Mary Ellen Jones

Mary Ellen Jones (25 décembre 1922 - 23 août 1996) est une biochimiste américaine[1],[2]. Elle est connue pour sa découverte du carbamyl-phosphate synthétase II, une enzyme essentielle à la biosynthèse de l'arginine et de l'urée, et à la biosynthèse des nucléotides pyrimidiniques. Elle a été la première femme à occuper une chaire à l'université de Caroline du Nord à Chapel Hill, et la première femme à devenir directrice de département à la faculté de médecine. Elle a été membre de l'Académie nationale des sciences. Elle a également été présidente de l'Association des départements de biochimie des facultés de médecine, de la Société américaine pour la biochimie et la biologie moléculaire, et de l'Association américaine des professeurs d'université. Le New York Times la qualifie en 1996 de « chercheuse cruciale pour l'ADN » et déclare que ses études ont jeté les bases de la recherche fondamentale sur le cancer. Elle meurt d'un cancer le .

Mary Ellen Jones
Biographie
Naissance
Décès
(à 73 ans)
Waltham
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Médaille Wilbur-Cross (en) ()
North Carolina Award for Science (d) ()

Enfance et éducation

Mary Ellen Jones naît à La Grange Park, en Illinois, le 12 décembre 1922[2], de Elmer et Laura Klein Jones.

Elle suit son cursus de bachelor en biochimie à l'université de Chicago. Pendant ses études de premier cycle, elle commence à travailler à temps partiel en tant que bactériologiste pour la société Armour and Company[3]. Une fois diplômée en 1944, et disposant de peu de fonds pour poursuivre des études supérieures, elle continue à travailler pour Armour, où elle collabore avec Paul Munson, le directeur du laboratoire de recherche. Leurs travaux conduisent Munson et Jones à publier deux articles sur l'androstérone et la monopalmitine dans le Journal of Biological Chemistry.

Après avoir épousé Munson en 1948, Mary Ellen Jones intègre l'université Yale pour poursuivre son doctorat en biochimie, tandis que Munson devient professeur adjoint en pharmacologie. Sa thèse, menée sous la direction de Joseph Fruton, porte sur les propriétés catalytiques de la cathepsine C, un type de protéase. Le sujet de son doctorat est Réactions de transamidation catalysées par la cathepsine C [4]. Elle termine ses études en trois ans, et se voit décerner son doctorat en 1951.

Carrière universitaire

Une fois diplômée, Mary Ellen Jones part à Boston, où elle effectue un stage postdoctoral avec Fritz Lipmann au laboratoire de recherche chimique du Massachusetts General Hospital. Lorsque le Département de biochimie est créé à l'université Brandeis en 1957, elle rejoint la faculté en tant que professeur adjoint, et est ensuite promue professeur associée[2].

En 1966, elle est nommée professeur associée du département de biochimie à l'université de Caroline du Nord à Chapel Hill, puis en 1968 professeur au Département de zoologie. Elle quitte Chapel Hill en 1971 pour l'université de Californie du Sud où elle exerce comme professeur de biochimie jusqu'en 1978. Elle retourne ensuite à l'Université de Caroline du Nord en tant que professeur et directrice du département de biochimie et occupe la chaire Kenan en 1980. Elle est la première scientifique à occuper une chaire dotée à l'Université de Caroline du Nord et la première femme à devenir directrice de département à la faculté de médecine. Elle démissionne de son poste de présidente en 1989, mais reste active dans la recherche et l'enseignement jusqu'au début de 1995[2].

Travaux

Bien que Mary Ellen Jones ait commencé comme bactériologiste chez Armour, elle se passionne finalement pour la recherche en chimie et enzymologie. Elle a particulièrement étudié l'androstérone et la monopalmitine à Armour, et la cathepsine C à Yale.

Elle travaille comme stagiaire postdoctorale sous l'autorité de Fritz Lipmann au Massachusetts General Hospital de 1951 à 1957[2]. Pendant cette période, en 1953, Lipmann reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine. Les travaux de Jones avec Lipmann et Leonard Spector comprennent la démonstration de l'implication de l'ATP dans les réactions activant la coenzyme A et produisant du pyrophosphate, ainsi que la découverte du carbamyl-phosphate, un composant clé des nucléotides, essentiel au transfert d'énergie dans les cellules[3],[5].

