Maître de Rambures

Le Maître de Rambures désigne par convention un enlumineur actif entre 1454 et 1480. Il doit son nom à un livre d'heures peint pour Jacques de Rambures, chambellan du roi. Il a été actif en Picardie, notamment à Amiens, mais aussi à Bruges, où il a travaillé dans l'entourage de l'enlumineur flamand Loyset Liédet et montre une grande influence flamande. Il pourrait être identifié à Jean Beugier, peintre amiennois actif par ailleurs en Flandre.

Maître de Rambures
Période d'activité
Nom de naissance
Jean Beugier (?)
Activité
Enlumineur
Lieux de travail
Hesdin (?), Amiens (?), Bruges (?)
Influencé par

Éléments biographiques

Une identification incertaine

Vierge à l'Enfant, Heures de Rambures, Amiens. Représentation des armes du commanditaire en bas.

Le Maître de Rambures a été identifié par son style, en 1914, par Henri Martin mais il est désigné pour la première fois par John Plummer sous le nom de Maître d'Amiens 200 d'après la cote d'un livre d'heures conservé à la Bibliothèque d'Amiens[1]. Il est renommé Maître de Rambures d'après le nom du commanditaire de ce même manuscrit, Jacques de Rambures, par Nicole Reynaud, chargée de mission au Département des peintures du musée du Louvre, selon une habitude française[2].

Marc Gil, maître de Conférences en histoire de l'art médiéval à l'université de Lille III a proposé d'identifier l'artiste à Jean Beugier, peintre mentionné à Amiens entre 1473 et 1505, fils de Pierre Beugier, actif lui de 1460 à 1473. En effet, un certain Jenin Beugier est mentionné comme participant aux préparatifs du mariage entre Charles le Téméraire et Marguerite d'York en . Il est indiqué dans les comptes ducaux qu'il y a travaillé pendant 10 jours, en tant que valet de Vrancke van der Stockt, élève de Rogier van der Weyden. Ce lien expliquerait ses emprunts à ce dernier. Ce Jean Beugier est par ailleurs peintre de retable, rénovant le retable de la crucifixion pour la chambre de justice de l'hôtel de ville d'Amiens en 1499. Il s'agirait alors d'une carrière très longue, d'un demi-siècle. Les premiers manuscrits pourraient être alors l'œuvre du père, fonctionnant en atelier avec son fils. À l'inverse, la faible qualité des dernières œuvres attribuées pourraient être le signe de l'activité de collaborateurs au sein de cet atelier[3].

Décorateur de manuscrits historiques

Il s'est spécialisé dans la décoration de manuscrits historiques avec des miniatures rapidement réalisées à grands traits[2]. Son activité remonte à 1454 par la participation à l'illustration d'un manuscrit de Jean Mansel, La Fleur des histoires. Pour cet ouvrage, il est le collaborateur de Loyset Liédet, un enlumineur flamand alors installé à Hesdin qui est payé pour cet ouvrage en 1460. Il participe de nouveau à un manuscrit rédigé à Hesdin, un Faits des Romains en 1480. Son activité est cependant difficile à localiser précisément car il décore entretemps plusieurs livres d'heures à l'usage d'Amiens, autre lieu possible d'installation. Par ailleurs, plusieurs autres ouvrages attribués montrent une grande influence de l'enluminure brugeoise, notamment celle de Liévin van Lathem à cette époque, ou encore celle du Maître du Wavrin de Londres. Enfin, il a illustré des textes qui n'ont été autrement enluminés que dans la ville flamande. Tous ces indices portent à croire qu'il a résidé temporairement dans la ville de Bruges[4]. Selon Marc Gil, il aurait été sur place entre 1468 et 1475, travaillant alors pour la cour de Bourgogne et réalisant des livres pour Wolfert VI van Borssele, Antoine de Bourgogne et Édouard IV alors que celui-ci réside sur place. Son activité s'est prolongée en Picardie jusqu'en 1490 si l'on en croit l'attribution d'un manuscrit sur papier du Livre du roy Modus et de la royne Ratio[5].

