Madeleine Delbrêl

Madeleine Delbrêl, née le à Mussidan, en Dordogne, et morte le à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, est une mystique catholique et assistante sociale française.

Madeleine Delbrêl
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Elle est, à l'instar de Charles de Foucauld, une grande mystique française. Essayiste et poétesse, elle laisse également une importante œuvre littéraire. Elle est reconnue vénérable par l'Église catholique.

Biographie

Madeleine Delbrêl naît dans une famille indifférente à la religion. Son père et son grand-père sont cheminots[1]. Bien que baptisée enfant, elle passe sa jeunesse dans l'indifférence religieuse. À l'âge de dix-sept ans, sa profession d'athéisme est radicale et profonde mais, en trois ans, à la suite de la rencontre d'un groupe d'amis chrétiens et de l'entrée chez les dominicains du garçon qu'elle aimait, elle prend en considération la possibilité de Dieu.

Cette démarche, qu'elle fonde sur la prière et la réflexion aboutit à la foi à l'âge de vingt ans[2]. Le , « éblouie par Dieu », lors d'un passage en l'église Saint-Dominique de Paris (14e arrondissement), elle se convertit.

Dès 1926 à la paroisse St Dominique (Paris XIVe), elle entre dans le scoutisme chez les Scouts de France en tant que cheftaine de louveteaux. Un temps elle est ACDL responsable de la formation de cheftaines dans le district de Paris-Sud.[3] Elle était totemisée Abeille Joyeuse et a rédigé un commentaire de la prière scoute.

Par le scoutisme elle devient une assistante sociale très active, elle s'installe avec quelques amies et travaille dans la banlieue ouvrière, rue Raspail à Ivry-sur-Seine, alors municipalité communiste[4]. Elle se confronte alors avec l'athéisme marxiste, n'hésitant pas, à contre-courant, à annoncer l'Évangile.

Elle fonde une communauté de jeunes femmes qui se sont nommées « la Charité », avant d'être connues comme « Équipes Madeleine Delbrêl ». Il s'agit « d'y être le Christ » et non « d'y travailler pour le Christ ». Le groupe s'attache à rencontrer les gens où ils vivent, devenir leur ami, les recevoir chez soi, s'entraider.

En matière de travail social, elle rappelle la nécessité de développer des actions collectives en vue de faire évoluer les politiques sociales. Elle écrira en 1937 :

« Il est peut-être plus touchant de visiter, dans sa journée, cinq ou dix familles nombreuses, de leur obtenir à grand renfort de démarches tel ou tel secours ; il serait sans doute moins touchant mais plus utile, de préparer le chemin à tel texte légal qui améliorerait l’état familial de toutes les familles nombreuses connues ou inconnues de nous. »[5].

Quelques mois avant sa mort, en 1964, elle disait encore :

« J'ai été et je reste éblouie par Dieu. »[6].

Ses écrits révèlent

« une très attachante personnalité humaine, d'abord. D'une extraordinaire capacité d'empathie, elle noue des relations personnelles dans tous les milieux. Elle s'engage à fond. Elle cultive la joie. Son humour est délicieux. Elle est libre. Elle dit ce qu'elle pense avec délicatesse mais fermement. Elle fait preuve d'une grande sûreté de discernement, d'une pensée rigoureuse. Sa personnalité spirituelle, sa théologie ont le même caractère : de solides fondations, de la vigueur et toujours ce centre qui unit tout : La Charité de Dieu manifestée dans le Christ. »

 Christophe Chaland[7]

Elle est, pour certains écrivains catholiques, l'une des personnalités spirituelles les plus importantes du XXe siècle.

Cause en béatification

La cause en béatification de Madeleine Delbrêl a été introduite à Rome en 1990 par Monseigneur François Frétellière, ancien évêque de Créteil. Le postulateur est le père Gilles François, qui a succédé au père Jean Gueguen.

Le , le pape François a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret reconnaissant les vertus héroïques de Madeleine Delbrêl, lui attribuant ainsi le titre de vénérable[8],[9]. C'est la première étape avant qu'elle ne soit déclarée bienheureuse.

Hommage

En hommage à Madeleine Delbrêl, qui aimait les roses de son jardin, le diocèse de Créteil (Val-de-Marne) propose en 2020 un rosier spécialement créé pour l'occasion, nommé « Madeleine Delbrêl ». Ce rosier a été créé par le rosiériste Orard à Feyzin[10].

Bibliographie

Œuvres

Une réédition complète de ses œuvres est en cours aux éditions Nouvelle Cité.

