Mary-Sue

Mary-Sue (en anglais Mary Sue) est un nom péjoratif donné à un personnage de fiction féminin excessivement idéalisé, très souvent la projection de l'auteur-même dans un univers fictif.

Pour les articles homonymes, voir Sue.

Ce terme était originellement utilisé dans les critiques de fictions écrites par des fans, mais peut aujourd'hui également concerner un personnage d'une œuvre originale.

Par analogie, Gary Stu (ou Marty Sue) désigne l'équivalent masculin de cet archétype.

Définition

La « Mary-Sue » étant par nature un personnage dont la « perfection jusqu'à l'absurde » est ouverte à l'interprétation, une définition stricte du concept est difficile. On peut cependant noter certaines caractéristiques fondamentales et récurrentes d'une Mary Sue, qui sont :

  • d'avoir des traits et caractéristiques identiques ou similaires à ceux de l'auteur (âge, sexe, caractère, etc.) ;
  • de n'avoir que des qualités et des forces ou, sinon, des « défauts » et « faiblesses » présentés positivement, procédé ayant souvent pour but de valider artificiellement le personnage ou lui susciter la sympathie — voire l'adhésion — du lecteur/spectateur (par une tentative de le rendre « attachant », sans aller jusqu'à l'identification au personnage) ;
  • dans la continuité du point précédent, d'avoir un sens moral ou une « pureté » hors-norme pour son propre univers (par exemple, une héroïne dénuée du moindre vice ou défaut dans un monde, et au sein d'une population, entièrement dysfonctionnels et/ou corrompus) ;
  • d'avoir des compétences parfois divines ou approchantes sinon, dans tous les cas, suffisamment élevées pour lui permettre de toujours vaincre assez aisément n'importe lequel de ses adversaires, réussir tout ce qu'elle entreprend ou bien, d'avoir une influence systématiquement positive sur son univers (par exemple, même si elle échoue à ce qu'elle souhaitait faire, cela s'avèrera quand même positif par voie de conséquence) ce qui entrave, voire empêche toute possibilité de progression — et d'évolution — du personnage (qui ne vivrait ainsi aucune véritable initiation, et n'aurait donc rien à apprendre, corriger ou améliorer sur lui-même au sein de son histoire) ;
  • d'avoir toujours raison (que ce soit par une caractérisation biaisée — lacunaire, artificiellement diminuée ou dépréciée, excessivement dépeinte de manière péjorative... — des autres personnages, ou des facilités d'écriture — règles diégétiques, scénario, intrigue, événements... s'adaptant aux besoins de l'auteur de valider en toutes circonstances la Mary-Sue) ;
  • de gagner sans effort ni réelle légitimité l'adhésion, voire l'admiration des autres personnages importants de son univers (ce qui remplit le besoin de validation de l'auteur) ;
  • d'avoir un destin supérieur — ou, au minimum, grandiose — et éventuellement, une fin épique ou magistrale, ou tout du moins complaisante pour le personnage.

La Mary-Sue peut également désigner un personnage canonique d'une œuvre originale, qui est alors décrit d'une manière idéalisée : par exemple, le personnage récurrent de Wesley Crusher dans l'univers de science-fiction Star Trek est souvent considéré[1],[2] comme une Mary-Sue, un portrait idéal de son créateur original Eugene Wesley Rodenberry.

Origine

Le terme vient d'un personnage de Paula Smith (à ne pas confondre avec la joueuse de tennis du même nom), le lieutenant Mary Sue (« la plus jeune lieutenant de Starfleet — seulement quinze ans et demi ») immortalisée dans la parodie A Trekkie's Tale[3], publié en 1974 dans son fanzine Menagerie #2[4]. La Mary-Sue originelle était une parodie en réaction au nombre considérable de personnages sur-idéalisés dans les fictions amateur de Star Trek, généralement créées par des adolescents.

Une Mary-Sue est souvent un personnage original (OC ou Original Character) ne faisant pas officiellement partie du canon de l'univers fictif sur lequel s'appuie l'histoire, et une représentation de l'auteur (self-insert, de l'anglais pour « auto-inséré », comprendre — en qualifiant ledit auteur — « auto-introduit/intégré [à l’œuvre] »).

OC / Original character

Désigne tout personnage non canonique (inventé et non officiel), ou peu développé et récupéré, de l'œuvre choisie. Il n'y a pas de connotation péjorative et ce personnage, créé par l'auteur de la fiction amateur, peut ne répondre à aucune caractéristique de la Mary-Sue.

