vallière (1708-1780), célèbre bibliophile, neveu de Louise de La Vallière.

Notes et références

Notes

  1. Il est vraisemblable que ce ne fut pas une liaison adultère mais plutôt une relation platonique.
  2. Pour Monique de Huertas, « ces Réflexions étaient un appel mystique de conversion, plutôt qu'une vraie conversion ».

Références

  1. « Louise de la Vallière (1644-1710) », sur loire-france.com (consulté le ).
  2. Gustave Braux, Louise de La Vallière : de sa Touraine natale au Carmel de Paris, C.L.D., , p. 17.
  3. Archives départementales d'Indre-et-Loire, Registre des mariages de la paroisse de Reugny (1633-1668).
  4. P. HILLEMAND, « A propos de la mort d'Henriette d'Angleterre Madame, Duchesse d'Orléans », , p. 117.
  5. « Ah ! s'il n'était pas le roi, Louise de la Vallière », dans Les petites phrases qui ont fait la grande histoire, Vuibert, (ISBN 978-2311-10216-1), p. 84-85.
  6. « Louise de La Vallière, l'amoureuse sincère de Louis XIV », sur Histoire et Secrets, (consulté le ).
  7. François Bluche, Dictionnaire du Grand Siècle.
  8. Père Anselme, Grands officiers de la couronne, t. 1, , p. 75.
  9. Sonnet cité dans Jules-Auguste Lair, Louise de La Vallière et la Jeunesse de Louis XIV, Paris, Plon, .
  10. de Huertas 1998, p. 135.
  11. de Huertas 1998, p. 134-135.
  12. Saint-Simon, Mémoires, t. 5, Paris, Librairie L. Hachette et Cie, , « XXIII », p. 303-304.
  13. Saint-Simon, Mémoires, t. 8, Paris, Librairie de L. Hachette et Cie, , « VI », p. 77.
  14. « Secrets d'Histoire - S02E19 - Elles ont régné sur Versailles », sur Télérama Vodkaster (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la France du Grand Siècle
  • Portail du royaume de France
  • Portail du catholicisme
  • Portail du monachisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.