Par ordre alphabétique des titres :

  • Alcide : guide simple pour simples chrétiens, Seuil, coll. « Livre de vie », no 133, Paris, 1980 (ISBN 2-02-005406-X)
  • Alcide et le petit Moine, maximes et conseils de vie spirituelle (Œuvres complètes vol. 4), Nouvelle édition 2017, Nouvelle Cité (ISBN 9782853138826)
  • Ampleur et dépendance du service social, Bloud et Gay, Paris, 1937
  • Communautés selon l'Évangile, Seuil, Paris, 1973 (préfacé par Guy Lafon)
  • Éblouie par Dieu / correspondance 1 : 1910-1941 (Œuvres complètes vol. 1), Nouvelle cité, coll. « Spiritualité », Montrouge, 2004 (ISBN 2-85313-457-1)
  • La Femme et la maison, Les Éditions du Temps présent, Paris, 1941
  • Humour dans l'amour : Méditations et fantaisies (Œuvres complètes vol.3), Nouvelle cité, coll. « Spiritualité », Montrouge, 2005 (ISBN 2-85313-476-8)
  • Indivisible amour : pensées détachées inédites (textes choisis et présentés par C. de Boismarmin), Centurion, Paris, 1991. Bibliogr. p. 131-133 (ISBN 2-227-34077-0)
  • La Joie de croire, Seuil, Paris, 1968 (recueil de textes écrits de 1935 à 1964 et partiellement extr. de diverses revues et publ., préfacé par Guy Lafon)
  • Madeleine Delbrêl. La Route, impr. et libr. Alphonse Lemerre, Paris, 1927. Prix Sully Prudhomme 1926
  • Missionnaires sans bateau - les racines de la mission, Parole et silence, Saint-Maur, 2000 (ISBN 2-84573-019-5)
  • Le Moine et le nagneau, (Œuvres complètes vol. 4), Montrouge, Nouvelle cité, coll. « Spiritualité », 2006, 21e éd. (ISBN 2-85313-499-7)
  • Nous autres, gens des rues - textes missionnaires, Seuil, coll. « Livre de vie », no 107, Paris, 1971
  • S'unir au Christ en plein monde, correspondance, 2 : 1942-1952 (Œuvres complètes, vol.2), Nouvelle cité, coll. « Spiritualité », Montrouge, 2004 (ISBN 2-85313-468-7) (rectifié) (ISBN 2-85313-467-9) (imprim. erroné)
  • Veillée d'armes - aux travailleuses sociales, Bloud et Gay, coll. « Réalités du travail social », no 1, Paris, 1942
  • Ville marxiste, terre de mission - provocation du marxisme à une vocation pour Dieu…, deuxième édition augmentée avec une correspondance entre M. Delbrêl et Venise Gosnat et deux textes inédits, Cerf, coll. « Foi vivante », no 129, Paris, 1970. Réédition : Desclée de Brouwer, 1995 (ISBN 2-220-03596-4)

Essais

  • Gilles François et Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl, poète, assistante sociale et mystique, Nouvelle Cité.
  • Jacques Loew, Vivre l'Évangile avec Madeleine Delbrêl, Bayard/Centurion, 1994.
  • Bernard Pitaud, Prier 15 jours avec Madeleine Delbrêl, Nouvelle Cité, 1998.
  • André Picart, Premiers pas avec Madeleine Delbrêl, Saint-Lèger éditions, 2013.
  • Christine de Boismarmin, Madeleine Delbrêl, rue des villes, chemins de Dieu (1904-1964), Nouvelle Cité, 2004.
  • Raphaël Buyse, Toute cette foule dans notre cœur. Prendre la route avec Madeleine Delbrêl, Bayard Culture, 2020.

Notes et références

  1. « Les droits des femmes », À Périgueux, no 6, , p. 11.
  2. Luc Adrian, Madeleine Delbrêl, une vie aux « périphéries », Famille chrétienne, no 1927, 20-26 décembre 2014, p. 36-39.
  3. « Les Lois Scoutes », sur http://scouts-val-de-marne.fr
  4. 17 et 18 octobre : ouverture de la maison de Madeleine Delbrêl.
  5. Ampleur et dépendance du service social, Paris, Librairie Bloud et Gay, 1937.
  6. Claire Lesegretain, Les héritiers si divers de Madeleine Delbrêl, La Croix, 11-12 octobre 2014.
  7. Christophe Chaland, « Madeleine Delbrêl, un christianisme total », La Croix, 26 juin 2014, p. 16.
  8. Anita Snchz Brdn, « Madeleine Delbrêl déclarée "vénérable" », sur ZENIT - Francais, (consulté le )
  9. Anne-Laure Filhol, « “Madeleine Delbrêl n'a cessé d'annoncer le Christ dans le milieu athée“ », La Vie, (lire en ligne )
  10. Agnès Pinard Legry, « Insolite : une variété de roses porte le nom de la vénérable Madeleine Delbrêl », sur fr.aleteia.org.

Liens externes

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