Par ailleurs, la Mary-Sue peut tout à fait être un personnage du canon existant dont on a exagéré la perfection jusqu'à l'excès (une version caricaturée ou parodiée selon l'intention), ou complètement déformé par rapport à sa version d'origine : on parlera alors de personnage « ooc » (acronyme pour Out of character, « hors personnage » ou « extérieur au personnage »).

SI / Self-insert

Désigne tout personnage servant de projection pour l'auteur, qui s'intègre lui-même dans sa propre histoire et s'y met en scène, directement (assumé en tant que lui-même) ou bien via un avatar littéraire (une version de lui-même différente ou incarnée sous une autre identité).

Néanmoins, l'auteur peut demeurer critique envers lui-même et pratiquer l'autodérision, par exemple en :

  • se tournant lui-même en ridicule à travers son personnage à des fins comiques ;
  • s'inspirant de l'un ou plusieurs de ses propres défauts pour servir — sans complaisance autocentrée — un thème, un propos, ou tout autre emploi authentiquement soucieux d'améliorer sa fiction.

Il est aussi possible que ce personnage puise simplement dans une résonance autobiographique (écho ou inspiration romancée d'expériences réellement vécues — aussi improbables puissent-elles être — par l'auteur, comme une existence et un parcours authentiquement plus durs que la moyenne).

Lorsque la Mary-Sue n'est pas une représentation flagrante de l'auteur, on peut parler de self-insert dans le sens où ce personnage lui sert à réaliser une sorte de fantasme personnel de puissance et de perfection, et d'imposer la vision qu'il aurait de l'œuvre ainsi que du monde en général : le problème étant, dans ce cas, que ce genre de transfert psychologique peut être, par nature, aussi bien inconscient que réfléchi.

Le terme « Mary-Sue » est aujourd'hui employé de manière plus généralisée, qualifiant souvent une fille semblant « trop parfaite » sans être forcément une projection de l'auteur.

Usage

« Mary-Sue » pouvait être originellement utilisé pour désigner des personnages aussi bien féminins que masculins toutefois, par habitude et distinction, il s'applique aujourd'hui de plus en plus couramment pour les personnages féminins, globalement plus fréquents que leurs pendants masculins. Ces derniers, quant eux, sont plus volontiers désignés par des variances masculines :

  • Gary Stu (la plus répandue) ;
  • Marty Stus ;
  • Murray Stus...

Bien que les Mary-Sue ne sont généralement pas créées de manière intentionnelle, certains auteurs les écrivent délibérément à dessein de satire ou de parodie : la Mary-Sue originelle de Paula Smith était elle-même une réponse ironique de son auteur à l'accumulation de nouvelles de fiction amateure bâties autour de tels archétypes.

Parmi les pratiquants de jeu de rôle anglophones, elle est associée au concept de munchkin (Gros Bill en français) et de GMPC (Gamemaster Playing Character, « personnage fétiche du meneur de jeu ») : des Mary-Sue présentées dans des jeux par forums, voire dans des livres officiels de la gamme de jeu, dépassent fréquemment les limites imposées par le système de simulation.

Le phénomène de la Mary-Sue prend actuellement une telle ampleur que de nombreux sites internet proposent des tests sur le thème « Votre personnage est-il une Mary-sue ? » (exemple : The Universal Mary-Sue Litmus Test).

