M1 Abrams

Le char M1 Abrams est un char de combat américain de deuxième génération, numéroté M1. Ce char a été nommé en mémoire du général Creighton Williams Abrams.

Pour les articles homonymes, voir M1 et Abrams.

M1 Abrams

Un M1A1 Abrams du Corps des Marines en Irak, en 2007. Ce Corps en utilise de 1990 à 2020.
Caractéristiques de service
Type char de combat
Service depuis
Utilisateurs États-Unis
Arabie saoudite
Australie
Égypte
Irak
Koweït
Maroc
Conflits Guerre du Golfe
Guerre d'Irak
Guerre d'Afghanistan
Révolution égyptienne de 2011
Guerre du Yémen
Production
Concepteur Chrysler Defense (Aujourd'hui General Dynamics Land Systems)
Année de conception 1972-1979
Constructeur Usines de chars de Detroit et de Lima
Production plus de 9 000 exemplaires
Caractéristiques générales
Équipage 4 (conducteur, tireur, chargeur et chef de char)
Longueur caisse : 7,92 m
canon compris : 9,83 m
Largeur 3,66 m
Hauteur 2,44 m
Masse au combat M1 : 54,5 tonnes
M1A1 : 56,2 tonnes
M1A1 HA : 59 tonnes
M1A1 HA+ : 61,3 tonnes
M1A1 SA : 61,3 tonnes
M1A2 : 62,1 tonnes
M1A2 SEP v1 : 61,6 tonnes
M1A2 SEP v2 : 62,5 tonnes à 64,59 tonnes
M1A2 SEP v3 : 66,76 tonnes
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Type Blindage composite de type Burlington renforcé avec des mailles en uranium appauvri.
Armement
Armement principal M1 : un canon M68A1 de 105 mm (55 obus)
M1A1 & M1A2 : un canon à âme lisse M256 de 120 mm (M1A1 : 40 obus) (M1A2 : 42 obus)
Armement secondaire
  • 1 × mitrailleuse M2HB .50 BMG (12,7 mm - 1 000 coups)
  • 2 × mitrailleuses M240 7,62 mm : une en tourelle et une coaxiale (11 400 cartouches au total)[1]
Mobilité
Moteur Turbomoteur Avco Lycoming AGT-1500
Puissance 1 501 ch (1 119 kW) à 3 000 tr/min[2]
Transmission boîte de vitesses automatique Allison X1100-3B à 6 rapports (4 AV et 2 AR), incorporant une direction hydrostatique
Suspension à barres de torsion offrant un débattement vertical de 381 mm en compression et de 101 mm détente
Vitesse sur route Sur route : M1 : 72 km/h
M1A1 & A2 : 66 km/h
En tout terrain : 48 km/h
Puissance massique de 26,9 à 23,8 ch/tonne
Réservoir de 1 885 à 1 909 
M1A2 SEP : 1 680 
Consommation M1 de 1980 :
  • l/mi sur route
  • 13,2 l/mi tout terrain.
Autonomie M1 : 498 km
M1A1 : 479 km
M1A1 HA : 465 km
M1A2 : 426 km
M1A2 SEP : 391 km

Historique

Le prototype du XM1 de chez General Motors.

En , une équipe de travail fut constituée, à Fort Knox, pour concevoir le nouveau char de combat MBT (en anglais : Main Battle Tank, char de combat principal). Les objectifs fixés pour ce nouveau char étaient, entre autres et par ordre d'importance, la sécurité de l'équipage, la possibilité de coup au but dès le premier tir, la rapidité pour acquérir et frapper l'objectif, la mobilité tout terrain, l'intégration d'un armement secondaire, la sécurité du matériel, le potentiel de développements ultérieurs et la facilité de transport. L'armée des États-Unis demanda des prototypes à General Motors et à Chrysler. Cette compétition devait permettre d'obtenir les meilleures solutions pour des coûts moindres. Le nouveau char de combat fut initialement nommé XM 815. En eut lieu la guerre du Kippour au Proche-Orient. Il fut alors indispensable d'inclure dans le projet XM 815 toutes les leçons tirées de ce conflit. Une des nouveautés majeures dans cette guerre fut le large usage fait de missiles antichar AT-3 et de lance-roquettes antichar RPG-7 d'origine soviétique. Cependant, l'enseignement le plus important tiré de cette guerre est que le char de combat restait l'arme dominante sur le champ de bataille. On relança le projet du nouveau char américain, rebaptisé XM-1.

Un des douze XM1 FSED de pré-production, en essais à Fort Knox, le 12 janvier 1979.

General Motors et Chrysler continuèrent à travailler sur leur prototype, y incorporant le blindage Burlington. Les premiers exemplaires pour la phase de validation apparurent entre janvier et . Finalement, le , Chrysler fut déclaré titulaire pour le développement du projet. Les premiers prototypes (XM-1) roulèrent en et la production en petites quantités du XM-1 débuta le . Le premier char de série fut livré le à Lima Arsenal Tank Plant. En , sa production à grande échelle fut acceptée et on lui donna le nom de char de combat à canon de 105 mm « M1 Abrams », en honneur du chef de bataillon de la 4e division blindée durant la Seconde Guerre mondiale puis chef d'état-major de l'US Army en 1972, Creighton Abrams, un des fervents partisans du projet XM-1. En 1982, le Detroit Tank Arsenal entama également la production de ce char.

La première phase dans l'évolution du M1 fut l'apport du canon de 105 mm amélioré. La seconde fut l'installation d'une version simplifiée du canon Rheinmetall de 120 mm allemand, qui aboutit à la version M1A1 en . En , apparut une nouvelle version, le M1A1 HA (de l'anglais : « Heavy Armor », blindage lourd), qui incorporait au blindage une couche spéciale de mailles d'uranium appauvri pour doubler la protection contre les obus de types SABOT ou APFSDS (pour Armor-Piercing Fin-Stabilized Discarding Sabot). Il commença ensuite à être remplacé sur les chaînes de montage du Detroit Arsenal (Warren, Michigan) et du Lima Arsenal Tank Plant (en) ou il sortait à raison 60 chars par mois et par usine au fort de la production dès 1985 par des versions améliorées. Entre 1986 et 1990, 840 chars furent produits annuellement pour l'United States Army et, entre 1991 et 1992, il fut produit 691 exemplaires pour le Corps des Marines[3].

