Méotes
Les Méotes (grec Μαιῶται, Maiōtai; latin Mæotæ, Maeotae, Maeotici ou Mæotici) sont un peuple ou une confédération probablement scythe ou à dominante scythique, vivant dans l'Antiquité d'agriculture, de pêche et élevage dans le bassin hydrographique du Hypanis ou Hermonis (actuel Kouban) à l'est du Μαιῶτις λίμην (Maiôtis límên ou palus Maiotis (« marais, lac ou lagune Méotide », actuelle mer d'Azov[1],[2]).
Méotes | |
Localisation des Méotes parmi les tribus scythiques (vert pâle, à l'Ouest des Sarmates) | |
Période | Antiquité classique |
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Ethnie | Scythe |
Langue(s) | Indo-iranienne |
Religion | Polythéisme, divinités anthropozoomorphes : centaures, chimères, dragons… |
Région d'origine | Steppes de l'Eurasie centrale |
Région actuelle | Russie méridionale (bassin du Kouban) |
Rois/monarques | Tirgatao |
Frontière | Scythes au Nord, Mer d'Azov à l'Ouest, Sarmates à l'Est et Sindones au Sud |
Identité
L'étymologie du nom et l'identité de ce peuple restent floues, leur langue n'ayant pas été préservée et étant inconnue à quelques toponymes et patronymes près. Les écrivains antiques les caractérisent comme « des tribus scythes ou sarmates », ce qui implique une langue probablement indo-iranienne. Cette conclusion semble confirmée archéologiquement du fait de similitudes observables entre leur culture matérielle et celle des peuples cavaliers scythiques vivant plus au Nord, en particulier dans la culture funéraire (visage et genoux à l'est), dans des céramiques qui ont été retrouvés ou des styles de vêtements, de sorte que cette hypothèse est relativement commune dans la recherche. Edward James[2] et William Smith étaient d'avis que le terme « Méotes » (Maeotians en anglais) désignait globalement divers peuples vivant autour de l'actuelle Mer d'Azov, plutôt qu'un certain peuple en particulier. Les tribus « méotes » mantionnées sont les Sindis, les Dandarides, les Toreatae, les Agri, les Arrechi, les Ixomates, les Tarpetes, les Obidiaceni, les Sittaceni, les Dosci et quelques autres[3].
Parmi elles, les Sindis sont les mieux attestés, peut-être parce qu'ils étaient dominants parmi les Méotes[4]. La langue des Méotes ou même la famille linguistique à laquelle elle appartenait est incertaine. Une princesse des Ixomates s'appelait Tirgatao[5], qui a été rapprochée du patronyme Tirgutawiya figurant sur une tablette hourrite d'Alalakh[6].
Karl Eichwald pensait que les Méotes étaient originaires du sous-continent indien[7], mais cette opinion reste minoritaire parmi les érudits. Dans une perspective protochroniste, les Circassiens modernes sont des Méotes ayant perduré jusqu'à nos jours[8].
L'université de Cambridge, pour sa part, considère les Méotes soit comme un peuple de souche cimmérienne, soit un peuple autochtone caucasien sous influence iranienne[4]. Les discussions continuent car il est fréquent dans l'Antiquité qu'une dénomination qualifie une confédération dont les tribus n'avaient pas nécessairement la même origine et la même langue.
Histoire
La première référence connue est celle du logographe Hellanicos de Lesbos[9]. Selon Strabon, les Méotes, sédentaires, vivaient en partie de la pêche et en partie de l'agriculture, mais étaient aussi belliqueux que leurs voisins nomades. En cas de disette, ils pouvaient organiser des campagnes de pillage jusqu'au fleuve Tanais (l'actuel Don) et au Bosphore cimmérien. Plus tard, surtout sous Pharnace II, Asandre et Polémon Ier , le royaume du Bosphore s'étendit jusqu'au Tanaïs et vassalisa une partie des Méotes, tandis que ceux qui s'y refusèrent furent repoussés vers l'Est où ils s'assimilèrent aux Siraques[10].
Notes et références
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle IV, 24 ; VI, 6.
- Edward Boucher James, "Maeotae" and "Maeotis Palus" in the Dictionary of Greek and Roman Geography, 1st ed., Vol. II. Walton & Maberly (London), 1857. Accessed 26 Aug 2014.
- Strabon. Geographica, xi. latin.
- Boardman et Edwards 1991, p. 572
- Polyen Stratagèmes, 8.55.
- AT 298 II.11
- Eichwald, Karl. Alt Geogr. d. Kasp. M - p. 356
- « Les tribus du Kouban (le peuple Adyghe) sont généralement désignées par les écrivains antiques sous le nom collectif de Méotes » affirme la Grande Encyclopédie soviétique - Adyghe people, et Boris Piotrovsky ajoute « L'étude de la langue, de la toponymie et de l'onomastique du nord-ouest du Caucase attribue aux terres de l'ancienne population de Méotes le spectre ethnique Adyghe-Kassogien, qui correspond également aux sites archéologiques méotes et à leurs liens avec les cultures subséquentes de l'Adyguée médiévale (Circassiens) » - Maeotae, the Ancestors of the Adgyghe (Circassians), 1998.
- La référence actuelle d'Hellanicos est Maliōtai (Μαλιῶται), que Sturz a retranscrit comme Maiōtai
- Christel Müller, D'Olbia à Tanaïs : territoires et réseaux d'échanges dans la mer Noire septentrionale aux époques classique et hellénistique, Paris 2010.