Maurice Couve de Murville

Maurice Couve de Murville, né le à Reims et mort le à Paris, est un haut fonctionnaire, diplomate et homme d'État français. Il est Premier ministre du 10 juillet 1968 au 20 juin 1969, le dernier sous la présidence de Charles de Gaulle.

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Maurice Couve de Murville

Maurice Couve de Murville en 1964.
Fonctions
Sénateur français

(9 ans et 3 jours)
Élection 28 septembre 1986
Circonscription Paris
Groupe politique RPR
Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale

(3 ans, 1 mois et 16 jours)
Législature VIe (Cinquième République)
Prédécesseur Lui-même
Successeur Maurice Faure

(4 ans, 11 mois et 28 jours)
Législature Ve (Cinquième République)
Prédécesseur Jean de Broglie
Successeur Lui-même
Député français

(12 ans, 11 mois et 30 jours)
Réélection 19 mars 1978
21 juin 1981
Circonscription 6e de Paris
Législature Ve, VIe et VIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDR puis RPR
Prédécesseur Raymond Bousquet
Successeur élection de listes en 1986

(30 jours)
Élection 23 juin 1968
Circonscription 6e de Paris
Législature IVe (Cinquième République)
Groupe politique UDR
Prédécesseur Raymond Bousquet
Successeur Raymond Bousquet
Premier ministre français

(11 mois et 10 jours)
Président Charles de Gaulle
Alain Poher (intérim)
Gouvernement Maurice Couve de Murville
Législature IVe (Cinquième République)
Coalition Majorité présidentielle
UDR - RI
Gaullistes - Centre-droit
Prédécesseur Georges Pompidou
Successeur Jacques Chaban-Delmas
Ministre de l'Économie et des Finances

(1 mois et 9 jours)
Président Charles de Gaulle
Gouvernement Georges Pompidou IV
Prédécesseur Michel Debré
Successeur François-Xavier Ortoli
Ministre des Affaires étrangères

(9 ans, 11 mois et 30 jours)
Président René Coty
Charles de Gaulle
Gouvernement Charles de Gaulle III
Michel Debré
Georges Pompidou I, II, III et IV
Prédécesseur René Pleven
Successeur Michel Debré
Biographie
Nom de naissance Jacques-Maurice Couve de Murville
Date de naissance
Lieu de naissance Reims (Marne, France)
Date de décès
(à 92 ans)
Lieu de décès Paris 7e (France)
Nationalité Française
Parti politique UNR (1958-1967)
UDR (1968-1976)
RPR (1976-1995)
Conjoint Jacqueline Schweisguth
Diplômé de Faculté de droit de Paris
École libre des sciences
politiques de Paris
Profession Inspecteur des finances
Diplomate
Religion Protestant

Biographie

Jeunesse et études

La famille Couve de Murville est une ancienne famille bourgeoise protestante du Languedoc établie ensuite en Provence. Son fondateur, Jean-Baptiste Couve (v. 1720) était tailleur d'habits à Montpellier, (Hérault). Son fils, Philippe Couve (1757-1815) était commerçant à Marseille. Parmi leurs descendants, se succèdent des négociants, des courtiers d'assurance maritime et des hommes de loi[1].

Maurice Couve de Murville, né Jacques-Maurice Couve, est le fils du magistrat Édouard Couve (1863-1939) et d'Hermine Caesar (1876-1963)[2].

Lauréat du Concours général de géographie en 1922[3], il suit ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand. Ayant obtenu le baccalauréat, il s'inscrit en faculté de droit à l'université de Paris. En 1926, il s'inscrit à l'École libre des sciences politiques. Il étudie sous la férule de Clément Colson en économie politique, et Wilfrid Baumgartner en finances publiques, qui écrit de lui dans son bulletin : « M. Couve de Murville est un candidat hors de pair ». Il sort diplômé de l'école en 1928, avec la mention Très bien et le rang de major de la section Finances publiques[4].

Sa licence de droit et son diplôme de l’École libre en poche, il prépare le concours de l'Inspection des finances, où il est admis en 1930.

À cette même époque, le , il épouse Jacqueline Schweisguth (1912-2002)[5], artiste-peintre sous le pseudonyme de Véra Fabre, qui lui donne trois filles, prénommées Juliette, Dorothée et Béatrice.

Parcours professionnel

Maurice Couve de Murville devient, après ses études, Inspecteur des finances au service du régime de Vichy, duquel il se détourne pour rejoindre les rangs de la France libre en 1943. Proche, dans un premier temps, du général Giraud, il se rallie à la cause du général de Gaulle, avant d'entamer une prestigieuse carrière diplomatique, notamment aux États-Unis puis en République fédérale d'Allemagne.

