Marmotte

Étymologie et dénominations

Marmottons à proximité du refuge du Col de la Vanoise en Savoie.

Du latin mus montis, « souris de la montagne ».

D'après Émile Littré, auteur du Dictionnaire de la Langue Française, Marmontain est l'un des anciens noms français de la marmotte ; espagnol et portugais : marmota ; italien : marmotta, marmotto ; pays de Coire : murmont ; ancien haut allemand : muremanto, muremunti ; du latin murem montanum ou murem montis : rat de montagne[1].

La marmotte est appelée siffleux en Amérique du Nord, car, quand il y a un danger, elle émet un cri (son d'origine laryngée) puissant pour donner l'alerte d'un danger aux autres marmottes, qui vont alors se réfugier dans leur terrier. L'animal peut aussi être appelé bonhomme couèche, du micmac moonumkweck[2]. Les anglophones la nomment groundhog (littéralement : « cochon de terre ») ; en allemand, c'est Murmeltier : littéralement l'« animal qui marmonne, marmotte ».

Description

Marmotte dans les Hautes-Alpes.

Le poil de la marmotte est brun, noir ou marron. Elle a un corps trapu, les oreilles rondes. Ses membres sont courts et puissants avec une longue queue. Sa taille est de 46 à 66 cm pour un poids de 2 à 9 kg. Elle vit de 4 à 10 ans en captivité et de 4 à 8 ans en liberté.

Répartition et habitat

Marmotte des Pyrénées.

Certaines espèces de marmotte vivent dans les montagnes entre 1 300 et 3 000 mètres d'altitude. Cette amplitude altitudinale pourrait être due à la fraîcheur hivernale qu'elle recherche, ainsi qu'à la pression exercée par l'homme sur l'espèce. D'autres espèces, comme celles d'Amérique du Nord et des steppes eurasiennes, préfèrent les prairies naturelles.

Les paléontologues avaient déjà au XIXe siècle trouvé des ossements de marmotte jusque dans les grandes plaines d'Europe de l'Ouest (dont en France[3], dans le bassin parisien y compris[4],[5] et plus à l'ouest en Poitou-Charentes[6]) mais également plus au nord en Belgique (au Paléolithique moyen selon les fossiles de la grotte Walou de Trooz par exemple[7]). Les premiers paléontologues ont été surpris de découvrir que la marmotte côtoyait autrefois en Belgique nos ancêtres préhistoriques, mais aussi l'éléphant, le rhinocéros, l'hippopotame, la hyène, le lion (qui ne survivent aujourd'hui qu'en zone tropicale) et le renne, le glouton, le renard argenté, le chamois (aujourd'hui réfugiés en montagne ou dans les zones circumpolaires)[8].

La marmotte disparaît de la plupart des régions d'Europe dès la Préhistoire, sans doute en raison d'une pression de chasse excessive, l'espèce pouvant nuire aux premiers essais d'agriculture et constituant une source de protéines et de lipides relativement facile d'accès en hiver (il suffit de baliser les terriers à l'automne pour les retrouver dans la neige).

La présence actuellement exclusivement montagnarde de la marmotte pourrait donc n'être que la conséquence de l'action de l'homme, lequel a cependant commencé à tenter d'améliorer le sort de l'espèce en la réintroduisant dans divers massifs montagneux (notamment en France). Toutefois, le faible effectif de certaines de ces populations nouvelles, et leur isolement par rapport aux autres, pose le problème de leur fragilité et de leur consanguinité.

Écologie et comportement

Reproduction

Les marmottes s'accouplent au mois de mai. La gestation dure 33 ou 34 jours et une portée peut compter de 3 à 5 petits[9].

Les marmottons naissent fin mai à début juin. À la naissance, les marmottons mesurent cm et pèsent environ 30 g. Ils ont les yeux fermés et n'ont pas encore de poils. Les petits restent un à deux mois dans leur terrier.

Alimentation

Marmota sibirica (Russie, Mongolie) en train de manger.
Marmota marmota prenant de l'herbe pour sa litière.

