MP 73
Le MP 73 (Metro Pneu appel d'offres 1973) est un matériel roulant sur pneumatiques du métro de Paris. Il équipe la ligne 6. Mis en service en 1974, il est techniquement très proche du MP 59, avec une esthétique de MF 67, et portait à l'origine une toute nouvelle livrée bleu foncé dite bleu roi. Il constitue, après le MP 51, le MP 55 et le MP 59, la quatrième génération parisienne de métro sur pneumatiques.
Exploitant(s) | RATP |
---|---|
Type | Métro |
Motorisation | Électrique |
Composition | 4 ou 5 voitures (M-N-A-M ou M-N-A-B-M) |
Conduite | Conducteur |
Couplage | Dépannage uniquement |
Constructeur(s) | Alstom |
Mise en service | |
Modernisation | à |
Effectif | 44 rames (au 23/08/2022) |
Retrait | À partir de la fin de 2022 |
Production totale | 50 |
Affectation | Métro de Paris |
Utilisation |
Nombre | Type | places (assises) | masse |
---|---|---|---|
Écartement | standard (1 435 mm) |
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Alimentation | 3e rail 750 V CC |
Accès | 4 par flanc |
Intercirculation | non |
Vitesse maximale | 70 km/h |
Il s'agit du seul type de matériel roulant du métro parisien dont l'ensemble des rames du marché ont été mises en service en l'espace d'une année seulement.
Histoire
Après l'équipement de la ligne 4 en matériel sur pneumatiques, la régie considère la conversion des lignes fer sur pneumatiques comme trop longue et coûteuse pour être généralisée dans un délai compatible avec le remplacement des matériels roulants les plus anciens. Elle met alors au point un matériel sur fer moderne, le MF 67, afin de rapidement remplacer les anciennes rames Sprague-Thomson. Toutefois, la ligne 6 du métro ayant un parcours aérien sur près de la moitié de sa longueur, c'est de nouveau un matériel sur pneumatiques qui est choisi, afin de limiter bruit et vibrations à l'égard des riverains[1].
Ce nouveau matériel, nommé MP 73, possède un aspect différent des autres séries de matériel sur pneus, avec des faces anguleuses similaires au MF 67, et une nouvelle livrée bleu roi (bleu moyen soutenu) en bas de caisse, et gris clair en haut afin de mieux résister au passage à la machine à laver et surtout aux contraintes d'une exploitation en bonne partie extérieure[2]. L'intérieur est uniformément gris très clair. Les rames comptent cinq voitures dont deux motrices dotées chacune d'une loge de conduite et encadrant une motrice sans loge, une remorque de première classe et une de seconde classe. Les bogies sont dotés de pneumatiques striés en « ZZ », afin d'améliorer l'adhérence sur les tronçons aériens par temps de pluie.
Les cinquante rames MP 73, construites en 1974 en un temps record, ont été mises en service entre le 1er et le . Elles sont particulièrement appréciées des riverains pour leur bruit bien plus faible que les anciennes rames sur fer qu'elles remplacent : selon les mesures réalisées sur les viaducs lors de la mise en service, à vitesse égale et à hauteur du premier étage des immeubles, le MP 73 atteint 67,5 dB(A) contre 80 dB(A) pour les rames Sprague-Thomson. À l'intérieur des trains, le bruit mesuré diminue également fortement, de 82 à 64 dB(A)[3].
Les rames circulent en pilotage automatique à compter du . Jusqu'en 1975, elles côtoient sur la ligne 6 les quelques rames Sprague-Thomson restantes. Quelques rames sont immédiatement mutées en renforcement, jusqu'en 1979 sur la ligne 4, et jusqu'en 1999 sur la ligne 11 :
- sur la ligne 4, elles côtoient les rames sur pneumatiques MP 59 et sont allongées à six caisses comme les MP 59 de cette ligne;
- La rame 6550 (M3599-N4550-A6550-B7050-?-M3600) a circulé sur cette ligne en compagnie d'une autre rame MP 73, aussi à six caisses ;
- sur la ligne 11 en 1976 et 1978[4], elles apparaissaient avec les MP 55, premières rames sur pneumatiques construites entre 1956 à 1958, et à quatre caisses comme ces dernières.
À l'origine, les portes séparant la loge du compartiment voyageurs ainsi que celles d'intercommunication entre les voitures étaient pleines. Un vitrage fut mis en place sur ces portes par la suite. Ce matériel fut la star secondaire du film Peur sur la ville où Jean-Paul Belmondo monta sur la toiture[5],[6].