Sa fidélité au Général lui vaut d'être nommé ministre des Affaires étrangères à l'occasion du retour de celui-ci au pouvoir, en 1958. Il conserve ce poste après l'instauration de la Ve République, dont il est le premier ministre des Affaires étrangères, une fonction qu'il exerce durant dix ans, ce qui constitue un record pour un hôte du quai d'Orsay. Il lui appartient, à ce poste régalien, de mettre en œuvre la politique étrangère d'obédience gaullienne.

Après les événements de Mai 68, il devient brièvement ministre de l'Économie et des Finances, avant d'être, quelques semaines plus tard, nommé Premier ministre. La démission du président de Gaulle, consécutive à la victoire des opposants au gaullisme à l'occasion du référendum du 27 avril 1969, précipite la fin de son gouvernement, l'un des plus éphémères de la Ve République.

Du régime de Vichy à la Résistance

Entre 1936 et 1937, Maurice Couve de Murville exerce la fonction d'attaché financier auprès de l'ambassade de France à Bruxelles, puis il entre au sein du « mouvement général des fonds », structure précédant la direction du Trésor, au ministère des Finances. Cadre, puis directeur adjoint de cette administration, il doit gérer les fonds lors de l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne, jusqu'au mois de , lorsqu'il est nommé directeur des Finances extérieures et des Changes (DFEC). Il devient, effectivement, un haut fonctionnaire au service du régime de Vichy dirigé par le maréchal Pétain.

À ce poste, ses attributions lui confèrent une importance capitale puisqu'il est chargé d'avaliser tous les mouvements financiers franco-allemands tout en devant « réduire l'influence juive dans l'économie française »[6],[7]. Il quitte ces fonctions au mois de mars 1943 après avoir siégé au sein de la délégation française à la Commission d’armistice de Wiesbaden[8] qui siège sous l'autorité du haut commandement allemand.

En , quatre mois après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il part pour Alger, via l’Espagne, où l’avait envoyé Jean Jardin, chef de cabinet de Pierre Laval, pour avoir un homme à lui dans l'autre camp. L'inspecteur des finances ayant reçu un passeport officiel du gouvernement de Vichy, Charles de Gaulle aurait déclaré : « Couve a passé les Pyrénées en sleeping[8]. » Le , il devient secrétaire général du général Giraud [9].

Le 7 juin 1943, il est nommé commissaire aux finances du Comité français de la Libération nationale (CFLN). Quelques mois plus tard, il se rallie au général de Gaulle.

En février 1945, il devient membre du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) avec le rang d'ambassadeur auprès du gouvernement italien.

Une carrière diplomatique prestigieuse

La carrière diplomatique de Maurice Couve de Murville, entamée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, se poursuit après celle-ci, notamment lorsqu'il est nommé ambassadeur de France en Égypte, siégeant au Caire de 1950 à 1954. Elle gagne en prestige en 1954, lors de sa désignation comme représentant permanent de la France auprès de l'OTAN, bien qu'il n'exerce cette fonction qu'une seule année, avant d'être nommé ambassadeur à Washington, entre 1955 et 1956, puis à Bonn, de 1956 à 1958.

Sa fidélité à l'égard de Charles de Gaulle, mais également sa compétence et sa parfaite maîtrise des affaires diplomatiques lui valent d'être nommé, par celui-ci, ministre des Affaires étrangères dans son troisième gouvernement.

Ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre

Le retour du général de Gaulle au pouvoir, le , l'amène à franchir les portes du quai d'Orsay pour le diriger, en tant que chef de la diplomatie. Dernier nommé à ce poste sous la IVe République, il sera, par ailleurs, le premier à le détenir sous la Ve République, régime sous lequel Couve de Murville aura accompli l'essentiel de sa carrière politique, dans l'ombre du général de Gaulle qui lui confie la tâche de mettre en œuvre la nouvelle politique étrangère de la France telle que l'« homme du  » l'a conçue.

La proximité liant les deux hommes permettra à Couve de Murville de séjourner quasiment dix ans à l'hôtel du quai d'Orsay. S'il entretient des relations cordiales avec Michel Debré, ses rapports avec Georges Pompidou seront notoirement exécrables, d'autant que le second Premier ministre du premier président de la Ve République reprochera à Couve de Murville son implication présumée et controversée dans l'affaire Marković, un scandale visant à atteindre l'honneur de Pompidou et de son épouse alors que ses ambitions présidentielles étaient de plus en plus connues.

