Marcelle Bidault
Paule Marcelle Bidault aussi connue comme Paule Marcelle Elizabeth Bidault ou Agnès[1] Bidault, née le à Moulins dans l'Allier et morte le à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine, est une résistante française, membre du Mouvement Combat.
Pour les articles homonymes, voir Bidault ou Bidauld.
Elle sera chargée par le Général de Gaulle en 1945 de l'accueil des déportés à l'Hôtel Lutetia avec Denise Mantoux et Sabine Zlatin. Elle s'occupe également du service social du Mouvement de Libération Nationale et de la colonie des « enfants d'Izieu » pendant la Seconde Guerre mondiale avec Sabine Zlatin. Elle est la sœur de l'homme politique Georges Bidault.
Biographie
Marcelle Bidault est née le à Moulins dans l'Allier[2]. Elle est la fille de Georges Bidault (né circa 1848), agent d'assurances et petit propriétaire terrien[3] et de Louise Françoise Augustine Traverse (née le à Thoissey (Ain) et morte le à Moulins (Allier))[4]. Elle a 3 frères: François Louis Bidault[5], Paul Philibert Bidault (né le à Moulins (Allier) et mort le )[6]et Georges Bidault et 2 sœurs: Marie Marguerite Edwige Bidault[7] et Elisabeth Hélène Marie Bidault[8].
Résistance
Marcelle Bidault fait partie du Mouvement Combat[9], dont son frère, Georges Bidault, est un membre du Comité directeur.
Petite Roquette
Elle est arrêtée par la milice en , elle est internée à la prison de la petite Roquette, où travaille Annette Monod. Elle est camouflée en prisonnière de droit commun pour éviter la déportation[10]
Torturée par la Milice
On lit dans L'Impartial publié à La Chaux-de-Fonds, le samedi :
"A titre documentaire ... Mlle Bidault : une grande figure de la Résistance française De M. Robert Destez , dans « Paris-Soir » :
Ils étaient quatre à s'acharner sur une femme , à coups de nerf de bœuf . Trois pour la maintenir. Un pour frapper. Les quatre brutes étaient des miliciens — des Français. Elle , c'était une de la Résistance. On la connaissait sous le nom de Mme Beauchamp. mais son nom est Marcelle Bidault . Son frère était M. X..., président du Conseil national de la Résistance , qui dirigeait la lutte clandestine. Cela se passait la veille du , au troisième étage d'un immeuble de la rue de Monceau , dans une des deux pièces sordides qui servaient de geôle à une quinzaine de prisonniers.
Aujourd'hui , M. X... est devenu M. Georges Bidault , ministre des affaires étrangères du gouvernement provisoire de la République , le plénipotentiaire du traité franco-soviétique . Et aujourd'hui , Mlle Bidault donne le meilleur de son temps aux services du Comité d'organisation des oeuvres sociales de la Résistance , dont elle dirige le secrétariat . Elle continue à servir, et vraiment on éprouve un scrupule à lui prendre quelques minutes pour réveiller en elle le souvenir des heures de torture.
C'est cette femme, pas très grande , aux gestes vifs, à la parole rapide, c'est ce visage qui
rosit un peu quand elle s'anime à parler , que
quatre robustes gaillards ont frappée avec une
minutie de sadiques ? Il semble qu 'on souffre
pour elle , et à peine ose-t-on questionner , On a
honte devant ces mots atroces: « Ils étaient quatre... Français... » Et puis on l'entend dire : — S'ils attendaient mes cris, ils se sont trompés. On ne m'a pas entendue crier.
Et, elle aj oute avec un sourire qui s'excuse : — Une fois si, c'est vrai... mais, très bas, un
gémissement. Et encore : — Je suis restée sourde d'une oreille , ensuite, pendant un mois ou deux . Elle sourit. Mais nous, c'est bien simple : nous
en pleurions.
Vingt mille Allemands pour dix-huit mille
habitants
Mlle Bidault a vécu à Moulins sa prime j eunesse. Orphelin e, sa mère étant morte de bonne
heure , élevée comme son frère Georges, comme
les autres enfants, par une soeur aînée . Moulins , avec ses vieilles maisons, ses gros pavés
sertis d'herbe , peut-on évoquer plus de calme
provincial ?
Avant la guerre , elle avait acquis un titre d'infirmière à la Croix-Rouge. La voilà donc, en
1939, mobilisée à l'Ecole de Saint-Cyr. Mais, après la débâcle , des infirmières, il y en avait
plutôt trop... L'idée de revenir en zone occupée lui fait horreur . A Moulins, pour 18.000 habitants , il y avait
20.000 Allemands! — Je suis allée à Marseille , et c'est en cherchant à « gagner ma vie » que je suis entrée au
Commissariat du chômage féminin . Organisme qui tenait en fait à Vichy, mais où, déjà , on parlait pas mal de résistance.
Ce fut là le départ , là que Mlle Bidault devait faire la connaissance d'une des plus pures figures de cette époque d'héroïsme souterrain , de cette Bertie Albrecht , fondatrice du groupe Combat, avec Henry Frenay. l'actuel ministre
des prisonniers et réfugiés,. Bertie Albrecht qui devait payer son dévouement de sa vie.
