Ménagerie de verre
Située rue Léchevin, dans une imprimerie reconstruite du 11e arrondissement de Paris : la ménagerie de verre est un lieu de danse et de performance, au sens de pratiques transdisciplinaires, fondé et dirigé par Marie-Thérèse Allier. Depuis son ouverture en 1983, elle soutient la création à travers des ateliers, des résidences et deux festivals par an qui prennent « le pouls d'une époque » : Étrange cargo au printemps et Les inaccoutumés à l'automne[1].
Marie-Thérèse Allier (1931-2022)
Marie-Thérèse Allier commence la danse classique à l'âge de cinq ans, à Nancy, marquée par le rôle de Janine Charrat, héroïne du film La mort du cygne (1937). Après une formation aux studios Waker de Paris, elle dansera notamment pour « les Ballets des Champs-Élysées, la compagnie Janine Charrat, la compagnie du Marquis de Cuevas »[2]. Souhaitant prendre ses distances avec la répétition des gestes, presque mécanique, et la position d'interprète que peut exiger la danse classique, Marie-Thérèse Allier va accompagner de nouvelles expressions corporelles dans ce qui deviendra La ménagerie de verre. Ses verrières, ses escaliers, ses nombreuses salles, dont « sa grande salle sombre en cinémascope »[3], évoquent immédiatement à Marie-Thérèse Allier l'architecture de la pièce de Tennessee Williams, La Ménagerie de Verre (1945). Une ménagerie qu'elle raconte dans un film documentaire tourné par et avec le chorégraphe Raimund Hoghe, La jeunesse est dans la tête (2016)[4]. Elle dirige ce lieu jusqu'à son décès le 26 mars 2022[5].
Le lieu
Au 12-14 rue Léchevin (75011, Paris), dans une imprimerie reconstruite sur les plans de l'architecte Pierre-Louis Faloci (1949), la ménagerie de verre est composée d'« un studio lumineux, dégagé et rayonnant, qui est un peu la tête de la ménagerie [Studio Balanchine] ; un espace sombre, profond, plus brut, qui en serait le ventre, le lieu de gestation [Off] ; des studios où sont organisés les stages [Studios Wigman, Duncan, Diaghilev et Cocteau] ; et des espaces de transition, couloirs, mezzanine, hall, cafétéria, qui structurent l'espace et lient les diverses pratiques artistiques, comme une colonne vertébrale structure le corps »[6].
Artistes associés à la ménagerie de verre
« La ménagerie n'est ni un lieu de spectacle ni une école, mais une maison »[7]. Lieu, dès 1983, de programmation et d'alternatives à la danse classique, à la danse américaine (présentée à l'American Center) et à la danse contemporaine française, la ménagerie de verre s'est imposée comme incontournable dans la programmation de nouvelles pratiques corporelles. Lieu de soutien à la Jeune danse française (Daniel Larrieu, Régine Chopinot, Mathilde Monnier, Philippe Découflé, Georges Appaix, etc.), les « conceptuels » (Jérôme Bel, Xavier Le Roy, Tino Sehgal, etc.) et les nouvelles approches de la scène (Vincent Macaigne, François Chaignaud, etc.).
C'est à la ménagerie de verre, en 1995, que Jérôme Bel (1964) a créé sa pièce Jérôme Bel, tournant dans la danse contemporaine. Jérôme Bel s'est servi de l'espace du « Off » de la ménagerie de verre pour exposer et interroger crûment les corps nus des interprètes Frédéric Seguette, Claire Haenni et Éric Affergan[8].
C'est aussi à la ménagerie de verre qu'Alain Buffard (1960-2013), interprète notamment auprès de Daniel Larrieu, a monté et présenté la pièce Good Boy en 1998. Un solo, sur ce que le sida fait et lui a fait[9], repris en 2017 par Matthieu Doze au Centre National de la Danse à l'occasion d'un programme dédié au chorégraphe[10].
Les cours
La ménagerie de verre propose des cours hebdomadaires et un workshop mensuel aux danseurs amateurs et professionnels.
Les résidences
Deux artistes sont en résidence d'un an à la ménagerie, avec un soutien à la création, deux cartes blanches, un atelier d'une semaine et la création d'une pièce pour l'espace singulier du « Off ».
Résidences 2014 :
Résidence 2015 :
Volmir Cordeiro
Résidences 2016 :
Maxime Kurvers
Résidences 2017 :
César Vayssié
Ivana Müller
Résidences 2018 :
Antonija Livingstone
Clara Le Picard
Des résidences courtes sont aussi proposées par la ménagerie de verre tout au long de l'année.
Les festivals
Temps forts de la ménagerie de verre, deux festivals se tiennent chaque année : Étrange Cargo au printemps et Les inaccoutumés à l'automne.
Étrange Cargo 2017 (du au ) :
Yves-Noël Genod, La beauté contemporaine
Jean-Luc Verna, Uceelo, Uccellacci & The Birds
Gaëlle Bourges, Conjurer la peur
Galerie, Groupe Show
Fanni Futterknecht, Across the white
Malika Djardi, Horion
Guiseppe Chico & Barbara Matijevic, I've never done this before
Raimund Hoghe, Lettere Amorose, 1999 - 2017
Les inaccoutumés 2017 (du au ) :
Théo Mercier, La fille du collectionneur (exceptionnellement au théâtre Nanterre-Amandiers)
Théo Mercier & François Chaignaud, Radio Vinci Park
Claudia Triozzi, Un CCN en terre et en paille
Ivana Müller, Conversations déplacées
Marie-Caroline Hominal, Where's the MC
Mårten Spångberg, Nature in IRL (Universal)
César Vayssié, EXEMPLE, The raw and the cooked research
Olivia Grandville, À l'Ouest
Références
- Brignone, Patricia, Ménagerie de Verre, Nouvelles pratiques du corps scénique, éd. Al Dante, Paris, 2006, p. 18
- Brignone, Patricia, Ménagerie de Verre, Nouvelles pratiques du corps scénique, éd. Al Dante, Paris, 2006, p. 8
- Ibid.
- https://sites.arte.tv/square/fr/raimund-hoghe-choregraphe-square
- « La mort de Marie-Thérèse Allier, directrice de la Ménagerie de verre », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Brignone, Patricia, Ménagerie de Verre, Nouvelles pratiques du corps scénique, éd. Al Dante, Paris, 2006, p. 16
- Brignone, Patricia, Ménagerie de Verre, Nouvelles pratiques du corps scénique, éd. Al Dante, Paris, 2006, p. 15
- https://www.festival-automne.com/uploads/spectacle/Portrait_Bel_BD16.pdf
- Pour détourner le titre du livre d'Elisabeth Lebovici, Ce que le sida m'a fait, éd. JRP Ringier / Maison Rouge, Mai 2017
- https://www.cnd.fr/fr/program/group/82-alain-buffard