Marie Kuhlmann (bibliothécaire)

Marie Kuhlmann, née Schlitter le à Munster et décédée le à Strasbourg, est une bibliothécaire française. Elle a dirigé par intérim la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg à plusieurs reprises, notamment au début de la Seconde Guerre mondiale en supervisant le transfert du personnel et des collections vers des points de repli dans le Massif central.

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Marie Kuhlmann
Marie Kuhlmann à Clermont-Ferrand en .
Fonctions
Administratrice
Bibliothèque nationale et universitaire
-
Administratrice
Bibliothèque nationale et universitaire
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie Salomé Schlitter
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions

Biographie

Jeunesse et formation

Fille d’Hermann Schittler et de Marie Beck, Marie Salomé Schittler est née le à Munster dans l’actuel département du Haut-Rhin alors en Alsace-Lorraine allemande[1]. Après des études secondaires à Colmar, elle réussit en le certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire et se retrouve première au classement[2].

Affectée à l’université de Lille entre et , elle épouse à Colmar le Eugène Charles Kuhlmann, ingénieur et professeur à l’École nationale technique de Strasbourg (ENTS)[3]. Portant désormais le nom de Marie Kuhlmann, elle rejoint l’université d'Aix-en-Provence en après trois années d’inactivité à la suite de son mariage. Munie d’une licence de lettres et d’un diplôme de langue russe, elle est responsable d’un fonds littéraire et juridique.

Elle obtient sa mutation pour la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg, qu'elle intègre le et regagne ainsi sa région d’origine. Elle devient responsable du service des périodiques[4]. Elle se voit ainsi confier la rédaction de l’Inventaire des périodiques des bibliothèques de Strasbourg à l’initiative de l’administrateur de la BNU Ernest Wickersheimer : la publication de ce document est décidée par le conseil d’administration de l’établissement du [5]. Au cours des années suivantes, Marie Kuhlmann réalise alors un vaste travail de prospection auprès de 134 institutions strasbourgeoises. Elle s’appuie par ailleurs sur une première étude menée en sous l’égide de Georg Wolfram, directeur de la Kaiserliche Universitäts- und Landesbibliothek zu Strassburg (à savoir la « Bibliothèque régionale et universitaire impériale de Strasbourg ») durant la période allemande[6]. L’Inventaire est publié en et se trouve communément appelé « Le Kuhlmann » en hommage à la bibliothécaire qui l'a réalisé.

Années de guerre

Marie Kuhlmann (au centre) et le personnel de la Bibliothèque nationale et universitaire à leur arrivée au château de Cordès en .

La montée des tensions en Europe amène la BNU à réaliser un exercice de repli du personnel et des collections dès le au moment de la crise des Sudètes qui s’achève quelques jours plus tard lors des accords de Munich : sous les ordres de Marie Kuhlmann, les manuscrits, incunables, les monnaies et les médailles sont mis en caisse en vue d’être expédiés vers le centre de la France. Le conflit n’éclatant pas, l’opération d’emballage des documents est interrompue[7].

Le , à quelques jours du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les services de la BNU commencent leur repli vers le Massif central. Le même jour, Marie Kuhlmann est déléguée dans les fonctions d’administrateur de l’établissement alors qu’Ernest Wickersheimer est mobilisé dans l’armée française[2]. Occupant cette fonction jusqu’au , elle est chargée d’organiser le transfert des collections et des archives administratives vers le Puy-de-Dôme pour les y mettre à l’abri : le siège du rectorat de l'académie de Clermont-Ferrand accueille ainsi les services de l’université de Strasbourg et de la BNU repliées. Les châteaux de Cordès (commune d'Orcival), des Quayres (Laps) et de Theix (Saint-Genès-Champanelle) ainsi que Châteaugay et Pont-du-Château deviennent des lieux de stockage des documents strasbourgeois[8].

Marie Kuhlmann (à gauche) aux côtés d’Édith Bernardin et d'Ernest Wickersheimer lors des célébrations de Pâques à Orcival en .