En 2012, le Joint Systems Manufacturing Center de General Dynamics, connu auparavant sous le nom de Lima Army Tank Plant (en) était la seule usine d'assemblage de ce char en activité, reconditionnant les chars livrés aux forces des États-Unis et livrant des exemplaires neufs seulement pour l'exportation. Employant jusqu'à 5 000 personnes, son personnel en était de 900 personnes et sa fermeture était alors envisagée pour 2018[4]. La production maximale du site est estimée à 70 unités par mois[5] (soit 840 à l’année). L'effectif a baissé pour atteindre 441 employés en 2016, mais grâce aux commandes de plus de 87 « M1A2 SEP v3 » en 2017 et de 137 « SEP v3 » en 2018 provenant de véhicules mis en réserve, l'effectif de l’usine est élevé à 573 fin 2018 et devrait dépasser les 1 000 en 2019[6], cette version entre en service en mai 2020 et 550 sont en unités fin 2021 alors qu'Australie, Taiwan et Pologne veulent en acquérir. Une version nommée « M1A2 SEP v4 » est en préparation pour les années 2020[7].

Des mises à jour périodiques ont lieu, et dans les années 2010, on pense entre autres à tester un moteur Diesel plus économe. Le M1A1 est prévu pour rester en service aux États-Unis jusqu'en 2021, et le M1A2 jusqu'en 2050.

Armement

M1 et IPM1

Le modèle original du Abrams ainsi que le IPM1 étaient armés d'un canon M68A1 de 105 mm. Le M68A1 se diffère visuellement du M68E1 armant le char M60A3 par son miroir de volée monté à son extrémité, il permet le simbleautage avec le viseur du tireur. Le tube du canon est recouvert d'un manchon anti-arcure en aluminium. Conçu à la fin des années 70, le M68A1 fut conçu avec une culasse renforcée dans l'optique de tirer, dans le futur, des munitions flèches utilisant des poudres très énergétiques comme l'obus-flèche M900A1 qui entrera en dotation en 1990.

Un total de 55 obus de 105 mm étaient embarqués à bord du char dont 44 en tourelle (22 prêts à l'emploi), dans deux soutes à munitions blindées. L'accès à ces soutes se fait au moyen de deux portes coulissantes blindées à ouverture commandée. En cas d'incendie, la déflagration est évacuée grâce à l'éjection de trois panneaux anti-explosion situés dans le toit, au-dessus des soutes.

La caisse abrite une troisième soute à munitions, d'une capacité de huit obus, située le long du compartiment moteur. Elle possède également une porte coulissante blindée et deux panneaux anti-explosion.

Enfin, trois obus sont placés sur le plancher rotatif de la tourelle, aux pieds du chargeur, dans des étuis pare-éclats.

M1A1 et M1A2

En septembre 1981, le canon à âme lisse allemand Rh-120 de 120 mm fut choisi, dans le cadre du programme d'amélioration Block I, pour armer la future version du char Abrams. Produit sous licence à l'arsenal de Watervliet, le canon M256 était une version modifiée du canon Rh-120, il se différenciait du modèle allemand par son lien élastique constitué d'un unique gros ressort faisant à la fois office de frein de tir et de récupérateur. Le prototype du canon, appelé alors XM256 fut testé sur les deux chars prototypes M1E1 construit en mars 1981[8].

Le M1A1 embarque 40 obus de 120 mm, les deux soutes à munitions dans la nuque de la tourelle en contiennent chacune 17 et la soute du châssis 6. Le nombre de panneaux anti-explosion sur le toit de poche arrière passe de trois à deux panneaux.

Le M1A2 embarque 42 obus, les deux râteliers en nuque de tourelle ont été modifié pour faire passer leur capacité de 16 à 18 obus.

Secondaire

Le tourelleau télé-opéré stabilisé SCWS monté sur un M1A1 du corps des Marines.

L'armement secondaire est constitué de deux mitrailleuses M240 de 7,62 mm, la première est installée sur le toit de la tourelle et montée sur un rail circulaire qui entoure la trappe du chargeur.
La deuxième est montée coaxialement à l'armement principal, à droite du canon. Un total de 11 400 cartouches de 7,62 mm sont embarquées à bord.

Une mitrailleuse lourde M2HB de 12,7 mm est montée sur le tourelleau CWS (Commander's Weapon Station) du chef de char, elle est opérée sous blindage par le chef de char par l'intermédiaire d'un viseur périscopique monoculaire. Le tourelleau CWS pivote sur 360° grâce à une motorisation électrique, l'élévation de la mitrailleuse se fait manuellement à l'aide d'un petit volant de pointage permettant un débattement en site de -10° à +65°. 1 400 cartouches de 12,7 mm sont emportées à bord.

Sur le M1A2, la mitrailleuse M2HB est désormais montée sur une rotule placée devant le nouveau tourelleau ICWS (Improved Commander's Weapon Station), ce qui contraint le chef de char à exposer son buste à l'extérieur de la tourelle pour la mettre en œuvre. Ce tourelleau fixe offre une meilleure vision périphérique (étoile de vision comprenant huit épiscopes) mais l'encombrement du moniteur TV affichant l'image filmée par le viseur thermique panoramique CITV empêche sa rotation.

Entre 2005 et 2010, 386 M1A1 du corps des Marines ont été revalorisés[9] au standard M1A1 FEP qui comprenait un tourelleau stabilisé SCWS (Stabilized Commander's Weapon Station) conçu par la société MERRILL[10]. Il est équipé, entre autres, d'un FLIR.

Le M1A2 SEP v2 possède un tourelleau télé-opéré M153 CROWS II (Common Remotely Operated Weapon Station) monté sur la niche du viseur du tireur, il permet, à nouveau, d'utiliser, sous blindage, la mitrailleuse de 12,7 mm.

Le M1A2 SEPv3 possède un nouveau tourelleau télé-opéré M153A1E1 CROWS-LP (Low-Profile), plus compacte.

Munitions

Il existe, en 2015, treize variétés d'obus de 120 mm pour faire face à diverses situations, dont onze produites par Orbital ATK qui en a fabriqué à cette date plus de quatre millions (munitions réelles et d'entrainement)[11]. L’obus M829A1 (en), mis en service à la fin des années 1980, a une masse de 20,9 kg et une longueur de 984 mm. Il utilise un pénétrateur à uranium appauvri à une vélocité de 1 575 m/s, pour une portée maximale de 3,5 km, et est capable de percer 650 mm d'acier à une distance de 3 000 m[12]. Le M829A3, entré en service en 2003, peut percer environ 790 mm de blindage homogène laminé (OTAN) sous une incidence de 60º et à une distance de 2 000 mètres, la portée usuelle étant de km[13]. La 4e génération de cet obus, le M829A4, est entrée en production en 2016[11].

