Luc O'Shiell

Luc O'Shiell, né en 1677 à Dublin[1], mort le à Nantes[2], est un réfugié jacobite irlandais de Nantes, devenu un des principaux armateurs nantais du XVIIIe siècle.

Luc O'Shiell
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Biographie

Origine

Il est le fils de Neil O'Shiell[3], marchand de Dublin, et de Marie O'Shiell (vers 1661-1717[4]).

Il arrive à Nantes en 1689 à l'âge de 12 ans[5]avec ses parents. Vient aussi à Nantes Anne O'Shiell, qui est une tante de Luc, sœur soit de Neil O'Shiell, soit de Marie O'Shiell[6]. Anne O'Shiell est depuis 1677 l'épouse de James Clarke (les liens entre les familles O'Shiell et Clarke, renouvelés en 1753[7], sont donc antérieurs à leur venue en France).

Luc O'Shiell se fera naturaliser en 1707.

Carrière

À son arrivée à Nantes, il est certainement mis en apprentissage chez un autre armateur, mais ce point n'est pas documenté. Il apparaît dans la documentation en 1703 comme armateur au grand cabotage[8]. De 1703 à 1708, il pratique cette activité, surtout vers l'Irlande, mais aussi vers la Suède (Stockholm) et les Pays-Bas espagnols.

À partir de 1706, il commence le commerce en droiture (il ne s'agit donc pas de trafic négrier) avec les Antilles ; 20 expéditions en droiture sont recensées entre 1706 et 1715, dont 10 en association avec des partenaires, surtout irlandais : Jean O'Riordan, Thobie Clarke (1679-1759), fils de Jacques Clarke, avec lesquels les O'Shiell ont d'ailleurs des liens familiaux (infra.) et deux seules[9], ainsi que le Français Nicolas Bertrand. Grâce à la protection de la cour jacobite à Saint-Germain-en-Laye, il réussit à obtenir le droit de transporter des marchandises d'Irlande en Amérique sans avoir à les faire passer par Nantes.

Il commence la traite négrière en 1714 et réalise neuf expéditions de ce type jusqu'en 1721[10]. Il s'associe d'abord avec des Nantais déjà habitués du commerce triangulaire, à une époque où il est le seul Irlandais de Nantes à le pratiquer. En 1717, il finance seul l'expédition du Saint Luc. En 1721, il subit la perte de trois navires, ce qui l'amène à se retirer de cette activité.

Par ailleurs, en 1708, Hélène Skerrett, veuve de Jean Ier Stapleton, se tourne vers lui pour en faire son procureur à Nantes, alors qu'elle doit partir pour les Antilles mettre un peu d'ordre dans ses affaires. Il prend alors probablement le relais d'un partenaire commercial de Jean Ier Stapleton, le marchand irlandais Jacques Rutlidge, qui a subi une faillite en 1703, dont il a du mal à se relever.

En 1722, il devient consul des marchands de Nantes.

En 1739, avec ses compatriotes Nicolas Luker et Antoine Walsh, il crée la première compagnie d'assurances françaises[11].

Famille et descendance

Le [12], il épouse Agnès Vanasse (1690-1724), fille de Pierre Vanasse, d'une famille d'origine allemande. Luc O'Shiell apporte 100 000 livres de capital dans la corbeille de mariage, contre 20 000 pour l'épouse. La famille réside à la Fosse, paroisse Saint-Nicolas, comme la plupart des négociants nantais.

De ce mariage, naîtront plusieurs enfants dont quatre (trois filles et un fils) arriveront à l'âge adulte :

  • Anne O'Shiell (1720[18]-1793[19]) épousa en 1741 le négociant et armateur nantais Guillaume Grou, né en 1698 à Nantes et mort en 1774, qui fit d'importants legs « en faveur de l'humanité » dont 200 000 livres destinées à la création d'un orphelinat à Nantes, où une rue de la ville et un immeuble, l'Hôtel-Dieu de Nantes portent son nom. De 1714 à 1765, la famille de son mari, les Grou, finance 114 expéditions, plus de la moitié pour la traite négrière. Entre 1748 et 1751, la nouvelle société Grou et Michel, dotée de capitaux supplémentaires, représente 21 % des expéditions négrières au départ de Nantes. La guerre de Sept Ans donne cependant un coup de frein à son activité. Elle apporte une dot de 100 000 livres[20].
  • Luc Nicolas (1721[21]-1796) épouse en 1753[22] Marie Clarke, fille de Thobie Clarke et de Marie O'Riordan.

Propriétés foncières et noblesse

À Nantes, la famille O'Shiell est installée dans le quartier de la Fosse, paroisse Saint-Louis, comme la plupart des armateurs nantais.

Luc O'Shiell a aussi acheté le manoir de la Placelière à Château-Thébaud[23], à 10 km au sud-est de Nantes, dans le Vignoble. Le domaine sera racheté deux après sa mort par gendre, l'armateur Guillaume Grou, époux d'Anne, la plus jeune de ses filles. L'acte de vente de terres dépendant du domaine de La Placelière de 1747 établit que Château-Thébaud[24] appartenait aux quatre enfants de Luc O'Shiell[23].