Peut-être celle-ci eut-elle sur la soeur du ministre actuel une influence décisive . Mais il faut
croire qu 'en dehors de toute influence , Marcelle
Bidault était solidement habitée par la foi . Elle
avait déj à rej oint le groupe formé autour de
Tristan (aujourd'hui M. Teitgen . ministre de la
guerre). Elle se chargeait de cent besognes à la
fois passionnantes et monotones. Elle passait ses
soirées penchée sur une machine à écrire... clandestine.
Traquée, emprisonnée
Dès lors, elle connaît la vie anxieuse , traquée , des militants de la défense secrète . Un traître s'introduit dans la bande . On s'en
aperçoit juste à temps. Trop juste : beaucoup sont arrêtés. Mlle Bidault parvient à s'enfuir , abandonnant ses bagages, avec un simple sac
à main.
Elle arrive à Paris. Pour recommencer.
Ici. deux fois, elle doit changer de domicile.
Auteuil d'abord , où elle fait venir deux camarades qu 'elle appelle ses filles et qu 'on prend
pour telles dans son entourage : la concierge
s'extasie un j our sur leur ressemblance avec la
jeune maman . — J'ai failli éclater de rire . J'ai répondu :
« Oh, elles ressemblent bien plus à leur père ! »
Nouvelle alerte. Nouvelle installation rue d'Aguessau . Et puis, le , une souricière fut
tendue au centre de réunion de la rue des Saints-Pères. On arrêtait Mlle Bidault. Le soir, c'était
la scène abominable de la rue de Monceau . Mlle Bidault allait rester dix jours dans, ces
deux pièces surpeuplées de détenus et où l'ordinaire se composait d'un peu d'eau , de temps à autre , d'un peu de pain sec toutes les vingt heures — sans compter le nerf de bœuf.
Ensuite , elle fut transférée à la Petite-Roquette où nos vaillants miliciens, qui avaient
sans doute d' autres tortures en tête , l' oublièrent jusqu 'au jour où Paris grondant vers sa délivrance , jls songèrent tout à coup à s'occuper d' eux-mêmes. Le jour où Mlle Bidault sortit de prison , son frère et ses compagnons siégeaient au gouvernement , aux côtés du général de Gaulle."[11],[12]
Jean Thomassin, membre de la Gestapo française, est condamné à mort et exécuté par un peloton d'exécution le , pour avoir torturé des résistants dont Marcelle Bidault [13].
Hôtel Lutetia (1945)
Lorsque le Général de Gaulle décide de réquisitionner l'Hôtel Lutetia en 1945 pour l'accueil des déportés, le centre est dirigé par trois femmes : Marcelle Bidault[14] dite Elizabeth ou Agnès Bidault[15],[16], résistante, et sœur de Georges Bidault, Denise Mantoux[17], du service social du Mouvement de Libération Nationale et Sabine Zlatin, fondatrice de la colonie des enfants d'Izieu pendant la Seconde Guerre mondiale[18],[19],[20],[21],[22].
Notes et références
- Elle se fait en effet appeler « Agnès » dans la Résistance. Voir, Georges Bidault. BIOGRAPHIE: L'homme et son action. amicalemrp.org.
- (en) Paule Marcelle Bidault. geni.com.
- (en) Georges Bidault. geni.com.
- (en) Louise Françoise Augustine Bidault (Traverse). geni.com.
- (en) François Louis Bidault. geni.com.
- (en) Paul Philibert Bidault. geni.com.
- (en) Marie Marguerite Edwige Bidault. geni.com.
- (en) Elisabeth Hélène Marie Bidault. geni.com.
- "LE COMITÉ DES ŒUVRES SOCIALES DES ORGANISATIONS DE RÉSISTANCE (COSOR)". museedelaresistanceenligne.org.
- Katy Hazan. MONOD-LEIRIS ANNETTE (1909-1995). cedias.org.
- Mlle Bidault : une grande figurede la Résistance française.
- Mlle MARCELLE BIDAULT ENTENDUE DANS L'AFFAIRE DU S.P.A.G.. Le Monde, 2 juillet 1946.
- Gestapo de Rue Lauriston.
- Alain Frèrejean. Libération : la joie et les larmes: Acteurs et témoins racontent (1944-1945), 2019. Marcelle Bidault est la sœur du ministre des Affaires ètrangères. Résistante, elle est enfermée à la Petite Roquette. Elle évite la déportation grâce à un camouflage en détenue de droit commun.
- Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale —Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques et syndicats Répertoire numérique détaillé (72AJ/35-72AJ/89), p. 145. Témoignage recueilli par Marie Granet, 25 février 1947.
- Témoignage de Marcelle Bidault, alias Élisabeth ou Agnès, recueilli par Marie Granet. 25 février 1947. francearchives.fr.
- Les femmes dans la Résistance azuréenne.
- L’hôtel Lutetia centre de rapatriement en 1945. cercleshoah.org.
- (en) MARK SEAL. PARIS’ HOTEL LUTETIA IS HAUNTED BY HISTORY. SMITHSONIAN MAGAZINE | April 2019.
- Déportation: "nous n'avons pas le droit d'oublier", rappelle Hubert Falco. ladepeche.fr. 25 avril 2010.
- Lutetia, 1945 – Le retour des déportés. L’encadrement.
- LE RETOUR DES DÉPORTÉS ET LA DÉCOUVERTE DE L'UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE. crrl.fr.
Articles connexes
- Georges Bidault
- Conseil national de la Résistance
- Berty Albrecht
- Jean Multon
- Hôtel Lutetia (1945)
- Denise Mantoux
- Sabine Zlatin
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