Un prototype d'obus XM1111 Mid-Range Munition (en), tiré par le canon d'un M1 Abrams, a été capable de détruire un T-72 à 5 000 mètres en décembre 2008[14]. Cette munition, qui a une portée maximale de 12 km, devait entrer en production en 2013[15] mais a été abandonnée en 2009[16].

Un obus polyvalent, le « XM1069 Advanced Multi-Purpose », est développé depuis fin 2006 pour remplacer quatre différents obus explosifs et antipersonnel. Il doit, en outre, être capable de mettre hors de combat une équipe de lanceurs de missiles antichars placés à une distance allant de 50 à 2 000 m[17]. Prévu à l'origine pour une mise en service à la fin des années 2010, celle-ci a été décalée en 2019[18] pour une entrée en service en [19]. Les premiers tirs par deux équipages d'une unité opérationnel ont lieu en septembre 2021[20].

Munitionnaire

Munitions utilisées par les M1A1 et M1A2 en service dans l'US Army[21]
Munition Type Description Effets Poids du projectile Vélocité Charge explosive Type percuteur Poids total de la munition Longueur hors tout
Obus perforants
M829 Obus-flècheEntré en dotation en 1984, le projectile comprend un sabot en aluminium constitué de quatre pétales ainsi que d'une flèche constituée d'un barreau monobloc en uranium appauvri.Perce 540 mm d'acier à blindage laminé à 2 000 m[22]7,3 kg (barreau saboté) 4,27 kg (flèche)1 670 m/snon équipénon équipé18,7 kg.
M829A1 Obus-flècheEntré en dotation en 1988, afin d'augmenter la longueur perforée à l'impact, l'allongement est revu à la hausse et le barreau est fait d'un nouvel alliage d'uranium appauvri. Surnommé « Silver Bullet » par les tankistes américains durant l'opération Tempête du désert..7,2 kg (barreau saboté) 4,6 kg (flèche)1 575 m/snon équipénon équipé20,9 kg984 mm
M829A2 Obus-flècheEntré en dotation en 1993, cet obus-flèche est spécialement conçu pour mettre en échec le blindage réactif explosif lourd de type Kontakt 5 grâce à l'utilisation d'une minuscule tige située sous la coiffe balistique, cette dernière perforant les couches explosives sans les faire détonner, permettant au reste du barreau d'outrepasser ces dernières..7,9 kg (barreau saboté) 5,5 kg (flèche)1 680 m/snon équipénon équipé..
M829A3 Obus-flècheEntré en dotation en 2003, afin de mettre en échec les blindages réactifs explosifs lourds, la pointe en acier qui constitue l'extrémité du barreau en uranium appauvri est conçue pour se rompre lorsque cette dernière rencontre la plaque métallique projetée par l'explosion du blindage réactif explosif. Surnommé « Super Sabot » par les tankistes américains..10 kg (barreau saboté) kg (flèche)1 555 m/snon équipénon équipé22,3 kg892 mm
M829A4 Obus-flècheLe culot métallique de la munition comporte un système de liaison de données, le barreau en uranium appauvri est multi-segmenté afin de mettre en échec les blindages réactifs explosifs lourds de nouvelle génération. Masse et encombrement similaires à son prédécesseur. Entré en dotation en [23]...non équipénon équipé..
Obus à charge creuse
M830 Obus explosif à charge creuseEntré en dotation en 1984, version américanisée de l'obus explosif à charge creuse DM12A1 ouest-allemand.> 450 mm à toutes distances13,5 kg1 140 m/s1 662 g.24,2 kg981 mm
M830A1 Obus explosif à charge creuse à sabot détachableEntré en dotation en 1994, sa portée utile de combat est supérieure à celle du M830 grâce à l'utilisation d'un projectile sous-calibré de 80 mm, il possède aussi une capacité anti-hélicoptères grâce à sa fusée de proximité350 mm à toutes distances11,4 kg1 400 m/s<1 300 g.22,3 kg982 mm
Obus explosifs / antipersonnel
M908 Obus brisant à sabot détachableEntré en dotation en 2003, il est identique à ma munition M830A1 à l'exception de sa charge militaire et de sa fusée d'impact.Effets anti-structures bétonnées supérieurs à l'obus à tête d'écrasement de 165 mm M123 HEP[24]11,4 kg1 400 m/s<1 300 gÀ retardement22,3 kg982 mm
M1147 Obus explosif à fragmentationEn cours de développement.Perce le flanc de la tourelle d'un char moyen T-55 à distance de combat...Programmable..
M1008 Obus à effets canalisésEntré en dotation en 2005.Projette un nuage constitué de 1100 billes en tungstène jusqu'à une distance de 700 m.11 kg1 410 m/snon équipénon équipé22,9 kg.
Tir du canon de 120 mm, vu de la tourelle lors d'un exercice à Djibouti en 2010.

Conduite de tir

Pour la visée de jour, le tireur dispose du Gunner's Primary Sight (GPS, littéralement « Viseur Principal du Tireur»). Conçu par Hughes, ce viseur jour/nuit possède un grossissement en voie jour de ×3 en grand champ et un de ×10 en petit champ. La visée de nuit s'effectue du Thermal Imaging Sight (TIS) qui fonctionne sur base de l'imageur thermique AN/VSG-X, le TIS offre un grossissement ×3 et ×10 en fonction zoom. Le GPS inclut un télémètre fonctionnant avec un laser Nd-YAG fonctionnant sur une longueur d'onde 1,06 μm. Ce télémètre est relié à un ordinateur balistique. Sur le M1A2, un nouveau télémètre laser est installé, fonctionnant sur une longueur d'onde de 1,54 μm, inoffensive pour les yeux. Le GPS et le TIS sont tous les deux stabilisés sur le plan vertical, et sur le M1A2, ils le sont sur le plan vertical et azimutal (en site et en gisement) sous la désignation GPS-LOS (Line Of Sight). Ces deux viseurs sont montés côte à côte dans une niche blindée donnant sur le toit, à l'avant à droite de la tourelle. Si le viseur principal est endommagé, le tireur peut toujours compter sur un viseur télescopique d'urgence Kollmorgen possédant un agrandissement de ×8. Ce viseur de secours possède plusieurs réticules interchangeables en fonction du type de munition.

Sur le M1A2, le chef de char dispose d'un viseur panoramique CITV (Commander's Independent Thermal Viewer : Vision thermique indépendante du chef de char). Conçu par Raytheon, il comprend une caméra thermique montée sur un support rotatif stabilisé en site et en gisement.