En 1991, la première classe disparaît du métro parisien, sans incidence sur la numérotation des remorques, A ou B. À partir de 1996, la RATP entreprit la rénovation des rames MP 73, dont la première traitée comme prototype fut la 6529 (M.3557-B.7029-A.6529-N.4529-M.3558), sortie en juillet. Cette rénovation porte sur une nouvelle face avant noire comme les MP 59 rénovés et les MF 67 des lignes 3, 3 bis et 9, sur le remplacement des sièges en cuir par des sièges anti-lacération et de nouvelles couleurs intérieures à dominante verte. L'éclairage fluorescent fut également amélioré. La rénovation de la série entière débuta en après des essais avec le prototype de rénovation. Elle fut entreprise conjointement par les ateliers RATP de Fontenay-sous-Bois et de Boissy-Saint-Léger ainsi que par ceux de la société Cannes La Bocca Industries. La première rame rénovée de série fut remise en ligne en . Le programme de rénovation s'acheva en 2002.
Depuis fin 2017, la sellerie des MP 73 est renouvelée à l'identique. À cette occasion, les vantaux de portes reçoivent un pelliculage gris clair sur leur face intérieure, perdant alors leur aspect chrome, comme cela se fait progressivement sur divers matériels du réseau[réf. nécessaire].
Le retrait des MP 73 devrait commencer à la fin de 2022 pour être remplacés par des MP 89 CC provenant de la ligne 4 du métro de Paris[7], ramenés à cinq caisses.
Un seul et unique MP 73 avait été de nouveau affecté à la ligne 11 depuis 2009. Ce train, le 6544, a été radié en juillet 2022.
Utilisation
Aujourd'hui, quarante-quatre rames MP 73 sont affectées à la ligne 6. Elles sont constituées chacune de cinq caisses placées de la façon suivante :
- 1 motrice d'extrémité M ;
- 1 motrice sans loge N ;
- 1 remorque anciennement de 1re classe A ;
- 1 remorque anciennement de 2e classe B ;
- 1 motrice d'extrémité M.
La rame qui circulait sur la ligne 11 jusqu'en juillet 2022 a été mutée en 2009[réf. nécessaire], avec réduction de sa composition à quatre voitures par retrait de la remorque B.
Numérotation
Les caisses des MP 73 sont numérotées de la façon suivante :
- M.3501 à 3602 pour les motrices d'extrémité, qui ont été construites en 102 exemplaires, les M.3601 et 3602 étant de réserve à l'origine ;
- N.4501 à 4550 pour les motrices sans loge ;
- A.6501 à 6550 pour les remorques anciennement de 1re classe ;
- B.7001 à 7050 pour les remorques anciennement de 2e classe.
C'est le numéro de la remorque A qui est utilisé pour désigner une rame entière (numéro présent à deux emplacements, sur les deux faces frontales d'une rame). Les rames des MP 73 sont donc numérotées de 6501 à 6550, même si les numéros des autres caisses ne correspondent pas toujours. Par exemple, une rame de composition normale comprendrait les caisses suivantes : M.3501, N.4501, A.6501, B.7001 et M.3502. Même si la rame avait une composition dépareillée, le numéro resterait 6501.
Une composition dépareillée peut comprendre, par exemple, les caisses suivantes M.3582, N.4502, A.6502, B.7002 et M.3581. Dans cette rame, les numéros des motrices d'extrémité ne correspondent pas ; l'autre motrice d'extrémité devrait être la M.3503 au lieu de la M.3581, d'une part, et M.3504 au lieu de la M.3582, d'autre part. Malgré tout, le numéro de la rame reste 6502 car le numéro de la remorque A est 6502.
Parc MP 73
Des 50 MP 73 produits, seuls 44 sont encore en ligne. De 1986 jusqu'à la réforme du dernier MP 55 en , sept MP 73 ont circulé en formation à quatre caisses, parmi lesquels le MP 86 (voir plus bas). Ils ont par la suite été renvoyés sur la ligne 6 où ils ont été remis en formation à cinq caisses. Ils étaient composés comme suit :
- M.3504-N.4502-A.6502-M.3503 ;
- M.3512-N.4506-A.6506-M.3511 ;
- M.3592-N.4546-A.6546-M.3591 ;
- M.3514-N.4507-A.6548-M.3513 ;
- M.3510-N.4505-A.6549-M.3509 ;
- M.3600-B.7050-B.7006-M.3599 (désignée 7006, pour la différencier de la rame 6506, numérotée 06) ;
- M.3508-N.4504-B.7049-M.3507 (désignée 7049, pour la différencier de la rame 6549, numérotée 49).
La remorque A.6550 a été réformée à la suite d'un déraillement sur l'aiguille du raccordement entre les lignes 11 et 3.
