Madame de Parabère

Marie-Madeleine Coatquer[N 1] de La Vieuville de Kermorial[3], marquise de Parabère (-), est la favorite de Philippe d'Orléans (régent de l'enfant-roi Louis XV). Elle est propriétaire de l'hôtel de Ségur de la place Vendôme.

Madame de Parabère

Madame de Parabère représentée en Minerve, par Jean-Baptiste Santerre.

Titre Marquise de Parabère
Biographie
Nom de naissance Marie-Madeleine Coatquer de La Vieuville de Kermorial
Surnom Madame de Parabère
Le petit corbeau brun/noir[1]
Le gigot[2]
Naissance
Paris
Décès (à 61 ans)
Paris
Père René-François de La Vieuville
Mère Marie-Louise de La Chaussée d'Eu
Conjoint César-Alexandre de Baudéan
Liaisons Philippe le Régent, Louis-François-Armand de Richelieu, Thomas Goyon de Matignon, entre autres.
Enfants Louis-Barnabé (1714-ap.1770)
Louis-Henri (1715-1746)
Gabrielle-Anne (1716-ap.1735)

Biographie

Naissance et mariage

Marie-Madeleine est la fille de René-François de La Vieuville et Marie-Louise de La Chaussée d'Eu (1673-1715). Son père était chevalier d'honneur de la reine de France Marie-Thérèse d'Autriche et gouverneur du Poitou ; sa mère, d'origine picarde, était dame d'atour de Mademoiselle, duchesse de Berry et fille de Philippe le Régent[2]. À dix-huit ans, elle épouse, le [4], César-Alexandre de Baudéan, marquis de Parabère, brigadier des armées du roi[5], neveu à la mode de Bretagne de la duchesse de Navailles, de onze ans son aîné, lui-même étant né en 1682[6]. Durant leur court mariage, ils eurent trois enfants (deux garçons et une fille). Malheureusement pour elle, il n'avait aucune charge à la Cour de France ni d'exploits militaires, alors elle alla se consoler du manque d'amour de son époux dans les bras d'autres hommes, tel que lord Bolingbroke, qui lui donna beaucoup d'attentions[2].

Veuvage et vie à la Cour

Mais sa mère Marie-Louise veillait à ce que sa fille ne tombe pas dans la galanterie comme la première femme de René-François, Anne-Lucie de La Mothe-Houdancourt, qui fut une petite maîtresse de Louis XIV. Elle empêcha plusieurs fois que le Régent l'approche[7], mais après sa mort le 10 ou d'un cancer du sein[8],[N 2], Marie-Madeleine fut connue pour sa vie amoureuse à la Cour de France.

Quand César-Alexandre mourut le , elle fut encore plus libre de sa vie, et continua d'inspirer les chansonniers. La même année, elle devint la maîtresse officielle du Régent, ce qui ne l'empêcha pas d'avoir plusieurs amoureux de courte durée, comme le chevalier de Matignon (dont elle brouilla le couple d'après Maurepas), le marquis de Beringhen ou avec le duc de Richelieu. Elle eut deux ou trois enfants du Régent d'après Madame duchesse douairière d'Orléans, la mère de ce dernier, dont elle se fit une bonne connaissance. Comme il voulait sa favorite près de lui, il la fit loger au château d'Asnières, où il se passait quelques beuveries qui, selon son médecin Claude Deshaies Gendron (1663-1750), ont hâté la mort de l'amant[2]. En 1720, elle doit faire face à une intrigue montée par Marie-Thérèse Blonel de Phalaris, qui souhaite la remplacer comme maîtresse-en-titre. Celle-ci réussit du 1er au , mais Madame de Parabère redevint ensuite la première maîtresse du Régent[9].

Brouille avec le Régent et ses conséquences

Le , elle se brouille avec le Régent, celui-ci ayant couché avec deux filles de l'Opéra de Paris : c'est elle qui s'en va après une orageuse dispute, autour du . Et bien que la Phalaris devienne la nouvelle maîtresse, le Régent toujours amoureux viendra souvent rendre visite à Marie-Madeleine dans son château. Elle ira, après quelques mois, se retirer dans un institut religieux pour faire pénitence de son comportement passé ; la raison serait qu'un sermon religieux l'ait touchée et fait repenser à sa conduite, mais il se dit aussi que c'est en raison d'une grave maladie à laquelle elle survécut qu'elle se fit dévote.

Elle se retire du monde en 1739 et meurt à Paris le , à l'âge de soixante-et-un ans.

Personnalité

La Vieuville comtesse de Parabère, atelier de Hyacinthe Rigaud, 1711.

Madame Élisabeth-Charlotte, duchesse douairière d'Orléans dit d'elle dans une lettre : « le petit corbeau noir [la Parabère] n'est pas désagréable mais elle passe pour une sotte. Elle est capable de beaucoup manger et boire et de débiter des étourderies ; cela divertit mon fils [le Régent] et lui fait oublier tous ses travaux »[1].

Jean-François Barrière (1786–1868), historien et préfet de Paris, la décrit comme « jeune, spirituelle et jolie » avec une « réserve qui le charma [le Régent] probablement parce qu'elle le surprit […] ; elle était vive, légère, capricieuse, hautaine, emportée »[10]. Il ajoute encore qu'elle n'avait aucune ambition, chose confirmée par Élisabeth-Charlotte dans une lettre du  : « Mon fils dit qu'il s'était attaché à la Parabère, parce qu'elle ne songe à rien, si ce n'est de se divertir et qu'elle ne se mêle d'aucune affaire »[1].

Iconographie

Notes et références

Notes

  1. Coskaër écrit Saint-Simon, Coskuer écrit La Chesnaye des Bois.
  2. Saint-Simon indique qu'elle gardait cela secret, qu'elle était courageuse dans sa maladie et qu'une seule femme de chambre le savait et la soignait.

Références

  1. Élisabeth-Charlotte de Bavière, Correspondance complète de Madame duchesse d'Orléans née Princesse Palatine, mère du Régent, 1857.
  2. François-Adolphe-Mathurin de Lescure, Les maîtresses du Régent, 1861.
  3. Marquise de Créquy, Souvenirs de la marquise de Créquy, 1840.
  4. Charles-Philippe d'Albert de Luynes, Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV (1735-1758), éditées de 1860 à 1865.
  5. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique, tome I, 1757.
  6. « BEAUDÉAN DE PARABÈRE César Alexandre de », sur www.hyacinthe-rigaud.com (consulté le )
  7. Marc Lemonier, La petite histoire des courtisanes, 2018.
  8. Louis de Rouvroy de Saint-Simon, Mémoires du duc de Saint-Simon, éditées de 1856 à 1858.
  9. Mathieu Marais, Journal et mémoires de Mathieu Marais, avocat au Parlement de Paris, sur la Régence et le règne de Louis XV (1715-1737), 1967.
  10. Jean-François Barrière, Tableaux de genre et d'histoire, 1828.

Liens externes

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