Caractéristiques récurrentes

  • La sur-identification de l'auteur dans son personnage :
    • partage le ou les mêmes centres d'intérêt, opinions politiques, convictions religieuses, âge et nationalité que son auteur. Cela peut aller jusqu'à partager une forme idéalisée de son nom, de son aspect physique ou de sa situation socio-professionnelle ;
    • fait montre d'une haute moralité de type occidentale avec tendance ethnocentriste (morale individualiste fondée sur le bien-être des personnes du type liberté individuelle), même quand c'est inadéquat pour son ethnie ou culture supposée, ou l'univers dans lequel le personnage interagit (des esclaves dans l'Antiquité qui trouvent que l'esclavage n'est pas normal ; mariages forcés ou arrangés qui sont vécus comme répugnants, indépendamment des cultures ; application d'une morale religieuse inadéquate, comme la condamnation de l'inceste en Égypte antique…) ;
    • aime/déteste les mêmes personnages que son auteur, surtout dans les fictions amateures ; cela peut aller jusqu'à provoquer des situations dans l'intrigue que l'auteur souhaiterait voir se produire dans l'histoire de l'œuvre originale, quitte à en bafouer le canon :
      • union ou mariage hors-canon entre personnages canoniques,
      • réhabilitation du méchant,
      • relation d'amitié, d'amour ou de puissante rivalité avec un ou plusieurs personnages canoniques.
Note : cette sur-identification de l'auteur est appelée Self-insertion (litt. « insertion de soi[-même] ») dans le monde de la fiction amateure. Il s'agit d'un cas particulier des Mary-Sue, mais les SI peuvent être indépendants des caractéristiques habituelles (cas d'un personnage contemporain « largué » dans un univers qui lui est inconnu, comme dans le sous-genre de fantasie japonaise de l’« Autre monde »).
  • des particularités du personnage pour le rendre plus attrayant (plus fort, plus beau, plus intelligent...) que les autres :
    • pouvoir(s) surnaturel(s) et/ou force d'une puissance extravagante ;
    • connaissances/compétences les plaçant, au sein de l’œuvre ou même selon une norme extradiégétique, au-dessus des spécialistes déjà mondialement reconnus dans des domaines poussés et variés, par exemple les avancées technologiques ou les opérations militaires, l'auteur n'hésitant pas à les cumuler de façon improbable et irréfléchie (parfois incohérente), dans des domaines extrêmement différents voire contradictoires (par exemple, un personnage surdoué et talent de génie, qui serait à la fois le meilleur dans : un ou plusieurs artsvisuels, littéraires, scéniques, martiaux... — éloignés ; en informatique et sport de haut niveau ; en microbiologie, physique et ingénierie ; en géopolitique, stratégie, logistique et armement militaires...) ;
    • grande beauté rehaussée par un détail rarissime (yeux couleur améthyste…) : l'auteur ne s’embarrassant souvent pas d'alourdir le récit par l'excès, n'hésite pas à la décrire en détail et à la flatter complaisamment en exprimant (quitte à se répéter et tomber dans la redondance) à quel point tout le monde dans son entourage en est fasciné ;
    • possède un objet ou animal unique (dans sa diégèse), exotique et/ou magique voire très puissant (exemples typiques : un artéfact multifonction permettant de pallier tous les problèmes dans l'intrigue, failles ou incohérences scénaristiques [voir Deux ex machina et l'expression TGCM — « Ta gueule c'est magique » — du jeu de rôle] ; une héroïne possédant un dragon en guise de familier ou compagnon, dans un monde où ils seraient rares et très puissants).
  • en contrepartie, l'auteur peut choisir de rajouter des défauts qu'il juge intéressants à son personnage, pour éviter qu'il ne soit entièrement parfait et donc, qu'il soit impossible de s'identifier à lui :
    • défaut à la mode évoqué mais idéalisé, ou jamais interprété ni réellement utilisé pour servir le développement de l'intrigue et/ou du personnage (donc, inutile au récit ou anecdotique).
  • l'auteur désire que l'on plaigne son personnage, pour qu'il en ressorte grandi :
    • un passé (souvent familial) difficile, voire scabreux, impliquant négligences et abus, mais ne laissant que peu voire pas du tout de traces dans son comportement (amoindrissant ou sapant l'intention de l'auteur par l'incrédibilité du résultat) ;
    • une victimisation exagérée (allant parfois jusqu'à en faire un « martyr »), ou des tendances « sacrificielles » (pouvant aller jusqu'à sa propre vie).

Extension au monde de l'art contemporain

Dernièrement, on a pu observer une recrudescence dans divers domaines de l'identification dans le réel au personnage de fiction. Ainsi, alors qu'à l'origine c'est l'écrivain qui place dans son personnage des éléments qui lui sont propres, on voit aujourd'hui apparaître l'effet contraire : Le personnage de Mary Sue, désormais codifié et identifiable, effectue un transfert dans le réel et l'on observe,