La marmotte est cæcotrophe, c’est-à-dire qu'elle digère deux fois ses aliments en ingérant certaines de ses propres selles.

Les marmottes des Alpes se nourrissent de végétaux herbacés, de graines et de petits invertébrés (insectes, araignées, vers). Elles préfèrent les jeunes pousses et maintiennent leur nourriture avec leurs membres antérieurs.

Hibernation

La marmotte hiberne pendant cinq mois et demi. En automne, elle mange énormément pour constituer les réserves de graisse qui lui permettront de survivre. Pour ne pas brûler ses réserves trop vite, elle vit au ralenti. Sa température corporelle chute à 7 °C et son cœur ralentit, aux alentours de 4 ou 5 pulsations par minute. Elle se réveille environ toutes les quatre semaines pour faire ses besoins. S'il fait moins de 3 °C sous terre, la marmotte doit se réveiller et bouger pour ne pas mourir de froid.

Il semble que l'hibernation sociale (en groupes familiaux, dans l’hibernaculum, avec des individus âgés plus expérimentés), étudiée chez Marmota marmota, si elle est un facteur de risque éco-épidémiologique à cause de la promiscuité, puisse aussi procurer des avantages en ce qui a trait à la survie hivernale[10].

Systématique

L'espèce la plus connue en Europe est la marmotte vivant dans les montagnes (Marmota marmota). En Amérique du Nord, la Marmota monax, appelée familièrement « siffleux » au Québec, constitue l'espèce la plus courante.

Liste des espèces

Les marmottes et l'humain

Effectifs

Bien que la population de marmottes dans le monde ait connu une forte diminution depuis ces dix dernières années, et que sa présence reste très discrète, certains pays connaissent une population de marmottes relativement importante. C'est notamment le cas du Canada, de la Suisse et dans une moindre mesure, de la France où cependant, plusieurs populations sont isolées du noyau principal, ce qui interdit tout brassage génétique. Actuellement, on peut comptabiliser environ 16 000 marmottes en France[réf. nécessaire].

En France, l'espèce était éteinte, probablement depuis des millénaires, dans le massif des Pyrénées. Il est possible que cette disparition ait été consécutive à une pression de chasse trop importante. L'espèce a été réintroduite après la Seconde Guerre mondiale et la population ainsi formée est désormais pérenne, elle s'étend d'ailleurs progressivement et elle finira probablement par occuper la totalité du massif pyrénéen. Une réintroduction réussie a également été menée dans le Vercors et dans le Massif central. L'implantation de l'espèce a été envisagée dans les massifs où elle est absente, sans suite à ce jour[réf. souhaitée].

Utilisations

Marmotte d'Amérique.

Autrefois[Quand ?], la marmotte était chassée pour sa fourrure, sa chair, sa graisse. Aujourd'hui[Quand ?], la chasse est toujours autorisée en France[11],[12], mais son colportage, sa mise en vente, sa vente et l'achat de spécimens morts sont interdits[13]. En Amérique du Nord, la chasse de la marmotte est libre, car l'espèce y est répandue et est classée comme nuisible. La fourrure des marmottes d'Asie et d'Amérique du Nord est toujours utilisée sous le nom de murmel. Les montagnards émigrés dans les grandes villes présentaient aussi des individus dressés comme attraction foraine.

De nos jours, elle est devenue un des symboles majeurs des Alpes. On trouve de nombreuses représentations ou évocations de l'espèce sur des produits n'ayant d'ailleurs aucun lien avec elle, si ce n'est l'origine montagnarde (bonbons, gâteaux, fromages, etc.), ou sur des hébergements (dont l'on vante la qualité en convoquant la réputation de bonne dormeuse de la marmotte, et son goût pour un habitat confortable et sûr). La marmotte en peluche, et sa version capable de siffler, voire équipée d'un détecteur de mouvement qui provoque le sifflement, est devenue l'un des classiques des boutiques pour touristes dans les Alpes et les Pyrénées.

