Maillot arc-en-ciel
Le maillot arc-en-ciel ou maillot irisé[1] est le nom donné au maillot distinctif qui est remis au vainqueur d'un championnat du monde de cyclisme quelle que soit la discipline : piste, route, cyclo-cross, VTT, BMX mais aussi cyclisme en salle et paracyclisme. Tous les champions du monde reçoivent et portent le même maillot, à l'exception de la période entre 1995 et 2015, où un logo supplémentaire identifiait chacune des disciplines[2]. C'est le maillot le plus prestigieux pour un cycliste.
Pour les articles homonymes, voir Arc-en-ciel (homonymie).
Son nom provient de la ressemblance avec l'arc-en-ciel mais en fait il s'agit d'un maillot blanc avec cinq bandes aux couleurs de l'Union cycliste internationale (UCI), soit de haut en bas : bleu, rouge, noir, jaune et vert. Ces cinq couleurs représentent les cinq continents tout comme les cinq anneaux olympiques.
L'apparition du maillot arc-en-ciel pour récompenser chaque champion du monde remonte aux mondiaux sur piste de 1922[2]. Cette tunique est par la suite déployée dans les autres disciplines du cyclisme. Le maillot est produit par Santini SMS depuis 1994.
Règlement et généralités
Un champion du monde doit porter le maillot lorsqu'il participe à la même discipline, catégorie et spécialité pour laquelle le titre a été remporté. Par exemple, le champion du monde de course sur route porte le maillot arc-en-ciel lors des courses par étapes (sauf pour les étapes contre-la-montre) et les courses d'un jour, mais ne peut le porter lors d'un contre-la-montre individuel ou par équipes. De même, sur piste, le champion du monde de poursuite individuelle ne porte le maillot qu'en participant à d'autres épreuves de poursuite individuelle[3].
Le maillot arc-en-ciel aide à rendre un champion du monde plus facile à repérer pour les spectateurs, mais il a également pour effet de rendre le détenteur du titre plus visible pour les autres coureurs. Cela peut être un inconvénient car il est plus difficile pour le champion du monde de lancer une attaque, car il se retrouve plus « marqué » par les autres coureurs. Il y a également un espace réduit pour les logos des sponsors sur les maillots des champions du monde. Cependant, la couverture médiatique accrue d'un champion du monde en titre est censée compenser le manque de visibilité potentiel des sponsors.
Si le détenteur d'un maillot arc-en-ciel devient leader d'une course à plusieurs étapes (comme le Tour de France), alors le maillot de leader (maillot jaune pour le Tour) de cette course prévaut.
Le non-port du maillot arc-en-ciel lorsque cela est nécessaire entraîne une amende de 2500 à 5000 francs suisses. Ces vainqueurs doivent le porter pendant une année jusqu'au championnat suivant. Ensuite, ils peuvent porter les liserés arc-en-ciel sur le bord des manches de leur maillot en rappel de leur titre acquis. Ils conservent ce droit pour le reste de leur carrière.
Les couleurs du maillot arc-en-ciel ont été également utilisées officieusement par les champions du monde de triathlon, de patinage de vitesse et de patinage de descente extrême.
Cyclisme sur route masculin
Malédiction du maillot arc-en-ciel
Concernant le Championnat du monde de cyclisme sur route, on évoque parfois la malchance qui a souvent poursuivi le porteur du maillot arc-en-ciel[4]. Une étude publiée dans le British Medical Journal a montré qu'un coureur remporte plus de courses l'année où il devient champion du monde mais ensuite alors qu'il est porteur du maillot arc-en-ciel, il retombe à son nombre de victoires habituel (retour à la moyenne)[5].
Quelques exemples de malheurs ou déconvenues subis par des champions du monde :
- Le Belge Jean-Pierre Monseré est décédé en course en 1971 alors qu'il portait le maillot arc-en-ciel[6]. Le pistard Isaac Gálvez est l'autre coureur mort en course avec le maillot arc-en-ciel lors des Six jours de Gand.
- Le Belge Freddy Maertens, vainqueur en 1981 et auteur d'une grande saison, ne retrouvera jamais son meilleur niveau.
- L'Irlandais Stephen Roche est l'auteur d'une saison 1988 désastreuse après son triplé Tour d'Italie - Tour de France - Championnat du monde en 1987[7].
- Le Français Luc Leblanc a porté son maillot arc-en-ciel pour trois équipes différentes en un an.
- Le Français Laurent Brochard est mis en cause dans l'affaire Festina en 1998, alors qu'il portait le maillot arc-en-ciel.
- L'Espagnol Igor Astarloa a dû changer d'équipe lors de la saison 2004 passant de la Cofidis à la Lampre alors qu'il avait remporté le mondial quelques mois auparavant. Dès lors, il connaît une carrière marquée par des affaires de dopage.
- L'Italien Paolo Bettini en 2006 perd son frère, mort dans un accident de voiture, une dizaine de jours après son sacre[8].
- Le champion du monde 2008, l'Italien Alessandro Ballan n'a pas disputé la première moitié de la saison 2009 à la suite d'un cytomégalovirus.
Victoires notables
Quatre champions du monde en titre ont remporté le Tour de France, la course cycliste la plus prestigieuse. Il s'agit du Français Louison Bobet en 1955, du Belge Eddy Merckx en 1972, du Français Bernard Hinault en 1981 et de l'Américain Greg Lemond en 1990.