  • que ce soit dans les environnements considérés par certains comme marginaux, liés par exemple aux formes les plus approfondies de l'identification d'un personnage de fiction dans le réel (en Occident, on observe par exemple une démocratisation d'un phénomène de mimesis à certaines Mary Sue célèbres du monde des mangas ou de l'animé nippon par le biais du cosplay) ;
  • mais également sur le plan artistique (une artiste plasticienne nommée « Mary Sue » ayant revêtu les codes qui constituent la Mary Sue au sens le plus large met en avant ce phénomène d'inversion. À défaut de placer dans son personnage de Mary Sue les idées et les éléments qui constitueraient des indices autobiographiques, elle gomme habilement tout ce qui a trait à l'identité, au personnel, incarnant sans détour les codes d'une Mary Sue. Elle en porte d'ailleurs le pseudonyme, détruisant par là même ce qui constitue habituellement l'identité la plus forte d'un individu, le nom de famille, ses racines, son histoire… Il s'agit d'une critique du monde qui l'entoure, observant dans la société de mass-média et dans l'ère d'une forme de généralisation de la pensée, la destruction de l'identité d'une personne. Devenue personnage, laissant le concept de Personne cher à Nietzsche à l'écart, elle fabrique par le biais de la photographie, de l'installation et de la vidéo contemporaine une histoire globale d'une jeune femme conditionnée par la culture de masse, l'éducation, la morale), une sorte de critique de la société telle qu'elle absorbe les individus en les fondant dans une pensée globalisante. L'incarnation d'un standard parfait tel qu'une Mary Sue se doit de témoigner d'un engagement profond, elle accumule les codes de la société contemporaine de l'image (publicité, morale, sexualité, éducation…) dans des travaux mettant tous ces critères en confrontation dans un même moment, celui de l'œuvre, dévoilant les incohérences et les contresens inhérents à cette culture globale à laquelle chacun se plie au quotidien. L'avatar supplante alors le réel dans son œuvre alliant l'aspect positif (le personnage parfait aux qualités héroïques) et la face la plus sombre de la Mary Sue.

Critiques

Cet archétype de personnage de fiction suscite le plus souvent de vives critiques, pour plusieurs motifs dont certains, récurrents :

  • le personnage est un reflet narcissique (idéalisé) de l'égo de son auteur, plus particulièrement de ses aspects les moins agréables, ce qui tend à faire (le plus souvent, involontairement) tomber la Mary-Sue dans la caricature ;
  • une Mary-Sue tend à modifier — voire, bafouer — la diégèse (avec ses postulats et règles) de l'univers de référence en sa faveur, souvent sans nécessité ni pertinence narratives mais par des justifications complaisantes ou facilités d’écriture, ce qui en sape dès lors la continuité, la logique interne ainsi que la vraisemblance (et donc, la cohérence et l'intérêt) ;
  • par là même, elle nuit à l'investissement du lecteur/spectateur dans l'histoire et à sa crédibilité, sabotant la suspension consentie de l'incrédulité ;
  • tout autre personnage, quelle que soit sa place dans l'histoire ou sa perception selon l'auteur (positif ou négatif ; moral, amoral ou immoral ; masculin comme féminin ; supérieur, égal ou inférieur selon les règles diégétiques de l'histoire...), devient par défaut son faire-valoir (partant d'une considération que « l'univers n'est pas assez grand pour deux héros de cette pointure. ») ou est influencé par elle sans que ce ne soit jamais réciproque ; ceci empêche toute possibilité pour eux de remettre en cause la supériorité — symbolique ou effective, mais fantasmée — de la Mary-Sue et de pousser le personnage à progresser ou changer (développement ou évolution psychologique), n'ayant réellement ni leçons à apprendre, ni épreuves à surmonter, ni sacrifices à concéder, ni parcours initiatique à accomplir (ce dernier n'étant toutefois pas une règle narrative absolue à respecter) ce qui nuit à sa légitimité, le protagoniste d'une histoire au sens classique (agissant et prenant les décisions les plus importantes pour influencer l'intrigue) quand il est principal étant, hormis exception, censé être dynamique et non statique, pour rendre l'histoire qu'il vit suffisamment intéressante à suivre et digne à être racontée (réflexions et messages, sujets traités, thèmes abordés, tension narrative...) ;
  • son attitude de prima donna est profondément irritante pour tous, sauf son auteur qui, le plus souvent, réfute toute critique ou remise en question de son personnage (qui étant une extension narcissique de lui-même) ; dans certains cas, l'intention dudit auteur, qui prend un plaisir évident à irriter les autres amateurs/joueurs, ou tout au moins à être le sujet de débats virulents, est provocatrice (« Attirer l'attention et faire parler de soi, même en mal. »), parfois calculée en ce sens, que ce soit motivé par une forme de plaisir perverse (susciter volontairement à autrui des sentiments violents et réactions négatives pouvant être vécus, par l'auteur, comme un embryon de pouvoir et de contrôle sur lui) ou selon une logique mercatique la seule mauvaise publicité est celle dont on ne parle pas. »), ce qui est généralement mal considéré car pervertissant l'art de la narration pour des intérêts d'ordre égocentrique et/ou en le réduisant à des considérations opportunistes ;
  • être mêlés, pour les autres amateurs/joueurs, sans avertissement ni consentement préalables à un procédé cathartique relevant de la psychothérapie par et pour l'auteur, qui aura tendance à s'imposer aux autres malgré eux (à l'instar du Gros Bill dans le jeu de rôle), ce qui est vécu comme une intrusion.

