Manuel José Estrada Cabrera
Manuel José Estrada Cabrera, né le à Quetzaltenango (Guatemala) et mort le à Guatemala (Guatemala) est un avocat et homme d'État guatémaltèque, président du Guatemala de 1898 à 1920.
Manuel Estrada Cabrera | ||
Manuel José Estrada Cabrera en 1916. | ||
Fonctions | ||
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Président du Guatemala | ||
– (22 ans, 2 mois et 7 jours) |
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Élection | septembre 1898 (en) | |
Réélection | 11 juillet 1904 11 avril 1910 17 janvier 1916 |
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Vice-président | Feliciano Aguilar Manuel Morales Tovar José María Reina Andrade Mariano Serrano Muñoz Francisco Anguiano Matías J. López Ignacio López Andrade Carlos Herrera y Luna |
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Prédécesseur | José María Reina Barrios | |
Successeur | Carlos Herrera y Luna | |
Premier nommé à la présidence du Guatemala (en) | ||
– (11 mois et 29 jours) |
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Président | José María Reina Barrios Lui-même |
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Prédécesseur | Manuel Morales Tovar | |
Successeur | Feliciano Aguilar | |
Secrétaire d'État chargé de l'Intérieur (en) | ||
– (5 ans, 6 mois et 7 jours) |
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Président | José María Reina Barrios | |
Prédécesseur | Francisco Villeda | |
Successeur | Mariano Cruz | |
Maire de Quetzaltenango | ||
– (~ 1 an) |
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Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Quetzaltenango (Guatemala) | |
Date de décès | ||
Lieu de décès | Guatemala (Guatemala) | |
Nature du décès | Pneumonie | |
Nationalité | Guatémaltèque | |
Parti politique | Parti libéral (en) | |
Mère | Joaquina Cabrera (en) | |
Diplômé de | Université de San Carlos | |
Profession | Avocat | |
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Manuel Estrada s'empara du pouvoir par la force après l'assassinat de José María Reina. Le cabinet gouvernemental s'était assemblé en urgence pour désigner un successeur au président défunt mais avait refusé d'inviter le Général à cette réunion. Offensé, Cabrera fit irruption, "arme au poing" et s'imposa de lui-même comme nouveau chef du pays[1]. Il conserva le pouvoir pendant vingt-deux ans.
United Fruit Company
Attirés par le climat d'ordre entretenu par le régime et bénéficiant de conditions très avantageuses, les capitaux étrangers affluèrent. Cabrera autorisa l'entrée de l'United Fruit Company au sein de l'arène politique et économique du Guatemala. De sensibilité libérale, le nouveau président choisit une politique d'endettement pour encourager le développement des infrastructures du pays : autoroutes, chemins de fer et ports maritimes afin de développer une économie d'exportation. Estrada Cabera lança un projet de chemin de fer qui devait relier le principal port de Puerto Barrios à la capitale. Mais, en raison de la chute du commerce intérieur du café, les fonds manquèrent et la ligne n'atteignit pas son but. Cabrera estima alors, sans même consulter les instances législatives ou judiciaires, qu'un marché avec l'United Fruit Company était le seul moyen d'achever les travaux du chemin de fer[2]. Le Président signa ainsi en 1904 un accord avec Minor Keith qui fonda la « Guatemalan Railroad Company » et obtint un contrat de 99 ans pour la construction et la maintenance du chemin de fer reliant la ville de Ciudad de Guatemala à Puerto Barrios, sur la côte atlantique[3].
L’implantation dans le pays des firmes étrangères s'effectue au prix de la dépossession des indigènes, de la destruction de leurs communautés, et à la prolétarisation des paysans soumis à l'obligation de travail sur les plantations capitalistes nouvelles et à la misère des salaires de subsistance[4].
Un régime autoritaire
Cabrera employait souvent des méthodes brutales pour asseoir son autorité. L'ancien président Manuel Barillas fut notamment assassiné en 1907 sur ses ordres. Le Congrès fut épuré de ses opposants : ceux-ci sont exilés, incarcérés, voire assassinés. Cabrera répondait aussi par la violence aux grèves des travailleurs contre l'United Fruit Company, n'hésitant pas à faire feu sur ceux qui refusaient de reprendre le travail[5].
En 1906 Estrada Cabrera eut à faire face à plusieurs mouvements de révolte contre son autorité. Les rebelles étaient soutenus par d'autres gouvernements d'Amérique Centrale, mais le dictateur réussit à faire échouer leurs actions. Estrada se maintint ainsi par la force jusqu'en 1920 où de nouvelles révoltes l'obligèrent cette fois à quitter le pouvoir. Dans les dernières années de sa dictature, son autorité avait sérieusement diminué et ne reposait plus que sur la loyauté de quelques généraux. Lorsque les États-Unis menacèrent d'intervenir si Cabrera était déposé par les révolutionnaires, une coalition bipartisane se forma pour lui faire quitter la présidence. Il abandonna ses fonctions après que l'Assemblée Nationale l'eut reconnu mentalement incompétent et il fut remplacé par Carlos Herrera le [6].
Estrada Cabrera tenta de développer un culte de Minerve au Guatemala. Il ordonna la construction de plusieurs "Temples de Minerve", de style hellénique, dans les principales villes du pays.
La vie privée des citoyens est placée sous le contrôle du régime (surveillance des correspondances et délation)[4].
Estrada Cabrera fut immortalisé dans le roman El Señor Presidente (1946) écrit par le Prix Nobel de Littérature Miguel Ángel Asturias.
Notes et références
- Chapman, Peter. Bananas: How the United Fruit Company Shaped the World. NY: Canongate, 2007. pg. 54.
- Paul J. Dosal, Doing Business with the Dictators: A Political History of United Fruit in Guatemala, Wilmington, Delaware: Scholarly Resources Inc., 1993, p.3.
- Chapman, Peter. Bananas: How the United Fruit Company Shaped the World. NY: Canongate, 2007.
- Leslie Manigat, L'Amérique latine au XXe siècle : 1889-1929, Éditions du Seuil, , p. 116-118
- Peter Chapman, Bananas, pg. 83.
- Paul J. Dosal, Doing Business with the Dictators: A Political History of United Fruit in Guatemala, Wilmington, Delaware: Scholarly Resources Inc., 1993, p.27.
Voir aussi
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