Manon des sources (film, 1952)
Manon des sources est un film français réalisé par Marcel Pagnol, sorti en 1952. Il inspirera plus tard au réalisateur un roman en deux parties : L'Eau des collines.
Pour les articles homonymes, voir Manon des sources.
Titre original | Manon des sources |
---|---|
Réalisation | Marcel Pagnol |
Scénario | Marcel Pagnol |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Les Films Marcel Pagnol |
Pays de production | France |
Genre | Drame |
Durée | 235 min |
Sortie | 1952 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Première partie : Manon des sources
En France dans les années 1920, dans un petit village de Provence près d'Aubagne, Les Bastides Blanches, les gendarmes recherchent Manon, une jeune sauvageonne de la région.
Dans les collines avoisinantes, une vieille femme, Baptistine, jette une malédiction sur le village, ayant appris que la tombe de son mari a été supprimée pour des raisons administratives. Elle est accompagnée de Manon.
À la terrasse du café, les notables parlent de cette Manon : elle est la fille du « Bossu des sources », qui s'est tué à la tâche car son domaine était sans source d'eau et qui a dû s'approvisionner chaque jour à plusieurs kilomètres. La région étant singulièrement sèche, les sources sont vitales et, en général, gardées secrètes par les paysans : « Une source des collines, ça ne se dit pas » commente même Philoxène, le maire-bistrotier. Les notables croyaient que ce bossu, Jean Cadoret, était un étranger qui venait de Peypin, un village voisin, mais il était en fait le fils d'une fille du village, Florette Camoins, que le Papet, un des notables présents, avait bien connue dans sa jeunesse ; son tort est d'avoir épousé un étranger. Plusieurs notables semblent apprendre l'origine du bossu et estiment que cela aurait pu éviter une injustice, sans en dire plus cependant. M. Belloiseau, un clerc de notaire à la retraite dur d'oreille, raconte sa rencontre avec le bossu, sa femme et leurs deux enfants, un garçon et une fille. Quelques femmes viennent également commenter les propos des notables en accusant Manon d'être une sorcière.
Les gendarmes ont arrêté Manon et la ramènent au village. Elle est accusée d'avoir blessé un gars du village, Polyte, et aussi d'avoir volé des melons à Ugolin, un paysan de la région. Le chef de la gendarmerie organise immédiatement une sorte de procès pour régler cette situation. Tous se retrouvent dans une salle communale et les témoins défilent. L'instituteur, avocat de Manon, met en évidence l'obscurantisme et la superstition dont la plupart des témoignages font preuve. Manon explique qu'elle s'est défendue en frappant Polyte à la tête, avec un bâton, car il a tenté de l'agresser sexuellement. On passe à l'affaire du vol des melons et Ugolin témoigne qu'il les a lui-même mis à disposition de Manon. Après une dernière intervention ironique de l'instituteur, Manon est libérée de toutes les charges contre elle.
De retour à leur terrasse, les notables rappellent que la fête de la fontaine du village a lieu le lendemain.
Manon a rejoint Baptistine dans les collines et celle-ci lui montre où et comment réaliser sa vengeance : « Maintenant tu as vu, fais ce que tu voudras ! » Quelques instants plus tard, Manon rencontre l'instituteur qui cherche des cailloux pour sa collection. Manon, sans trop entrer dans les détails, lui explique à quel point Ugolin est un méchant homme. Elle raconte que, lorsqu'elle était enfant et en l'absence de source à proximité, elle, son frère et ses parents ont dû porter l'eau tous les jours sur des kilomètres. Ugolin a trouvé une source sur leurs terres après les avoir rachetées. L'instituteur la quitte. Quelques instants plus tard, Ugolin la rejoint et lui déclare son amour. Elle l'abandonne à sa quasi hystérie.
Le même jour, plus tard, Manon sort d'une anfractuosité dans une paroi abrupte des collines ; elle transporte notamment une pioche.
L'instituteur montre ses cailloux à un ami. Il reconnaît apprécier Manon.
Le lendemain, c'est la fête de la fontaine et Manon vient au village. Pendant le discours commémoratif de M. Belloiseau qui encense les vertus de la nature et de l'eau bienfaitrice, la fontaine commence à toussoter et, tout à coup, son débit s'arrête : les villageois, les paysans du coin, tout le monde commence à paniquer. Le maire annonce qu'il a pris contact avec l'ingénieur du génie rural du département.