Des éléments provenant d'autres MP 73 ont été mélangés avec des éléments de MP 59. Ainsi, deux trains hybrides, numérotés 001 et 002 ont circulé pendant quelques années sur la ligne 4. Ils étaient composés avec trois remorques B., dont deux provenaient de rames affectées à la ligne 11 (B.7002 et B.7004). Ces deux trains n'existent plus depuis la réforme des éléments MP 59, et les trois remorques MP 73 qui entraient dans leur composition ont été renvoyées dans leurs rames originelles. Depuis, les B.7002 et B.7004 sont également radiées :
- M.3231-N.4213-A.6001-B.7004-N.4214-M.3232 ;
- M.3191-N.4173-B.7002-B.7047-N.4174-M.3192.
Trois MP 73 ont vu certains de leurs éléments subir des accidents dans les années 1990 et 2000. De ce fait, ces trois rames ont été radiées et leurs caisses encore en état de marche ont été placées sur d'autres rames, en remplacement sur ces rames de leurs moins « bonnes » voitures, réformées à leur tour. Des éléments de la rame 6550 ont, entre autres, servi au prototype de la rame MP 86 du métro de Marseille. La M.3584 était au fort de la Briche, aux confins de Saint-Denis et d'Épinay-sur-Seine mais a depuis été sauvegardée par un particulier. Les N.4504 et B.7044 sont stationnées dans les boucles de Place d'Italie.
La M.3602, après avoir été une motrice de réserve et avoir servi de prototype pour le métro de Lyon, fut réformée.
Ces compositions sont régulièrement modifiées pour faciliter l'entretien des différentes voitures.
Caractéristiques
Les MP 73 sont limités à 70 km/h. Chaque motrice est équipée de quatre moteurs de 145 CV (110 kW) fonctionnant sous 750 volts, contrôlés par un arbre à cames JH commandé par un servomoteur alimenté en basse tension de 72 V, avec trente crans de marche. La basse tension de 72 V, utilisée également pour l'éclairage, est fournie par un convertisseur tournant. Le freinage, entièrement pneumatique, compte onze crans au manipulateur ; il est contrôlé par une électrovalve[3].
Ces rames ont des pneus striés, des caisses allégées, une nouvelle esthétique de la face avant et des sièges plus confortables. Elles sont équipées des mêmes moteurs (TYPE MP4) que le MP 68, du métro de Mexico.
Autres versions
MP 86
Le MP 86 fut un MP 73 de test avec des moteurs et des suspensions du MPM 76 du métro de Marseille qui a roulé sur la ligne 11 du métro de Paris au moins jusqu'en 1999, en composition M-R-R-M.
La composition du MP 86, est ainsi connue[8] et se présente sous la forme M-B-B-M, soit deux motrices avec loge (M) et deux remorques de type (B). Une des deux remorques comporte les équipements de pilotage automatique, habituellement situés sur une motrice ou une remorque de 1re classe sans loge. Sa composition était la suivante : M n° 3599 et 3600, B n° 7006 et 7050. Une photo du prototype MP 86 est visible dans l'ouvrage Le métro de Paris, de Gaston Jacobs (page 107), où la rame sur la droite du MP 55 no 5513 est la rame no 7006, portant le numéro d'une des remorques. Cette rame a été radiée, mais la voiture B.7006 subsiste et circule incorporée à la rame no 6506.
NS 74
Deux versions dérivées de ce matériel existent. L'une pour le métro de Santiago, dénommée NS 74 ; et l'autre pour le métro de Mexico, dénommée MP-82.
Notes et références
- Jean Robert, Notre métro, p. 316
- source : Chemin de fer régionaux et urbains de la FACS, no 130 de 1975.
- Jean Robert, Notre métro, p. 317.
- Le métro de Paris, Gaston Jacobs.
- Site consacré au film Peur sur la ville. C'est la rame 6527, toujours en service, qui fut utilisée pour le film.
- Erreurs de films - Peur sur la ville (1975).
- « Brochure sur la modernisation de la ligne 6 et rénovation du viaduc : Le métro avec vue, entièrement revu ! » [PDF], sur iledefrance-mobilites.fr, (consulté le ) : « Le premier MP 89 sera mis en service, sur la ligne 6, en 2021. Dans un premier temps, seules quelques rames circuleront aux côtés des anciennes. Le remplacement du MP 73 se fera progressivement jusqu’en 2024 », p. 5 du PDF.
- Brian Hardy, Paris Metro Hanbook, 2e édition, 1993, p. 125
Voir aussi
Bibliographie
- Jean Robert, Notre métro, éd. Jean Robert, 1983, 512 p.
- Le Patrimoine de la RATP, éditions Flohic, 1996, 400 p.
- Bernard Sirand-Pugnet, De la Grand-mère à Météor, 45 ans d'évolution de la technologie des voies au métro de Paris, 1997, 223 p.
- Gaston Jacobs, Le Métro de Paris : un siècle de matériel roulant, éditions la Vie du Rail, 2001.
- Jean Tricoire, Un siècle de métro en 14 lignes. De Bienvenüe à Météor, Éditions La Vie du Rail [détail des éditions]
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