Raymond Legrand

Raymond Legrand est un chef d'orchestre et compositeur français de variétés jazz, né le à Paris XIe et mort le à Nanterre[1]. Successeur de Ray Ventura dans le Paris occupé, il accompagne après guerre de nombreux chanteurs populaires tout en se consacrant, comme son fils Michel Legrand, à la musique de films.

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Raymond Legrand
Biographie
Naissance
Décès
(à 66 ans)
Nanterre
Sépulture
Nom de naissance
Raymond Paul Legrand
Nationalité
Activité
Enfant

Biographie

Du conservatoire au jazz (1926-1939)

Élève de Gabriel Fauré au Conservatoire national, Raymond Legrand se fait très tôt connaître par des ouvrages sur l'harmonisation, l'instrumentation et l'orchestration. Il épouse en 1929 une jeune fille de la bourgeoisie arménienne, Marcelle Der Mikaëlian, sœur de Jacques Hélian. De ce mariage naissent la chanteuse Christiane Legrand en 1930 et le compositeur Michel Legrand en 1932. Investissant les variétés, Raymond Legrand réalise des arrangements pour Ray Ventura et son ensemble fondé en 1928 sous le nom Les Collégiens, l'élite des jazzmen parisiens. En 1933, il fonde sa propre formation, L'Orchestre de Raymond Legrand . L'aventure tourne court[2]. En 1935, il abandonne femme et enfants.

Chantons sous l'Occupation (1940-1945)

En , durant l'Occupation, Ray Ventura, dont la sœur sera arrêtée le , tombe sous le coup du statut des Juifs. Comme beaucoup de personnes qui se voient ainsi interdire d'exercer un mandat social, il confie, depuis la zone sud où il s'est réfugié, les droits d'auteur dont il est détenteur à un prête-nom. C'est Marcelle Legrand. Raymond Legrand, qui est séparé de celle ci, n'a pas attendu que les difficultés de Ray Ventura se précisent et a reconstitué dès les lendemains de la défaite, en 1940[2], une formation qu'il baptise Le Jazz Dixit.

En , il y regroupe ceux des Collégiens qui ne suivent pas leur ex patron en exil. Le , son orchestre anime le gala organisé au théâtre de l'Empire par l'exposition Le bolchevisme contre l'Europe au profit de la Légion des volontaires français. Dînant dans un cercle collaborationniste, il s'exclame publiquement et avec enthousiasme « Demain, la Russie sera à l'armée allemande! »

Le succès ne vient qu'en avec la sortie d'un disque reprenant la musique du film Mademoiselle Swing[2]. Le jazz plaît aux zazous. Aux sollicitations plus ou moins menaçantes de l'ambassadeur Otto Abetz, maître d'œuvre d'une politique de Collaboration intellectuelle, Raymond Legrand répond en participant à la fin de l'été 1942 en tant que chef d'orchestre au côté de Lys Gauty, Jane Sourza, Fréhel, Raymond Souplex au mois de tournée intitulé Paris-Vedettes et organisé à travers l'Allemagne pour les ouvriers du STO[3]. Il évite par là-même à ses musiciens d'y être envoyés à leur tour.

Il lance Francis Lopez, accompagne Maurice Chevalier, André Claveau, Jean Tranchant, Fréhel, Lucienne Boyer, Léo Marjane, Damia. La musique légère et réconfortante du Jazz Dixit, quoique héritière de ce que les thuriféraires de Révolution nationale dénoncent sous le terme de « judéonègre »[4], est rendue très populaire par le succès que connaît auprès de Français affamés Radio Paris, dont la programmation en fait un de ses piliers[5].

En 1943, naît son troisième fils, Michel-Patrick Legrand. La mère est la chanteuse Irène de Trébert, alias Mademoiselle Swing. A la Libération, il est inscrit sur l'officieuse liste noire de la provisoire Radio nationale, mais, ayant opportunément et tardivement rejoint un réseau de résistants nivernais, il n'est pas poursuivi par le Comité national d'épuration mis en place pour les artistes de la scène le [6].

Variété et cinéma (1946-1974)

En 1946, il divorce enfin mais c'est avec Paulette Bonimond qu'il se remarie. Il en a deux enfants, l'écrivain Benjamin Legrand en 1950 et le peintre Olivier Legrand en 1954[7]. En 1948, il dirige l'orchestre lors de l'enregistrement de C'est si bon par les Sœurs Étienne, qui devient un succès. À partir de 1951, son fils Michel Legrand commence à écrire des arrangements pour l'orchestre de son père et en 1966 Michel Legrand dirige l'orchestre pour l'enregistrement de cette chanson par Barbra Streisand pour son album Color me Barbra. En 1949, il est embauché comme directeur artistique par la maison Decca.

L'orchestre de Raymond Legrand accompagne notamment Irène de Trébert, Maurice Chevalier, Georges Guétary, Tino Rossi, les Sœurs Étienne ou encore Colette Renard, sa secrétaire qui rêvait de chanter pour laquelle en 1960 il divorce et qu'il épouse aussitôt. Il divorce une troisième fois en 1969[8]. Il collabore aussi avec de grandes figures de la chanson française comme Francis Lemarque, Mouloudji, Édith Piaf ou Henri Salvador.

En 1971, il divorce à nouveau pour se marier avec Martine Leroy dont il a une fille, Coralie Legrand. Il est inhumé à Bissy-sous-Uxelles (Saône-et-Loire).

Musiques de film

Distinctions

Annexes

Bibliographie

  • Chantal Brunschwig, Louis-Jean Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chanson française, Seuil, 1972 (1re éd. reliée) ; ré-éd. poche (coll. Points actuels), 1981 (ISBN 2-02-00-2915-4).
  • Jacques Hélian, Les Grands orchestres de music-hall en France : souvenirs et témoignages, Filipacchi, 1984 (ISBN 2-85018-491-8).
  • Jean Jour, Roger Darton : pince-moi, je rêve !, Éditions Dricot, 1993 (ISBN 2870951272).

Sources

  1. Archives de Paris 11e, acte de naissance no 1830, année 1908 (page 16/31) (avec mentions marginales de mariage et de décès)
  2. J. Buzelin, « Raymond Legrand», in Fred Adison, Le petit dictionnaire de la chanson française en 100 titres, Frémeaux & Associés, Vincennes, 2006, 4 CD & 1 brochure.
  3. R. Paxton, O. Corpet & C. Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, p. 100-101, Tallandier, Paris, avril 2009 (ISBN 978-2-84734-585-8).
  4. D. Nevers, Intégrale Irène de Trébert 1938-1946 avec l'orchestre de Raymond Legrand et Michel Warlop, Frémeaux & Associés, Vincennes, 2 CD.
  5. C. Méadel, in « Les éclatants silences de Radio-Paris », in M. Chimènes, La vie musicale sous Vichy, p. 244, Coll. Histoire du temps présent, Complexe, Bruxelles, 2001 (ISBN 9782870278642)
  6. P. Belleret, Piaf, un mythe français., p. 53, Fayard, Paris, 2013 (ISBN 9782213670300).
  7. Roger Darton : pince-moi, je rêve ! Auteur : Jean Jour. Éditions Dricot, 1993. ISBN, 2870951272, 9782870951279

Liens externes

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