La conduite de tir comprend un calculateur balistique numérique relié à un télémètre laser, à un capteur de dévers monté une rampe à pendule statique, à un miroir de volée placé au bout du canon et une sonde anémométrique, qui comprend aussi des capteurs mesurant la température et la pression atmosphérique. La stabilisation du canon est assurée sur les deux plans par un système hydroélectrique, la marge d'erreur est comprise entre 0,15 et 0,20 mil pour la stabilisation verticale, et de 0,3 à 0,4 mil sur le plan azimutal. Au début des années 1980, l'Abrams était capable, avec son canon de 105 mm, de porter un coup au but au premier tir, sur une cible distante de 1 850 m tout en se déplaçant à une vitesse de 40 km/h sur un terrain accidenté[3].

Protection

Passive

Blindage réactif ARAT-1 fixé sur les jupes latérales d'un M1 équipé du kit de combat urbain TUSK en 2007 en Irak.

La caisse et la tourelle du Abrams sont réalisées par un assemblage de plaques de blindage mécano-soudées en alliage d'acier HY-120 ayant une dureté de 350 HB. Le masque du canon, la partie avant de la tourelle, ses flancs ainsi que l'avant de la caisse renferment des caissons abritant un blindage composite dénommé special armor[25].

Des pré-blindages latéraux protègent les flancs de la caisse sur une partie de sa longueur, ils sont au nombre de deux sur le côté gauche et de quatre sur le côté droit (afin de protéger la soute à munition située entre le compartiment de combat et le compartiment moteur), chaque élément fait 70 mm d'épaisseur et renferme une succession de couches métalliques séparées par un matériau composite de la firme Corning[26]. Le reste du train de roulement est protégé par de fines jupes en acier (trois à droite et cinq à gauche), plus légères, ayant spécifiquement comme but de faire détoner prématurément les projectiles à charge creuse afin de limiter leur efficacité.

M1

Le tout premier modèle du Abrams intègre un blindage composite surnommé BRL-1 (Ballistic Research Laboratory ou BuRLington), il est constitué d'une succession de plaque accélérées par choc (PAC) agencées à la manière de persiennes à claire-voie, cet assemblage maintenu par des éléments cylindriques, est fixé a des poutrelles en I soudées sur la base de la tourelle, l'ensemble est recouvert d'une carapace en acier haute dureté formant l'extérieur de la tourelle et de l'avant de la caisse.

Les modules de blindage composite protégeant les flancs des deux soutes à munitions de la tourelle renferment également des plaques d'arrêt en fond de caisson afin de stopper les éléments des projectiles qui n'auraient pas été cisaillés par les plaques accélérées par choc.

Le niveau de protection exigé lors du développement du char stipulait que l'avant du char M1 devait résister, dans un secteur frontal de 25° à droite et à gauche de l'axe du canon, à des obus-flèche de 115 mm à noyau en tungstène tirés à une distance 800 mètres ainsi que des missiles antichars à charge creuse d'un calibre de 127 mm. Le compartiment de combat devait être à l'épreuve des projectiles antichars à charge creuse de 81 mm frappant le char avec une incidence de 45° et de 90° pour la nuque de la tourelle. Les parties du char non-protégées par le blindage composite tels que l'arrière de la caisse, de la tourelle ou encore le toit résistaient aux obus perforants de 23 mm[8].

Afin de simuler ces menaces contre le blindage du prototype XM1, le Ballistic Research Laboratory conçu spécifiquement des charges creuses de 81 mm et 127 mm capable de percer, respectivement, 191 mm et 318 mm d'acier à blindage, sous une incidence de 60°. Les performances de l'obus-flèche soviétique de 115 mm étant interprêtées par l'obus-flèche XM579E4 tiré par le canon XM150E6 de 152 mm du prototype de char XM803, cette munition était capable de perforer, à la vitesse d'impact de 1 470 m/s, 161 mm d'acier à blindage sous une incidence de 60°.

IPM1 et M1A1

L'IPM1 (Improved Performance) et le M1A1 (introduits respectivement en et ) possèdent un blindage composite amélioré appelé BRL-2, leurs tourelles sont rallongées sur l'avant de 23 cm afin de pouvoir contenir un blindage composite plus volumineux.

M1A1 HA

Les M1A1 produits à partir d' furent appelés M1A1 HA Heavy Armor après avoir reçu un blindage composite de nouvelle génération à base d'uranium appauvri appelé Heavy Armor Package (HAP). La dureté et la densité de l'uranium appauvri permettent d'accroître considérablement la résistance du char face aux obus-flèches. L'uranium appauvri est présent sous forme de plaques dont l'épaisseur peut atteindre 15,8 mm qui sont maintenues entre-elles par des plaques en acier. Les caissons renfermant ce type de blindage sont fait en acier inoxydable et monté dans la face avant de la tourelle, à l'exception du masque.
Il est à noter que cinq M1A1 HA utilisés dans les écoles de cavaleries possèdent également de l'uranium appauvri dans le caisson à blindage composite située à l'avant de la caisse[27].

M1A2

Illustration des différents composant du kit de combat urbain TUSK sur un M1A2.

Le M1A2 possède une version améliorée du blindage HAP intégrant également de l'uranium appauvri.
Entre 2001 et 2010, les flancs de la tourelle de 325 M1A2 ont été doté d'un nouveau blindage composite offrant une protection accrue contre les roquettes antichar plus performantes qu'une roquette de RPG-7[28].


Dans le cadre du programme TUSK, les Abrams opérant en milieu urbain peuvent recevoir 62 blocs de surblindage réactif explosif M19 ARAT-1[29] ayant chacun une masse de 29,4 kg. En supplément, les flancs du char peuvent aussi recevoir 85 tuiles réactives explosives ARAT-2, d'une masse de 15,4 kg chacune. Portant l'appellation M32 Scutum, elles sont optimisées pour mettre en échec les engins explosifs improvisés utilisant des charges génératrices de noyaux. Éventuellement, une grille anti-RPG amovible peut venir recouvrir l'arrière de la caisse au niveau de l'échappement du turbomoteur et des radiateurs de la boîte de mécanisme. Pour améliorer sa résistance aux engins explosifs improvisés, le char peut recevoir une plaque ventrale incurvée en titane, pesant 1 260 kg, similaire à celles utilisées sous certains M551 Sheridan au Viêt Nam.

Active

Une rangée de six lance-pots fumigènes (huit sur les M1A1 des Marines) est montée de chaque côté de la tourelle[30]. Il est aussi possible d'installer sur le M1A1 un brouilleur électro-optique Loral AN/VLQ-6 Hardhat sur l'emplacement initialement réservé a l'éventuelle installation d'un viseur panoramique[31].

Le , un contrat de 195 millions de dollars américains pour l'installation au plus tôt du système de protection active israélien Trophy permettant de détecter et de détruire en vol des roquettes et missiles antichars avant qu'ils ne frappent le char[32]. En , il est prévu que cela concerne une première tranche de 261 M1A2 Abrams[33] soit quatre brigades. Les premières livraisons ont lieu en [34].

