Lucien Wercollier
Lucien Wercollier, né le à Luxembourg et mort dans cette même ville le , est un sculpteur luxembourgeois. Il est considéré comme l’un des sculpteurs les plus importants de la deuxième moitié du XXe siècle.
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Jean-Baptiste Wercollier (d) |
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Roger Wercollier (d) |
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Il est surtout connu pour ses sculptures monumentales en bronze et en marbre.
Si ses premières sculptures sont figuratives et semi-figuratives, il passe progressivement, de 1952 à 1955, à la sculpture abstraite, un cheminement artistique dans lequel on reconnaît l’influence de Constantin Brancusi et de Jean Arp.
Les œuvres de Lucien Wercollier sont en bois, en pierre et, surtout, en bronze, en marbre, en albâtre et en onyx.
Ses œuvres les plus connues sont Le Prisonnier politique, dont un exemplaire est présenté dans l'exposition dédiée à Lucien Wercollier au Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster[1] (Luxembourg-Grund, dans les locaux convertis de l'ancienne prison où l'artiste a été incarcéré en ), et le bronze monumental au cimetière de l’ancien camp de concentration à Hinzert (Allemagne).
D’autres sculptures monumentales, en bronze mais aussi en marbre, ont été érigées sur des places et dans des parcs publics au Luxembourg. Le bronze Interpénétration se dresse devant le Palais de l'Europe à Strasbourg. Cette sculpture a été représentée sur le timbre poste de 8 francs du Luxembourg en 1974.
Un autre travail notable de Wercollier est sa sculpture Altius – un hommage au sport de saut à la perche –, exposée dans le jardin de sculpture olympique au Musée olympique de Lausanne en Suisse. Une autre sculpture bien connue est son monument de marbre La Vague, situé sur les terres du CHNP (Centre hospitalier neuro-psychiatrique) à Ettelbruck au Luxembourg.
Quand les nations dans le monde entier ont offert des œuvres d'art pour l'exposition au John F. Kennedy Center for the Performing Arts à Washington, le gouvernement de Luxembourg a donné Sculpture rose de marbre de Wercollier pour honorer John F. Kennedy.
Wercollier a aussi conçu la sculpture que l'on donne aux récipiendaires de la Vision pour l'Europe Award.
Des sculptures de Wercollier ont été acquises par des musées au Luxembourg, en France, en Belgique, en Allemagne, en Israël, en Suisse et aux États-Unis.
Biographie
(Sources : J.-E. Muller 1976, 1983)
Formation
Le père de Lucien Wercollier, Jean-Baptiste Wercollier, était sculpteur et professeur d’éducation artistique. Son oncle, Jean-Pierre Koenig, était un architecte très connu au Luxembourg. Lucien Wercollier a grandi dans un environnement familial où on parlait souvent d’art et d’architecture.
De 1924 à 1927 il est élève à l’École d’artisans de l’État à Luxembourg (devenu à partir de 1979 Lycée technique des arts et métiers, où il s’initie, dans la classe de son père, à sculpter le bois et la pierre et à modeler des objets en plâtre.
De 1927 à 1933, il fréquente l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles (1927-1931) et l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris (1931-1933). À Paris, il suit notamment les cours du sculpteur Henri Bouchard, où il se lie d'amitié avec le sculpteur Claude Bouscau, qui aura l'occasion de travailler avec lui en 1950. Il fréquente l’Académie Colarossi, tout en s’initiant, le soir, au dessin dans une école du Montparnasse. Il s’émerveille devant les sculptures d’Aristide Maillol. Toujours à Paris, il fait la connaissance du sculpteur Auguste Trémont, son compatriote, avec lequel il collaborera brièvement en 1937.
Enseignement
En 1933 Lucien Wercollier rentre à Luxembourg, où il devient professeur d’enseignement artistique dans l’école où il avait fait ses études secondaires, et où il reprend les cours de son père, qui a pris sa retraite.
Lucien Wercollier quitte l’enseignement en 1965, à l’âge de 57 ans.
Années d’avant-guerre (1935 à 1940)
Le jeune artiste s’enthousiasme pour les œuvres de Joseph Kutter (1894-1941), l’un des peintres luxembourgeois les plus importants de la première moitié du XXe siècle. Avec Auguste Trémont (1892-1980), Wercollier réalise les sculptures du pavillon luxembourgeois pour l’Exposition universelle de 1937 à Paris. Il est de plus en plus attiré par l’art moderne de son temps, notamment l’art abstrait. En 1936 il épouse Yvonne Schmit, qui est dentiste. Le couple aura deux enfants.
Années de guerre (1940-1945)
Après l’occupation du Luxembourg par l’Allemagne en 1940, Lucien Wercollier refuse d’adhérer à la Chambre culturelle (Kulturkammer) du régime nazi, une organisation ayant pour but l’encadrement politique et idéologique de toute activité artistique. Ce refus lui fait perdre le droit de présenter ses œuvres au public.