Lorsque Mary EllenJones rejoint l'université Brandeis en tant que membre du corps professoral, elle a déjà publié 13 articles : deux de l'époque où elle était technicienne chez Armour, deux autres lors de ses études supérieures à Yale, plus neuf autres à l'occasion de son travail dans le laboratoire de Lipmann. Elle poursuit son travail prolifique à Brandeis tout en collaborant avec Leonard Spector. Tous deux continuent à travailler sur le carbamyle-phosphate. identifiant le dioxyde de carbone ou le bicarbonate comme source de l'étape d'activation initiale de sa formation[3]. Plus tard, elle soupçonne qu'il y a deux isoenzymes de carbamoyl-phosphate synthétase distincts. En 1966, avec sa collègue Sally E. Hager, elles publient leurs travaux[6] identifiant une enzyme clé qui nécessite de la glutamine pour la synthèse de l'orotate. Jones et Hager réussissent à stabiliser l'enzyme, la carbamyl-phosphate synthetase II, afin qu'elle puisse être étudiée plus avant[3].

En sus du métabolisme des acides aminés, Jones étudie également celui des nucléotides pyrimidiniques[7]. Elle est l'un des premiers chercheurs à étudier les protéines multifonctionnelles[8], notamment en travaillant sur les enzymes dihydroorotate synthase et uridine monophosphate synthase[9].

Lorsque Jones rejoint l'université de Caroline du Nord à Chapel Hill en 1966 en tant que professeur associée, l'espace dans le département de biochimie est limité. Elle doit se contenter de la pièce du sous-sol du département de zoologie[2].

En 1997, Mary Ellen Jones est reconnue pour ses nombreuses contributions à l'UNC, et qualifiée de « scientifique, humaniste et guerrière dans la lutte pour l'égalité des sexes dans la science » lorsque l'université choisit de donner son nom à un bâtiment. « Mary Ellen était un parangon dont le leadership personnel et scientifique a façonné une grande partie de l'enseignement de la recherche fondamentale dans cette institution », selon le Dr Stuart Bondurant [10].

Globalement, ses recherches sur l'ADN, l'ARN et les mécanismes des voies métaboliques ont aidé à comprendre comment les cellules se divisent et se différencient, ce qui a ensuite aidé les chercheurs à comprendre l'action des cellules cancéreuses[7].

Vie privée

Mary Ellen Jones épouse Paul Munson en 1948 et en divorce en 1971. Ils ont deux enfants: Ethan V. Munson (né en 1956), professeur agrégé d'informatique à l'université du Wisconsin-Milwaukee, et Catherine Munson (née en 1960), psychiatre à Charlotte, en Caroline du Nord. Elle prend sa retraite à 72 ans, en 1995, peu de temps après avoir reçu un diagnostic de cancer de l'œsophage. Elle meurt à Waltham (Massachusetts) le .

Prix et distinctions notables

Références

  1. New York Times:Mary Ellen Jones, 73, Crucial Researcher on DNA, By HENRY FOUNTAIN, 7 septembre 1996
  2. Thomas R. Traut, Biographical Memoirs, vol. 79, National Academies Press, , 183–201 p. (ISBN 978-0-309-07572-5, lire en ligne), « Mary Ellen Jones »
  3. Kresge, Simoni et Hill, « Carbamoyl Phosphate Biosynthesis: the Work of Mary Ellen Jones », The Journal of Biological Chemistry, vol. 282, no e14, , e14–e15 (DOI 10.1016/S0021-9258(20)63775-9, lire en ligne, consulté le )
  4. Jones, Mary Ellen. Transamidation Reactions Catalyzed by Cathepsin C. Yale University, 1952.
  5. Jones, Spector, L. et Lipmann, F., « Carbamyl Phosphate, the Carbamyl Donor in Enzymatic Citrulline Synthesis1 », Journal of the American Chemical Society, vol. 77, no 3, , p. 819–820 (DOI 10.1021/ja01608a101)
  6. (en) Mary Ellen Jones et Sally E Hager, « Source of carbamyl phosphate for pyrimidine biosynthesis in mouse Ehrlich ascites cells and rat liver. », Science, no 154, , p. 422
  7. Tiffany K. Wayne, American women of science since 1900, Santa Barbara, Calif., ABC-CLIO, , 557–558 (ISBN 9781598841589, lire en ligne)
  8. Martha J. Bailey, American women in science : [prior to 1950 American women scientists]: a biographical dictionary, Denver, Colo. [u.a.], [2. Aufl.]., (ISBN 978-0874367409, lire en ligne)
  9. « ASBMB Past Presidents: 1986 Mary Ellen Jones », American Society for Biochemistry and Molecular Biology (consulté le )
  10. Melissa Anthony, « Ceremony to mark renaming building for Dr. Mary Ellen Jones », UNC Medical Center, (lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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