Dix ans après sa mort, la famille O'Shiell est reconnue d'origine noble par un arrêt du conseil et par lettres patentes de 1755. En 1781, deux lieutenants du régiment de Walsh viennent de la famille.

Le blason de la famille est d'argent, au lion de gueules, accompagné en chef de deux gantelets et en pointe d'une étoile du même[25].

Voir aussi

Bibliographie

  • Guy Saupin, "Les réseaux commerciaux des Irlandais de Nantes", dans David Dickson, Jan Parmentier et Jane Ohlmeyer, Irish and Scottish Mercantile Networks in Europe and Overseas, Academia Press Scientific Publishers, Gand, 2006, 520 p. (ISBN 978-90-382-1022-3), pages 115-146 (sur Luc O'Shiell : p. 136-140).
    Il s'agit des actes du colloque d' à Trinity College, Dublin.
    Disponible en ligne : cf. Google Books.
  • Patrick Clarke de Dromantin, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, 525 p. (ISBN 2-86781-362-X). Cf. Google Books
  • Natacha Bonnet, L’Investissement colonial au XVIIIe siècle Approche méthodologique à partir de l’étude des comptes de quatre plantations sucrières à Saint-Domingue. Cf. « http://economix.u-paris10.fr/pdf/colloques/2008_RTP/Bonnet_Natacha.pdf »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  • Étienne Hervé, Une famille de négociants irlandais à Nantes au XVIIIe siècle : les O'Shiell (1689-1799), mémoire de maîtrise, Université de Nantes, 2003.

Liens externes

Notes et références

  1. Cf. site généalogique . La date de 1677 est attestée par sa lettre de naturalité.
  2. Acte de sépulture de "Luc Shiell" (19 février 1745) : Saint-Nicolas, vue 24, cf AMN Registres paroissiaux
  3. Cf. acte de mariage infra. Neil O'Shiell meurt avant 1745, peut-être avant 1717.
  4. Acte de sépulture de "dlle Marie Shiel, fe (ou : "vve" ?) de n. h. Neil Shiel, marchand" (4 août 1717) : St-Nicolas, vue 31. L'acte de sépulture (décès le 3 août), fait en présence de Luc, indique qu'elle est âgée de 56 ans, soit une naissance entre le 4 août 1660 et le 3 août 1661.
  5. Lettre de naturalité, 1707, ADLA.
  6. Le site généalogique cité la donne comme sœur de Luc O'Shiell. Ce n'est pas possible, puisque James Clarke et Anne O'Shiell ont un premier enfant, Thobie, dès 1679. Anne O'Shiell étant née au plus tôt vers 1662, elle ne peut pas être la fille de Marie O'Shiell, épouse O'Shiell, née vers 1661.
  7. Cf. infra, mariage de Luc Nicolas O'Shiell avec Marie Clarke.
  8. Saupin, page 136.
  9. Les 8 autres ne sont pas connues en détail.
  10. Saupin, page 137
  11. Bretagne et Irlande du Vème au XXIe siècle
  12. Acte de mariage de Luc Schiel avec Agnès Vanasse (11 novembre 1709) : St-Nicolas, vue 53.
  13. Acte de baptême d'Agnès O'Shiell (11 octobre 1713) : St-Nicolas, vue 42.
  14. Acte de sépulture d'Agnès (18 janvier 1791, St-Martin de Chantenay).
  15. Acte de mariage d'Agnès avec Jean Stapleton (16 février 1733), St-Nicolas, vue 6.
  16. Acte de baptême de Marie O'Shiell (1er décembre 1715) : Saint-Nicolas, vue 54.
  17. Acte de mariage de Marie avec Antoine Walsh (10 janvier 1741) : St-Nicolas, vue 5.
  18. Acte de baptême d'Anne O'Shiell (20 novembre 1720, née le 18) : St-Nicolas, vue 47.
  19. Acte de décès d'Anne (30 juin 1793) : Nantes, Table décennale, vue 170 ; Section Montagne-Scevola, Table annuelle, vue 150 ("Anne ÔSchiel, veuve Grou") ; acte non repéré dans le registre. Anne meurt au moment de la bataille de Nantes, alors que sont enregistrés les décès de nombreux combattants.
  20. Cf. Natacha Bonnet.
  21. Acte de baptême de Luc Nicolas O'Shiell (8 décembre 1721) : St-Nicolas, vue 42.
  22. Acte de mariage de Luc Nicolas avec Marie Clarke (12 février 1753) : St-Nicolas, vue 26. Parmi les témoins : Thomas Montaudouin, époux d'Anastase Clarke, sœur de Marie.
  23. Site Infobretagne
  24. C'est-à-dire la seigneurie de ce lieu.
  25. Cf. Site héraldique. Blason blanc avec un lion rouge, au-dessus deux gantelets rouges, au-dessous une étoile rouge.
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