Mobilité

Turbomoteur

Dépose du groupe motopropulseur d'un M1A1 du Corps Marines, à Twentynine Palms en 2015.

Le char de combat Abrams est propulsé par un turbomoteur AVCO Lycoming AGT-1500 (Army Gas Turbine ou Advanced Gas Turbine) dont la puissance nominale est de 1 522 ch (1 120 kW) à un régime de 3 000 tr/min[35]. Un couple maximal de 5 355 N m est disponible dès 1 000 tr/min[35]. Le poids à sec du turbomoteur, sans le filtre à air, est de 1 134 kg, le poids total du groupe motopropulseur étant de 4 835 kg (boîte de mécanisme comprise).

La consommation spécifique de carburant est de 300 g/kWh à pleine puissance, réduite à 274 g/kWh depuis l'installation d'une nouvelle unité de contrôle du moteur numérique Lycoming EA-J7 DECU (Digital Electronic Control Unit) remplaçant l'ancienne ECU (Electronic Control Unit) à fonctionnement analogique[35]. Un échangeur de chaleur cylindrique en alliage de nickel IN625 conçu par la firme Solar Turbines est accouplé à la turbine, il réduit la température des gaz d'échappement à 499 °C.

Au début de l'année 2006, Honeywell a lancé le programme TIGER (Total Integrated Engine Revitalization) visant à doubler la durée de vie de l'AGT-1500 en la faisant passer à 1 400 heures[35].

Transmission

Gros plan sur le guidon du conducteur et du levier de changement de vitesse.

La boîte de mécanisme Allison X1100-3B est une version modifiée de la série de transmission X1100, elle est spécialement conçue pour être utilisé avec la turbine à gaz AGT1500 montée sur le M1 Abrams. Outre le fait de reprendre la fonction de transmission d'une boîte de vitesses, la boîte de mécanisme assure aussi la direction, le freinage ainsi que l'alimentation des ventilateurs assurant le refroidissement. Les ventilateurs installés de part et d'autre de l'échappement de la turbine sont utilisés pour refroidir le lubrifiant de la turbine ainsi que celui de la boîte de mécanisme. En outre, il est possible de générer un écran de fumée à l'aide du ventilateur gauche, en vaporisant du carburant dans l'échangeur de chaleur servant à refroidir l'huile de la boîte de mécanisme. Le freinage est assuré par des freins à disque à bain d'huile actionnés hydrauliquement, qui sont aussi utilisés comme frein de stationnement.

La boîte de mécanisme X1100-3B est une transmission automatique, les positions du sélecteur sont repérées par les initiales des termes anglais correspondants :

  • N(eutral), pour point mort : il n'est pas possible de déplacer le char en avant ou arrière. Par contre, il est capable de pivoter ;
  • R(everse), pour marche arrière : deux rapports sont disponibles ;
  • D(rive), pour marche avant normale : se faisant à l'aide de quatre rapports ;
  • L(ow), pour basse vitesse : comme pour la position Drive, elle se fait à l'aide de quatre rapports, la vitesse de pointe est faible et le couple est plus important.

Suspension

Le train de roulement de type Vickers à sept galets, avec deux rouleaux porteurs par chenille pour supporter le brin supérieur. L'Abrams utilisait initialement les chenilles à connecteurs T156 dérivées des T97 du char M60 Patton. En raison de l'usure excessive des T156 qui affichaient une durée de vie comprise entre 1 100 km et 1 200 km, le TACOM lança en juillet 1987 un programme pour remplacer les chenilles T156. La chenille T158 conçue par la FMC Corporation en collaboration avec Goodyear fut sélectionnée en juillet 1988, bien que chaque paire étant 1 360 kg plus lourde, la T158 a l'avantage d'avoir une durée de vie de 3 400 km et des semelles en caoutchouc remplaçables[36]. Les chenilles T156 et T158 ont une largeur de 635 mm (standard OTAN) et possèdent chacune 78 patins.

La suspension comprend quatorze barres de torsion faite d'un acier spécial à haute résistance leur donnant une bonne élasticité. Elles permettent un débattement vertical de 381 mm en compression et de 101 mm détente pour un total de 482 mm. Les premiers, deuxièmes et septièmes galets de roulement comportent un amortisseur rotatif monté autour de la fixation du bras oscillant de suspension.

Coût

Le prix unitaire d'un char M1A1 était évalué à 5,3 millions de dollars américains en [37]. En 2012, il a été estimé à 7,5 millions de dollars. Le reconditionnement de 42 chars pour l'armée de terre des États-Unis, cette année, fut effectué pour un coût de 6,07 millions de dollars l'unité[5]. Début 2021, le Government Accountability Office a évalué le coût unitaire d'un M1A2 SEP v3 à 12,5 millions de dollars[38].

