Maître du Boccace de Genève

Le Maître du Boccace de Genève est un maître anonyme enlumineur actif entre 1448 et 1475. Peintre d'abord actif dans l'atelier du Maître de Jouvenel, il travaille ensuite dans l'entourage de René d'Anjou à Angers. Le peintre doit son nom de convention d'un manuscrit d'un livre du Boccace : De Casibus ou Du cas des nobles hommes et femmes, traduit par Laurent de Premierfait conservé à la bibliothèque de Genève (Fr191).

Ne doit pas être confondu avec Maître du Boccace de Munich.

Maître du Boccace de Genève
Période d'activité
Activité
Enlumineur
Maître
Lieu de travail
Mécène
Influencé par
Œuvres principales

Éléments biographiques et stylistiques

La Mort de Manlius Capitolinus jeté de la roche Tarpéienne, miniature extraite du De Casibus, bibliothèque de Genève, Fr.191, f.110v.

Le plus ancien manuscrit dans lequel des miniatures du maître ont été repérées dans un manuscrit du Mare Historiarum réalisé pour Guillaume Jouvenel des Ursins. Les miniatures datent sans doute des années 1448-1450, période à laquelle il prend sans doute la tête de l'atelier du Maître de Jouvenel, avec lequel il a longtemps été confondu[1].

Par la suite, le peintre réalise plusieurs manuscrits pour des commanditaires restés anonymes mais appartenant sans doute pour une partie d'entre eux à l'entourage de René d'Anjou à partir de 1460. Il a peint un portrait de ce prince dans un manuscrit du Livre des stratagèmes vers 1471 et sans doute achevé le manuscrit de la Théséide de Vienne commandé toujours pour René d'Anjou à la même époque, au moment où celui-ci réside en Anjou. C'est là qu'est localisé l'essentiel de la production du maître anonyme. Les manuscrits auxquels il a collaboré sont suffisamment originaux et rares pour faire penser qu'il a joué le rôle de peintre de la cour de René d'Anjou[2].

Charles Sterling a vu dans le Maître anonyme le peintre mentionné dans les textes sous le nom de Colin d'Amiens, mort après 1482, appelé aussi Nicolas Dipre ou d'Ypres, fils d'André d'Ypres, lui-même identifié au Maître de Jouvenel[3]. Cette hypothèse n'a pratiquement pas été reprise par les autres historiens de l'art et jugée peu convaincante par François Avril qui préfère rattacher ce nom au Maître de Coëtivy[4]. Claude Schaefer y a vu plutôt le peintre Coppin Delf[5], mentionné à plusieurs reprises dans les archives du prince, mais d'après celles-ci, Coppin semble avoir plutôt une activité de fresquiste et non d'enlumineur[6].

Son style est très marqué par l'influence du peintre du roi René, Barthélemy d'Eyck : il lui emprunte des motifs (des têtes et des gestes notamment) mais aussi des rendues de tissus et de matières. D'après l'analyse de ses manuscrits, leur rencontre ou sa connaissance de ses manuscrits datent probablement des années 1450 ou au plus tard de 1460[7]. Il s'est aussi inspirés des lettrines à facette du De situ orbis d'Albi offert au roi René en 1459, pour les recopier dans ses manuscrits des années 1470-1475. Toujours dans ce même manuscrit, il a repris certains personnages attribués à Giovanni Bellini pour les insérer dans une scène du Livre des stratagèmes[8].

Manuscrits attribués

Rustican de Crescenzi, musée Condé.

Manuscrit attribué à un suiveur du maître :

  • Expositio viginti librorum Titi Livii de Nicholas Trivet, vers 1460-1465, Bibliothèque nationale du Portugal, ms.il.134-135

Notes et références

  1. König 2009, p. 134-136.
  2. König 2009, p. 137-138.
  3. Charles Sterling, La peinture médiévale à Paris 1300-1500, t. 2, Paris, 1990.
  4. Avril et Reynaud 1993, p. 109.
  5. Claude Schaefer, « Le Maître de Jouvenel des Ursins (Coppin Delf ?) illustrateur du Speculum historiale de Vincent de Beauvais (Ms.126 de la Biblioteca nacional à Lisbonne) », Arquivos dos centro cultural português, t. 8, , p. 81-114.
  6. König 2009, p. 142-143.
  7. König 2009, p. 138-140.
  8. François Avril, « De quelques reflets italiens dans les manuscrits enluminés à la cour de René d'Anjou », dans « Il se rendit en Italie ». Mélanges offerts à André Chastel, Paris-Rome, Flammarion - Edizioni dell'Elefante, , p. 39-47.
  9. notice du Getty.
  10. Pages du manuscrit numérisées sur le site de la médiathèque Louis Aragon du Mans.
  11. Notice sur le site de la BNF.
  12. (en) Samuel Gras, « The Master of Jeanne de France : a bridge between Jean Fouquet and the Jouvenel Group : On the Transmission of Artistic Patterns in Late Medieval Manuscript Illumination (colloque de 2012) », dans Christine Seidel et Joris C. Heyder, Re-Inventing Traditions, Peter Lang, coll. « Civilizations & History » (no 34), (ISBN 9783653969689, DOI 10.3726/978-3-653-05278-7, lire en ligne), p. 145-169.

Annexes

Bibliographie

  • Eberhard König, « Le Maître du Boccace de Genève », dans Marc-Édouard Gautier, Splendeur de l'enluminure. Le roi René et les livres, Ville d'Angers/Actes Sud, (ISBN 978-2-7427-8611-4), p. 133-143.
  • François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, BNF/Flammarion, , 439 p. (ISBN 978-2080121769), p. 109-110 (notice 56 à 59).
  • (de) Eberhard König, Französische Buchmalerei um 1450 : der Jouvenel-Maler, der Maler der Genfer Boccacio und die Anfänge Jean Fouquets, Berlin, Mann, , 278 p. (ISBN 978-3786113119).

Articles connexes

Liens externes

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