Marquis de Carabas
Le marquis de Carabas est le nom d'un des personnages du conte Le Maître chat ou le Chat botté de Charles Perrault, paru pour la première fois en 1697 dans Les Contes de ma mère l'Oye.
Pour les articles homonymes, voir Carabas (homonymie).
Marquis de Carabas | |
Personnage de fiction apparaissant dans Les Contes de ma mère l'Oye. |
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Le marquis de Carabas reçoit du roi de nouveaux habits. Illustration de Walter Crane. | |
Origine | France |
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Sexe | Masculin |
Entourage | Le Chat botté |
Ennemi de | Ogre |
Créé par | Charles Perrault |
Description
Le marquis de Carabas n’est pas marquis comme son nom le laisse supposer. Ce titre de noblesse usurpé et le nom exotique de Carabas sont inventés par le Chat botté pour son maître (dont on ignore le nom réel), troisième fils d’un meunier sans fortune qui ne lui a laissé pour tout héritage que ce chat. En faisant passer son maître miséreux pour un marquis, le Chat botté espère attirer sur lui, grâce à diverses ruses, l’attention et les faveurs du roi.
Dans une des premières versions du conte, le pseudo marquis change de titre de façon inexpliquée au cours du récit et devient « comte » :
« La fille du Roi le trouva fort à son gré, et le Comte de Carabas ne lui eut pas jeté deux ou trois regards fort respectueux, et un peu tendres, qu’elle en devint amoureuse à la folie.[1] »
On en ignore la raison exacte. Si une négligence de l'auteur ou une erreur de copie ne sont pas à exclure, on peut également supposer qu’il s’agit d’une promotion donnée par la princesse amoureuse. Ainsi, le jeune homme passe du statut de fils de meunier sans héritage à celui de comte de Carabas et de gendre du roi, sans jamais être marquis. Sa fulgurante ascension sociale peut paraître d’autant plus injuste qu’il n’a rien fait d’autre pour cela que se laisser guider par son chat, qui lui-même recourt au mensonge et à la ruse pour mieux manipuler les différents protagonistes du conte.
Le fait que le comté de Caravaz n'ait jamais été transformé en un marquisat peut corroborer l’hypothèse que c'est Claude Gouffier qui fut à l'origine de l'inspiration pour le nom du marquis dans ce conte. Le changement de titre ci-dessus cité n'est donc pas une « erreur » délibérée de l'auteur mais pourrait être une manière de nous orienter vers sa source. La promotion sociale est le thème d’un autre conte de Perrault, celui du Petit Poucet, jeune garçon qui parvient, grâce à son intelligence et son courage, à se mettre au service du roi après avoir triomphé de l’Ogre en s’emparant de ses bottes de sept lieues.
Origine du nom
Le plus souvent, les héros des Contes de ma mère l'Oye tirent leur nom d'une particularité physique (le Petit Poucet, la Barbe bleue, Riquet à la houppe, la Belle au bois dormant), d’un vêtement (Peau d'âne, Le Petit Chaperon rouge, le Chat botté) ou de leur activité (Cendrillon). Mais nombreux sont les personnages secondaires qui restent dans un certain anonymat, cantonnés à leur fonction sociale et narrative : le roi, la reine, le prince, la fée marraine, la grand-mère, l’ogre, le bûcheron, ou leur qualité animale (le loup).
Si Perrault dote certains d’un nom (comme Anne, la sœur de l’épouse de la Barbe bleue), on constate, lorsqu’on dispose de deux versions du même conte, que l’auteur vise à l’épure : le maître d’hôtel de la reine dans La Belle au bois dormant perd ainsi son prénom de Simon et se trouve ramené à sa fonction opératoire. Perrault a cependant parfois cédé à la magie sonore, comme avec le royaume de Mataquin et l'empereur Cantalabutte (La Belle au bois dormant) ou le marquis de Carabas. Bernard Dubourg propose une explication à l'origine de ce nom : Carabas était le nom d’un fou, que les habitants d’Alexandrie traitèrent avec les égards dus à un roi pour se moquer d’Hérode Agrippa Ier, roi de Judée, de passage dans leur ville en 38 apr. J.-C.[2]. Dubourg développe l'idée polémiste selon laquelle il faudrait voir Jésus dans la figure du marquis de Carabas via le Barabbas des Evangiles. Gilbert Rouger, reprenant à son compte l'explication de Dubourg, propose une seconde explication [3] : Carabag est un mot turc qui désigne les « montagnes […] dans lesquelles il y avait autrefois des lieux de délices où les sultans mongols et autres princes faisaient leur séjour pendant l’été », selon la définition donnée dans le Dictionnaire Oriental de Barthélemy d'Herbelot de Molainville. Perrault a pu découvrir ce terme avant la parution de ce dictionnaire. La sonorité du nom est à rapprocher de celui du « marquis Decarabia » qui apparaît dans l'ouvrage démonologique Pseudomonarchia daemonum (1577).
Une source[4] indique que c'est Claude Gouffier, comte ou marquis de Caravaz, seigneur établi sur le fief de l'actuel château de Garde-Épée, qui aurait inspiré à Charles Perrault son personnage du marquis de Carabas, même si d'autres précisent qu'Arthus Gouffier et son fils Claude ont été comte de Caravaz mais jamais marquis[5]. La baronnie de Boissy est bien transformée en marquisat en mai 1564 puis rattachée au duché de Roannais en 1566, mais il n'est jamais question que le comté de Caravaz ait été transformé en marquisat.
Jacques Collin de Plancy pense quant à lui qu'il s'agit de la critique d'un seigneur de la cour de Louis XIV[réf. nécessaire].
Galerie
- « Le fils du meunier offre une paire de bottes au chat. »
Illustration de Carl Offterdinger (fin XIXe siècle). - « Au secours, au secours, voilà Monsieur le marquis de Carabas qui se noie. »
Illustration de Gustave Doré (1867). - « … et comme les beaux habits qu’on venait de lui donner relevaient sa bonne mine (car il était beau et bien fait de sa personne), la fille du roi le trouva fort à son gré, et le marquis de Carabas ne lui eut pas jeté deux ou trois regards, fort respectueux et un peu tendres, qu’elle en devint amoureuse à la folie. »
Illustration de Walter Crane (1873). - « Le marquis, faisant de grandes révérences, accepta l’honneur que lui faisait le roi, et, dès le même jour, il épousa la princesse ».
Illustration de Walter Crane (1873).
Notes et références
- Charles Perrault, Contes, introduction, notices et notes de Catherine Magnien, Le Livre de Poche Classique.
- Bernard Dubourg , L'Invention de Jésus, vol.1 : L'Hébreu du Nouveau Testament, Gallimard, 1987.
- Charles Perrault, Contes, Classiques Garnier, Bordas, 1991, p. 135.
- Châteaux, manoirs, logis : La Charente, éditions Patrimoines et Médias, 1993 (ISBN 2-910137-05-8).
Voir aussi
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