Utilisateurs

M1A1M Abrams en service en Irak, lors d'un défilé en janvier 2011.
Un Abrams australien, en 2011, lors de l'exercice militaire américano-australien Talisman Sabre.
Abrams de l'armée égyptienne, déployé lors de la révolution égyptienne de 2011.
  • États-Unis : En 2009, l'US Army et l'US Marine Corps disposaient de 8 725 exemplaires de M1, M1A1 et M1A2 en inventaire[1],[39] :
    • US Army :
      • 1 547 exemplaires des M1A2 et M1A2SEP[1] ;
      • 4 393 exemplaires du M1A1[1] ;
      • 2 385 exemplaires du M1 (en réserve).
En 2020, il est prévu un total de 16 brigades blindés, 11 dans l'active et 5 dans l'Army National Guard[40]. La version M1A2SEPv3 entre en service en mai 2021, 550 unités sont a ce niveau fin 2021, 70 autres commandés pour 2022[41]
  • US Marine Corps :
    • 403 exemplaires du M1A1[1] (pris sur les stocks de l'US Army depuis 1990).
En , il a été annoncé le retrait de ces chars et la dissolution des trois bataillons de chars de l'USMC, le retrait a lieu en pour les deux bataillons d'active[42], les derniers chars sont retirés le . Ils sont reversés à l'US Army au sein desquels ils serviront de réserve pour les opérations de maintenance et de modernisation[43] .
En 2012, plus de 3 000 M1 étaient mis sous cocon au Sierra Army Depot (en) dans le désert dans le comté de Lassen, en Californie, et l'US Army déclarait qu'elle en voulait 2 384 en service pour la fin 2013[5],[44],[45].
  • Arabie saouditeForces armées saoudiennes : 373 exemplaires en 2006[46] qui sont améliorés dans la configuration M1A2S[46].
  • AustralieAustralian Army : 59 exemplaires de la version M1A1 SA (hybride avec un mélange d'équipements utilisé par les chars de l'US Army et du Corps des Marines, sans blindage en uranium appauvri) et 13 véhicules de récupération de chars M88A2 Hercules achetés en 2006. Ils remplacent le Leopard AS1 en 2007[47],[48]. Le 10 janvier 2022, l'achat de 75 chars de combat M1A2 SEPv3 Abrams, 17 ponts mobiles M1074, 29 engins blindés du génie M1150 Assault Breacher et de 6 véhicules de récupération de chars M88A2 Hercules est confirmé. Livraison à partir de 2024.
  • ÉgypteArmée égyptienne : 1 005 exemplaires du M1A1 commandés en 2010. Ces chars sont coproduits dans ce pays à partir de kits américains par les usines de l'armée égyptienne[49],[50]. 125 autres chars ont été commandés en 2011[51],[52]. Un total de 1 130 exemplaires est prévu pour 2016[53].
  • IrakForces armées irakiennes : 140 exemplaires M1A1 M (dégradé, sans blindage en uranium appauvri) ont été livrés entre 2010 et 2011 à l'Irak pour un montant de 860 millions de dollars, financés à moitié par les autorités irakiennes et à moitié grâce à l'aide financière américaine. L'objectif est d'en acquérir finalement 700. L'Irak à loué 22 M1A1 de l'US Army pour l'entrainement en 2008[54],[55],[56]. Les 11 premiers ont été livrés en [57] et les 9 derniers début [58]. À l'origine, quatre régiments de chars de la 9e division mécanisée disposent chacun de 35 M1A1 et 2 véhicules de dépannage lourds M-88A2[59]. 190 autres M1A1 devraient être livrés, selon un accord de [60].
  • Taïwan - Armée de terre de la république de Chine : 108 M1A2T commandés 2019. Premières livraisons planifiées en 2022[61]
  • KoweïtForces armées koweïtiennes : 218 exemplaires du M1A2 (dégradé, sans blindage en uranium appauvri)[62],[63]. À la suite d'un accord en 2018, ils sont modernisés au standard M1A2K (M1A2 SEP V2 incluant des modifications demandées par l’Émirat) dont les premiers sont livrés en [64].
  • Maroc - Armée royale marocaine : 222 exemplaires du M1A1 SA (Situational Awareness), contrat passé le [65],[66]. En , on annonce que les 50 premiers sont livrés d'ici [67]. 150 autres d'occasion seront portés au standard SA et livrés entre et [68]. Un autre contrat fût signé en pour 162 M1A2M additionnels .
  • Pologne : 250 M1A2 SEPv3 commandés le pour renforcer les capacités des forces armées polonaises, dans le cadre de l'escalade des tensions avec la Russie, relatives à l'invasion de l'Ukraine[69].

En opérations

Son baptême du feu eût lieu en 1991 lors de la guerre du Golfe, où il s'est très bien comporté face à une force mécanisée conventionnelle, en ne subissant que dix-huit incidents de combat signalés dans l'opération Tempête du désert, neuf d'entre eux sont des pertes permanentes (dues à des tirs amis). Les dégâts sur les neuf autres Abrams M1 sont principalement du à des mines, et réparables au niveau de la maintenance organisationnelle[70],[71],[72]. Ils ont tiré en quatre jours d'offensive terrestre un total de 14 061 obus de 120 mm[70].

À partir de 1995, l'armée américaine et les Marines américains l'employèrent en Bosnie-Herzégovine, puis en 1999 au Kosovo. En 2003, lors de l'invasion de l'Irak, 1 100 M1A1 furent engagés, causant des ravages dans l'armée régulière irakienne. Le 5e corps d'armée des États-Unis tirant 1 576 obus de 120 mm durant les 21 premiers jours de l'invasion[70], mais en deux ans d'opérations de guerre dite « asymétrique », 80 chars furent tellement endommagés qu'ils durent être ramenés aux États-Unis, avec 5 membres d'équipage tués à l'intérieur des chars et 10 en partie à l'extérieur. Même si l'énorme majorité des quelque 770 Abrams touchés en Irak n'ont subi que des dommages mineurs, alors qu'ils étaient la cible privilégiée du feu ennemi pour des raisons symboliques, ces chiffres montrent un problème certain. Des modifications ont eu lieu afin de mieux l'adapter à la guerre urbaine. Il s'agit du programme TUSK (Tank Urban Survival Kit, kit de survie du char en milieu urbain), ceux-ci commandés à partir de 2006 à alors 505 exemplaires équipent à partir de 2008 tout les Abrams en Irak[73].

Dans le cadre de la Seconde Guerre civile irakienne, plusieurs engins de l'armée de terre irakienne ont été endommagés ou capturés par les insurgés. L'État islamique a détruit un minimum de sept M1A1 et deux qui ont été capturés intacts ont été dépouillés de leurs mitrailleuses et des munitions associées, avant d'être détruits par le feu[74].

Versions

M1 avec un canon de 105 mm en Allemagne de l'Ouest en 1986.

M1

  • M1 : version initiale, avec le canon de 105 mm et la tourelle « courte », 3 273 exemplaires produits de 1979 à 1985.
  • IP M1 (Improved Performance) : un nombre limité d'exemplaires ont été produits en 1984. La tourelle est allongée pour accueillir un volume de blindage composite plus important sur sa face avant.

M1A1

  • M1A1 : nouveau canon à âme lisse M256 de 120 mm, installation de nouveaux panneaux anti-souffle et d'un nouveau système NBC fonctionnant par surpression. Fixation d'un panier de rangement sur la nuque de la tourelle. Modèle produit de 1985 à 1992, à raison de 4 976 exemplaires.
  • M1A1 HA (Heavy Armor) : introduction d'un maillage en uranium appauvri dans les modules de blindage protégeant la face avant de la tourelle.
  • M1A1 HA+ : désignation non officielle du M1A1 HA possédant un nouveau maillage en uranium appauvri de 2e génération.
  • M1A1 HC (Heavy Common) : essentiellement un M1A1 HA+ avec un tableau de bord à affichage numérique.
  • M1A1 D (Digital) : remise à niveau de certains M1A1 HC pour atteindre un degré de sophistication similaire au M1A2 SEP.
  • M1A1 AIM (Abrams Integrated Management) : intégration du système de communication et de gestion du champ de bataille FBCB2, comprenant un système de pilotage par carte 3D Blue Force Tracking affichant les chars alliés environnants. Le viseur TIS est remplacé par le viseur ITSS (Improved Thermal Imaging System), doté une nouvelle caméra thermique. L'affût pour la mitrailleuse lourde télé-opérée installée sur le toureleau du chef de char est équipé d'un gyrostabilisateur et reçoit une caméra thermique. Un téléphone est monté extérieurement pour communiquer avec l'infanterie. Le M1A1 AIM dispose aussi du système FTL (Far Target Locator), il permet au tireur du char de déterminer la position d'une cible visée. Le FTL est intégré au viseur thermique et au télémètre laser et est relié au GPS ainsi qu'à une boussole numérique. La précision est de 35 m à une distance de 8 000 m. Ce système permet aussi d'élaborer des solutions balistiques pour un futur tir d'artillerie.
  • M1A1 SA (Situational Awareness) : version améliorée du M1A1 AIM. Selon les prévisions en 2019, doit être retiré en 2025.
  • M1A1 M : version du M1A1 SA destinée au marché de l'exportation. 140 M1A1M équipent les nouvelles forces armées irakiennes[75].