Style

Son style est rapide et esquissé, fait de grands traits permettant de rendre ses scènes dynamiques, avec des personnages aux gestes expressifs. Ses compositions sont souvent construites sur le bleu intense et le rouge éclairci d'or. Elles montrent une maîtrise de l'espace et de la représentation des différents plans. L'attitude, les visages et les plis des vêtements des personnages rappellent ceux de Nicolas Froment, actif dans la même région vers 1460. Ces personnages sont généralement de petite taille, au visage parfaitement ovale et aux traits rapidement esquissés. L'artiste reprend des compositions de Rogier van der Weyden, mais rien n'indique, selon Reynaud, qu'il a travaillé auprès de ce dernier maître, se contentant selon elle d'en reprendre des modèles[6].

Œuvres attribuées

Frontispice des Dits et faits mémorables de Valère Maxime destinés à Wolfert VI van Borssele, Arsenal, Ms.5196.

Voir aussi

Bibliographie

  • François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, BNF/Flammarion, , 439 p. (ISBN 978-2-08-012176-9), p. 93-97
  • (en) Scot McKendrick et Thomas Kren, Illuminating the Renaissance : The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Los Angeles, Getty Publications, , 591 p. (ISBN 978-0-89236-704-7, lire en ligne), p. 255-257
  • Marc Gil, Du Maître du Mansel au Maître de Rambures : le Milieu des peintres et des enlumineurs de Picardie, vers 1400-1480, thèse de l'Université de Paris IV-Sorbonne, 1999 [présentation en ligne]
  • Bernard Bousmanne et Thierry Delcourt (dir.), Miniatures flamandes : 1404-1482, Paris/Bruxelles, Bibliothèque nationale de France/Bibliothèque royale de Belgique, , 464 p. (ISBN 978-2-7177-2499-8), p. 404-408 (notice de Marc Gil)
  • Marc Gil, « Couleur et grisaille dans l'œuvre du Maître de Rambures (Amiens, v. 1454-1490) : l'exemple des "Faits des Romains" du Musée Condé de Chantilly (ms. 770) et de la Bibliothèque municipale de Lille (ms. 823) », in Marion Boudon-Machuel, Maurice Brock & Pascale Charron, (dir.) Aux limites de la couleur : monochromie et polychromie dans les arts, 1300-1650, Turnhout, Brepols, 2011, p. 141-156
  • Marc Gil, « Picardie-Hainaut: Quelques remarques sur les livres d’heures produits par le Maître de Rambures et Simon Marmion », Sandra Hindman & James H. Marrow (dir.), Books of Hours Reconsidered, London-Turnhout, 2013, p. 265-277

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) John Plummer et Gregory Clark, The last flowering : French Painting in Manuscripts 1420-1530 from American collections, New York, Pierpont Morgan Library / Oxford University Press, , 123 p. (ISBN 0-19-503262-4), p. 14-15.
  2. Avril et Reynaud 1993, p. 93
  3. Avril et Reynaud 1993, p. 95-96
  4. McKendrick et Kren 2003, p. 255-256
  5. Bousmanne et Delcourt 2012, p. 404
  6. Avril et Reynaud 1993, p. 94-95
  7. (en) Notice du ms. sur le site de la Morgan
  8. (en) Notice du ms. sur le site de la Morgan
  9. Reproduction du manuscrit sur le site de l'IRHT
  10. (en) Notice du ms sur le site de la Beinecke
  11. (en) Notice du ms. sur le site de la Morgan
  12. (en) Notice du ms sur le site de la KB
  13. (en) Notice du ms sur le site de la BL
  14. (en) Reproduction des miniatures sur le site de la Bodleian
  15. (en) Notice du manuscrit sur le site de la KB
  16. (en) Reproduction du manuscrit sur le site du Walters
  17. (en) Notice de la vente Sotheby's
  18. (en) Notice du ms sur le site de la BL
  19. Notice de la base Calames
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