Luna Park (Paris)

Luna Park était un parc d'attractions situé près de la porte Maillot, en périphérie de Paris, ouvert en 1909. Sa date de fermeture diffère selon les sources.

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Luna Park de Paris

Panorama d’ensemble du Luna Park de Paris vers 1910

Ouverture 1909
Pays France
Département Seine
Commune Paris
Type de parc Parc d'attractions
Coordonnées 48° 52′ 46″ nord, 2° 17′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 17e arrondissement de Paris

Historique

Luna Park (photo aérienne, en 1919).

À l'emplacement du Palais des Congrès actuel se trouva pendant près d'un demi-siècle, le plus grand parc de loisirs de Paris, le « Luna Park » qui a animé les loisirs de plusieurs générations de Parisiens.

Le théâtre géant Columbia

Le programme du Columbia.

Avant cela, pour l'ouverture de l'Exposition universelle de 1900, une salle de 6 000 places, nommée « le Columbia », fut construite pour abriter un spectacle de 1 500 personnages dont 600 danseuses et toute une ménagerie de serpents, éléphants, chameaux et chevaux. « Entre la rampe et les premières rangées de spectateurs s'étend un lac où naviguent des escadres »[1].

Le burlesque avait grande place dans ces représentations, le numéro La maison qui brûle y tient l'affiche en tant que « spectacle démontré par les corps de pompiers de la Cité de New York ; corps de sauvetage, corps des échelles et crochets, police, armée du salut, sœurs de charité, ouvriers visiteurs et troupe d'artistes d'un théâtre ; avec un grand nombre de pompiers, vendeuses de fleurs, gens de New-York, officiers de police, Chinois et nègres burlesques ».

Le Printania-music-garden

Détruit quatre années plus tard, le Columbia fait place au Printania-music-garden, inauguré le . De 1905 à 1908, le « Printania » regroupait aux côtés d'une salle de danse des attractions foraines. Construit par l'architecte Jandelle[2], le public y voyait défiler jusqu'à vingt-cinq numéros de cirque par représentation, et se divertissait dans les jardins environnants qui comportaient des bars, un toboggan géant avec ascenseur et un restaurant avec terrasse-promenoir donnant sur l'avenue de la Grande-Armée. Dans la salle de concert des chanteurs de second plan se succédaient. À la suite de mauvaises affaires, l'établissement fut vendu à une société américaine puis fut géré par Léon Volterra.

Création du Luna Park

Le Printania sera remplacé par le Luna Park. Construit en 1909, il est le troisième parc d'attractions de l'histoire de France, après le Tivoli et Magic City. Il devint l'équivalent, pour Paris, du Prater pour Vienne ou des jardins de Tivoli pour Copenhague. À Paris et particulièrement dans le 17e arrondissement, il ressuscitait la vogue, depuis longtemps déjà oubliée, des « Tivolis », qui faisaient florès sous l'Empire et la Restauration. Dans le quartier des Ternes l'un des premiers abritait les montagnes russes de la Barrière du Roule  situées sur l'actuelle place des Ternes  et l'un des tout derniers occupa ce qui est aujourd'hui la villa des Ternes.

Son emplacement précis et ses dimensions sont visibles sur une photographie aérienne de 1919[3]. Il sera encore agrandi après suppression des fortifications.

50 ans de festivités

Au Luna Park abondaient les attractions à grand spectacle, permises par les progrès de la construction métallique. Il était conçu sur le modèle new-yorkais du parc de Coney Island. C'était une indescriptible fête foraine permanente, attirant des foules considérables[4] avec des attractions de choix notamment son Scenic Railway, ses montagnes russes, sa Water-Chute, ou son Palais des folies, c'est-à-dire son dancing. Les montagnes russes longues de 1 947 mètres[5], réservées aux amateurs de sensations fortes, permettent d'atteindre de vertigineuses vitesses, grâce à l'électricité. Les voitures sont équipées de moteurs électriques et alimentées en courant par un rail central, notamment aux passages où la vitesse acquise n'est plus suffisante par rapport à celle souhaitée.

Charles Sorlier[6] a décrit avec malice deux divertissements qui avaient la particularité d'attirer les adolescents boutonneux et les amateurs de lingerie féminine. Le premier consistait à viser une cible avec une boule de bois qui, si elle parvenait à son but, faisait basculer d'un lit une fille en porte-jarretelles. Le second, aussi goûté, était le vaisseau spatial de l'attraction Voyage dans la lune[7], sorte de palais du rire qui se terminait invariablement par un jet d'air comprimé relevant la jupe de demoiselles audacieuses. Cette attraction, mise en place lors de l'exposition pan-américaine, a inspiré le nom de Luna Park, des parcs Magic City et de ceux qui ont suivi[8]

Charles Sorlier prétend que des filles légères venaient tout spécialement sur cette attraction, « oubliant » chez elles leurs culottes, et proposant ensuite aux amateurs un autre genre de voyage...

Luna Park était ouvert de 13 heures à minuit et son accès coûtait à l'époque 1 franc (avec une attraction gratuite), à l'exception du vendredi où le prix était plus élevé.