M1A2

M1A2 des forces armées du Koweït en 2011.
  • M1A2 : La protection est améliorée, le blindage de type Burlington laisse place à une composition similaire au blindage Chobham. Le maillage en uranium appauvri est considéré comme de deuxième génération à la suite d'un nouvel agencement. Au niveau des optiques et de l'armement, il y a quelques changements : Le chef de char a à sa disposition un viseur panoramique CITV à vision thermique installé devant la trappe du chargeur. Ce viseur, ainsi que celui du tireur, sont stabilisés sur les deux plans, facilitant le tir en mouvement lorsque le char évolue dans un terrain inégal. Le tourelleau du chef de char, avec sa mitrailleuse montée sur affût télé-opéré, est remplacée par un nouveau tourelleau fixe possédant des épiscopes plus grands pour une meilleure visibilité, sa mitrailleuse lourde est montée sur un pivot. Le conducteur dispose d'un imageur thermique AN/VSS-5 ou AN/VAS-3, améliorant la conduite de nuit. L'électronique a subi aussi des changements : ajout d'un système de navigation inertielle POS/NAV (Position/Navigation), d'un système de partage d'informations IVIS (Intervehicular information system). Modèle produit de 1992 à 1999.
  • M1A2 SEP (System Enhancement Package : nouveau maillage en uranium appauvri de 3e génération, affichage d'informations sur des écrans plats, la conduite de tir est améliorée, grâce à l'ajout de nouveaux microprocesseurs capable de stocker plus de données, meilleure ergonomie des commandes, amélioration des systèmes d'imagerie thermique. Installation du système FTL (Far Target Locator) utilisé aussi sur le M1A1 AIM. Un groupe auxiliaire de puissance de 254 kg, désigné UAAPU (Under Armor Auxilliary Power Unit, unité de puissance auxiliaire sous blindage) est installé dans le déport de caisse gauche, juste au-dessus du barbotin. Un réservoir de carburant d'une capacité de 230 litres occupait précédemment cet endroit. Un réfrigérateur à compression de vapeur (VCSU) est installé dans le panier à l'arrière de la tourelle, il s'agit d'un des deux éléments faisant partie du système de climatisation. La 1re division de cavalerie fut la première unité à recevoir le M1A2 SEP, au début de l'année 2003, et ils commencèrent à remplacer les M1A1 D en Irak à la fin de cette même année. La version SEP v2 est entré en production en 2005, la version SEP v3 commence à être livré en [76]
  • M1A2 SEP v2 : amélioration du M1A2 SEP original (v1) avec l'installation d'un tourelleau télé-opéré CROWS sur le viseur du tireur, ajout d'un téléphone (TIP) à l'arrière droite du char pour rester en liaison avec l'infanterie, boîte de mécanisme améliorée, amélioration des systèmes électriques et électroniques.
  • M1A2 SEP v3 : nouvelle appellation du M1A2 SEP v3[77] entré en service au niveau de la brigade en 2019. Un blindage composite de nouvelle génération NGAP (Next Generation Armor Package) est installé dans la tourelle et également dans la caisse. Des attaches sont installées sur les flancs de la tourelle afin de faciliter l'intégration de surblindages. Premier char américain équipé d'un système de défense active Trophy, il intègre également un système de guerre électronique Duke V3 pour lutter plus efficacement contre les IED[78]. Les caméras thermiques présentes dans les viseurs GPS-LOS et CITV sont remplacées par des nouvelles de dernière génération. Les écrans plats, présent dans le compartiment de combat offrent désormais une résolution de 1080p. Le nouveau tourelleau télé-opéré CROWS-LP, plus compact, remplace le CROWS monté précédemment sur le M1A2 SEP v2[79]. Un système de liaison de données ADL (Ammunition Data Link) lui permet entre-autres de tirer les nouvelles munitions M829A4 (obus-flèche) et M1147 AMP (obus explosif à fragmentation multi-modes). Un groupe auxiliaire de puissance est installé dans le déport de caisse gauche à la hauteur du barbotin, sa puissance est de 10 kW[80].
  • M1A2 SEP v4 : nouvelle appellation du M1A2 SEP v4[81]. Compatible avec une intelligence artificielle pour plus d'autonomie. Équipé d'un nouveau laser de désignation de cible et d'un nouveau senseur infrarouge.
  • M1A3 : modèle allégé étant supposé être présenté entre 2014 et 2017, incorporant un nouveau blindage de moindre masse, des chenilles souples en matériaux composites, un câblage entièrement réalisé en fibres optiques, un nouveau canon de 120 mm plus léger ainsi que de nouvelles suspensions[82]. En 2020, on spécule encore sur ses améliorations.