Après l’armistice de , les forces d'occupation allemandes imposent au gouvernement français de céder les collections de la BNU évacuées dans le Puy-de-Dôme. Leur objectif est de doter la Universitäts- und Landesbibliothek (à savoir, « Bibliothèque régionale et universitaire ») et la Reichsuniversität Straßburg constituées en Alsace annexée par l'Allemagne nazie. Marie Kuhlmann reste sur place et ne participe pas à ce transfert imposé par l'occupant. À la suite de l’arrestation de ses collègues Serge Fischer, Théodore Lang puis Thérèse Kiener, elle est à son tour arrêtée à Clermont-Ferrand le lors d’une rafle contre les universitaires strasbourgeois menée par la Gestapo[9]. Elle se trouve libérée huit semaines plus tard, le . La guerre terminée en Europe, elle retourne à Strasbourg le [10], après avoir clôturé les locaux de la BNU dans le Puy-de-Dôme[11] et supervisé l’emballage des livres qui n’avaient pas été saisis[12].

Fin de carrière

Marie Kuhlmann (à gauche) prépare le retour à Strasbourg en .

Les services de la BNU réinvestissent leur bâtiment strasbourgeois endommagé par les bombardements alliés : la bibliothécaire est chargée de la gestion administrative de l’établissement et de la reconstitution des fonds perdus ou détruits durant la guerre. Elle devient adjointe de l’administrateur Georges Collon en .

À la suite du départ de ce dernier, Marie Kuhlmann est investie de tous les pouvoirs d’administrateur de l’établissement le [13]. Elle assure l’intérim jusqu’à la nomination de Norbert Schuller en , date à laquelle elle reprend ses fonctions d’adjointe avant de prendre sa retraite en . Devenue conservatrice honoraire de la bibliothèque, Marie Kuhlmann décède le à Strasbourg[14].

Décorations

Notes et références

  1. Sansen 1975, p. 446
  2. Barbier 2015, p. 287
  3. Sansen 1975, p. 447
  4. Rott 1994, p. 2144
  5. Kuhlmann 1937, p. préface
  6. Barbier 2015, p. 272-273
  7. Barbier 2015, p. 290
  8. Bischoff 2011, p. 342
  9. Barbier 2015, p. 297
  10. Barbier 2015, p. 379
  11. Barbier 2015, p. 317
  12. Didier 2015, p. 110
  13. Barbier 2015, p. 332
  14. Rott 1994, p. 2143
  15. « KUHLMANN Marie Salomé », base Léonore, ministère français de la culture

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • « Madame Ve Charles Kuhlmann », Dernières Nouvelles d'Alsace, (ISSN 0150-391X). 
  • Frédéric Barbier, Bibliothèques Strasbourg : origines - XXIe siècle, [Paris], Éditions des Cendres, , 444 p. (ISBN 978-2-8592-3060-9 et 978-2-8674-2234-8). 
  • Georges Bischoff, « Strasbourg – Clermont 1939-1945 : L’Université de la Résistance », Revue d'histoire et de philosophie religieuses, nos 91-3, , p. 339-351 (ISSN 0035-2403 et 2269-479X, DOI 10.3406/RHPR.2011.1566)
  • Christophe Didier et Madeleine Zeller, Métamorphoses : un bâtiment, des collections, Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire, , 349 p. (ISBN 978-2-8592-3056-2). 
  • Marie Kuhlmann (préf. Ernest Wickersheimer), Inventaire des périodiques des bibliothèques de Strasbourg, Strasbourg, Bibliothèque Nationale et Universitaire, , XIII-1096 p. 
  • Jean Rott, « Kuhlmann Marie Salomé (née Schlitter) », dans Jean-Pierre Kintz, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 22 : Koe à Lag, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, (ISBN 2-85759-021-0), p. 2143-2144. 
  • Jean Sansen, « Nécrologie : Marie Kuhlmann (1897-1975) », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), nos 9-10, , p. 446-447 (ISSN 1292-8399, lire en ligne, consulté le ). 

Articles connexes

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