Le , à la suite de sa participation au mouvement spontané de grève contre l'enrôlement forcé de quatre classes d’âge luxembourgeoises (1920-1924) dans l’armée allemande, Lucien Wercollier est arrêté et sa femme et leurs deux enfants en bas âge sont déportés dans un camp en Silésie.
Après deux semaines d’incarcération à la prison de Luxembourg-Grund (du 4 au ), Wercollier est transféré dans les camps de concentration de Hinzert puis de Lublin. En 1943, il rejoint sa femme et ses deux enfants dans le camp de déportation en Silésie.
En , après la Libération, Wercollier rentre avec sa famille à Luxembourg, où il redevient professeur à l’École des artisans.
De la sculpture figurative à la sculpture abstraite
En 1948 Wercollier organise, avec un groupe d’amis peintres luxembourgeois (François Gillen, Josy Jungblut et Joseph Probst), un salon d’art d’avant-garde à Luxembourg (le Salon de la nouvelle équipe). En 1950, au 2e salon de ce groupe d'artistes, il expose, à côté de sculptures réalistes simplifiées, une première sculpture qui n’est plus une représentation réaliste (Repliée sur elle-même, un corps de femme stylisé ; collection du Musée national d’art et d’histoire de Luxembourg). En 1952, l’artiste crée sa première sculpture abstraite (Germination).
En 1954, il est le coorganisateur du premier Salon des iconomaques, un autre salon d’avant-garde, où domine l’art abstrait. En 1954 il sculpte pour le Monument national de la grève à Wiltz deux hauts-reliefs semi-figuratifs représentant des résistants fusillés par les nazis (commémoration des 21 grévistes luxembourgeois fusillés) et le combat de David contre Goliath, qui symbolise la lutte du petit Grand-Duché contre la puissante Allemagne nazie).
À partir de 1955, Lucien Wercollier se tourne définitivement vers la sculpture abstraite.
La maturité artistique
En 1958 il s’installe avec sa famille à Bridel, dans la rue qui portera son nom après sa mort. Il expose ses premières œuvres en bronze et, à l’âge de 50 ans, vend sa première sculpture à un particulier.
En 1960, il commence à sculpter l’albâtre.
En 1962 il se rend pour la première fois à Carrare, où il commence à tailler le marbre. Il y retournera régulièrement pour y travailler ce matériau.
À partir de 1972, il sculpte principalement l’albâtre et l’onyx.
En 1998, il termine sa dernière sculpture (Caresse, en albâtre). Une toute dernière œuvre, en marbre, restera inachevée.
Lucien Wercollier s'éteint à Luxembourg le à l’âge de 93 ans. Il est enterré au cimetière Notre-Dame à Luxembourg.
Ses élèves
- Jean-Pierre Georg
- Liliane Heidelberger
- Charles Kohl
- Maggy Stein
- Jean Künsch
Références
Bibliographie
Deux ouvrages importants sur L. Wercollier, par l'un des meilleurs spécialistes de cet artiste, chacun avec une biographie détaillée, de nombreuses photos de ses sculptures, des listes d’expositions et de musées hébergeant ses œuvres :
- Joseph-Émile Muller, 1976. Lucien Wercollier. Collection: Les Maîtres de la Sculpture Contemporaine. Arted, Éditions d'Art, Paris. 49 pages (ISBN 2-85067-038-3).
- Joseph-Émile Muller, 1983. Lucien Wercollier. Publication de la Section des arts et lettres de l'Institut Grand-ducal. Imprimerie Saint-Paul, Luxembourg. 132 pages (sans ISBN).
- Autres publications
- Paul Bertemes (coord.), 2005. Lucien Wercollier au cloître de l'abbaye Neumünster. Catalogue édité à l’occasion de l’installation des sculptures de la collection privée de l’artiste au Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster. 64 p. (ISBN 2-9599867-2-5).
- Linda Eischen (coord.), 2003. Wercollier et ses amis peintres Gillen, Stoffel, Trémont. Exposition à la Villa Vauban. Catalogue de l’exposition du au (sans indication du nom de l’imprimeur) (ISBN 2-919878-48-4).
- Josée Kirps, 2001. Lucien Wercollier. In Robert Theisen (coord.) : Luxembourg sculptures. Skulpturen - Sculptures. Éditions Îlôts, Steinsel, Luxembourg (ISBN 2-87996-932-8). (Voir le chapitre sur Wercollier : p. 123-127).
- Joseph-Émile Muller, 1988. Lucien Wercollier pour son 80e anniversaire. Les Cahiers luxembourgeois no 2 : 17-24.
- Ragon M. & M. Seuphor, 1974. Wercollier Lucien. L'art abstrait 1945-1970. Biographie des artistes. Ed. Maeght, Paris.
- Joseph-Émile Muller, 1954. Lucien Wercollier et la sculpture moderne. Les Cahiers luxembourgeois, no 3.
Liens externes
- Lucien Wercollier sur le site du Musée national d'histoire et d'art de Luxembourg
- Recension d'un ouvrage sur Wercollier
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