Pour les individus attachés ou soucieux d'une fiction cohérente, de la crédibilité d'une diégèse et des qualités narratives du récit, ce genre de personnage est jugé, généralement à raison, comme médiocre et à absolument éviter dans l'élaboration d'une fiction, représentant plus volontiers d'une accumulation d'erreurs à ne pas commettre car nuisibles dans l'écriture d'une histoire (au sens noble du terme).

Différents types de Mary-Sue

La quantité considérable de fictions amateures sur Internet amena la création (officieuse et non exhaustive) de catégories de Mary-Sue, parmi lesquelles :

L'Angsty Sue

Désigne une sorte de « Mary-Sue tourmentée », un personnage torturé jusqu'à l'excès et/ou dont la quantité d'horreurs subies par le passé manque de crédibilité au point de friser le ridicule, se mettant par là même en contraste avec les autres personnages de l'œuvre.
Clichés courants de cette sous-catégorie :
  • meurtre, viol, maltraitances, abandon... souvent subis durant l'enfance ;
  • condition d'orphelin (les parents sont rarement épargnés) ;
  • peut être dépressive, constamment exécrée par tout ce qui l'entoure ou encore, obsédée par une vengeance sanguinaire ;
  • généralement, c'est une relation amoureuse avec un autre personnage qui la « sauvera » et lui apportera le bonheur.
Par la surcharge de pathos, le personnage est censé acquérir la sympathie du lecteur : stéréotypiquement, si le personnage porte une lourde culpabilité (parfois, complètement injustifiée), l'histoire dévoilera (souvent, avec une pirouette scénaristique non préparée ni déductible par le biais de l'intrigue) un détail jusqu'alors inconnu du lecteur, censé l'absoudre de tout regret éthique. Au contraire, s'il n'a aucune culpabilité vis-à-vis de ses actes, il imposera sa vision des choses sans aucun remords ni la moindre interrogation, écrasant tous ses opposants sur son passage (peu importe qu'ils aient raison ou non).
Elle illustre souvent une tentative pervertie de dépeindre un héros byronien.

L'Anti-Sue

Type assez rare de Mary-Sue, il résulte des efforts d'un auteur ayant pris acte et conscience du concept, et tentant de s'en éloigner par surcompensation en sur-ajoutant des défauts et caractéristiques négatives à son personnage (comme une sorte de « Mary-Sue inversée »).
Ceci ne suffit néanmoins toujours pas. Le personnage peut encore :
  • conserver une importance trop démesurée pour son rôle objectif ainsi que son utilité dans le récit ;
  • posséder des défauts n'ayant aucune influence réelle, significative ou pertinente dans l'intrigue voire, utilisés uniquement comme procédé artificiel pour attirer davantage à lui la sympathie du lecteur. Exemple parmi d'autres :
  • Si l'Anti-Sue est timide, elle sera présentée comme « mignonne » et « pure » ;
  • si elle est râleuse et malpolie, comme possédant de la « personnalité » ou une « force de caractère ».
Cette sous-catégorie rappelle à certains égards l'archétype japonais de la tsunderekko (personnage — généralement féminin — à l'attitude et aux comportements détestables — froide et hautaine, égoïste, irrespectueuse et malpolie, rabaissante, violente et maltraitante voire abusive... même à l'excès ; mais censée avoir un bon fond et susciter l'attachement ainsi que la pitié du lecteur/spectateur avec une justification morale, le plus souvent un traumatisme passé — qui, lui, est parfois comparable à ceux de l'Angsty Sue).
Elle peut être considérée comme une tentative ratée de dépeindre une antihéroïne.

La Villain Sue

Une Mary-Sue traitée comme une ou l'antagoniste du récit, même si elle peut dans le même temps en demeurer le personnage principal voire, la narratrice.
Critères communs :
  • très talentueuse, son intelligence et sa puissance exacerbées lui permettent de toujours, en toutes circonstances, triompher des protagonistes ;
  • généralement, lui est inventé un passé tellement tragique qu'il l'absoudrait d'une quelconque culpabilité (par une absence voulue de toute possibilité d'un choix moral ou vertueux), ou encore des qualités insoupçonnées ;
  • le procédé peut aller jusqu'à l'inversion morale en en faisant une antihéroïne incomprise de tous (telle une « fausse méchante ») ou, par contraste, diminuer moralement ses protagonistes à dessein de les dépeindre comme des individus hypocrites et/ou peu scrupuleux, qui auraient en réalité beaucoup en commun avec elle.
Ce type de « méchante Mary-Sue » résulte souvent d'une fascination (parfois, inconsciente) pour les représentants de l'archétype homonyme.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références


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