L'espèce jouit d'une image très positive auprès d'un large public en raison de son apparence de petit ours en peluche et de son caractère inoffensif. Il n'est pas rare, dans les vallées très fréquentées en été, que des marmottes viennent quémander des friandises auprès des randonneurs, parfois avec une certaine effronterie, et ceci contribue également à la popularité de l'espèce.

Cuisine

La marmotte est consommée pour sa viande en Mongolie, dans un plat appelé « boodog »[14], variante du « khorkhog », qui est lui généralement à base de mouton. C'est un des plats phares de la cuisine mongole. C'est un plat de fête consommé principalement pendant l'été[15].

Folklore et expressions dérivées

La marmotte américaine est sujet d'une tradition célébrée par les Nord-Américains (Américains et Canadiens) chaque année le , appelée le « jour de la marmotte » (groundhog day) ; selon que celle-ci voit ou non son ombre, cela annoncera un printemps tardif ou précoce.

On utilise l'expression « dormir comme une marmotte » quand une personne dort paisiblement et profondément. Voir l'article consacré aux idiotismes animaliers.

En France, l'expression « et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu » est une référence à une publicité des années 1990 pour les chocolats Milka, qui est utilisée pour parler d'une histoire invraisemblable.

Depuis 2015, la chaîne de télévision France 3 utilise des marmottes dans son habillage d'antenne estival. Créés en images de synthèse, les rongeurs sont placés dans des situations anthropomorphiques, qui évoluent au fil des ans. Ainsi, les marmottes ont tour à tour parodié des groupes et styles musicaux, des scènes cultes du cinéma, et depuis 2020 des compétitions sportives[16]. Fin 2021, la chaîne les remplacent par de nouveaux personnages animaliers : des poules soie[17].

Notes et références

  1. Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré.
  2. Yves Cormier, Dictionnaire du français acadien, Fides, (ISBN 978-2-7621-3010-2), p. 98-99.
  3. J. Chaline, Les rongeures du pléistocène moyen et supérieur de France (systématique, biostratigraphie, paléoclimatologie), Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1972.
  4. Constant Prévost, Note sur les cavernes et les brèches à ossements des environs de Paris, Annal. des Sc. géolog, .
  5. Paul Gervais, Arthus Bertrand, Zoologie et Paléontologie françaises : Nouvelles recherches sur les animaux vertébrés dont on trouve les ossements enfouis dans le sol de la France, 1859.
  6. J.-F. Tournepiche, « Les grands mammifères pléistocènes de Poitou-Charente », Paleo, vol. 8, no 1, , p. 109-141 (lire en ligne).
  7. C. Draily, Les occupations moustériennes de la grotte Walou (Trooz). Le Paléolithique moyen en Belgique. Mélanges Marguerite Ulrix-Closset, Bulletin de la Société belge d'études Géologiques et Archéologiques Les Chercheurs de la Wallonie, hors série 4, 2011, pages 343-351.
  8. Édouard François Dupont, C. Muquardt, Les temps préhistoriques en Belgique : l'homme pendant les âges de la pierre dans les environs de Dinantsur-Meuse, 1873, p. 43.
  9. « Quid 2008 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  10. (en) Walter Arnold, « The évolution of the marmot sociality ; Cost and benefice of joint hibernation », Behavioral Ecology and Sociobiology (en), vol. 27, no 4, 1990, p. 239-246.
  11. Code de l'environnement - Article R424-8, Legifrance.
  12. Arrêté du fixant la liste des espèces de gibier dont la chasse est autorisée, Legifrance.
  13. Arrêté du relatif à la protection et à la commercialisation de certaines espèces de mammifères sur le territoire national, Legifrance.
  14. (en) « Boodog To travel light, Mongolian warriors used animal carcasses as crockery », sur Atlasobsucra.com.
  15. Lacaze 2015.
  16. Damien Canivez, « Les marmottes sportives de France 3: analyse d’un succès planétaire », Le Soir, (lire en ligne)
  17. Sonia Devillers, « Sur France 3, les cocottes remplacent les marmottes », sur franceinter.fr, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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