Manto Tshabalala-Msimang

Manto Tshabalala-Msimang ( - ) est une personnalité politique sud-africaine, membre du Congrès national africain (ANC) et députée au parlement (1994-2009). Elle fut la ministre sud-africaine de la Santé de 1999 à 2008 sous les deux gouvernements de Thabo Mbeki.

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Manto Tshabalala-Msimang
Fonctions
Liste des ministres de la santé d'Afrique du Sud
-
Députée à l'Assemblée nationale sud-africaine
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Activité
Conjoint
Mendi Msimang (en)
Autres informations
Parti politique

Elle était surnommée « Dr Betterave » (Dr Beetroot en anglais) à cause de ses prises de position controversées au sujet du sida[1],[2]. Elle estimait qu'une alimentation à base de légumes, de betterave, d'ail et de citron[3],[4] suffisait à combattre la maladie et, avant 2002, niait que le VIH en était la cause[5],[2]. Elle s'est opposée à l'introduction des antirétroviraux[5] et à des militants d'associations anti-sida qui avaient fourni en 2002 des traitements prévenant la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Ainsi, la politique menée lorsqu'elle était ministre a potentiellement mené à plus de 330 000 morts prématurées du SIDA entre 2000 et 2005[5],[6].

Biographie

Née à Durban, diplômée de l'université de Fort Hare (1961) où elle militait dans les rangs de jeunesse du Congrès national africain (ANC), elle avait pris le chemin de l'exil en 1962, après son interdiction et avait entamé des études de médecine à Leningrad (1962-1969), complétées, en 1972, d'une spécialisation en gynécologie-obstétrique en Tanzanie. En 1980, elle obtenait un master en santé publique de l'université d'Anvers. En exil, elle fut un cadre de l'ANC chargé des questions de santé.

De retour en Afrique du Sud en 1990, à la suite de la levée de l'interdiction de l'ANC par le président Frederik de Klerk, elle est élue au Parlement en 1994 et devient ministre adjoint de la Justice en 1996 dans le gouvernement Mandela avant de se voir confier le portefeuille de la santé en 1999 dans le gouvernement Mbeki.

À cette fonction, elle se fait remarquer par sa remise en cause du VIH comme responsable du sida et par son hostilité aux organismes de lutte contre la pandémie comme l'Onusida et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, « en qui elle voyait les instruments des intérêts postcoloniaux et de l'industrie pharmaceutique occidentale[7]. » À ce titre, elle avait été vivement condamnée par la communauté internationale, qui lui reprochait, comme à Mbeki, d'avoir retardé la mise en place de traitements antirétroviraux dans le pays en niant les évidences scientifiques[2],[8]. Alors qu'elle souffre d'une infection en 2006, sa vice-ministre déléguée Nozizwe Madlala-Routledge (2004-2007) renverse la politique du ministère concernant le sida en encourageant le dépistage et la prise en charge par des traitements médicamenteux[9].

Le , le successeur de Mbeki, Jacob Zuma, après des propos controversés sur le sida, lance une campagne massive de lutte contre le VIH, tournant la page des années Manto[8]. Le , à la chute du gouvernement Mbeki, elle quitte le ministère de la santé pour celui de la présidence dans le gouvernement Motlanthe. Elle ne sera pas reconduite dans le gouvernement Zuma mis en place en mai 2009. Elle est morte le , dans un hôpital de Johannesburg de complications hépatiques à la suite d'une cirrhose d'origine alcoolique, après avoir subi, en 2007, une greffe de foie[2].

Médecines traditionnelles

Lors d'une réunion avec des guérisseurs traditionnels en pour discuter de la future législation, Tshabalala-Msimang avait fait valoir que les remèdes traditionnels ne devaient pas s’« enliser » dans des tests cliniques, avec ces mots : « Nous n’avons pas à utiliser les modèles de protocoles occidentaux dans la recherche et le développement »[10].

En , elle avait réclamé une plus grande protection des droits de propriété intellectuelle sur les médicaments traditionnels de l'Afrique. S'exprimant lors de la 6e commémoration de la Journée de la médecine traditionnelle africaine à Yaoundé capitale du Cameroun, elle avait dit que le continent devrait profiter davantage de son ancien savoir traditionnel[11].

Notes et références

  1. (en) David Beresford, « Manto Tshabalala-Msimang obituary », sur theguardian.com, .
  2. « Dr Betterave s’est éteinte », Jeune Afrique, 16 décembre 2009 (consulté le 17 décembre 2009).
  3. (en) Mariette le Roux, « Eat garlic, beetroot and lemon, Manto repeats », sur iol.co.za, .
  4. (en) Bruce Weber, « Manto Tshabalala-Msimang, South African Who Oversaw Discredited AIDS Policy, Dies at 69 », sur nytimes.com, .
  5. (en) « Manto Tshabalala-Msimang », sur britannica.com.
  6. (en-US) Pride Chigwedere, George R. III Seage, Sofia Gruskin et Tun-Hou Lee, « Estimating the Lost Benefits of Antiretroviral Drug Use in South Africa », JAIDS Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes, vol. 49, no 4, , p. 410 (ISSN 1525-4135, DOI 10.1097/QAI.0b013e31818a6cd5, lire en ligne, consulté le ).
  7. Paul Benkimoun, Manto Tshabalala-Msimang, ex-ministre de la santé d'Afrique du Sud, Le Monde du 22 décembre 2009.
  8. Paul Benkimoun, « L'Afrique du Sud lance un plan ambitieux contre le sida », Le Monde, (lire en ligne).
  9. (en) Stephen Bevan, « African minister ends decade of denial on Aids », The Daily Telegraph, (lire en ligne).
  10. (en) « No clinical trials for SA healers ». BBC News. 24 février 2008.
  11. (en) « Africa urged to protect traditional medicines » Newsletter Archive. Publié le 5 septembre 2008.


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