Caractéristiques détaillées des différentes versions

M1 M1 IP M1 A1 M1A1 HA M1A1 HA+ M1A2 M1A2 SEP v1 M1A2 SEP v2 M1A2C
Année de production de 1979 à 1985 1984 de 1986 à 1992 de 1988 à 1991 de 1991 à 1994[83] de 1992 à 1999 2003
Exemplaires produits 3 273 894 5 952 1 328 834 77

+ 600 M1A1
transformés en M1A2

+ 300 anciens modèles transformés

en M1A2 SEP[Quand ?]
+ 435 anciens M1A1 transformés en M1A2 SEPv3 à partir de 2018[84]

n.c n.c
Hauteur (mitrailleuse de toit comprise) 2,37 m 2,04 m n.c n.c
Garde au sol 480 mm 430 mm
Chenilles T156 T158 à semelles amovibles.
Masse en ordre de combat 54,5 tonnes 56,9 tonnes 57,2 tonnes 59,1 tonnes 61,3 tonnes 62,1 tonnes 63 tonnes 64,59 tonnes 66,76 tonnes
Masse de la tourelle 19 tonnes n.c 20,9 tonnes 23 tonnes n.c 24,4 tonnes n.c n.c n.c
Vitesse sur route 72 km/h 68 km/h
Ratio poids/puissance 27,5 ch/tonne 26,3 ch/tonne 26,2 ch/tonne 25,3 ch/tonne 24,4 ch/tonne 24,1 ch/tonne 23,8 ch/tonne 23,2 ch/tonne 22,4 ch/tonne
Autonomie 498 km n.c 479 km 465 km n.c 426 km 391 km n.c n.c
Carburant 1 909 litres 1 680 litres
Groupe auxiliaire de puissance non équipé UAAPU (micro turbine) 6 batteries Hawker UAAPU (moteur monocylindre Hatz)
Blindage composite BRL-1 BRL-2 HAP HAP-2 HAP-3 NGAP
Armement principal canon rayé M68 de 105 mm canon à âme lisse M256 de 120 mm
Munitions 55 obus 40 obus 42 obus
Système de filtration NBC individuel, par masques collectif, par surpression de l'habitacle

Variantes

  • M1 Panther II : châssis de M1 radio-commandé à distance équipé d'un système de rouleau de déminage.
M104 Wolverine en position repliée. Sur le toit, les deux parties du pont.
  • M104 Wolverine (en) : pont d'assaut en service depuis 2003. 44 produits.
  • M1150 Assault Breacher Vehicle : engin de génie/char de déminage en service depuis 2009 dans l'USMC (20 exemplaires)[85] et depuis 2012 dans l'US Army, qui équipera ses 9 brigades blindées de 6 de ces engins chacune, d'ici 2014[86].
  • M1074 Joint Assault Bridge (en) : pont d'assaut en production depuis 2016 remplaçant le M104 trop cher. 337 unités prévus par l'US Army[87].

Le M1 a pu être visuellement modifié (VISMOD) pour ressembler à un T-80. Il s'agit alors de la version Krasnovian Variant Tank [KVT] utilisée pour les forces d'opposition (OPFOR).

Prototypes

  • XM1 : 9 prototypes construits en 1978
  • CATTB (Component Advanced Technology TestBed) : banc de tests pour composants de technologie avancée. Développé à la fin des années 1980, le CATTB, aussi connu sous le nom de Block III, devait succéder au M1A2 qui n'était même pas encore entré en service. Il se distinguait du M1 par l'utilisation d'une nouvelle tourelle équipée d'un blindage espacé modulaire, d'un canon électro-thermico-chimique XM291 de 120 mm à rechargement automatique, ainsi qu'un moteur Diesel compact Cummins XAP-1000, des garde-boue en caoutchouc masquant le train de roulement et 64 lance-pots fumigènes à déclenchement automatique[88]. Il a été testé entre 1987 et 1988 et son statut actuel est inconnu.
  • M1 TTB (Tank Test Bed) : l'équipage réduit à trois hommes prend place dans une capsule blindée à l'avant du char, la tourelle étant opérée à distance, le canon M256 de 120 mm est approvisionné automatiquement par un barillet d'une quarantaine d'obus.
  • M1 ARV (Armored Recovery Vehicle) : char de dépannage basé sur le châssis du M1, visant à remplacer les M88, il perd la compétition face au M88A2 Hercules.
  • M1 Grizzly ABV : engin de génie ayant servi de prototype au M1150 ABV.
  • M1 AGDS (Air Ground Defence System) : concept de version antiaérienne monté sur le châssis de l'Abrams, proposé en juillet 1993 sans succès. Nouvelle tourelle équipée de deux canons Bushmaster III (en) de 35 mm pilotés par radar, ainsi que du système ADATS[89].

Présence dans les jeux vidéo

Dans le jeu vidéo de stratégie Empire Earth, il est possible de construire des chars M1 dans les usines de chars durant l'ère atomique – Moderne (époque 12), ces chars sont efficaces contre les infanteries. Il est l'amélioration du char Sherman et peut être amélioré en char Gladiator durant l'ère Numérique puis en char Centurion durant le Nano âge (ces 2 chars équipés de laser étant fictifs, inexistant dans la réalité).

Le véhicule est présent dans de nombreux jeux vidéo de guerre. Ainsi, on peut piloter un M1A2 Abrams dans les jeux Battlefield 2, Battlefield: Bad Company 2, Battlefield 3, Battlefield 4 ainsi que dans le mode Desert Combat pour Battlefield 1942. Operation Flashpoint, World in Conflict et ArmA offrent aussi cette possibilité. Il apparaît également dans les jeux vidéo Call of Duty 4: Modern Warfare, Armored Fist 1/2/3, Modern Warfare 2 et Modern Warfare 3 dans lequel on peut prendre le poste de mitrailleur. La version M104 Wolverine fait également une apparition dans Modern Warfare 2.

Shattered Union permet aux joueurs choisissant la faction américaine d'utiliser un M1. Dans les jeux de la série Armored Fist (en), qui lui est entièrement consacrée, le joueur pouvait prendre les commandes de chaque char, à choisir parmi les 16 d'un bataillon. Il y était opposé à son équivalent russe, le T-90. Dans les jeux Wargame: European Escalation, Wargame: Airland Battle et Wargame: Red Dragon, on peut utiliser la variante M1, M1 IP et M1A1 de l'Abrams dans l'armée de l'OTAN et des États-Unis. Dans le jeu Metal Gear Solid, lors de sa première rencontre avec Vulcan Raven, Solid Snake l'affronte alors que Raven est aux commandes d'un M1 Abrams, finalement, Snake détruira le tank d'une grenade glissé directement dans le canon.

Dans Wargame: European Escalation, un jeu vidéo de stratégie en temps réel développé par le studio français Eugen Systems, le M1 Abrams ainsi que ses versions M1 IP et M1A1 sont des unités des États-Unis. Dans Wargame: Airland Battle, la suite de Wargame: European Escalation, le M1 Abrams ainsi que ses versions M1 IP et M1A1 sont des unités des États-Unis. Dans Wargame: Red Dragon, la suite de Wargame: Airland Battle, le M1 Abrams ainsi que ses versions M1 IP, M1A1, M1A1 HA, M1A1 HC et M1A2 sont des unités des États-Unis.

Dans War Thunder, six variantes du Abrams se succèdent: le XM1, M1, M1 IP, M1A1,M1A1 HC et M1A2

Notes et références

Notes

    Références

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    Voir aussi

    Bibliographie

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    Autres blindés similaires

    Articles connexes

    Liens externes

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