Lors du retour au pouvoir du général de Gaulle, il devient ministre des Affaires étrangères, poste qu'il conserve dix ans jusqu'au remaniement qui suit immédiatement Mai 68 où il remplace aux Finances Michel Debré, ne gardant ce poste que peu de temps.

Après les élections législatives, il devient Premier ministre, le 10 juillet 1968, en remplacement de Georges Pompidou. Avec seulement 18 ministres, son gouvernement fut le plus restreint de la Ve République, avant celui de François Fillon en 2007[réf. nécessaire]. Resté en à Matignon pendant 11 mois et 10 jours, jusqu'au 20 juin 1969, Couve de Murville détiendra le record de brièveté à ce poste, pendant 22 ans et 9 mois et 13 jours, avant d'être dépassé par Édith Cresson en avril 1992.

L’après-Matignon

Après la démission de Charles de Gaulle de la présidence de la République et son départ de Matignon, Maurice Couve de Murville est candidat en , à l'élection législative partielle, mais il est battu par un autre membre de la HSP, Michel Rocard. Il revient à l'Assemblée nationale en 1973 où il est président de la commission des Affaires étrangères jusqu'en 1981 et député de Paris jusqu'en 1986. Il est ensuite sénateur jusqu'en 1995.

Retrait de la vie politique

Plaque au no 44 rue du Bac.
Tombe des époux Couve de Murville au cimetière du Montparnasse (division 18).

En 1995, il met fin à sa carrière politique en quittant son siège de sénateur, à l'âge de 88 ans.

Maurice Couve de Murville meurt de vieillesse dans son appartement au no 44 rue du Bac, à Paris, à l'âge de 92 ans et 11 mois. Il est le doyen d'âge des Premiers ministres de la Ve République jusqu'au 2 avril 2022, date à laquelle il est dépassé par Édouard Balladur. Il est enterré au cimetière du Montparnasse (18e division).

Détail des mandats et fonctions

Décorations

Publications

  • Une politique étrangère, 1958-1969 (1971)
  • Le Monde en face (1989)

Citation extraite du livre Une politique étrangère 1959-1969 :

« La volonté, c'est celle d'être soi-même l'artisan de son destin - autant qu'on le peut, et on le peut bien davantage qu'on ne le croit communément. C'est de ne s'en laisser imposer ni du dedans, ni du dehors, ni tout simplement par l'incident du jour. C'est de pratiquer une politique délibérée, voulue précisément, que l'on définit soi-même. Se laisser imposer sa politique, c'est d'ailleurs être assuré de recueillir, de chaque action, les seuls désavantages. »

Dans la fiction

Dans la mini-série De Gaulle, l'éclat et le secret (2020), son rôle est interprété par François Guétary.

Notes et références

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, LeSimili-Nobiliaire-Français, éd. Sédopols, 2012, p. 244
  2. Le patronyme de Murville est ajouté par voie de justice , le 15 mai 1953
  3. Jean-Philippe de Garate, Couve de Murville, 1907-1999, Harmattan, (ISBN 978-2-296-03569-0, lire en ligne)
  4. Jean-Philippe de Garate, Couve de Murville, 1907-1999, Harmattan, (ISBN 978-2-296-03569-0, lire en ligne)
  5. elle est la fille d'un banquier lui-même inspecteur des finances
  6. « Industriels et banquiers sous l'occupation - La collaboration économique avec le Reich et Vichy », de Annie Lacroix-Riz - Ed. Armand Colin - 1999
  7. Philippe Valode, Le destin des hommes de Pétain, Nouveau Monde Editions,
  8. « De Gaulle l’appelait Couve », Le Monde, 29 décembre 1999
  9. Bénédicte Vergez-Chaignon, Les Vichysto-réistants, Paerrin, 2008, édition de poche Tempus 2016, p.434
  10. Décret du 31/12/1996
  11. (it) « Commentarium officiale », Acta Apostolicae Sedis, vol. 51, no 9, (lire en ligne [PDF])
  12. https://www.quirinale.it/onorificenze/ricerca

Voir aussi

Bibliographie

  • François Boulet, « Maurice Couve de Murville », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 773-774 (ISBN 978-2846211901)
  • Jean-Philippe de Garate, Couve de Murville, Un président impossible, éditions L'Harmattan, Paris, 2007, 400 p.

Article connexe

Liens externes

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