Fin du Luna Park

Il est rapporté qu'au début la clientèle était plutôt « habillée » : on n'aurait pas osé s'y présenter sans un complet strict, un col et une cravate. Beaucoup plus tard, sans doute parce que les Allemands, sous l'Occupation, en avaient fait l'un de leurs lieux de divertissement préférés, et que l'on y pratiquait sans vergogne la « fraternisation », le Luna Park acquit une réputation douteuse.[réf. nécessaire]

En 1929-1930, Léonard Rosenthal désire y établir une Place de la Victoire et tente dans ce but d'acquérir la concession des terrains où se dresse Luna Park[9],[10]. La baisse de popularité, due en partie à la Grande Dépression, incite le propriétaire du parc à acheter en 1931 vingt-cinq baleines embaumées et cent manchots vivants pour les montrer au public. Ces ajouts ne réussissent pas à redresser la barre. La date de fermeture est sujette à caution et diffère selon les sources. Elle varie de 1931[11],[12] à 1934[13], voire « lors de la Seconde Guerre mondiale »[14].

Le parc de loisirs a probablement fermé ses portes en premier, suivi quelque temps plus tard par la salle.

L'orchestre de cuivres et piano dirigé par Pierre Saaorborg y a joué du 12 juin au 1er août 1943. Robert Lockwood (cousin de Didier Lockwood, violoniste) y tenait la trompette. Il existe une photo de l'orchestre surmonté de la photo de Pétain et des photos du groupe de musiciens (Micheline, fille de Robert Lockwood, détient la photo).

Léon Blum tient un discours dans la salle le [15],[16]. La confusion entre les dates provient vraisemblablement de cessation d'activité à date différée.

Détruit en 1942[13] ou en 1948[14],[17], le « Luna Park » céda la place à un terrain vague sur lequel, après de nombreux projets, fut finalement édifié le Palais des Congrès inauguré en 1974.

Attractions

Source : cartes postales anciennes

Autres attractions voisines

Le Tour de France cycliste 1912 partit du Luna Park.

Monsieur de Verzy, conseiller municipal de Neuilly, avait également créé près de la Porte Maillot le Panstéréorama, dispositif permettant d'admirer les reliefs des plus grandes villes d'Europe.

Dans la culture

Céline fait référence au Luna Park dans ce passage, resté célèbre, du Voyage au bout de la nuit (1932) :

« La loi, c'est le grand « Luna Park » de la douleur. Quand le miteux se laisse saisir par elle, on l'entend encore crier des siècles et des siècles après. »

 Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

Notes et références

  1. Le Temps, 25-8-1899
  2. « l'architecte bien connu de la Gaîté, de l'Olympia, etc., il fit sortir de terre un véritable Paradis où les Adams et les Eves modernes retrouvent toutes les séductions de l'Eden Préhistorique. »
  3. "Des fortifs au périph", de JL. Cohen et A. Lortie, éd. Picard et Pavillon de l'Arsenal)
  4. « Le public, curieux de connaître l'intérieur de cet établissement fabuleux, enfonça littéralement les portes, brisa le contrôle, et prit d'assaut les merveilleuses attractions. Paris avait conquis Luna, mais Luna venait de conquérir Paris ».
  5. « Énorme machine dont la construction a réclamé le travail de 270 ouvriers, pendant deux mois. Les câbles électriques employés pour cette construction, mis bout-à-bout, auraient atteint 270 km 
  6. Le guide du promeneur : du 17e, Parigramme, (ISBN 978-2-84096-027-0)
  7. « Le nom de Luna-Park donné à cet établissement provient probablement de ce qu'en anglais on appelle « lunatic » les aliénés, et qu'il faut être quelque peu fou pour goûter ce genre de jeux. » (La Nature, .
  8. Dale Samuelson, AJP Samuelson, and Wendy Yegoiants, The American Amusement Park (ISBN 0760309817)
  9. Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Willy Boesiger, Œuvre complète de 1929-1934, Zurich, H. Girsberger, , 207 p. (OCLC 2030898, lire en ligne)
  10. Évelyne Cohen, Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres, Paris, Publications de la Sorbonne, , 396 p. (ISBN 2-85944-366-5 et 978-2859443665, OCLC 949652165, lire en ligne)
  11. (en) Lauren Rabinovitz, Electric Dreamland : Amusement Parks, Movies, and American Modernity, New York, Columbia University Press, , 237 p. (ISBN 978-0-231-15661-5 et 0-231-15661-8, OCLC 939662913, lire en ligne)
  12. « Animals: Order » (version du 4 juin 2013 sur l'Internet Archive), sur Time,
  13. « Luna Park - Paris 17e - Constructions détruites », sur paris1900.lartnouveau.com (consulté le )
  14. « Histoire du 17e en 50 dates » (version du 3 mars 2016 sur l'Internet Archive), sur mairie17.paris.fr
  15. Georges Lefranc, Histoire du Front populaire : 1934-1938, Paris, Payot, , 503 p. (OCLC 49075486, ASIN B0014UM3F0, lire en ligne)
  16. Robert Escarpit, Carnets d'outre-siècle, 1934-1940, Paris, Messidor, , 273 p. (ISBN 2-209-06121-0 et 9782209061211, OCLC 23975263, lire en ligne)
  17. « Sur les traces du Luna Park, premier parc d’attractions parisien », sur pariszigzag.fr (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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