Sur le Tour d'Italie, trois coureurs ont réussi cette performance : l'Italien Alfredo Binda en 1928 et 1933, le Belge Eddy Merckx en 1968 et 1972 et l'Italien Giuseppe Saronni en 1983.
Sur le Tour d'Espagne, seul le Belge Freddy Maertens a triomphé en 1977 alors qu'il était porteur du maillot arc-en-ciel.
D'autres champions du monde en titre ont également remporté des courses par étapes prestigieuses :
- le Tour de Suisse, avec le Néerlandais Hennie Kuiper en 1976 et le Portugais Rui Costa en 2014.
- le Tour de Romandie, avec le Belge Eddy Merckx en 1968.
- le Critérium du Dauphiné libéré, avec les Français Louison Bobet en 1955 et Bernard Hinault en 1981.
- Paris-Nice, avec le Belge Freddy Maertens en 1977.
- Tirreno-Adriatico, avec l'Espagnol Oscar Freire en 2005.
Sur les courses d'un jour, ou grandes classiques, plusieurs coureurs se sont imposés avec le maillot de champion du monde :
- Paris-Roubaix, avec le Belge Rik Van Looy en 1961 et 1962, le Belge Eddy Merckx en 1968, l'Italien Francesco Moser en 1978, le Français Bernard Hinault en 1981 et le Slovaque Peter Sagan en 2018.
- Milan-San Remo, avec l'Italien Alfredo Binda en 1931, le Belge Eddy Merckx en 1972 et 1975, l'Italien Felice Gimondi en 1974 et l'Italien Giuseppe Saronni en 1983.
- Tour des Flandres, avec le Français Louison Bobet en 1955, le Belge Rik Van Looy en 1962, le Belge Eddy Merckx en 1975, le Belge Tom Boonen en 2006 et le Slovaque Peter Sagan en 2016.
- Liège-Bastogne-Liège, avec le Suisse Ferdi Kubler en 1952, le Belge Rik Van Looy en 1961, le Belge Eddy Merckx en 1972 et 1975 et l'Italien Moreno Argentin en 1987.
- la Flèche Wallonne, avec le Suisse Ferdi Kubler en 1952, le Belge Rik Van Steenbergen en 1958, le Belge Eddy Merckx en 1972, le Belge Claude Criquielion en 1985, l'Australien Cadel Evans en 2010 et le Français Julian Alaphilippe en 2021.
- le Tour de Lombardie, avec l'Italien Alfredo Binda en 1927, le Britannique Tom Simpson en 1965, le Belge Eddy Merckx en 1971, l'Italien Felice Gimondi en 1973, l'Italien Giuseppe Saronni en 1982, le Suisse Oscar Camenzind en 1998, l'Italien Paolo Bettini en 2006.
- le Grand Prix des Nations, avec le Français Antonin Magne en 1936 et le Belge Freddy Maertens en 1976.
- Paris-Bruxelles, avec le Belge Rik Van Steenbergen en 1950, et le Français Jean Stablinski en 1963.
- Gand-Wevelgem, avec le Belge Rik Van Looy en 1962 et le Slovaque Peter Sagan en 2016 et 2018.
- l'Amstel Gold Race, avec le Belge Eddy Merckx en 1975, le Néerlandais Jan Raas en 1980 et le Français Bernard Hinault en 1981.
- Bordeaux-Paris avec le Belge Georges Ronsse en 1929 et 1930.
Par contre, des courses comme Paris-Tours, les Quatre jours de Dunkerque, le Tour de Catalogne, le Grand Prix de Francfort, le Grand Prix Midi-Libre ou le Championnat de Zurich, bien qu'ayant compté pour le Super Prestige Pernod durant leur âge d'or, n'ont jamais été remporté par un porteur du maillot arc-en-ciel.
Champions du monde actuels
En 2015, la Française Pauline Ferrand-Prévot est devenue la première cycliste à détenir en même temps trois titres de championne du monde dans trois disciplines (route, cyclo-cross et VTT)[9],[10].
Les champions du monde dans chaque discipline qui portent actuellement le maillot arc-en-ciel sont[11],[12] :
Notes et références
- « Irisé » signifiant « qui présente les couleurs de l'arc-en-ciel ».
- Maillot unique pour tous les Champions du Monde sur directvelo.com
- Titre I : Organisation générale du sport cycliste (version au 11.02.2020)
- Maxime Dupuis, « Les grands récits : Arc-en-ciel, couleurs du malheur », sur eurosport.fr, (consulté le )
- (en) Thomas Perneger, « Debunking the curse of the rainbow jersey: historical cohort study » [« Dissiper la malédiction du maillot arc-en-ciel: étude d'une cohorte historique »], sur bmj.com, (consulté le )
- Mort de Jean-Pierre Monseré
- Année blanche pour Stephen Roche en 1988.
- Cyclingnews, Paolo Bettini perd son frère
- « Pauline Ferrand-Prévot, triple championne du monde ! », sur France 3 Grand Est (consulté le )
- « Pauline Ferrand-Prévot, la reine qui étend son empire », sur Eurosport, (consulté le )
- Current World Champions
- Ici ne sont pas pris en compte les championnats jeunes (espoirs et juniors) et masters (catégories d'âge à partir de 30 ans)
Voir aussi
- Portail du cyclisme