Seconde partie : Ugolin
Lors d'une réunion du conseil municipal, l'ingénieur du génie rural présente son analyse et ses hypothèses quant à la problématique hydrométrique qui expliquerait l'arrêt de la fontaine dont l'eau provient d'une source des hauteurs avoisinantes. Pour l'instant, la seule chose qu'il puisse offrir, pour les habitants, animaux et cultures, est de faire livrer de l'eau au village, ce qui ne contente pas du tout les villageois. Le curé annonce pour le lendemain une cérémonie à l'église pour prier le Seigneur. Manon retourne dans les collines.
Manon y surprend Ugolin qui prie devant une statue de la Vierge et l'entend même confesser sa faute, qu'il désire à tout prix réparer.
Le lendemain à l'église, le curé prononce un sermon qui se révèle être un sérieux réquisitoire contre celui qui a commis la faute mais également contre ceux qui se sont tus en connaissance de cause. Il attend que les responsables, présents dans l'église, se dénoncent de manière à apaiser la colère divine. À la sortie de l'église, l'instituteur rappelle à Manon que, le jour précédent, elle avait évoqué une catastrophe à venir et lui demande si elle est à l'origine du tarissement de la fontaine. Elle nie, en précisant qu'elle aussi manque d'eau et qu'elle va devoir déménager à Aubagne, la plus proche grande ville.
Après le sermon, une réunion a lieu chez l'instituteur dans le but de résoudre tous les problèmes liés à l'eau des collines. Ugolin est accusé d'être le responsable et les notables mentionnent ne s'être simplement pas mêlés des affaires des autres. Ugolin se défend et rappelle qu'il a aidé le bossu en rachetant sa maison, Les Romarins, laquelle avait appartenu auparavant à Pique-Boufigue, le frère de Florette, mère du bossu. Manon révèle alors qu'Ugolin avait bouché la seule source du domaine des Romarins avant que son père en prenne possession et que sa famille n'a jamais su qu'il y avait de l'eau à proximité, ce qui est confirmé par Eliacin, un villageois, qui a lui-même vu Ugolin le faire. L'absence d'eau induisait une valeur du domaine peu élevée, ce qui profitait à tout acheteur éventuel, en l'occurrence Ugolin. Manon commente également que personne au village ne les a informés de la présence d'une source sur leur propriété. À la suite de tout cela, le frère de Manon, Paul, est décédé après avoir bu l'eau impropre de la citerne ce qui l'a rendu malade, puis le bossu est mort de chagrin. Bien qu'Ugolin n'avoue pas explicitement son crime, tous ont arrêté leur avis à ce sujet.
Quelques instants plus tard, Ugolin erre dans les collines. En proie à des hallucinations, il revoit le bossu, sa femme et ses deux enfants, Paul et Manon, en train de porter de l'eau sur le chemin ; puis il retourne aux Romarins.
Les notables du village ont décidé d'aller chez Ugolin pour officialiser la restitution des Romarins à Manon. Ils découvrent la confession-testament d'Ugolin, qui s'est pendu à la branche d'un olivier.
Les notables veulent également présenter leurs excuses à Manon et se rendent chez elle. Ils lui révèlent qu'Ugolin est mort et qu'il lui a cédé Les Romarins et, contrits, lui demandent de venir à la procession organisée au village. Après qu'ils s'en sont allés, l'instituteur révèle à Manon le suicide d'Ugolin — « […] l'hérédité, le remords, l'amour ? » — et surtout la persuade de rendre l'eau au village, ce qu'ils vont réaliser ensemble.
Manon tente de persuader le curé de renoncer à la procession puisque l'eau va revenir tout prochainement. La procession a lieu, l'eau revient à la fontaine, les villageois sont heureux et le curé obtient son miracle.
Manon vend la ferme des Romarins à Anglade, un paysan voisin ; avec l'argent, elle veut soigner sa mère. L'instituteur avoue son amour à Manon.
Fiche technique
- Titre : Manon des sources ; seconde partie : Ugolin
- Réalisation : Marcel Pagnol
- Scénario et dialogues : Marcel Pagnol
- Photographie : Willy Faktorovitch, dit Willy
- Cadreur : Charly Willy-Gricha, assisté de Roger Ledru, Clément Maure et André Soriano (opérateur stagiaire)
- Son : Marcel Royné, Zaccaro (perchman), Louis Guilbaud (recorder)
- Musique : Raymond Legrand
- Musique additionnelle : extrait de L'Arlésienne de Georges Bizet
- Chœurs du village de La Treille, sous la direction de l'abbé Party
- Montage : Raymonde Bianchi, Jacques Bianchi
- Script-girl : Raymonde Bourrely
- Décors : Eugène Delfau
- Régisseur général : Léon Bourrely, assisté de Marcel Correnson
- Régisseur extérieur : Henri Garzia
- Accessoiristes : Paul Latière et Marcel Laudrin
- Photographe de plateau : Henri Moirond
- Maquillage : Paul Ralph
- Agent technique : Bruno Negri
- Pays d'origine : France
- Langues de tournage : français, provençal
- Tournage dans les studios de Marseille
- Tournage extérieur : Marseille (village de la Treille), Aubagne, (Bouches-du-Rhône)
- Producteur : Marcel Pagnol
- Société de production : La société Nouvelle des Films Marcel Pagnol
- Société de distribution : Gaumont
- Directeur de production : Charles Pons
- Système sonore : Western Electric
- Tirage : Laboratoire G.T.C (Nice - Paris)
- Format : pellicule 35 mm - noir et blanc - 1.37:1 - son mono
- Genre : drame
- Durée : 235 minutes (3 h 55 min)
- Visa d'exploitation : 13.037
- Date de sortie : en France
- Box office France : 4 278 533 entrées
Distribution
- Jacqueline Pagnol : Manon
- Raymond Pellegrin : Bernard, l'instituteur
- Rellys : Ugolin
- Henri Poupon : le Papet
- Anne Roudier : Magali, la mère de l'instituteur
- Robert Vattier : M. Belloiseau
- Henri Vilbert : le curé
- René Sarvil : le brigadier
- Fernand Sardou : Philoxène, le maire
- Henri Arius : Claudius, le boucher
- André Bervil : Anatole, le boulanger
- Charles Blavette : Pamphile, le menuisier
- Milly Mathis : Amélie, la femme du menuisier
- Christian Lude : l'ingénieur
- Édouard Delmont : Anglade
- Edmond Ardisson : Ange, le fontainier
- Julien Maffre : Pétugue, le forgeron
- Jenny Hélia : Aricie, la femme de Cabridan
- Marcelle Géniat : Baptistine, la Piémontaise
- Jean-Marie Bon : Cabridan
- Jean Panisse : Eliacin
- Luce Dassas : la femme d'Ange
- Marthe Marty : Sidonie
- Andrée Turcy : la bouchère
- Alfred Goulin : le grand bossu
- Bréols : un gendarme
- Marguerite Chabert : la mère de Polyte
- Marcel Daxely : Josias, le frère de Jonas
- Yvonne Gamy : Elodie Martelette
- Del Bosco : Jonas, le frère de Josias
- Jean Toscan : Polyte
- Patrick Portal : un enfant de chœur
- Jeanne Mars : Nathalie
- Jacques Valois : le directeur des Bauxites
Postérité
En 1963, Marcel Pagnol publie L'Eau des collines, diptyque romanesque constitué des romans Jean de Florette et Manon des Sources. Il s'agit d'une adaptation du film, auquel il souhaitait ajouter un premier volet, sur le passé des personnages, en particulier de Jean, le père de Manon, à peine évoqué en flash-back dans le film. Le second roman reprend de loin la trame du film en y ajoutant des personnages et détails, tandis que le premier dépeint en détail l'histoire de Jean, le père de Manon. En 1986, Claude Berri a adapté L'Eau des collines en deux films : Jean de Florette et Manon des sources. Les deux films du même titre ont ainsi des scénarios assez différents.
Autour du film
- Pour le rôle d'Ugolin, deux acteurs étaient pressentis : Fransined, le frère de Fernandel, et Rellys. Finalement, le choix de Marcel Pagnol se porta sur Rellys, au détriment du frère de Fernandel, Fransined, dont la carrière au cinéma ne décollera jamais. Fernandel accepta le choix de Marcel Pagnol, étant lui-même un ami de longue date de Rellys, qu'il retrouvera dans d'autres films, dont Crésus de Jean Giono en 1960 et Heureux qui comme Ulysse de Henri Colpi en 1970. Plus de 30 ans après ce refus, Fransined interprétera en 1985 et 1986 le rôle du fleuriste dans les films Jean de Florette et Manon des sources de Claude Berri.
- Raymond Pellegrin raconte qu'il faisait si chaud sur le tournage et que les cigales chantaient si fort que Marcel Pagnol devait sans cesse arrêter le tournage à cause du vacarme. « On travaillera demain » lançait-il. Le régisseur lui répliquait « Tu vas nous faire perdre un million » « Le million rétorquait Pagnol, il est à moi ! »[1].
Notes et références
- Télé 7 Jours, no 1539, semaine du 25 novembre au , p. 105, article de Jean Poggi.
Voir aussi
Articles connexes
- Colline de Jean Giono, qui conte aussi la recherche de l'eau des collines et sa disparition soudaine.
- Le Malentendu d'Albert Camus, qui aborde le thème de faire fortune en sacrifiant sans le savoir un membre de la famille.
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Analyse du film sur DVDClassik
- Portail du cinéma français
- Portail des années 1950
- Portail de la Provence